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Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
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Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
terroriste
Voici un feuilleton sur une hypothèse de catastrophe à Nogent (10)
L’acharnement a payé : il est passé chef-opérateur sur cette première tranche de Nogent il y a trois ans. Une centrale toute neuve, une maison confortable à Provins, Paris pas trop loin...
« Qu’est-ce qu’une centrale nucléaire ?
Annexe A
Une énorme tour surmontée d’un dôme, accolée à un long bâtiment parallélépipédique, voisinant parfois avec un monumental diabolo de béton. Vues de près, mais toujours en restant à l’extérieur, les choses se compliquent : le tableau cubiste s’enrichit de nombreuses constructions, de réservoirs aux fonctions obscures, de tuyauteries qui semblent passer furtivement d’un bâtiment à l’autre, de cheminées et de conduits d’aération, dont la présence renvoie aux attributs traditionnels des grandes constructions industrielles ... »
Les jeunes gens aimaient bien ce professeur. Suspendus à ses lèvres, ils attendaient la suite.
« ...le visiteur découvre une fantastique plomberie, une plomberie qu’aucun visionnaire n’aurait pu imaginer. Les contraintes et les nécessités de cette énergie, tirée du plus profond de la matière, ont dicté aux ingénieurs la disposition des quelque cinq cents à mille kilomètres de
tuyauteries.
« Qui dit plomberie dit aussi vannes, soupapes et clapets, (des dizaines de milliers), pompes et moteurs (plusieurs centaines). Mais ces milliers de vannes, soupapes, pompes et moteurs signifient autant d’instruments de mesure de pression, de débit, de température, de vibration, et d’actionneurs pneumatiques, hydrauliques ou électriques, reliés aux équipements de contrôle et de commande par des centaines de kilomètres de câbles électriques ... »
Voici un feuilleton sur une hypothèse de catastrophe à Nogent (10)
L’acharnement a payé : il est passé chef-opérateur sur cette première tranche de Nogent il y a trois ans. Une centrale toute neuve, une maison confortable à Provins, Paris pas trop loin...
« Qu’est-ce qu’une centrale nucléaire ?
Annexe A
Une énorme tour surmontée d’un dôme, accolée à un long bâtiment parallélépipédique, voisinant parfois avec un monumental diabolo de béton. Vues de près, mais toujours en restant à l’extérieur, les choses se compliquent : le tableau cubiste s’enrichit de nombreuses constructions, de réservoirs aux fonctions obscures, de tuyauteries qui semblent passer furtivement d’un bâtiment à l’autre, de cheminées et de conduits d’aération, dont la présence renvoie aux attributs traditionnels des grandes constructions industrielles ... »
Les jeunes gens aimaient bien ce professeur. Suspendus à ses lèvres, ils attendaient la suite.
« ...le visiteur découvre une fantastique plomberie, une plomberie qu’aucun visionnaire n’aurait pu imaginer. Les contraintes et les nécessités de cette énergie, tirée du plus profond de la matière, ont dicté aux ingénieurs la disposition des quelque cinq cents à mille kilomètres de
tuyauteries.
« Qui dit plomberie dit aussi vannes, soupapes et clapets, (des dizaines de milliers), pompes et moteurs (plusieurs centaines). Mais ces milliers de vannes, soupapes, pompes et moteurs signifient autant d’instruments de mesure de pression, de débit, de température, de vibration, et d’actionneurs pneumatiques, hydrauliques ou électriques, reliés aux équipements de contrôle et de commande par des centaines de kilomètres de câbles électriques ... »
Dernière édition par GL le Dim 29 Sep 2024, 06:51, édité 45 fois
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
2 épisode
http://www.auboisementcorrect.com/7323-La-catastrophe-de-Nogent-Seine.html
http://www.auboisementcorrect.com/7323-La-catastrophe-de-Nogent-Seine.html
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 2 - "Dans le bureau du directeur"
par Michel Gueritte
lundi 25 – 22 h – bureau du directeur
La direction de la centrale de Nogent-sur-Seine avait été très claire : « Pour ce reportage de france3 Champagne-Ardenne : équipe réduite au minimum. » Il avait fallu batailler dur pour obtenir une autorisation de tournage au plus près de l’actualité de Fukushima, et à la veille du 25ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. Il s’agissait de faire d’une pierre deux coups. L’idée était de couvrir le rassemblement qui avait lieu place de l’Eglise à Nogent-sur-Seine, à 15 heures, événement à ne pas rater puisque la visite de Cécile DUFLOT (la secrétaire des Verts) était annoncée, et de faire un rapide reportage sur la sécurité de la centrale,
en interviewant quelques techniciens et responsables. L’équipe semble
satisfaite des plans qu’ils ont mis en boîte. Tiphaine, la journaliste
de France3 Aube et son cameraman Olivier Mayer sont maintenant de retour
à Troyes. Tiphaine, qui habite pas très loin de la gare, n’est pas
mécontente d’être loin des deux réacteurs. Elle sait le danger potentiel
que représentent les rejets dans l’environnement immédiat d’une
centrale nucléaire. Elle l’a lu en surfant sur le site villesurterre.com… Et quand on est enceinte, il y a des endroits plus fréquentables…
par Michel Gueritte
lundi 25 – 22 h – bureau du directeur
La direction de la centrale de Nogent-sur-Seine avait été très claire : « Pour ce reportage de france3 Champagne-Ardenne : équipe réduite au minimum. » Il avait fallu batailler dur pour obtenir une autorisation de tournage au plus près de l’actualité de Fukushima, et à la veille du 25ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. Il s’agissait de faire d’une pierre deux coups. L’idée était de couvrir le rassemblement qui avait lieu place de l’Eglise à Nogent-sur-Seine, à 15 heures, événement à ne pas rater puisque la visite de Cécile DUFLOT (la secrétaire des Verts) était annoncée, et de faire un rapide reportage sur la sécurité de la centrale,
en interviewant quelques techniciens et responsables. L’équipe semble
satisfaite des plans qu’ils ont mis en boîte. Tiphaine, la journaliste
de France3 Aube et son cameraman Olivier Mayer sont maintenant de retour
à Troyes. Tiphaine, qui habite pas très loin de la gare, n’est pas
mécontente d’être loin des deux réacteurs. Elle sait le danger potentiel
que représentent les rejets dans l’environnement immédiat d’une
centrale nucléaire. Elle l’a lu en surfant sur le site villesurterre.com… Et quand on est enceinte, il y a des endroits plus fréquentables…
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 3 - "L’accident"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 1 h 23 mn 04 s - Salle de commande : l’accident
La tranche est à son régime nominal. C’est son régime de
fonctionnement à pleine puissance continue. La température moyenne du
cœur, le niveau d’eau dans les quatre générateurs de vapeur, le niveau et la pression du pressuriseur... Tout est normal.
Le fonctionnement de la centrale
Hervé pilote aux réflexes. En vérité, il a l’esprit ailleurs ...
Sous les combles de son pavillon de Saint-Brice, à la sortie de Provins,
qu’il va commencer à aménager demain. Encore six mois avant la
naissance du bébé.
« Et
deux petits cafés, deux ! »
Michel est comme toujours d’excellente humeur. Hervé apprécie son
adjoint.
Au moment où il se tourne vers son collègue, esquissant un sourire, une
alarme retentit. Les deux hommes sursautent, se figent une fraction de
seconde. Que diable se passe-t-il ?
Dans la baie des générateurs de vapeur, les « GV » en langage codé, des
verrines jaunes et rouges clignotent furieusement, comme l’éclairage
syncopé d’une discothèque.
« Bon, il va falloir faire le tri dans ce tohu-bohu, soupire Hervé,
prenant Michel à témoin : tout de même, on devrait améliorer le système
de sélection des informations. »
A quelques pas, dans la salle des calculateurs, sans se poser de
question, l’ordinateur de la tranche vient de graver dans sa mémoire
l’événement qui a tout déclenché : à 01 h 23 mn 04 s, la pression de
vapeur à l’admission de la turbine a brusquement chuté.
mardi 26 - 01 h 34 mn 25 s - Chemin de ronde, extérieur du site
Un sifflement terrible, strident.
Les policiers de la voiture banalisée numéro 1 roulent au pas. Ils
roulent depuis 20 h. Ils sont las de tourner autour de cette centrale.
Ils se disputent depuis mardi à propos d’une décision de l’inspecteur
A., lequel a décidé d’arrêter de fumer. Or l’inspecteur B. lui,
mâchouille des cigarillos à longueur de temps. L’autre a enfilé une fois
pour toutes une énorme canadienne, des gants, et conduit fenêtre
ouverte.
Ils longent les grillages et les barbelés, à la hauteur de la
première tranche, indifférents au grondement sourd et perpétuel de
l’usine électrique. Ils n’entendent plus rien, même plus le ronronnement
humide des tours de refroidissement qui crachent sans discontinuer.
L’inspecteur B. maudit son collègue et ce fichu plan PlRATOME,
dont il ignorait l’existence jusqu’à ce que ses chefs, avertis d’une
éventuelle menace terroriste sur Nogent, l’expédient surveiller la
centrale. C’est le Premier ministre qui a élaboré le plan PIRATOME en
1978, « dans le but de contrer tout acte de terrorisme nucléaire ».
Naturellement, les saboteurs vont être assez futés pour surgir dans nos
phares, pense rageusement l’inspecteur, et vont nous lancer un :
« Bonjour c’est nous ! », et offrir gentiment les détails de l’attentat
sur un plateau. Le policier en est là de ses réflexions lorsqu’ils
entendent ce bruit terrifiant.
« On dirait une fusée qui décolle.
Rien à voir avec une explosion, mon vieux.
Tu crois que c’est normal, en pleine nuit ?
J’y connais rien, moi ! Fais demi-tour, on va voir les gardiens. »
Ils démarrent sur les chapeaux de roues. Tout de même, ils laissent
de côté le gyrophare, il n’y a pas un chat sur cette voie de contour.
Quand ils pilent devant la guérite de l’entrée principale, les gardiens
passent une tête amusée à la porte.
« Vous vous décidez à faire les présentations ?
Police ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
Les
mecs de la salle de commande ne nous téléphonent pas pour donner le
détail. Sûrement un arrêt d’urgence. Ils commandent quelquefois des
relâchements de vapeur. C’est contrôlé, il paraît, »
Arrêt d’urgence ? Les inspecteurs ne veulent pas avoir l’air ridicule.
Le siège de la DCRI
« Tu crois qu’on doit avertir le Centre ?
Je ne pense pas. Attends un peu, on reste sur le parking. S’il y a des mouvements : on avisera. »
La semaine dernière, la SDAT
a hésité avant de déclencher le plan PlRATOME. Finalement, une simple
alerte basse a été jugée suffisante. La SDAT est désormais établie dans
les mêmes locaux que la Direction centrale du renseignement intérieur
(DCRI), dans un bâtiment ultra-sécurisé, au 84, rue de Villiers, à
Levallois-Perret.
Bref, les inspecteurs A. et B. tournent depuis quelques jours autour de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine.
Puisqu’ils ont décidé de rester sur le parking, l’inspecteur A. jette son collègue à la porte de la voiture.
« Fume tes cochonneries dehors, s’il te plaît. »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 1 h 23 mn 04 s - Salle de commande : l’accident
La tranche est à son régime nominal. C’est son régime de
fonctionnement à pleine puissance continue. La température moyenne du
cœur, le niveau d’eau dans les quatre générateurs de vapeur, le niveau et la pression du pressuriseur... Tout est normal.
Le fonctionnement de la centrale
Hervé pilote aux réflexes. En vérité, il a l’esprit ailleurs ...
Sous les combles de son pavillon de Saint-Brice, à la sortie de Provins,
qu’il va commencer à aménager demain. Encore six mois avant la
naissance du bébé.
« Et
deux petits cafés, deux ! »
Michel est comme toujours d’excellente humeur. Hervé apprécie son
adjoint.
Au moment où il se tourne vers son collègue, esquissant un sourire, une
alarme retentit. Les deux hommes sursautent, se figent une fraction de
seconde. Que diable se passe-t-il ?
Dans la baie des générateurs de vapeur, les « GV » en langage codé, des
verrines jaunes et rouges clignotent furieusement, comme l’éclairage
syncopé d’une discothèque.
« Bon, il va falloir faire le tri dans ce tohu-bohu, soupire Hervé,
prenant Michel à témoin : tout de même, on devrait améliorer le système
de sélection des informations. »
A quelques pas, dans la salle des calculateurs, sans se poser de
question, l’ordinateur de la tranche vient de graver dans sa mémoire
l’événement qui a tout déclenché : à 01 h 23 mn 04 s, la pression de
vapeur à l’admission de la turbine a brusquement chuté.
mardi 26 - 01 h 34 mn 25 s - Chemin de ronde, extérieur du site
Un sifflement terrible, strident.
Les policiers de la voiture banalisée numéro 1 roulent au pas. Ils
roulent depuis 20 h. Ils sont las de tourner autour de cette centrale.
Ils se disputent depuis mardi à propos d’une décision de l’inspecteur
A., lequel a décidé d’arrêter de fumer. Or l’inspecteur B. lui,
mâchouille des cigarillos à longueur de temps. L’autre a enfilé une fois
pour toutes une énorme canadienne, des gants, et conduit fenêtre
ouverte.
Ils longent les grillages et les barbelés, à la hauteur de la
première tranche, indifférents au grondement sourd et perpétuel de
l’usine électrique. Ils n’entendent plus rien, même plus le ronronnement
humide des tours de refroidissement qui crachent sans discontinuer.
L’inspecteur B. maudit son collègue et ce fichu plan PlRATOME,
dont il ignorait l’existence jusqu’à ce que ses chefs, avertis d’une
éventuelle menace terroriste sur Nogent, l’expédient surveiller la
centrale. C’est le Premier ministre qui a élaboré le plan PIRATOME en
1978, « dans le but de contrer tout acte de terrorisme nucléaire ».
Naturellement, les saboteurs vont être assez futés pour surgir dans nos
phares, pense rageusement l’inspecteur, et vont nous lancer un :
« Bonjour c’est nous ! », et offrir gentiment les détails de l’attentat
sur un plateau. Le policier en est là de ses réflexions lorsqu’ils
entendent ce bruit terrifiant.
« On dirait une fusée qui décolle.
Rien à voir avec une explosion, mon vieux.
Tu crois que c’est normal, en pleine nuit ?
J’y connais rien, moi ! Fais demi-tour, on va voir les gardiens. »
Ils démarrent sur les chapeaux de roues. Tout de même, ils laissent
de côté le gyrophare, il n’y a pas un chat sur cette voie de contour.
Quand ils pilent devant la guérite de l’entrée principale, les gardiens
passent une tête amusée à la porte.
« Vous vous décidez à faire les présentations ?
Police ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
Les
mecs de la salle de commande ne nous téléphonent pas pour donner le
détail. Sûrement un arrêt d’urgence. Ils commandent quelquefois des
relâchements de vapeur. C’est contrôlé, il paraît, »
Arrêt d’urgence ? Les inspecteurs ne veulent pas avoir l’air ridicule.
Le siège de la DCRI
« Tu crois qu’on doit avertir le Centre ?
Je ne pense pas. Attends un peu, on reste sur le parking. S’il y a des mouvements : on avisera. »
La semaine dernière, la SDAT
a hésité avant de déclencher le plan PlRATOME. Finalement, une simple
alerte basse a été jugée suffisante. La SDAT est désormais établie dans
les mêmes locaux que la Direction centrale du renseignement intérieur
(DCRI), dans un bâtiment ultra-sécurisé, au 84, rue de Villiers, à
Levallois-Perret.
Bref, les inspecteurs A. et B. tournent depuis quelques jours autour de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine.
Puisqu’ils ont décidé de rester sur le parking, l’inspecteur A. jette son collègue à la porte de la voiture.
« Fume tes cochonneries dehors, s’il te plaît. »
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 5 - "Messieurs, nous voilà avec un accident de niveau 4 sur les bras."
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 34 mn 32 s - Salle de commande
Hervé perçoit nettement une vibration sourde.
Pas de doute, la vapeur s’échappe à l’extérieur. Sinon la température et
la pression augmenteraient dans l’enceinte du bâtiment-réacteur, et il
le verrait sur les tableaux.
« C’est
peut-être mieux ainsi », pense Hervé, songeant aux problèmes posés par
la vidange d’un GV dans le bâtiment.
Les deux opérateurs n’ont aucun mal à imaginer le spectacle, dehors, là
où la canalisation a cédé : un sifflement assourdissant, le bâtiment
environné d’un nuage de vapeur qui semble jaillir de la paroi, comme si
celle-ci s’était brusquement fendue.
Dans la salle de commande, on n’entend rien. On sent. Le relâchement a
lieu au-dessus de leurs têtes, mais la dalle de béton - plus d’un mètre
d’épaisseur - qui les isole du reste du monde étouffe complètement le
son.
« Le
rejet a l’air colossal. Sans doute une rupture-guillotine. Je me
demande ... Dans moins de vingt secondes, le générateur vapeur sera à
sec. Tu imagines le chambard à l’intérieur, avec quarante tonnes d’eau
qui se vaporisent en un rien de temps pour foutre le camp à
l’extérieur ? Va chercher la fiche A0. »
Michel se dirige vers le meuble de classement où sont rangées les fiches de procédure en cas d’accident.
mardi 26 - 01 h 34 mn 45 s – Salle de commande
Hervé reprend son souffle : un voyant signale que le système de borication d’urgence du cœur a démarré. Il faut augmenter la concentration en bore du circuit primaire. Le bore
est cet élément chimique qui absorbe les neutrons, et qui va empêcher
une reprise de la réaction en chaîne et des surchauffes au sein du
combustible. Un premier danger est donc écarté. Simultanément, un second
voyant indique que le circuit d’injection de sécurité est entré en
action.
« Tout se déroule correctement », chuchote Hervé pour se rassurer.
mardi 26 - 01 h 34 mn 50 s – salle de commande
Echelle internationale des événements nucléaires
Au moment où Michel tend la fiche A0 [1],
à Hervé, Pierre Duguey, l’ingénieur de sûreté et radioprotection
(l’ISR) entre en trombe dans la salle de commande. Hervé lui montre
qu’il est à la hauteur.
« Ça
vient de commencer. D’après les instruments, c’est une rupture de la
tuyauterie de vapeur du GV 4. Sûrement une grosse brèche à l’extérieur,
entre le bâtiment-réacteur et la salle des machines. Tu lances le
PUI ? » [2]
Pierre Duguey examine les cadrans.
« Ce n’est pas à moi de le faire. Qui est d’astreinte de direction, cette nuit ?
Hervé Maillart, le directeur, lui même »
Pierre compulse rapidement la fiche de quart. Il saute sur le téléphone.
« 03 25 …, allons-y ...
« Monsieur
Maillart ? On a un accident. Chute de la pression vapeur, turbine
déclenchée, borication d’urgence, baisse de température sur le retour de
la boucle 4. La tuyauterie de vapeur du GV a dû se rompre ... Non,
certainement à l’extérieur, il y a une minute. »
L’ISR se tourne vers les opérateurs, avec un drôle de ricanement nerveux :
« Messieurs, nous voilà avec un accident de niveau 4 sur les bras. Le premier en France depuis la rupture d’un tube en U sur Tricastin 3. J’espère qu’on s’en sortira aussi bien. Bon, je préviens l’équipe de la tranche 2. »
mardi 26 - 01 h 34 mn 55 s - Sous-sol de la centrale
Le chef de quart n’en croit pas ses yeux : la pompe démarre sans
crier gare ! Jean, le rondier, tout chevronné qu’il soit, n’a jamais vu
ça.
« Attends, j’appelle la salle de commande. »
« Alors, qu’est-il arrivé ? .. Ouh, c’est sérieux ! Nous remontons tout de suite. »
Raymond est un vieux chef de quart. Il a gagné ses galons à Chinon, sur un réacteur graphite-gaz.
« Allons, Jean, pas la peine de s’éterniser ici.
Je
ne comprends pas, remarque le rondier. On a une rupture sur le
secondaire, et voilà que l’injection de sécurité démarre. Il n’y a
pourtant pas de brèche dans le circuit primaire !
Heureusement,
que ça a démarré ! Trop compliqué à t’expliquer ! C’est nécessaire pour
protéger le cœur, pour éviter des dégâts sur le combustible. »
Les deux hommes empruntent l’escalier pour remonter au niveau zéro.
Ils se dirigent vers la tour d’accès pour rejoindre l’ascenseur. La
salle de commande se trouve quinze mètres plus haut.
A lire ou relire, l’épisode 4 :"Mon vieux, je crois qu’on est mal barré"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 34 mn 32 s - Salle de commande
Hervé perçoit nettement une vibration sourde.
Pas de doute, la vapeur s’échappe à l’extérieur. Sinon la température et
la pression augmenteraient dans l’enceinte du bâtiment-réacteur, et il
le verrait sur les tableaux.
« C’est
peut-être mieux ainsi », pense Hervé, songeant aux problèmes posés par
la vidange d’un GV dans le bâtiment.
Les deux opérateurs n’ont aucun mal à imaginer le spectacle, dehors, là
où la canalisation a cédé : un sifflement assourdissant, le bâtiment
environné d’un nuage de vapeur qui semble jaillir de la paroi, comme si
celle-ci s’était brusquement fendue.
Dans la salle de commande, on n’entend rien. On sent. Le relâchement a
lieu au-dessus de leurs têtes, mais la dalle de béton - plus d’un mètre
d’épaisseur - qui les isole du reste du monde étouffe complètement le
son.
« Le
rejet a l’air colossal. Sans doute une rupture-guillotine. Je me
demande ... Dans moins de vingt secondes, le générateur vapeur sera à
sec. Tu imagines le chambard à l’intérieur, avec quarante tonnes d’eau
qui se vaporisent en un rien de temps pour foutre le camp à
l’extérieur ? Va chercher la fiche A0. »
Michel se dirige vers le meuble de classement où sont rangées les fiches de procédure en cas d’accident.
mardi 26 - 01 h 34 mn 45 s – Salle de commande
Hervé reprend son souffle : un voyant signale que le système de borication d’urgence du cœur a démarré. Il faut augmenter la concentration en bore du circuit primaire. Le bore
est cet élément chimique qui absorbe les neutrons, et qui va empêcher
une reprise de la réaction en chaîne et des surchauffes au sein du
combustible. Un premier danger est donc écarté. Simultanément, un second
voyant indique que le circuit d’injection de sécurité est entré en
action.
« Tout se déroule correctement », chuchote Hervé pour se rassurer.
mardi 26 - 01 h 34 mn 50 s – salle de commande
Echelle internationale des événements nucléaires
Au moment où Michel tend la fiche A0 [1],
à Hervé, Pierre Duguey, l’ingénieur de sûreté et radioprotection
(l’ISR) entre en trombe dans la salle de commande. Hervé lui montre
qu’il est à la hauteur.
« Ça
vient de commencer. D’après les instruments, c’est une rupture de la
tuyauterie de vapeur du GV 4. Sûrement une grosse brèche à l’extérieur,
entre le bâtiment-réacteur et la salle des machines. Tu lances le
PUI ? » [2]
Pierre Duguey examine les cadrans.
« Ce n’est pas à moi de le faire. Qui est d’astreinte de direction, cette nuit ?
Hervé Maillart, le directeur, lui même »
Pierre compulse rapidement la fiche de quart. Il saute sur le téléphone.
« 03 25 …, allons-y ...
« Monsieur
Maillart ? On a un accident. Chute de la pression vapeur, turbine
déclenchée, borication d’urgence, baisse de température sur le retour de
la boucle 4. La tuyauterie de vapeur du GV a dû se rompre ... Non,
certainement à l’extérieur, il y a une minute. »
L’ISR se tourne vers les opérateurs, avec un drôle de ricanement nerveux :
« Messieurs, nous voilà avec un accident de niveau 4 sur les bras. Le premier en France depuis la rupture d’un tube en U sur Tricastin 3. J’espère qu’on s’en sortira aussi bien. Bon, je préviens l’équipe de la tranche 2. »
mardi 26 - 01 h 34 mn 55 s - Sous-sol de la centrale
Le chef de quart n’en croit pas ses yeux : la pompe démarre sans
crier gare ! Jean, le rondier, tout chevronné qu’il soit, n’a jamais vu
ça.
« Attends, j’appelle la salle de commande. »
« Alors, qu’est-il arrivé ? .. Ouh, c’est sérieux ! Nous remontons tout de suite. »
Raymond est un vieux chef de quart. Il a gagné ses galons à Chinon, sur un réacteur graphite-gaz.
« Allons, Jean, pas la peine de s’éterniser ici.
Je
ne comprends pas, remarque le rondier. On a une rupture sur le
secondaire, et voilà que l’injection de sécurité démarre. Il n’y a
pourtant pas de brèche dans le circuit primaire !
Heureusement,
que ça a démarré ! Trop compliqué à t’expliquer ! C’est nécessaire pour
protéger le cœur, pour éviter des dégâts sur le combustible. »
Les deux hommes empruntent l’escalier pour remonter au niveau zéro.
Ils se dirigent vers la tour d’accès pour rejoindre l’ascenseur. La
salle de commande se trouve quinze mètres plus haut.
A lire ou relire, l’épisode 4 :"Mon vieux, je crois qu’on est mal barré"
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 6 - "Le pire est devant nous !"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 35 mn - Salle de commande
Michel surveille le déroulement des séquences automatiques. Pierre et
Hervé ont pris position devant le panneau de sûreté. Deux écrans
affichent, sélectionnées par l’ordinateur de la tranche, les
informations importantes sur l’accident en cours.
Le téléphone qui relie la centrale au dispatching résonne près d’Hervé [1].
L’échange est bref :
« Combien de temps va durer cet arrêt ?
On ne redémarrera pas avant très longtemps. Poussez les frangines en conséquence, Salut ! »
Un instant déconnecté, Hervé observe ses deux collègues, tendus, mais
parfaitement calmes. Il est assez fier, finalement. La formation sur
simulateur paye, tout de même !
« Camarades, à boire ! Je suis assoif ...
La ferme ! »
Pierre a quasiment hurlé. Le quatrième rondier émerge, ahuri. Il
vient de terminer l’inspection de quelques ateliers du bâtiment des
auxiliaires nucléaires.
« Quelle mouche a piqué Pierre ? se demande Hervé. Il n’y a vraiment pas de quoi s’affoler. Quelque chose doit l’inquiéter… »
Michel prend le nouvel arrivant à part. D’un revers de main, il
balaie l’ensemble des instruments de mesure affolés, et murmure au
rondier :
« T’en
fais pas, les sauvegardes se déroulent comme à la parade. D’ici peu de
temps, Hervé va stopper le RIS, et mettre en route le système de
refroidissement à l’arrêt. Dans quelques heures, nous aurons amené
tranquillement le réacteur en arrêt à froid. On te dira ce que tu dois faire en temps utile. Tiens, va préparer du café pour tout le monde. »
Le rondier n’en revient pas : pour la première fois, un opérateur prend le temps de lui expliquer quelque chose.
mardi 26 - 01 h 36 mn 30 s - Rez-de-chaussée de la tour d’accès
Le chef de quart attrape Jean avant qu’il n’entre dans l’ascenseur.
« Viens, on va faire un tour dehors, histoire de voir la tête que ça a ... »
Les deux hommes sont saisis par la fraîcheur de la nuit.
Immédiatement, bien qu’il provienne de l’autre côté du
bâtiment-réacteur, l’oreille exercée de Raymond repère le sifflement du
rejet de vapeur.
« Bizarre !
Après une rupture guillotine, le GV se vide en moins de trente
secondes. Ecoute, c’est toujours pas fini ! » Raymond scrute le ciel
derrière l’enceinte. Naturellement, il manque de recul pour voir. Ce
qu’il entend lui suffit. « Oh là là ! Vite ! Dans l’ascenseur. »
mardi 26 - 01 h 37 - Salle de commande
Pierre est livide. Il désigne quelques chiffres affichés sur l’écran
gauche. D’une voix blanche, il appelle Hervé. Effrayé, Michel contemple
le visage de l’ISR et la physionomie atterrée du chef de bloc.
« Le pressuriseur est toujours vide, balbutie Hervé [2].
La pression continue de baisser, et ... et le niveau de la cuve baisse
aussi. Le circuit d’injection de sécurité débite de plus en plus. Non,
ce n’est pas possible !
La perte de charge en sortie du GV 4 prouve que ça rejette toujours dehors », conclut Pierre.
L’ingénieur semble assommé. Une seule explication : un, ou plutôt
plusieurs tubes en U n’ont pas résisté à la dépressurisation brutale du
GV. Maintenant, c’est le circuit primaire,
de l’eau contaminée, qui se vide, via la brèche du GV, directement dans
l’air extérieur. Hervé est pris d’un terrible vertige.
« Si
le débit du circuit d’injection ne suffit pas à maintenir le niveau
d’eau dans le réacteur, ç’est que les dégâts dans le chignon dépassent
le pire.
Le cœur sera bientôt à découvert. Le refroidissement du combustible a probablement cessé, à cause de l’ébullition en masse du circuit primaire.
Le combustible va être endommagé ... il l’est sans doute déjà ... De la
radioactivité va s’échapper, et ... il ne reste aucun obstacle à lui
opposer. »
Pierre Duguey sent la panique monter. Un instant distraits de leur propre affolement, ses collègues le regardent, stupéfaits.
« A
quoi bon toutes ces fiches, pour les grosses brèches, pour la rupture
d’un tube en U ... Rien n’est prévu pour cet accident. Nulle part, dans
aucun rapport de sûreté, on n’a envisagé que la rupture d’une tuyauterie
de vapeur, « accident possible mais hautement improbable », puisse engendrer des ruptures de tubes en U, accident finalement pas si rare que ça en marche normale. »
Il ébauche un geste d’abandon, et poursuit, sarcastique et théâtral :
« Messieurs, une nouvelle période de l’ère nucléaire vient de s’ouvrir ! Quelque chose de totalement inédit sur nos réacteurs REP,
un accident de perte simultanée du refroidissement et de toutes les
barrières. Désormais, l’intérieur du réacteur communique directement
avec l’atmosphère. Le pire est devant nous ! »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 35 mn - Salle de commande
Michel surveille le déroulement des séquences automatiques. Pierre et
Hervé ont pris position devant le panneau de sûreté. Deux écrans
affichent, sélectionnées par l’ordinateur de la tranche, les
informations importantes sur l’accident en cours.
Le téléphone qui relie la centrale au dispatching résonne près d’Hervé [1].
L’échange est bref :
« Combien de temps va durer cet arrêt ?
On ne redémarrera pas avant très longtemps. Poussez les frangines en conséquence, Salut ! »
Un instant déconnecté, Hervé observe ses deux collègues, tendus, mais
parfaitement calmes. Il est assez fier, finalement. La formation sur
simulateur paye, tout de même !
« Camarades, à boire ! Je suis assoif ...
La ferme ! »
Pierre a quasiment hurlé. Le quatrième rondier émerge, ahuri. Il
vient de terminer l’inspection de quelques ateliers du bâtiment des
auxiliaires nucléaires.
« Quelle mouche a piqué Pierre ? se demande Hervé. Il n’y a vraiment pas de quoi s’affoler. Quelque chose doit l’inquiéter… »
Michel prend le nouvel arrivant à part. D’un revers de main, il
balaie l’ensemble des instruments de mesure affolés, et murmure au
rondier :
« T’en
fais pas, les sauvegardes se déroulent comme à la parade. D’ici peu de
temps, Hervé va stopper le RIS, et mettre en route le système de
refroidissement à l’arrêt. Dans quelques heures, nous aurons amené
tranquillement le réacteur en arrêt à froid. On te dira ce que tu dois faire en temps utile. Tiens, va préparer du café pour tout le monde. »
Le rondier n’en revient pas : pour la première fois, un opérateur prend le temps de lui expliquer quelque chose.
mardi 26 - 01 h 36 mn 30 s - Rez-de-chaussée de la tour d’accès
Le chef de quart attrape Jean avant qu’il n’entre dans l’ascenseur.
« Viens, on va faire un tour dehors, histoire de voir la tête que ça a ... »
Les deux hommes sont saisis par la fraîcheur de la nuit.
Immédiatement, bien qu’il provienne de l’autre côté du
bâtiment-réacteur, l’oreille exercée de Raymond repère le sifflement du
rejet de vapeur.
« Bizarre !
Après une rupture guillotine, le GV se vide en moins de trente
secondes. Ecoute, c’est toujours pas fini ! » Raymond scrute le ciel
derrière l’enceinte. Naturellement, il manque de recul pour voir. Ce
qu’il entend lui suffit. « Oh là là ! Vite ! Dans l’ascenseur. »
mardi 26 - 01 h 37 - Salle de commande
Pierre est livide. Il désigne quelques chiffres affichés sur l’écran
gauche. D’une voix blanche, il appelle Hervé. Effrayé, Michel contemple
le visage de l’ISR et la physionomie atterrée du chef de bloc.
« Le pressuriseur est toujours vide, balbutie Hervé [2].
La pression continue de baisser, et ... et le niveau de la cuve baisse
aussi. Le circuit d’injection de sécurité débite de plus en plus. Non,
ce n’est pas possible !
La perte de charge en sortie du GV 4 prouve que ça rejette toujours dehors », conclut Pierre.
L’ingénieur semble assommé. Une seule explication : un, ou plutôt
plusieurs tubes en U n’ont pas résisté à la dépressurisation brutale du
GV. Maintenant, c’est le circuit primaire,
de l’eau contaminée, qui se vide, via la brèche du GV, directement dans
l’air extérieur. Hervé est pris d’un terrible vertige.
« Si
le débit du circuit d’injection ne suffit pas à maintenir le niveau
d’eau dans le réacteur, ç’est que les dégâts dans le chignon dépassent
le pire.
Le cœur sera bientôt à découvert. Le refroidissement du combustible a probablement cessé, à cause de l’ébullition en masse du circuit primaire.
Le combustible va être endommagé ... il l’est sans doute déjà ... De la
radioactivité va s’échapper, et ... il ne reste aucun obstacle à lui
opposer. »
Pierre Duguey sent la panique monter. Un instant distraits de leur propre affolement, ses collègues le regardent, stupéfaits.
« A
quoi bon toutes ces fiches, pour les grosses brèches, pour la rupture
d’un tube en U ... Rien n’est prévu pour cet accident. Nulle part, dans
aucun rapport de sûreté, on n’a envisagé que la rupture d’une tuyauterie
de vapeur, « accident possible mais hautement improbable », puisse engendrer des ruptures de tubes en U, accident finalement pas si rare que ça en marche normale. »
Il ébauche un geste d’abandon, et poursuit, sarcastique et théâtral :
« Messieurs, une nouvelle période de l’ère nucléaire vient de s’ouvrir ! Quelque chose de totalement inédit sur nos réacteurs REP,
un accident de perte simultanée du refroidissement et de toutes les
barrières. Désormais, l’intérieur du réacteur communique directement
avec l’atmosphère. Le pire est devant nous ! »
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 7 - "Au milieu des Caraïbes"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 40 mn – Quelque part en mer des Caraïbes, au large du Carbet, Martinique
Christophe BAY,
le nouveau Préfet de l’Aube est en séminaire de formation avec une
vingtaine de collègues de l’hexagone. Aujourd’hui c’est team-building au
large ! Se forger un esprit d’équipe aux commandes d’un gros catamaran,
quand le vent souffle très très fort… Comportement d’un groupe plus ou
moins soudé dans une situation de crise, et dans un domaine où on n’est
pas forcément formé ! Prise de responsabilités, répartition des tâches,
respect des consignes de sécurité, etc…
Il ne se doute pas qu’à des milliers de km de là, sa présence et son
expérience seraient peut-être bientôt d’un grand secours, lui qui a
exercé son art en Haute-Normandie, qui compte deux centrales : Paluel et Penly.
Lors de sa récente installation à la préfecture de Troyes, il avait
déclaré à Jean-François LAVILLE du quotidien l’est-éclair, « faire de la
sécurité sa priorité ». Pour lui, l’Aube « a la chance d’avoir une
centrale nucléaire à Nogent-sur-Seine : elle apporte des emplois. Elle
exige aussi la plus grande vigilance. » Il avait déclaré : « Mon rôle
est de vérifier que les plans de secours sont actualisés. J’ai vérifié.
C’est le cas ». Mais est-ce que le périmètre de sécurité de dix
kilomètres est suffisant, compte tenu des retours d’expérience de
Tchernobyl et de Fukushima ? avait il confié au journaliste… [1]
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 40 mn – Quelque part en mer des Caraïbes, au large du Carbet, Martinique
Christophe BAY,
le nouveau Préfet de l’Aube est en séminaire de formation avec une
vingtaine de collègues de l’hexagone. Aujourd’hui c’est team-building au
large ! Se forger un esprit d’équipe aux commandes d’un gros catamaran,
quand le vent souffle très très fort… Comportement d’un groupe plus ou
moins soudé dans une situation de crise, et dans un domaine où on n’est
pas forcément formé ! Prise de responsabilités, répartition des tâches,
respect des consignes de sécurité, etc…
Il ne se doute pas qu’à des milliers de km de là, sa présence et son
expérience seraient peut-être bientôt d’un grand secours, lui qui a
exercé son art en Haute-Normandie, qui compte deux centrales : Paluel et Penly.
Lors de sa récente installation à la préfecture de Troyes, il avait
déclaré à Jean-François LAVILLE du quotidien l’est-éclair, « faire de la
sécurité sa priorité ». Pour lui, l’Aube « a la chance d’avoir une
centrale nucléaire à Nogent-sur-Seine : elle apporte des emplois. Elle
exige aussi la plus grande vigilance. » Il avait déclaré : « Mon rôle
est de vérifier que les plans de secours sont actualisés. J’ai vérifié.
C’est le cas ». Mais est-ce que le périmètre de sécurité de dix
kilomètres est suffisant, compte tenu des retours d’expérience de
Tchernobyl et de Fukushima ? avait il confié au journaliste… [1]
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
ne t'excite pas avec se genre de post, on s'en branle!!!
pierraug- + membre techno +
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Ah non !!! ça remplace les feux de l'amour !pierraug a écrit:ne t'excite pas avec se genre de post, on s'en branle!!!
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 8 - "on avait tout prévu, mon vieux"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 38 mn - Centrale nucléaire, salle de commande
Pierre Duguey, l’ingénieur de sûreté, se rassure :
« Une
ligne Maginot ! Voilà ce que c’est, leur système de poupées gigognes !
Au centre, le combustible, une céramique, c’est la première barrière !
Puis, entourant l’uranium, des gaines étanches, c’est la deuxième barrière ! Ensuite, la cuve du réacteur, troisième barrière ! Et enfin, les deux enceintes de confinement en béton emboîtées l’une dans l’autre : dernières barrières. Un tel coffre-fort doit naturellement retenir la radioactivité
en toutes circonstances, sinon la contenir et la guider vers le système
de filtrage où on la coince avant qu’elle puisse gagner l’atmosphère
...
Les 3 barrières de sureté
« Vous croyiez qu’elle allait attaquer de front ces formidables remparts ? Forteresse, tu parles ! »
Hervé est stupéfait. Michel ne sait plus où se mettre. Pour un peu,
ils oublieraient l’accident. Quant au quatrième rondier, cette tirade le
surprend au moment où il sort de la cuisine d’exploitation. Le plateau
garni de tasses à café a failli lui échapper des mains.
« Mais
qu’est-ce qu’ ... Il y a qu’on avait tout prévu, mon vieux, même les
accidents les plus effrayants : brèches dans le circuit primaire, des
grosses, des petites, des tordues, des franches et des nettes, des
choses abominables qui auraient transformé l’intérieur du
bâtiment-réacteur en une infernale étuve radioactive.
Brêche dans le circuit primaire
Chaque fois, le rapport de Sûreté
nous convainquait de la parfaite suffisance des dispositifs de
sauvegarde pour limiter les conséquences extérieures à un niveau
ridiculement faible.
Avant Tchernobyl,
parler de risque grave frisait l’indécence. Et même après, pas un
bouton de guêtre ne manquait, naturellement. Et on en rajoutait, pour
épater la galerie ! Tenez, on s’est même amusé à calculer si les
enceintes résisteraient à la chute d’un petit avion d’affaires. De la foutaise ! Qu’est-ce qu’il casserait, d’abord, l’avion en tombant ? Hein ? Je vous le demande.
Et maintenant avec Fukushima, je ne vous raconte pas… »
Hervé sent la moutarde lui monter au nez.
« Écoute, Pierre, on a mieux à faire ...
Il
n’y a rien à faire. L’avion ferait comme la radioactivité : il taperait
sur le point faible, sur ces satanées tuyauteries de vapeur qui passent
innocemment, les idiotes, quasiment sans protection du
bâtiment-réacteur à la salle des machines. »
Soudain plus grave, l’ingénieur poursuit :
« Au
lieu de donner dans le grand guignol, il aurait mieux valu regarder en
face le talon d’Achille de cette centrale nucléaire. Oui, les quelques 5
300 tubes du GV, une surface de métal toute mince, d’une section de 19
mm. Mais quelle surface ! Réfléchissez : trois hectares, trois terrains
de foot, bourrés de fissures. Faut pas trop les brusquer, ces fissures,
déjà qu’elles s’ouvrent toutes seules en temps normal, même quand on les
laisse tranquilles ! Alors, pensez à ce qui peut se passer si on secoue
le GV comme un prunier ... »
L’ISR est effondré. Il a trop de connaissances techniques pour ne pas
voir se dessiner l’issue inévitable : un déferlement menaçant de
radioactivité dans l’atmosphère.
mardi 26 - 01 h 41 mn - Paris, gare de l’Est
Avec une minute de retard sur l’horaire, le train de nuit Paris-Bâle, via Mulhouse, prend le départ au quai 13...
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 38 mn - Centrale nucléaire, salle de commande
Pierre Duguey, l’ingénieur de sûreté, se rassure :
« Une
ligne Maginot ! Voilà ce que c’est, leur système de poupées gigognes !
Au centre, le combustible, une céramique, c’est la première barrière !
Puis, entourant l’uranium, des gaines étanches, c’est la deuxième barrière ! Ensuite, la cuve du réacteur, troisième barrière ! Et enfin, les deux enceintes de confinement en béton emboîtées l’une dans l’autre : dernières barrières. Un tel coffre-fort doit naturellement retenir la radioactivité
en toutes circonstances, sinon la contenir et la guider vers le système
de filtrage où on la coince avant qu’elle puisse gagner l’atmosphère
...
Les 3 barrières de sureté
« Vous croyiez qu’elle allait attaquer de front ces formidables remparts ? Forteresse, tu parles ! »
Hervé est stupéfait. Michel ne sait plus où se mettre. Pour un peu,
ils oublieraient l’accident. Quant au quatrième rondier, cette tirade le
surprend au moment où il sort de la cuisine d’exploitation. Le plateau
garni de tasses à café a failli lui échapper des mains.
« Mais
qu’est-ce qu’ ... Il y a qu’on avait tout prévu, mon vieux, même les
accidents les plus effrayants : brèches dans le circuit primaire, des
grosses, des petites, des tordues, des franches et des nettes, des
choses abominables qui auraient transformé l’intérieur du
bâtiment-réacteur en une infernale étuve radioactive.
Brêche dans le circuit primaire
Chaque fois, le rapport de Sûreté
nous convainquait de la parfaite suffisance des dispositifs de
sauvegarde pour limiter les conséquences extérieures à un niveau
ridiculement faible.
Avant Tchernobyl,
parler de risque grave frisait l’indécence. Et même après, pas un
bouton de guêtre ne manquait, naturellement. Et on en rajoutait, pour
épater la galerie ! Tenez, on s’est même amusé à calculer si les
enceintes résisteraient à la chute d’un petit avion d’affaires. De la foutaise ! Qu’est-ce qu’il casserait, d’abord, l’avion en tombant ? Hein ? Je vous le demande.
Et maintenant avec Fukushima, je ne vous raconte pas… »
Hervé sent la moutarde lui monter au nez.
« Écoute, Pierre, on a mieux à faire ...
Il
n’y a rien à faire. L’avion ferait comme la radioactivité : il taperait
sur le point faible, sur ces satanées tuyauteries de vapeur qui passent
innocemment, les idiotes, quasiment sans protection du
bâtiment-réacteur à la salle des machines. »
Soudain plus grave, l’ingénieur poursuit :
« Au
lieu de donner dans le grand guignol, il aurait mieux valu regarder en
face le talon d’Achille de cette centrale nucléaire. Oui, les quelques 5
300 tubes du GV, une surface de métal toute mince, d’une section de 19
mm. Mais quelle surface ! Réfléchissez : trois hectares, trois terrains
de foot, bourrés de fissures. Faut pas trop les brusquer, ces fissures,
déjà qu’elles s’ouvrent toutes seules en temps normal, même quand on les
laisse tranquilles ! Alors, pensez à ce qui peut se passer si on secoue
le GV comme un prunier ... »
L’ISR est effondré. Il a trop de connaissances techniques pour ne pas
voir se dessiner l’issue inévitable : un déferlement menaçant de
radioactivité dans l’atmosphère.
mardi 26 - 01 h 41 mn - Paris, gare de l’Est
Avec une minute de retard sur l’horaire, le train de nuit Paris-Bâle, via Mulhouse, prend le départ au quai 13...
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 9 - "Chaque seconde compte"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 41 mn - Salle de commande
Le chef de quart est arrivé au milieu du discours de Pierre. Il a
gardé le silence. Robert et l’apprenti les ont rejoints peu après. Ils
en savent désormais assez pour saisir l’ampleur du désastre à venir.
Raymond doit absolument reprendre en main son équipe démoralisée. Il
s’approche calmement du jeune ingénieur.
Opérateurs et rondiers se sont spontanément regroupés en arc de cercle,
dos à la console principale. Raymond et Pierre offrent un contraste
saisissant : le chef de quart, trapu, solide, s’accroche à sa
responsabilité immédiate face à l’ISR en sueur, vaincu par le doute. Sur
un ton bienveillant, sans hausser la voix, Raymond parle :
« Pierre,
nous n’avons encore rien tenté ... Et chaque seconde compte. »
La tension tombe d’un cran dans la pièce. Pierre lui-même avale sa
salive, sort de son délire peuplé de rapports désormais inutiles, et
murmure :
« Il
va falloir improviser sur toute la ligne ... »
Hervé Ruel réagit le premier. Il se précipite sur les commandes de
déconsignation et d’ouverture des vannes de décharge du pressuriseur :
« C’est notre seule chance. Provoquer une séquence de type TMI [1]
Limiter au maximum les rejets d’eau contaminée dehors. Amener de
l’eau dans le bâtiment-réacteur pour la réinjecter dans le cœur quand le
réservoir PTR sera vide [2].
Attends,
coupe Raymond. Tu oublies que le circuit d’injection de sécurité
interdit toute décharge du pressuriseur. Michel, file au local
électrique et déconnecte l’ordre de fermeture des vannes. »
mardi 26 - 01 h 41 mn – salle de commande
L’atmosphère est étrangement sereine. Comme si tous s’étaient donné le mot :
« Perdu
pour perdu, on va bosser le mieux possible. » Les rondiers attendent
d’être utiles. Opérateurs, chef de quart et ISR engagent un combat
désespéré contre le temps et l’énergie résiduelle du réacteur.
« Même si la manœuvre réussit, rappelle Pierre, la plus grande fraction de l’eau continuera de s’écouler par le GV, alors ...
Y
a-t-il une contre-indication à essayer de gagner du temps ? Non ? Bon
... Ça y est, le signal est bloqué, je déclenche la décharge. »
Tous les regards convergent vers les indicateurs de pression. Celui du
réservoir de décharge monte lentement. Celui de la cuve du réacteur
n’arrête pas de baisser. Une véritable course de vitesse vient de
s’engager. Raymond crispe ses mains sur le dossier du fauteuil. Pierre
s’agite nerveusement. Hervé maintient le doigt sur le bouton de
commande, comme pour aider les vannes à s’ouvrir davantage. Michel pense
qu’il est bien tard pour tenter cette opération. Tout cela à cause du
cirque de l’ISR !
mardi 26 - 01 h 44 mn – salle de commande
« C’est
râpé. »
Crûment, Michel profère l’évidence, contre les dernières bribes d’espoir
entretenues par Hervé. Apparemment inconscient de sa responsabilité
dans l’échec, Pierre conclut : « Il aurait fallu que les automatismes
soient conçus pour prendre en compte ce cas de figure.
Oui,
mais ce cas était par principe exclu... Bon Dieu ! »
Horrifié, Raymond ne termine pas sa phrase. Il« voit » le cœur du
réacteur en pleine crise d’ébullition. Le haut des assemblages de
combustible se découvre et vire au rouge. Il « voit » les gaines
ramollies par la chaleur gonfler sous l’effet de leur pression interne,
et le métal commencer à se consumer dans la vapeur d’eau.
Terrorisé, Hervé imagine l’énorme flux d’eau et de vapeur jaillissant
dehors, emportant avec lui tous les produits radioactifs relâchés par le
combustible endommagé.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 41 mn - Salle de commande
Le chef de quart est arrivé au milieu du discours de Pierre. Il a
gardé le silence. Robert et l’apprenti les ont rejoints peu après. Ils
en savent désormais assez pour saisir l’ampleur du désastre à venir.
Raymond doit absolument reprendre en main son équipe démoralisée. Il
s’approche calmement du jeune ingénieur.
Opérateurs et rondiers se sont spontanément regroupés en arc de cercle,
dos à la console principale. Raymond et Pierre offrent un contraste
saisissant : le chef de quart, trapu, solide, s’accroche à sa
responsabilité immédiate face à l’ISR en sueur, vaincu par le doute. Sur
un ton bienveillant, sans hausser la voix, Raymond parle :
« Pierre,
nous n’avons encore rien tenté ... Et chaque seconde compte. »
La tension tombe d’un cran dans la pièce. Pierre lui-même avale sa
salive, sort de son délire peuplé de rapports désormais inutiles, et
murmure :
« Il
va falloir improviser sur toute la ligne ... »
Hervé Ruel réagit le premier. Il se précipite sur les commandes de
déconsignation et d’ouverture des vannes de décharge du pressuriseur :
« C’est notre seule chance. Provoquer une séquence de type TMI [1]
Limiter au maximum les rejets d’eau contaminée dehors. Amener de
l’eau dans le bâtiment-réacteur pour la réinjecter dans le cœur quand le
réservoir PTR sera vide [2].
Attends,
coupe Raymond. Tu oublies que le circuit d’injection de sécurité
interdit toute décharge du pressuriseur. Michel, file au local
électrique et déconnecte l’ordre de fermeture des vannes. »
mardi 26 - 01 h 41 mn – salle de commande
L’atmosphère est étrangement sereine. Comme si tous s’étaient donné le mot :
« Perdu
pour perdu, on va bosser le mieux possible. » Les rondiers attendent
d’être utiles. Opérateurs, chef de quart et ISR engagent un combat
désespéré contre le temps et l’énergie résiduelle du réacteur.
« Même si la manœuvre réussit, rappelle Pierre, la plus grande fraction de l’eau continuera de s’écouler par le GV, alors ...
Y
a-t-il une contre-indication à essayer de gagner du temps ? Non ? Bon
... Ça y est, le signal est bloqué, je déclenche la décharge. »
Tous les regards convergent vers les indicateurs de pression. Celui du
réservoir de décharge monte lentement. Celui de la cuve du réacteur
n’arrête pas de baisser. Une véritable course de vitesse vient de
s’engager. Raymond crispe ses mains sur le dossier du fauteuil. Pierre
s’agite nerveusement. Hervé maintient le doigt sur le bouton de
commande, comme pour aider les vannes à s’ouvrir davantage. Michel pense
qu’il est bien tard pour tenter cette opération. Tout cela à cause du
cirque de l’ISR !
mardi 26 - 01 h 44 mn – salle de commande
« C’est
râpé. »
Crûment, Michel profère l’évidence, contre les dernières bribes d’espoir
entretenues par Hervé. Apparemment inconscient de sa responsabilité
dans l’échec, Pierre conclut : « Il aurait fallu que les automatismes
soient conçus pour prendre en compte ce cas de figure.
Oui,
mais ce cas était par principe exclu... Bon Dieu ! »
Horrifié, Raymond ne termine pas sa phrase. Il« voit » le cœur du
réacteur en pleine crise d’ébullition. Le haut des assemblages de
combustible se découvre et vire au rouge. Il « voit » les gaines
ramollies par la chaleur gonfler sous l’effet de leur pression interne,
et le métal commencer à se consumer dans la vapeur d’eau.
Terrorisé, Hervé imagine l’énorme flux d’eau et de vapeur jaillissant
dehors, emportant avec lui tous les produits radioactifs relâchés par le
combustible endommagé.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
le but du jeu c'est de faire 30 pages de feuilleton science fiction???
ON S'EN FOU BORDEL... C'est bon pour le bulot ce genr e de feuilleton
ON S'EN FOU BORDEL... C'est bon pour le bulot ce genr e de feuilleton
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 10 - "Avez-vous la situation en main ?"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 45 mn – A quelques secondes du déclenchement du PUI
La sonnerie du téléphone intérieur secoue l’équipe anéantie.
« C’est Maillart. Alors, où en êtes-vous ? Avez-vous la situation en main ? »
Raymond hésite une seconde. Il cherche une entrée en matière. A l’autre bout du fil, Hervé Maillart, le directeur de la centrale, n’a pas le temps de remarquer l’embarras du chef de quart : l’alerte à la radioactivité vient de retentir sur le site.
Au même instant, le système de protection de la salle de commande détecte de la radioactivité à l’entrée du circuit de ventilation.
Il condamne immédiatement la ligne non protégée, et met en service la
ligne de secours. Celle-ci est dotée de filtres absolus et de pièges à iode. La salle de commande est le seul local d’exploitation ainsi équipé. Protégé, l’endroit est aussi complètement isolé.
« Nous voilà comme dans une bouteille thermos au milieu d’un brasier, observe Hervé.
Pas tout à fait, précise Pierre, les gaz rares vont passer au travers de tous les filtres, il faut mettre les narghilés [1] »
Dans son vaste bureau chaud et confortable, Hervé Maillart frémit :
l’alarme qu’il vient d’entendre a été déclenchée par une balise plantée à
une vingtaine de mètres. Il l’a distingue parfaitement par la baie
vitrée. Les locaux administratifs ne sont pas prévus pour être utilisés
si le site est contaminé. Maillart va devoir déménager vers le BDS, le
bloc de sécurité
[2].
En 2007 des travaux importants ont été entrepris sur : ventilation,
électricité, génie civil, détection incendie et détection hydrogène,
lutte incendie… Un fortin de commandement, équipé du même système de
protection que celui de la salle de commande, hérissé d’antennes radios
et d’instruments de mesures atmosphériques. II est « habité », en temps
normal, par des gardiens qui surveillent sur des écrans vidéo les
mouvements sur le site, truffé de caméras. Jamais, dans toute sa
carrière de cadre EDF, Maillart n’a eu à se replier dans cet abri
opérationnel. II connaît sa configuration dans les moindres détails
grâce aux exercices d’entraînement, mais entre la simulation et la
situation de crise ... Le directeur a l’impression fugitive de vivre un
baptême du feu.
Maillart n’est pas un froussard, (la rime avec le nom du directeur
d’aujourd’hui est amusante), ni un bleu. Tout de même, il maudit le sort
qui fait de lui le maître à bord, alors qu’il devrait être aux
Etats-Unis pour un congrès sur la sécurité nucléaire à Bethesda, Etat de
Maryland, au siège de la NRC [3].
Les Français ont la cote dans le monde de l’industrie nucléaire. Leur technologie est au« top-niveau ». Maillart ne peut réprimer un bref ricanement.
Avant de se replier dans la casemate, Hervé Maillart presse la mise en route de l’appel automatique pré-enregistré :
« Urgent : le personnel de la centrale est prié de rejoindre le bâtiment d’accueil. Le plan d’urgence interne est déclenché. »
Pas de détail. Le téléphone sonne en ce moment dans plus de trois
cents maisons, à vingt kilomètres à la ronde. Les employés d’astreinte
cette nuit vont obligatoirement réceptionner l’ordre de mobilisation.
Quant aux autres, s’ils sont chez eux et s’ils ont envie de sortir (le
message ne précise pas si le site est contaminé ou non), ils viendront
renforcer les équipes de garde.
Maillart se dirige vers les toilettes. Il démonte le dérouleur de
torchon propre, retire la bande de tissu blanc, et se confectionne
devant le miroir un turban de fortune, de façon à protéger grossièrement
ses cheveux contre un éventuel dépôt de particules radioactives, son
nez et sa bouche contre leur ingestion. Il s’engouffre dans l’escalier.
Au passage, il jette un œil sur l’écran digital du couloir qui indique
la puissance de production des centrales nucléaires approvisionnant les
régions Est et parisienne en électricité. Elles tournent toutes à plein
régime pour compenser l’arrêt de Nogent 1, dont la fenêtre d’information
affiche « zéro mégawatt ».
Par bonheur, il a eu l’excellente idée de ne pas laisser sa voiture
sur le parking d’accueil, comme c’est l’usage, même pour le personnel de
direction. Prenant garde à respirer le moins possible, il entrouvre la
porte de sa voiture, se glisse au volant et coupe la ventilation avant
de démarrer. Direction : le bloc de sécurité, au plus vite.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 45 mn – A quelques secondes du déclenchement du PUI
La sonnerie du téléphone intérieur secoue l’équipe anéantie.
« C’est Maillart. Alors, où en êtes-vous ? Avez-vous la situation en main ? »
Raymond hésite une seconde. Il cherche une entrée en matière. A l’autre bout du fil, Hervé Maillart, le directeur de la centrale, n’a pas le temps de remarquer l’embarras du chef de quart : l’alerte à la radioactivité vient de retentir sur le site.
Au même instant, le système de protection de la salle de commande détecte de la radioactivité à l’entrée du circuit de ventilation.
Il condamne immédiatement la ligne non protégée, et met en service la
ligne de secours. Celle-ci est dotée de filtres absolus et de pièges à iode. La salle de commande est le seul local d’exploitation ainsi équipé. Protégé, l’endroit est aussi complètement isolé.
« Nous voilà comme dans une bouteille thermos au milieu d’un brasier, observe Hervé.
Pas tout à fait, précise Pierre, les gaz rares vont passer au travers de tous les filtres, il faut mettre les narghilés [1] »
Dans son vaste bureau chaud et confortable, Hervé Maillart frémit :
l’alarme qu’il vient d’entendre a été déclenchée par une balise plantée à
une vingtaine de mètres. Il l’a distingue parfaitement par la baie
vitrée. Les locaux administratifs ne sont pas prévus pour être utilisés
si le site est contaminé. Maillart va devoir déménager vers le BDS, le
bloc de sécurité
[2].
En 2007 des travaux importants ont été entrepris sur : ventilation,
électricité, génie civil, détection incendie et détection hydrogène,
lutte incendie… Un fortin de commandement, équipé du même système de
protection que celui de la salle de commande, hérissé d’antennes radios
et d’instruments de mesures atmosphériques. II est « habité », en temps
normal, par des gardiens qui surveillent sur des écrans vidéo les
mouvements sur le site, truffé de caméras. Jamais, dans toute sa
carrière de cadre EDF, Maillart n’a eu à se replier dans cet abri
opérationnel. II connaît sa configuration dans les moindres détails
grâce aux exercices d’entraînement, mais entre la simulation et la
situation de crise ... Le directeur a l’impression fugitive de vivre un
baptême du feu.
Maillart n’est pas un froussard, (la rime avec le nom du directeur
d’aujourd’hui est amusante), ni un bleu. Tout de même, il maudit le sort
qui fait de lui le maître à bord, alors qu’il devrait être aux
Etats-Unis pour un congrès sur la sécurité nucléaire à Bethesda, Etat de
Maryland, au siège de la NRC [3].
Les Français ont la cote dans le monde de l’industrie nucléaire. Leur technologie est au« top-niveau ». Maillart ne peut réprimer un bref ricanement.
Avant de se replier dans la casemate, Hervé Maillart presse la mise en route de l’appel automatique pré-enregistré :
« Urgent : le personnel de la centrale est prié de rejoindre le bâtiment d’accueil. Le plan d’urgence interne est déclenché. »
Pas de détail. Le téléphone sonne en ce moment dans plus de trois
cents maisons, à vingt kilomètres à la ronde. Les employés d’astreinte
cette nuit vont obligatoirement réceptionner l’ordre de mobilisation.
Quant aux autres, s’ils sont chez eux et s’ils ont envie de sortir (le
message ne précise pas si le site est contaminé ou non), ils viendront
renforcer les équipes de garde.
Maillart se dirige vers les toilettes. Il démonte le dérouleur de
torchon propre, retire la bande de tissu blanc, et se confectionne
devant le miroir un turban de fortune, de façon à protéger grossièrement
ses cheveux contre un éventuel dépôt de particules radioactives, son
nez et sa bouche contre leur ingestion. Il s’engouffre dans l’escalier.
Au passage, il jette un œil sur l’écran digital du couloir qui indique
la puissance de production des centrales nucléaires approvisionnant les
régions Est et parisienne en électricité. Elles tournent toutes à plein
régime pour compenser l’arrêt de Nogent 1, dont la fenêtre d’information
affiche « zéro mégawatt ».
Par bonheur, il a eu l’excellente idée de ne pas laisser sa voiture
sur le parking d’accueil, comme c’est l’usage, même pour le personnel de
direction. Prenant garde à respirer le moins possible, il entrouvre la
porte de sa voiture, se glisse au volant et coupe la ventilation avant
de démarrer. Direction : le bloc de sécurité, au plus vite.
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 11 - "Les vieux qui connaissent la musique"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 48 mn - Salle de commande
« C’est encore Maillart au téléphone. Il voudrait des détails avant
d’avertir Paris et la préfecture. Il ne comprend pas que ça ait pu
dégénérer comme ça sans prévenir. »
Raymond tend le combiné à Pierre.
Le chef de quart et Hervé Ruel s’acharnent à réduire les conséquences
de l’accident. La pression dans la cuve du réacteur est maintenant
presque complètement tombée. L’eau injectée par le circuit de sécurité
noie lentement le cœur. Cette opération représente l’une des phases les
plus critiques d’un accident de refroidissement :
l’eau froide entre en contact avec le combustible incandescent, bien
au-dessus de mille degrés. Les interactions sont violentes. Elles
provoquent des explosions de vapeur, lesquelles accroissent les rejets à l’extérieur et contrecarrent la montée de l’eau dans le réacteur.
« Il faudrait essayer de rabattre la radioactivité dans la cuve », suggère Raymond.
Hervé réfléchit rapidement. Il propose une manœuvre destinée à créer
un mur liquide entre la brèche et le combustible. Raymond n’y croit
guère, mais ils tentent le coup, assistés de Michel.
Pierre a raccroché le téléphone, il observe les trois hommes. La
situation lui apparaît dans toute sa folie : là-bas, dans son bunker,
Maillart met en branle une énorme machine administrative et technique
dont on ne peut attendre ici aucun secours.
La catastrophe sera consommée bien avant que cette lourde machine,
qui n’a pas encore pris son élan, entre en action. Incapable de
s’adapter à la logique de cet accident, l’ingénieur se sent de trop.
Cette équipe soudée se démène sans lui contre le pire.
Délaissant la surveillance des instruments, Michel se fige soudain.
« Et si on vidait la piscine des combustibles usés dans le réservoir PTR [1] ? Il y a une pompe pour ça.
Mmm…
Deux cents mètres cubes par heure, c’est pas énorme, mais ça aidera à
tenir. On va réduire le plus possible le débit du circuit d’injection,
dès que le cœur aura été renoyé. »
Raymond se tourne vers Pierre :
« Tu sais ce que cela signifie, n’est-ce pas ? La vanne n’est pas motorisée. Il va falloir aller l’ouvrir manuellement.
Je
sais parfaitement, soupire Pierre. La radioactivité est partout,
maintenant. La ventilation l’a disséminée dans tous les bâtiments. Il
faut prendre un masque. Qui y va ? »
Pratiquement alignés contre le mur du fond, les quatre rondiers ont
tenté de se faire oublier, peu soucieux d’interrompre le cours des
opérations de sauvetage par des questions intempestives. Leur heure est
arrivée. Robert et Jean, les « vieux qui connaissent la musique »,
disait Robert tout à l’heure à son apprenti, ont un mouvement vers le
placard du couloir.
« Un seul, coupe le chef de quart. Jean, dépêche-toi s’il te plaît. »
Raymond est reconnaissant à Pierre de n’avoir désigné personne. Le
chef de l’exploitation, c’est lui. Ses gars lui font une confiance
aveugle, confiance qu’ils sont loin de manifester à l’ingénieur, presque
frais émoulu de son école d’ingénieurs.
« Tu
ouvres la vanne, tu mets en marche la pompe de la piscine, et en
revenant tu coupes la ventilation de tous les locaux des auxiliaires de
sauvegarde et des auxiliaires nucléaires. Prends un masque !
Merci de penser aux copains qui iront bosser dans cette merde après nous », lance Jean.
Masque filtrant à cartouche
Il remplace son narghilé par un masque filtrant à cartouche, et
attrape une casquette qui traîne. La protection n’est pas vraiment
idéale, mais les combinaisons spéciales, les « shaddocks », sont rangées
dans un autre bâtiment.
« On
croirait un parachutiste s’élançant de la soute d’un avion », remarque
Robert en voyant son collègue se jeter dans le couloir.
mardi 26 - 01 h 50 mn - Salle de commande.
L’idée de la piscine a ouvert des perspectives à Raymond.
« Dis donc, Pierre, demande à Maillart d’envoyer les premiers ouvriers d’astreinte mettre une pompe automotrice en batterie.
Qu’est-ce que vous voulez faire avec ça ?
Transvaser
le PTR de la tranche 2 dans le nôtre. Qu’ils endossent les tenues
étanches et portent les masques, c’est du côté où ça a cassé, il doit y
avoir un maximum de contamination.
Vous
êtes cinglé ? Qu’est-ce qu’ils feront, ceux de la tranche 2, si c’est
leur tour d’avoir un pépin ? Ils n’auront plus de réservoir de secours,
on leur aura tout enlevé !
C’est à Maillart de prendre la décision. Entre une catastrophe aggravée et un accident hypothétique, il choisira. »
Heureusement, à ce stade, la décision n’incombe pas à Pierre, mais au directeur.
« N’empêche que si j’étais l’ISR de quart de l’autre côté, je ne laisserais pas faire une telle connerie.
Ecoute, tu es l’ISR de la tranche 1, et la connerie en question, elle peut arranger tes oignons. »
Hors de lui, Robert, le rondier, n’a pas pu contenir sa colère contre
ce trop jeune chef qui n’a rien décidé depuis un quart d’heure. Pierre
blêmit. Il appelle le PC-direction.
Au même moment, le chef de quart se rend compte que personne n’a
songé à arrêter les pompes primaires. Privées de pression, elles vibrent
au-delà des limites depuis un bon moment.
« Elles doivent caviter un maximum et tourner en survitesse. Ça ne les arrange guère.
Pour ce qu’on en aura besoin maintenant ... soupire Hervé. OK, je les disjoncte. » [2]
par Michel Gueritte
mardi 26 - 01 h 48 mn - Salle de commande
« C’est encore Maillart au téléphone. Il voudrait des détails avant
d’avertir Paris et la préfecture. Il ne comprend pas que ça ait pu
dégénérer comme ça sans prévenir. »
Raymond tend le combiné à Pierre.
Le chef de quart et Hervé Ruel s’acharnent à réduire les conséquences
de l’accident. La pression dans la cuve du réacteur est maintenant
presque complètement tombée. L’eau injectée par le circuit de sécurité
noie lentement le cœur. Cette opération représente l’une des phases les
plus critiques d’un accident de refroidissement :
l’eau froide entre en contact avec le combustible incandescent, bien
au-dessus de mille degrés. Les interactions sont violentes. Elles
provoquent des explosions de vapeur, lesquelles accroissent les rejets à l’extérieur et contrecarrent la montée de l’eau dans le réacteur.
« Il faudrait essayer de rabattre la radioactivité dans la cuve », suggère Raymond.
Hervé réfléchit rapidement. Il propose une manœuvre destinée à créer
un mur liquide entre la brèche et le combustible. Raymond n’y croit
guère, mais ils tentent le coup, assistés de Michel.
Pierre a raccroché le téléphone, il observe les trois hommes. La
situation lui apparaît dans toute sa folie : là-bas, dans son bunker,
Maillart met en branle une énorme machine administrative et technique
dont on ne peut attendre ici aucun secours.
La catastrophe sera consommée bien avant que cette lourde machine,
qui n’a pas encore pris son élan, entre en action. Incapable de
s’adapter à la logique de cet accident, l’ingénieur se sent de trop.
Cette équipe soudée se démène sans lui contre le pire.
Délaissant la surveillance des instruments, Michel se fige soudain.
« Et si on vidait la piscine des combustibles usés dans le réservoir PTR [1] ? Il y a une pompe pour ça.
Mmm…
Deux cents mètres cubes par heure, c’est pas énorme, mais ça aidera à
tenir. On va réduire le plus possible le débit du circuit d’injection,
dès que le cœur aura été renoyé. »
Raymond se tourne vers Pierre :
« Tu sais ce que cela signifie, n’est-ce pas ? La vanne n’est pas motorisée. Il va falloir aller l’ouvrir manuellement.
Je
sais parfaitement, soupire Pierre. La radioactivité est partout,
maintenant. La ventilation l’a disséminée dans tous les bâtiments. Il
faut prendre un masque. Qui y va ? »
Pratiquement alignés contre le mur du fond, les quatre rondiers ont
tenté de se faire oublier, peu soucieux d’interrompre le cours des
opérations de sauvetage par des questions intempestives. Leur heure est
arrivée. Robert et Jean, les « vieux qui connaissent la musique »,
disait Robert tout à l’heure à son apprenti, ont un mouvement vers le
placard du couloir.
« Un seul, coupe le chef de quart. Jean, dépêche-toi s’il te plaît. »
Raymond est reconnaissant à Pierre de n’avoir désigné personne. Le
chef de l’exploitation, c’est lui. Ses gars lui font une confiance
aveugle, confiance qu’ils sont loin de manifester à l’ingénieur, presque
frais émoulu de son école d’ingénieurs.
« Tu
ouvres la vanne, tu mets en marche la pompe de la piscine, et en
revenant tu coupes la ventilation de tous les locaux des auxiliaires de
sauvegarde et des auxiliaires nucléaires. Prends un masque !
Merci de penser aux copains qui iront bosser dans cette merde après nous », lance Jean.
Masque filtrant à cartouche
Il remplace son narghilé par un masque filtrant à cartouche, et
attrape une casquette qui traîne. La protection n’est pas vraiment
idéale, mais les combinaisons spéciales, les « shaddocks », sont rangées
dans un autre bâtiment.
« On
croirait un parachutiste s’élançant de la soute d’un avion », remarque
Robert en voyant son collègue se jeter dans le couloir.
mardi 26 - 01 h 50 mn - Salle de commande.
L’idée de la piscine a ouvert des perspectives à Raymond.
« Dis donc, Pierre, demande à Maillart d’envoyer les premiers ouvriers d’astreinte mettre une pompe automotrice en batterie.
Qu’est-ce que vous voulez faire avec ça ?
Transvaser
le PTR de la tranche 2 dans le nôtre. Qu’ils endossent les tenues
étanches et portent les masques, c’est du côté où ça a cassé, il doit y
avoir un maximum de contamination.
Vous
êtes cinglé ? Qu’est-ce qu’ils feront, ceux de la tranche 2, si c’est
leur tour d’avoir un pépin ? Ils n’auront plus de réservoir de secours,
on leur aura tout enlevé !
C’est à Maillart de prendre la décision. Entre une catastrophe aggravée et un accident hypothétique, il choisira. »
Heureusement, à ce stade, la décision n’incombe pas à Pierre, mais au directeur.
« N’empêche que si j’étais l’ISR de quart de l’autre côté, je ne laisserais pas faire une telle connerie.
Ecoute, tu es l’ISR de la tranche 1, et la connerie en question, elle peut arranger tes oignons. »
Hors de lui, Robert, le rondier, n’a pas pu contenir sa colère contre
ce trop jeune chef qui n’a rien décidé depuis un quart d’heure. Pierre
blêmit. Il appelle le PC-direction.
Au même moment, le chef de quart se rend compte que personne n’a
songé à arrêter les pompes primaires. Privées de pression, elles vibrent
au-delà des limites depuis un bon moment.
« Elles doivent caviter un maximum et tourner en survitesse. Ça ne les arrange guère.
Pour ce qu’on en aura besoin maintenant ... soupire Hervé. OK, je les disjoncte. » [2]
GL- + membre techno +
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
georges et son amour fusionnel pour la centrale e nogent
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
T'habite près de la centrale GL ?
Quand il fait très beau je vois la "fumée" d'ici...
Quand il fait très beau je vois la "fumée" d'ici...
Seb 77- + membre techno +
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Centre Seine et Marne (Brie)
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
moi j'la vois tous les jours la fumée ,
bonne indication du sens et de la force du vent !
bonne indication du sens et de la force du vent !
pébourre- + membre techno +
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tempsdemerdland du 89
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
GL est a 15km de nogent/seine
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
une indication de technicien:
"quand tu vois la fumée de la centrale,tu peux sortir le pulvé"
aprés vérif. même à 30% d'hygro je vois la fumée mais je sors pas le pulvé!!!
"quand tu vois la fumée de la centrale,tu peux sortir le pulvé"
aprés vérif. même à 30% d'hygro je vois la fumée mais je sors pas le pulvé!!!
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 12 - "les maires, on verra plus tard."
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h - Préfecture de Troyes, département de l’Aube
Pourquoi cette centrale nucléaire est-elle prise de convulsions
justement cette nuit, alors qu’officiellement, la sous-préfète de
Bar-sur-Aube, Chantal GUELOT assure l’astreinte ? En principe, elle
devrait organiser le PPI [1].
La préfecture doit mettre en place une cellule de veille qui a pour
mission de suivre l’évolution de la crise et de pré-alerter les services
afin d’y opposer une réponse efficiente. Le centre opérationnel de
chaque service est gréé à titre préventif, dès lors que l’incident est
susceptible d’occasionner des effets sur la population et sur
l’environnement dépassant les limites du CNPE. Chantal GUELOT a bien
compris :
puisqu’il y a rejets, il ne s’agit pas d’un déclenchement en mode
concerté, mais en mode réflexe.
Le document qu’elle vient de relire est clair : l’exploitant
déclenche les sirènes d’alerte et prévient de façon concomitante la
préfecture qui entérine le déclenchement du PPI.
La population située dans le périmètre de protection réflexe se met à
l’abri et à l’écoute de la radio, les services, pré-alertés en phase de
veille, rejoignent leurs postes d’affectation au poste de commandement
opérationnel (PCO) et au centre opérationnel départemental (COD) à la
préfecture.
Un périmètre de sécurité est alors mis en place par la gendarmerie
pour interdire aux usagers de pénétrer dans la zone de danger immédiat.
Enfin le circuit de mesures est activé par le SDIS.
Ces premières dispositions vont permettre la prise en compte de la
sécurité des populations dans l’attente du soutien qui sera apporté au
Préfet dans la gestion de la crise par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) assistée de son expert technique, l’institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN). «
Elle décroche le téléphone. Résignée :
« Ils
ont déclenché le plan d’urgence interne à la centrale de Nogent ...
Non, je ne pense pas. Le directeur m’a seulement parlé d’un rejet
radioactif limité au site ... Je sais bien qu’il faut mettre en place la
cellule de pré-alerte, c’est pour ça que je vous dérange. Le problème,
c’est qu’on est en pleine nuit, que le préfet est à 8 000 km. Vous vous
rendez compte du nombre de personnes à prévenir ? Le temps de joindre
tous les responsables, le jour sera levé. Voilà, j’ai commencé par
vous…la caserne des pompiers ! »
Rien de plus lassant que de répéter x fois la même chose.
« Sous-préfecture
à l’appareil. Madame, pouvez-vous me passer votre mari ? ... Oui, à
cette heure-ci ... Le directeur de l’action sanitaire ? … Le directeur
de l’industrie et de la recherche ? Bonsoir… ou Bonjour, c’est pour un
déclenchement de PUI à Nogent… Plan d’urgence interne, oui... Non, pas
encore… J’espère qu’on n’aura pas à sortir le grand jeu ... Vous savez
ce que c’est, mini-cellule de crise à la préfecture, au cas où ... A
tout à l’heure. »
« Au fait, et le préfet ? Il est tranquille, lui, dans la mer des Caraïbes ! »
Ce serait plus sage d’essayer de le contacter. Si les choses dégénèrent, il risque d’être furieux de n’avoir pas été prévenu.
Et
les maires ? La procédure enjoint de prévenir les maires des communes
situées dans un rayon de deux kilomètres autour de la centrale. A vrai
dire, en parcourant le document pour la dixième fois, j’ai un doute :
j’ai compris que les maires, on les prévient s’il y a danger. Question :
est-ce qu’il y a danger ? Et même, à cette heure-ci, tout le monde est
au lit, tant mieux, d’ailleurs !
« Non,
les maires, on verra plus tard. »
Tous sont d’accord : personne n’a envie de discuter avec des élus qui ne
manqueraient pas de tout embrouiller avec leurs questions.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h - Préfecture de Troyes, département de l’Aube
Pourquoi cette centrale nucléaire est-elle prise de convulsions
justement cette nuit, alors qu’officiellement, la sous-préfète de
Bar-sur-Aube, Chantal GUELOT assure l’astreinte ? En principe, elle
devrait organiser le PPI [1].
La préfecture doit mettre en place une cellule de veille qui a pour
mission de suivre l’évolution de la crise et de pré-alerter les services
afin d’y opposer une réponse efficiente. Le centre opérationnel de
chaque service est gréé à titre préventif, dès lors que l’incident est
susceptible d’occasionner des effets sur la population et sur
l’environnement dépassant les limites du CNPE. Chantal GUELOT a bien
compris :
puisqu’il y a rejets, il ne s’agit pas d’un déclenchement en mode
concerté, mais en mode réflexe.
Le document qu’elle vient de relire est clair : l’exploitant
déclenche les sirènes d’alerte et prévient de façon concomitante la
préfecture qui entérine le déclenchement du PPI.
La population située dans le périmètre de protection réflexe se met à
l’abri et à l’écoute de la radio, les services, pré-alertés en phase de
veille, rejoignent leurs postes d’affectation au poste de commandement
opérationnel (PCO) et au centre opérationnel départemental (COD) à la
préfecture.
Un périmètre de sécurité est alors mis en place par la gendarmerie
pour interdire aux usagers de pénétrer dans la zone de danger immédiat.
Enfin le circuit de mesures est activé par le SDIS.
Ces premières dispositions vont permettre la prise en compte de la
sécurité des populations dans l’attente du soutien qui sera apporté au
Préfet dans la gestion de la crise par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) assistée de son expert technique, l’institut de radioprotection et de sureté nucléaire (IRSN). «
Elle décroche le téléphone. Résignée :
« Ils
ont déclenché le plan d’urgence interne à la centrale de Nogent ...
Non, je ne pense pas. Le directeur m’a seulement parlé d’un rejet
radioactif limité au site ... Je sais bien qu’il faut mettre en place la
cellule de pré-alerte, c’est pour ça que je vous dérange. Le problème,
c’est qu’on est en pleine nuit, que le préfet est à 8 000 km. Vous vous
rendez compte du nombre de personnes à prévenir ? Le temps de joindre
tous les responsables, le jour sera levé. Voilà, j’ai commencé par
vous…la caserne des pompiers ! »
Rien de plus lassant que de répéter x fois la même chose.
« Sous-préfecture
à l’appareil. Madame, pouvez-vous me passer votre mari ? ... Oui, à
cette heure-ci ... Le directeur de l’action sanitaire ? … Le directeur
de l’industrie et de la recherche ? Bonsoir… ou Bonjour, c’est pour un
déclenchement de PUI à Nogent… Plan d’urgence interne, oui... Non, pas
encore… J’espère qu’on n’aura pas à sortir le grand jeu ... Vous savez
ce que c’est, mini-cellule de crise à la préfecture, au cas où ... A
tout à l’heure. »
« Au fait, et le préfet ? Il est tranquille, lui, dans la mer des Caraïbes ! »
Ce serait plus sage d’essayer de le contacter. Si les choses dégénèrent, il risque d’être furieux de n’avoir pas été prévenu.
Et
les maires ? La procédure enjoint de prévenir les maires des communes
situées dans un rayon de deux kilomètres autour de la centrale. A vrai
dire, en parcourant le document pour la dixième fois, j’ai un doute :
j’ai compris que les maires, on les prévient s’il y a danger. Question :
est-ce qu’il y a danger ? Et même, à cette heure-ci, tout le monde est
au lit, tant mieux, d’ailleurs !
« Non,
les maires, on verra plus tard. »
Tous sont d’accord : personne n’a envie de discuter avec des élus qui ne
manqueraient pas de tout embrouiller avec leurs questions.
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 13 - "Le site est contaminé. Rentrez dans votre voiture immédiatement."
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h - Centrale nucléaire, bloc de sécurité
Les chefs de service n’ont pas traîné. Hervé Maillart a prévenu les
gardiens de les orienter directement vers le bloc de sécurité. Inutile
de perdre du temps à rejoindre le PC de crise, d’ordinaire installé dans
le bâtiment de direction. Inutile, surtout, de déambuler sur le site
contaminé, et de ramener des saletés à l’intérieur du poste de
commandement.
Lui-même, lorsqu’il est arrivé dans l’abri, a pris garde de se
dépouiller rapidement de son turban-torchon et de son pardessus,
enfouissant à regret ce dernier dans un sac plastique hermétique disposé
dans le sas de sécurité. Dans l’hypothèse où ...
« Messieurs,
tel est précisément le problème : nous ignorons tout de la quantité de
radioactivité rejetée depuis le début de l’accident.
Comment
est-ce possible ? coupe le responsable des contrôles de
l’environnement. En salle de commande, ils ont bien des mesures à la
source ?
Non.
Si les rejets avaient eu lieu par la cheminée du réacteur, il n’y
aurait eu aucun problème pour mesurer. En l’occurrence, il faudrait
pouvoir analyser des échantillons d’eau du GV 4 et du circuit primaire.
Cela aiderait à évaluer les dégâts survenus sur le combustible, et à
calculer une fourchette pour les rejets.
Et alors, qu’est-ce qu’ils attendent ?
Impossible :
pour tous les automatismes, l’injection de sécurité signifie
relâchement, ou menace de relâchement, à l’intérieur de l’enceinte de
confinement. Tous les circuits traversant l’enceinte sont alors fermés.
Par conséquent, il n’y a pas moyen d’ouvrir le circuit de purge du GV
pour mesurer. Le hic, c’est que le relâchement s’est produit à
l’extérieur.
Bref, nous sommes coincés !
En
quelque sorte, oui. Et je me demande bien comment expliquer à la
préfecture que nous sommes dans l’impossibilité absolue de lui dire
quelle quantité de radioactivité est sortie.
En
attendant, on peut tout de même analyser quelques-uns des rejets,
soupire le chef du PC-environnement. Dès que les ouvriers d’astreinte
arrivent, je m’occupe d’envoyer quelqu’un sous la brèche. »
Hervé Maillart consulte nerveusement sa montre : où diable est passé
l’ingénieur de sûreté ? Il n’arrive pas, et, dans la salle des
commandes, l’équipe de conduite est livrée à elle-même. Cette situation
est contraire aux règlements de crise.
mardi 26 - 02 h - Parking d’accueil
Les policiers n’ont pas bougé depuis vingt-cinq minutes. Transi,
l’inspecteur B. a fini par rejoindre son collègue non fumeur dans la
voiture. Le moteur était coupé, mais l’immobilité et le froid de la nuit
ont eu raison de ses velléités d’économie de carburant.
« Tu ne crois pas que ça suffit comme ça, la ventilation ?
On crève de chaud dans cette bagnole. Et puis ça fait un boucan de tous les diables.
Tu as décidé d’être emmerdant ce soir, ou quoi ?
Arrête, tu vois bien que je n’ai plus de cigare. »
Il coupe la ventilation. Les policiers s’ennuient.
« Regarde, on dirait que le panache de la première tour a diminué.
Tu veux plutôt dire qu’elle ne crache presque plus rien.
On voit mal avec le brouillard. Je me demande si elle fonctionne toujours.
C’est facile, il suffit d’écouter si le bruit est toujours là. »
Ils descendent de la voiture.
« Effectivement, le grondement s’est atténué. Ce qu’on entend encore doit provenir de la deuxième tour.
Tu crois que ça a quelque chose à voir avec le bordel de tout à l’heure ?
Je
ne sais pas, mais il y a de l’agitation cette nuit. Tu as remarqué ? Ça
fait six bagnoles qui arrivent en moins de dix minutes. »
A présent les inspecteurs sont inquiets. Ils veulent en savoir plus.
Négligeant la voiture qu’ils laissent, moteur en marche, à une dizaine
de mètres de l’entrée principale, ils se dirigent vers la guérite des
gardiens. Au même instant, une Laguna, dont les policiers ont aperçu les
phares au travers du rideau de peupliers qui borde la route de Nogent,
freine devant la barrière automatique.
« Bonsoir.
Police ! Pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes si pressé ? Euh ...
c’est-à-dire qu’on se demande si tout va bien. »
L’inspecteur A. est embarrassé. Il a ordre de ne pas importuner le
personnel de la centrale. Ordre de ne pas laisser soupçonner quoi que ce
soit quant à cette alerte PlRATOME.
Dans sa voiture, le technicien soupire. Que fabriquent les flics sur le
parking à cette heure ? Il est pressé, mais il sort de son véhicule.
« Je n’ai aucun détail. Je suis d’astreinte ce soir, j’ai reçu
l’ordre de rejoindre mon poste. Attendez, les gardiens veulent me dire
quelque chose. »
Derrière la vitre, un des surveillants s’agite en effet. Le
technicien se dirige vers la cabine, tente d’ouvrir la porte. Sans
succès. Derrière, les gardiens maintiennent la poignée fermée, et
hurlent en gesticulant. L’homme qui frappait au carreau se penche alors
sur un micro relié à l’interphone extérieur et crie :
« Le site est contaminé. Rentrez dans votre voiture immédiatement. Et
prévenez ces putains de flics de décamper. Ça fait dix minutes qu’on
essaie de les avertir, ils n’entendent rien. »
Glacés d’effroi, les deux inspecteurs foncent vers leur véhicule et
démarrent dans un crissement de pneus. Direction : n’importe où
ailleurs.
L’inspecteur B. décroche la radio vissée sous le tableau de bord.
« Patrouille
3 à Paris... Patrouille 3 à Paris... Groupe d’intervention, vous
m’entendez ? Ici patrouille d’alerte PIRATOME ... Les terroristes ont
frappé. On n’a pas de détail, mais ça a pété vers 1 h 30, on a
entendu… »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h - Centrale nucléaire, bloc de sécurité
Les chefs de service n’ont pas traîné. Hervé Maillart a prévenu les
gardiens de les orienter directement vers le bloc de sécurité. Inutile
de perdre du temps à rejoindre le PC de crise, d’ordinaire installé dans
le bâtiment de direction. Inutile, surtout, de déambuler sur le site
contaminé, et de ramener des saletés à l’intérieur du poste de
commandement.
Lui-même, lorsqu’il est arrivé dans l’abri, a pris garde de se
dépouiller rapidement de son turban-torchon et de son pardessus,
enfouissant à regret ce dernier dans un sac plastique hermétique disposé
dans le sas de sécurité. Dans l’hypothèse où ...
« Messieurs,
tel est précisément le problème : nous ignorons tout de la quantité de
radioactivité rejetée depuis le début de l’accident.
Comment
est-ce possible ? coupe le responsable des contrôles de
l’environnement. En salle de commande, ils ont bien des mesures à la
source ?
Non.
Si les rejets avaient eu lieu par la cheminée du réacteur, il n’y
aurait eu aucun problème pour mesurer. En l’occurrence, il faudrait
pouvoir analyser des échantillons d’eau du GV 4 et du circuit primaire.
Cela aiderait à évaluer les dégâts survenus sur le combustible, et à
calculer une fourchette pour les rejets.
Et alors, qu’est-ce qu’ils attendent ?
Impossible :
pour tous les automatismes, l’injection de sécurité signifie
relâchement, ou menace de relâchement, à l’intérieur de l’enceinte de
confinement. Tous les circuits traversant l’enceinte sont alors fermés.
Par conséquent, il n’y a pas moyen d’ouvrir le circuit de purge du GV
pour mesurer. Le hic, c’est que le relâchement s’est produit à
l’extérieur.
Bref, nous sommes coincés !
En
quelque sorte, oui. Et je me demande bien comment expliquer à la
préfecture que nous sommes dans l’impossibilité absolue de lui dire
quelle quantité de radioactivité est sortie.
En
attendant, on peut tout de même analyser quelques-uns des rejets,
soupire le chef du PC-environnement. Dès que les ouvriers d’astreinte
arrivent, je m’occupe d’envoyer quelqu’un sous la brèche. »
Hervé Maillart consulte nerveusement sa montre : où diable est passé
l’ingénieur de sûreté ? Il n’arrive pas, et, dans la salle des
commandes, l’équipe de conduite est livrée à elle-même. Cette situation
est contraire aux règlements de crise.
mardi 26 - 02 h - Parking d’accueil
Les policiers n’ont pas bougé depuis vingt-cinq minutes. Transi,
l’inspecteur B. a fini par rejoindre son collègue non fumeur dans la
voiture. Le moteur était coupé, mais l’immobilité et le froid de la nuit
ont eu raison de ses velléités d’économie de carburant.
« Tu ne crois pas que ça suffit comme ça, la ventilation ?
On crève de chaud dans cette bagnole. Et puis ça fait un boucan de tous les diables.
Tu as décidé d’être emmerdant ce soir, ou quoi ?
Arrête, tu vois bien que je n’ai plus de cigare. »
Il coupe la ventilation. Les policiers s’ennuient.
« Regarde, on dirait que le panache de la première tour a diminué.
Tu veux plutôt dire qu’elle ne crache presque plus rien.
On voit mal avec le brouillard. Je me demande si elle fonctionne toujours.
C’est facile, il suffit d’écouter si le bruit est toujours là. »
Ils descendent de la voiture.
« Effectivement, le grondement s’est atténué. Ce qu’on entend encore doit provenir de la deuxième tour.
Tu crois que ça a quelque chose à voir avec le bordel de tout à l’heure ?
Je
ne sais pas, mais il y a de l’agitation cette nuit. Tu as remarqué ? Ça
fait six bagnoles qui arrivent en moins de dix minutes. »
A présent les inspecteurs sont inquiets. Ils veulent en savoir plus.
Négligeant la voiture qu’ils laissent, moteur en marche, à une dizaine
de mètres de l’entrée principale, ils se dirigent vers la guérite des
gardiens. Au même instant, une Laguna, dont les policiers ont aperçu les
phares au travers du rideau de peupliers qui borde la route de Nogent,
freine devant la barrière automatique.
« Bonsoir.
Police ! Pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes si pressé ? Euh ...
c’est-à-dire qu’on se demande si tout va bien. »
L’inspecteur A. est embarrassé. Il a ordre de ne pas importuner le
personnel de la centrale. Ordre de ne pas laisser soupçonner quoi que ce
soit quant à cette alerte PlRATOME.
Dans sa voiture, le technicien soupire. Que fabriquent les flics sur le
parking à cette heure ? Il est pressé, mais il sort de son véhicule.
« Je n’ai aucun détail. Je suis d’astreinte ce soir, j’ai reçu
l’ordre de rejoindre mon poste. Attendez, les gardiens veulent me dire
quelque chose. »
Derrière la vitre, un des surveillants s’agite en effet. Le
technicien se dirige vers la cabine, tente d’ouvrir la porte. Sans
succès. Derrière, les gardiens maintiennent la poignée fermée, et
hurlent en gesticulant. L’homme qui frappait au carreau se penche alors
sur un micro relié à l’interphone extérieur et crie :
« Le site est contaminé. Rentrez dans votre voiture immédiatement. Et
prévenez ces putains de flics de décamper. Ça fait dix minutes qu’on
essaie de les avertir, ils n’entendent rien. »
Glacés d’effroi, les deux inspecteurs foncent vers leur véhicule et
démarrent dans un crissement de pneus. Direction : n’importe où
ailleurs.
L’inspecteur B. décroche la radio vissée sous le tableau de bord.
« Patrouille
3 à Paris... Patrouille 3 à Paris... Groupe d’intervention, vous
m’entendez ? Ici patrouille d’alerte PIRATOME ... Les terroristes ont
frappé. On n’a pas de détail, mais ça a pété vers 1 h 30, on a
entendu… »
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 14 - "Il n’a même pas de shaddock ! "
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h - Salle de commande
Jean, le rondier, s’est tellement dépêché qu’en moins de six minutes
il a atteint la vanne manuelle et mis la pompe en route. La vidange de
la piscine des combustibles usés dans le réservoir PTR vient de
commencer. Mais les opérateurs et l’ingénieur savent bien que cet apport
d’eau boriquée est insuffisant. Bientôt, le cœur ne sera plus refroidi.
A voir les techniciens si abattus, les trois rondiers, tassés dans un
coin, réagissent par mimétisme. Ils ne sont pas bien fiers. Hors du
coup, ils meublent leur angoisse en interprétant comme ils peuvent les
conversations des pilotes de la tranche.
« Hervé,
le PC demande qu’on ne garde qu’une pompe basse pression en service,
dit Pierre, en conversation téléphonique avec la direction .. Tu la fais
fonctionner par intermittence, en maintenant le niveau d’eau dans la
cuve en bas du pressuriseur.
Quel
perroquet ! songe le chef de bloc. Merci. Dis-leur qu’on n’a pas
attendu leur conseil. Ça fait cinq minutes qu’on s’en occupe.
OK,
ça va, ça va ! »
Au PC de direction, Hervé Maillart, le directeur, a tranché : une moitié
du réservoir PTR de la tranche 2 sera transférée dans celui de la
tranche accidentée. A regret, Pierre l’annonce à ses collègues. Après
tout, il était contre cette idée.
Robert, le rondier, sourit derrière ses grosses moustaches. Dehors,
revêtus de « shaddocks » et portant leurs masques filtrants, des
ouvriers préparent une motopompe et des tuyaux-pompiers.
« Vous vous rendez compte de ce qui attend les types qui vont effectuer la jonction ? murmure Michel.
Oui,
le PTR est juste sous la brèche, constate Hervé.
Ils vont poser des échelles, et travailler pendant que l’eau chaude et
radioactive leur tombera dessus. Ils ne pourront pas tenir plus d’une
minute sans dépasser la dose maximale. On n’aura jamais assez de monde
pour percer le toit.
Sauf si des volontaires acceptent de rester plus longtemps, comme à Tchernobyl ..
Quoi ?
Percer le toit ? »
L’apprenti rondier a presque crié. Lorsque tout à l’heure il a vu Jean
fixer son masque, puis s’engouffrer courageusement dans les couloirs non
protégés, le jeune homme a serré les dents. Robert a remarqué l’émotion
du gamin.
« Eh, du calme, si ça t’arrive de devoir sortir, souviens-toi des cours
de radioprotection de l’école. T’es pas une poule mouillée, tout de
même ?
Il n’a même pas de shaddock !
T’en fais pas pour lui, ce n’est pas encore l’enfer dans la maison, on n’est pas dehors. »
Ainsi, dehors, c’est donc déjà l’enfer ?
« Vous avez dit qu’on allait percer le toit ? répète le rondier, brusquement tout pâle.
Pas
le toit de la salle de commande, couillon. » Hervé a pitié du garçon. »
On va percer le toit du PTR, pour pouvoir passer les tuyaux pompiers
qui amèneront la flotte de la tranche 2.
C’est plein de contamination, à cet endroit-là ? » Robert tire son stagiaire en arrière.
« Écoute, fais pas chier le monde. Tu vois qu’ils n’ont pas de temps à perdre. Va plutôt chercher des cafés à la cuisine. »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h - Salle de commande
Jean, le rondier, s’est tellement dépêché qu’en moins de six minutes
il a atteint la vanne manuelle et mis la pompe en route. La vidange de
la piscine des combustibles usés dans le réservoir PTR vient de
commencer. Mais les opérateurs et l’ingénieur savent bien que cet apport
d’eau boriquée est insuffisant. Bientôt, le cœur ne sera plus refroidi.
A voir les techniciens si abattus, les trois rondiers, tassés dans un
coin, réagissent par mimétisme. Ils ne sont pas bien fiers. Hors du
coup, ils meublent leur angoisse en interprétant comme ils peuvent les
conversations des pilotes de la tranche.
« Hervé,
le PC demande qu’on ne garde qu’une pompe basse pression en service,
dit Pierre, en conversation téléphonique avec la direction .. Tu la fais
fonctionner par intermittence, en maintenant le niveau d’eau dans la
cuve en bas du pressuriseur.
Quel
perroquet ! songe le chef de bloc. Merci. Dis-leur qu’on n’a pas
attendu leur conseil. Ça fait cinq minutes qu’on s’en occupe.
OK,
ça va, ça va ! »
Au PC de direction, Hervé Maillart, le directeur, a tranché : une moitié
du réservoir PTR de la tranche 2 sera transférée dans celui de la
tranche accidentée. A regret, Pierre l’annonce à ses collègues. Après
tout, il était contre cette idée.
Robert, le rondier, sourit derrière ses grosses moustaches. Dehors,
revêtus de « shaddocks » et portant leurs masques filtrants, des
ouvriers préparent une motopompe et des tuyaux-pompiers.
« Vous vous rendez compte de ce qui attend les types qui vont effectuer la jonction ? murmure Michel.
Oui,
le PTR est juste sous la brèche, constate Hervé.
Ils vont poser des échelles, et travailler pendant que l’eau chaude et
radioactive leur tombera dessus. Ils ne pourront pas tenir plus d’une
minute sans dépasser la dose maximale. On n’aura jamais assez de monde
pour percer le toit.
Sauf si des volontaires acceptent de rester plus longtemps, comme à Tchernobyl ..
Quoi ?
Percer le toit ? »
L’apprenti rondier a presque crié. Lorsque tout à l’heure il a vu Jean
fixer son masque, puis s’engouffrer courageusement dans les couloirs non
protégés, le jeune homme a serré les dents. Robert a remarqué l’émotion
du gamin.
« Eh, du calme, si ça t’arrive de devoir sortir, souviens-toi des cours
de radioprotection de l’école. T’es pas une poule mouillée, tout de
même ?
Il n’a même pas de shaddock !
T’en fais pas pour lui, ce n’est pas encore l’enfer dans la maison, on n’est pas dehors. »
Ainsi, dehors, c’est donc déjà l’enfer ?
« Vous avez dit qu’on allait percer le toit ? répète le rondier, brusquement tout pâle.
Pas
le toit de la salle de commande, couillon. » Hervé a pitié du garçon. »
On va percer le toit du PTR, pour pouvoir passer les tuyaux pompiers
qui amèneront la flotte de la tranche 2.
C’est plein de contamination, à cet endroit-là ? » Robert tire son stagiaire en arrière.
« Écoute, fais pas chier le monde. Tu vois qu’ils n’ont pas de temps à perdre. Va plutôt chercher des cafés à la cuisine. »
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 15 - "on a déjà morflé en arrivant ici sans protection !"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 15 - Centre de regroupement du personnel
Tout près du bloc de sécurité, pratiquement au-dessus du blockhaus de
commandement, dans l’immense local d’accueil, bâtiment fermé mais non
point doté d’un système de protection contre la radioactivité ambiante,
le personnel d’astreinte se regroupe peu à peu. Une équipe a rapporté de
la réserve des masques filtrants à cartouche.
Automaticiens, soudeurs, mécaniciens, électriciens, tous les hommes
de la maintenance ont répondu à l’appel. Les deux contrôleurs de
l’environnement extérieur sont arrivés dans les premiers. Les cadres ont
commencé à organiser les groupes d’intervention, suivant la procédure
rigoureusement définie par le plan d’urgence interne. Ils attendent les
ordres de la direction pour agir.
L’ambiance est lourde. Si les grands chefs sont retranchés dans le
bloc de sécurité, c’est que le site n’est pas sûr. Pas besoin d’être
grand clerc pour interpréter les couinements répétés des balises gamma
disposées de part et d’autre de la casemate des gardiens. Ces derniers,
d’ailleurs, sont cloîtrés dans leur maisonnette vitrée.
Interceptée dès son arrivée par un appel du haut-parleur, Sylvie
Ruel, l’infirmière, a foncé vers le bloc médical, raflant l’intégralité
des réserves d’iode dans l’armoire. A présent, par sécurité, elle
distribue les comprimés préventifs aux employés qui attendent les ordres
dans le hall.
« Un automaticien est demandé à l’entrée. Je répète : un automaticien ... »
Au milieu du brouhaha, l’interphone crachote ses appels.
Deux ouvriers rejoignent le PC des mouvements, presque soulagés d’avoir enfin quelque chose à entreprendre.
« L’ingénieur
de sûreté veut qu’on aille modifier le câblage des commandes des vannes
d’isolement. Il paraît que c’est la seule solution pour pouvoir
effectuer des mesures. Vous allez mettre combien de temps à faire ça ?
Je suppose qu’on ne coupe pas au shaddock ?
Évidemment. On en a quelques-uns de complets ici.
N’importe comment, nous allons devoir aller en chercher d’autres à la réserve pour les interventions ultérieures.
Alors, je ne vais pas pouvoir travailler très vite. Une demi-heure, je pense.
Bon, vous prenez un électricien avec vous. Autant garder un automaticien en réserve ici. »
Du bloc de sécurité, un ordre autrement douloureux vient de tomber :
quelqu’un doit se rendre au plus près de la brèche pour prélever des
échantillons des rejets liquides.
« Une
mission très risquée, messieurs, annonce, l’air lugubre, le
sous-responsable du PC environnement. Il me faut deux volontaires.
De toute façon, on a déjà morflé en arrivant ici sans protection ! »
La récrimination fuse du fond de la salle. Elle couvait
silencieusement depuis quelques minutes. Pourquoi l’appel téléphonique
ne précisait-il pas que le site était contaminé ?
« Écoutez,
vous avez peut-être reçu des doses, Cela dit, je suis dans la même
situation que vous. Ce n’est pas le moment de gueuler. Alors, qui est
volontaire ? »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 15 - Centre de regroupement du personnel
Tout près du bloc de sécurité, pratiquement au-dessus du blockhaus de
commandement, dans l’immense local d’accueil, bâtiment fermé mais non
point doté d’un système de protection contre la radioactivité ambiante,
le personnel d’astreinte se regroupe peu à peu. Une équipe a rapporté de
la réserve des masques filtrants à cartouche.
Automaticiens, soudeurs, mécaniciens, électriciens, tous les hommes
de la maintenance ont répondu à l’appel. Les deux contrôleurs de
l’environnement extérieur sont arrivés dans les premiers. Les cadres ont
commencé à organiser les groupes d’intervention, suivant la procédure
rigoureusement définie par le plan d’urgence interne. Ils attendent les
ordres de la direction pour agir.
L’ambiance est lourde. Si les grands chefs sont retranchés dans le
bloc de sécurité, c’est que le site n’est pas sûr. Pas besoin d’être
grand clerc pour interpréter les couinements répétés des balises gamma
disposées de part et d’autre de la casemate des gardiens. Ces derniers,
d’ailleurs, sont cloîtrés dans leur maisonnette vitrée.
Interceptée dès son arrivée par un appel du haut-parleur, Sylvie
Ruel, l’infirmière, a foncé vers le bloc médical, raflant l’intégralité
des réserves d’iode dans l’armoire. A présent, par sécurité, elle
distribue les comprimés préventifs aux employés qui attendent les ordres
dans le hall.
« Un automaticien est demandé à l’entrée. Je répète : un automaticien ... »
Au milieu du brouhaha, l’interphone crachote ses appels.
Deux ouvriers rejoignent le PC des mouvements, presque soulagés d’avoir enfin quelque chose à entreprendre.
« L’ingénieur
de sûreté veut qu’on aille modifier le câblage des commandes des vannes
d’isolement. Il paraît que c’est la seule solution pour pouvoir
effectuer des mesures. Vous allez mettre combien de temps à faire ça ?
Je suppose qu’on ne coupe pas au shaddock ?
Évidemment. On en a quelques-uns de complets ici.
N’importe comment, nous allons devoir aller en chercher d’autres à la réserve pour les interventions ultérieures.
Alors, je ne vais pas pouvoir travailler très vite. Une demi-heure, je pense.
Bon, vous prenez un électricien avec vous. Autant garder un automaticien en réserve ici. »
Du bloc de sécurité, un ordre autrement douloureux vient de tomber :
quelqu’un doit se rendre au plus près de la brèche pour prélever des
échantillons des rejets liquides.
« Une
mission très risquée, messieurs, annonce, l’air lugubre, le
sous-responsable du PC environnement. Il me faut deux volontaires.
De toute façon, on a déjà morflé en arrivant ici sans protection ! »
La récrimination fuse du fond de la salle. Elle couvait
silencieusement depuis quelques minutes. Pourquoi l’appel téléphonique
ne précisait-il pas que le site était contaminé ?
« Écoutez,
vous avez peut-être reçu des doses, Cela dit, je suis dans la même
situation que vous. Ce n’est pas le moment de gueuler. Alors, qui est
volontaire ? »
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucleaire de Nogent/Seine : Episode 16 - "je contacte notre branche militaire"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 16 - Salle de commande
Depuis trois minutes, Pierre Duguey communique avec deux ingénieurs
fort éloignés de Nogent. Ceux-ci disposent néanmoins de toutes les
informations sur l’accident. L’un se trouve à Paris, au siège d’EDF.
L’autre est dans le local du CEA, le Commissariat à l’énergie atomique.
Il représente l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire,
l’IRSN. Tous deux sont d’astreinte cette nuit. Leurs installations
permettent une connexion informatique, avec les panneaux de sûreté de
n’importe quelle centrale nucléaire française. Lorsqu’ils ont appris
l’accident, ils ont branché leur terminal sur la tranche 1 de Nogent.
Depuis, ils observent en temps réel l’évolution de la situation, comme
s’ils se trouvaient eux-mêmes dans la salle de commande.
L’équipe vient d’apprendre que des volontaires allaient effectuer un
prélèvement d’eau contaminée sous la tuyauterie accidentée.
« Ce
n’est pas possible, s’insurge Michel, on ne peut pas envoyer des gens
bosser dans cet enfer ! La jonction du PTR ... puis le prélèvement ...
Non, il faut trouver une autre solution, une vraie, qui stoppe les
rejets. »
Hervé ne cache pas non plus son inquiétude. Il cherche désespérément à
rétablir un « mode de fonctionnement post-accidentel normal ». Il
voudrait recycler et refroidir l’eau injectée dans le cœur, au lieu de
la rejeter, bouillante et débordante de radioactivité, à l’air libre.
« Bon sang, comment ne pas y avoir pensé plus tôt ? »
Hervé bondit sur Pierre et secoue l’ISR.
« Il
suffit d’ouvrir une brèche dans le circuit primaire. Comme ça, l’eau
qu’on injecte s’écoulera dans le bâtiment-réacteur, jusqu’aux puisards.
Et quand il y en aura assez, on pourra la refroidir et la recycler selon
la procédure normale. »
Raymond serre amicalement le bras de son jeune équipier. Pierre
accuse le coup : en principe, il aurait dû l’avoir lui-même, cette
idée ! Détournant les yeux, il se penche sur le téléphone, et transmet
l’idée du chef de bloc à ses interlocuteurs.
Un dialogue rapide s’instaure entre les spécialistes : où pratiquer la brèche ?
« Évidemment sur une ou, mieux, sur plusieurs branches du circuit primaire, suggèrent ensemble Pierre et l’ingénieur d’EDF.
A
commencer par celle du GV 4, renchérit l’homme du CEA. Mais comment
ouvrir des brèches dans ces pièces d’acier épaisses de plusieurs
centimètres, sans risque pour ceux qui effectueront le travail ? »
Réfléchissant en parlant, il propose immédiatement la réponse :
« Découper
les canalisations au chalumeau, c’est hors de question. Trop
dangereux ! En plus, il faudrait quasiment découvrir le cœur pour
opérer. Je ne vois qu’un moyen : recourir aux explosifs.
Mais nous n’avons pas d’explosifs, ni d’artificiers sur le site, rétorque Pierre, interloqué.
D’ailleurs, il est interdit d’en introduire ... en temps normal », ajoute précipitamment l’ingénieur de Paris.
Le spécialiste du CEA attendait cette objection. II trouve presque
plaisant de prouver à ces agents EDF que le CEA peut être indispensable
dans un moment aussi critique.
« Ne
vous inquiétez pas, je contacte notre branche militaire. Elle a tout ce
qu’il nous faut, hommes et matériel. Préparez de votre côté un plan
d’intervention dans le bâtiment-réacteur. »
Pour ne pas alarmer les rondiers, Pierre informe à voix basse Raymond
et Hervé de la procédure. Le chef de quart est plutôt sceptique :
« Ils
n’arriveront jamais à temps. Les hélicos ne sortent pas la nuit. Et
puis, franchement, cette histoire de faire sauter l’installation ...
Non, ça ne me plaît pas. »
Hervé est également mécontent : cette solution n’empêchera pas la
liaison avec le réservoir PTR, et des ouvriers seront irradiés de toute
façon.
Pierre Duguey ne peut prendre en considération les états d’âme de
l’équipe. Le temps presse, il commence, en liaison avec le bloc de
sécurité, à envisager l’intervention .
« Une brèche ... une brèche ... »
On doit absolument percer ce satané circuit primaire. Hervé réfléchit
à toute allure. A son insu, il adopte le point de vue d’un saboteur, un
super-saboteur qui connaîtrait l’installation sur le bout des doigts.
Le circuit primaire ? Finalement, on en fait vite le tour : une cuve, un
pressuriseur, quatre GV, huit tubulures, quatre pompes... Les pompes
qu’il a arrêtées tout à l’heure, car elles ne servaient plus à rien, et
vibraient à tout casser ... parce qu’elles tournaient à vide.
Hervé sent qu’il brûle. « A tout casser ...
« Ça
y est, hurle-t-il triomphalement. On va remettre les pompes en marche,
on coupera l’injection d’eau, le palier ne sera plus refroidi. En
quelques minutes ...
...les
joints, les paliers et les barrières thermiques, enchaîne Pierre,
admiratif malgré lui, vont fondre et se disloquer. L’axe de la pompe ne
sera plus tenu, et normalement, le corps de pompe ...
... sera pulvérisé par le choc », achève Hervé.
Dans leurs bureaux d’EDF et du CEA, au bloc de sécurité, les
ingénieurs trouvent l’idée ingénieuse. Certes, elle émane d’un
opérateur. Aucun des spécialistes n’a pris sa part dans cette solution.
Pourtant, une fois en lice, ils sont censés penser à la place de
l’équipe de quart. Car celle-ci manque, affirment les analyses
officielles, du recul indispensable en situation de crise. Mais l’heure
n’est pas à l’autocritique.
La vision grandiose de ces quatre énormes pompes hautes de douze
mètres, avec leur moteur de neuf mille chevaux, volant en éclat,
déclenche l’enthousiasme. En une autre circonstance, l’horreur aurait
prévalu : un tel « accident » sur les pompes achève de transformer le
réacteur en un monstrueux déchet radioactif.
Le temps presse. Michel lance les quatre pompes à la fois. En vingt
secondes, elles atteignent un régime de survitesse. Le capteur de
vibration confirme : le maximum est atteint. Dans la salle de commande,
la tension est indescriptible. Les hommes ont le regard fixé sur les
valeurs des ampèremètres, qui mesurent le courant dans les moteurs des
pompes. Ils guettent la brutale surintensité signalant que le rotor
s’est bloqué. La température des paliers augmente, augmente ... dépasse
la pleine échelle des instruments. Les chiffres de l’ampèremètre de la
pomme n° 2 oscillent soudain.
« Ça doit cogner dur », murmure Pierre en souriant pour la première fois de la soirée.
Brusquement, les chiffres bondissent.
« Coupe ! Coupe ! Ça sature ! »
Michel n’a pu s’empêcher de hurler. Hervé a déjà coupé le courant
pour éviter une dégradation des circuits électriques. Ils doivent servir
encore trois fois. La pompe n°2 vient de céder. Les autres subissent le
même sort à quelques secondes d’intervalle. Dans leur casemate de
protection à l’intérieur du bâtiment-réacteur, les pompes n’ont
certainement pas belle allure.
« On
n’admirera pas le spectacle avant de longs mois, songe Pierre. Tant
qu’on n’aura pas évacué toute la radioactivité qui va maintenant se
déverser dans l’enceinte. »
A l’heure qu’il est, en principe, le désastre est enrayé. Raymond
pousse le débit du circuit d’injection de sécurité au maximum pour
amener de l’eau dans le bâtiment-réacteur.
« C’est pas mal. La température augmente dans le bâtiment-réacteur. Tu as bien réussi tes brèches, mon gars. »
Rien d’autre. Pas de commentaire. Ils sont tous devenus muets, même
Pierre qui n’a plus besoin de parler au téléphone, puisque le panneau de
sûreté transmet à Paris le résultat de l’opération.
Il reste un peu plus de mille mètres cubes d’eau boriquée dans le
PTR. Assez désormais pour remplir les puisards du bâtiment-réacteur et
restaurer enfin des conditions correctes pour que la procédure de
sauvegarde normale soit mise en œuvre. Hervé déclenche l’aspersion
d’enceinte. L’insupportable tension nerveuse est tombée. Raymond se
frotte les mains :
« Messieurs,
maintenant qu’on vient pour de bon d’inventer la lune, vous êtes priés
de replonger le nez dans vos fiches de consignes ordinaires. Les
procédures préétablies redeviennent utiles. Il était temps ! »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 16 - Salle de commande
Depuis trois minutes, Pierre Duguey communique avec deux ingénieurs
fort éloignés de Nogent. Ceux-ci disposent néanmoins de toutes les
informations sur l’accident. L’un se trouve à Paris, au siège d’EDF.
L’autre est dans le local du CEA, le Commissariat à l’énergie atomique.
Il représente l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire,
l’IRSN. Tous deux sont d’astreinte cette nuit. Leurs installations
permettent une connexion informatique, avec les panneaux de sûreté de
n’importe quelle centrale nucléaire française. Lorsqu’ils ont appris
l’accident, ils ont branché leur terminal sur la tranche 1 de Nogent.
Depuis, ils observent en temps réel l’évolution de la situation, comme
s’ils se trouvaient eux-mêmes dans la salle de commande.
L’équipe vient d’apprendre que des volontaires allaient effectuer un
prélèvement d’eau contaminée sous la tuyauterie accidentée.
« Ce
n’est pas possible, s’insurge Michel, on ne peut pas envoyer des gens
bosser dans cet enfer ! La jonction du PTR ... puis le prélèvement ...
Non, il faut trouver une autre solution, une vraie, qui stoppe les
rejets. »
Hervé ne cache pas non plus son inquiétude. Il cherche désespérément à
rétablir un « mode de fonctionnement post-accidentel normal ». Il
voudrait recycler et refroidir l’eau injectée dans le cœur, au lieu de
la rejeter, bouillante et débordante de radioactivité, à l’air libre.
« Bon sang, comment ne pas y avoir pensé plus tôt ? »
Hervé bondit sur Pierre et secoue l’ISR.
« Il
suffit d’ouvrir une brèche dans le circuit primaire. Comme ça, l’eau
qu’on injecte s’écoulera dans le bâtiment-réacteur, jusqu’aux puisards.
Et quand il y en aura assez, on pourra la refroidir et la recycler selon
la procédure normale. »
Raymond serre amicalement le bras de son jeune équipier. Pierre
accuse le coup : en principe, il aurait dû l’avoir lui-même, cette
idée ! Détournant les yeux, il se penche sur le téléphone, et transmet
l’idée du chef de bloc à ses interlocuteurs.
Un dialogue rapide s’instaure entre les spécialistes : où pratiquer la brèche ?
« Évidemment sur une ou, mieux, sur plusieurs branches du circuit primaire, suggèrent ensemble Pierre et l’ingénieur d’EDF.
A
commencer par celle du GV 4, renchérit l’homme du CEA. Mais comment
ouvrir des brèches dans ces pièces d’acier épaisses de plusieurs
centimètres, sans risque pour ceux qui effectueront le travail ? »
Réfléchissant en parlant, il propose immédiatement la réponse :
« Découper
les canalisations au chalumeau, c’est hors de question. Trop
dangereux ! En plus, il faudrait quasiment découvrir le cœur pour
opérer. Je ne vois qu’un moyen : recourir aux explosifs.
Mais nous n’avons pas d’explosifs, ni d’artificiers sur le site, rétorque Pierre, interloqué.
D’ailleurs, il est interdit d’en introduire ... en temps normal », ajoute précipitamment l’ingénieur de Paris.
Le spécialiste du CEA attendait cette objection. II trouve presque
plaisant de prouver à ces agents EDF que le CEA peut être indispensable
dans un moment aussi critique.
« Ne
vous inquiétez pas, je contacte notre branche militaire. Elle a tout ce
qu’il nous faut, hommes et matériel. Préparez de votre côté un plan
d’intervention dans le bâtiment-réacteur. »
Pour ne pas alarmer les rondiers, Pierre informe à voix basse Raymond
et Hervé de la procédure. Le chef de quart est plutôt sceptique :
« Ils
n’arriveront jamais à temps. Les hélicos ne sortent pas la nuit. Et
puis, franchement, cette histoire de faire sauter l’installation ...
Non, ça ne me plaît pas. »
Hervé est également mécontent : cette solution n’empêchera pas la
liaison avec le réservoir PTR, et des ouvriers seront irradiés de toute
façon.
Pierre Duguey ne peut prendre en considération les états d’âme de
l’équipe. Le temps presse, il commence, en liaison avec le bloc de
sécurité, à envisager l’intervention .
« Une brèche ... une brèche ... »
On doit absolument percer ce satané circuit primaire. Hervé réfléchit
à toute allure. A son insu, il adopte le point de vue d’un saboteur, un
super-saboteur qui connaîtrait l’installation sur le bout des doigts.
Le circuit primaire ? Finalement, on en fait vite le tour : une cuve, un
pressuriseur, quatre GV, huit tubulures, quatre pompes... Les pompes
qu’il a arrêtées tout à l’heure, car elles ne servaient plus à rien, et
vibraient à tout casser ... parce qu’elles tournaient à vide.
Hervé sent qu’il brûle. « A tout casser ...
« Ça
y est, hurle-t-il triomphalement. On va remettre les pompes en marche,
on coupera l’injection d’eau, le palier ne sera plus refroidi. En
quelques minutes ...
...les
joints, les paliers et les barrières thermiques, enchaîne Pierre,
admiratif malgré lui, vont fondre et se disloquer. L’axe de la pompe ne
sera plus tenu, et normalement, le corps de pompe ...
... sera pulvérisé par le choc », achève Hervé.
Dans leurs bureaux d’EDF et du CEA, au bloc de sécurité, les
ingénieurs trouvent l’idée ingénieuse. Certes, elle émane d’un
opérateur. Aucun des spécialistes n’a pris sa part dans cette solution.
Pourtant, une fois en lice, ils sont censés penser à la place de
l’équipe de quart. Car celle-ci manque, affirment les analyses
officielles, du recul indispensable en situation de crise. Mais l’heure
n’est pas à l’autocritique.
La vision grandiose de ces quatre énormes pompes hautes de douze
mètres, avec leur moteur de neuf mille chevaux, volant en éclat,
déclenche l’enthousiasme. En une autre circonstance, l’horreur aurait
prévalu : un tel « accident » sur les pompes achève de transformer le
réacteur en un monstrueux déchet radioactif.
Le temps presse. Michel lance les quatre pompes à la fois. En vingt
secondes, elles atteignent un régime de survitesse. Le capteur de
vibration confirme : le maximum est atteint. Dans la salle de commande,
la tension est indescriptible. Les hommes ont le regard fixé sur les
valeurs des ampèremètres, qui mesurent le courant dans les moteurs des
pompes. Ils guettent la brutale surintensité signalant que le rotor
s’est bloqué. La température des paliers augmente, augmente ... dépasse
la pleine échelle des instruments. Les chiffres de l’ampèremètre de la
pomme n° 2 oscillent soudain.
« Ça doit cogner dur », murmure Pierre en souriant pour la première fois de la soirée.
Brusquement, les chiffres bondissent.
« Coupe ! Coupe ! Ça sature ! »
Michel n’a pu s’empêcher de hurler. Hervé a déjà coupé le courant
pour éviter une dégradation des circuits électriques. Ils doivent servir
encore trois fois. La pompe n°2 vient de céder. Les autres subissent le
même sort à quelques secondes d’intervalle. Dans leur casemate de
protection à l’intérieur du bâtiment-réacteur, les pompes n’ont
certainement pas belle allure.
« On
n’admirera pas le spectacle avant de longs mois, songe Pierre. Tant
qu’on n’aura pas évacué toute la radioactivité qui va maintenant se
déverser dans l’enceinte. »
A l’heure qu’il est, en principe, le désastre est enrayé. Raymond
pousse le débit du circuit d’injection de sécurité au maximum pour
amener de l’eau dans le bâtiment-réacteur.
« C’est pas mal. La température augmente dans le bâtiment-réacteur. Tu as bien réussi tes brèches, mon gars. »
Rien d’autre. Pas de commentaire. Ils sont tous devenus muets, même
Pierre qui n’a plus besoin de parler au téléphone, puisque le panneau de
sûreté transmet à Paris le résultat de l’opération.
Il reste un peu plus de mille mètres cubes d’eau boriquée dans le
PTR. Assez désormais pour remplir les puisards du bâtiment-réacteur et
restaurer enfin des conditions correctes pour que la procédure de
sauvegarde normale soit mise en œuvre. Hervé déclenche l’aspersion
d’enceinte. L’insupportable tension nerveuse est tombée. Raymond se
frotte les mains :
« Messieurs,
maintenant qu’on vient pour de bon d’inventer la lune, vous êtes priés
de replonger le nez dans vos fiches de consignes ordinaires. Les
procédures préétablies redeviennent utiles. Il était temps ! »
Dernière édition par GL le Ven 13 Mai 2011, 05:22, édité 1 fois
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 17 - "on décampe !"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 29 - Voie de chemin de fer SNCF
Le train de nuit Paris-Bâle via Mulhouse ralentit légèrement avant
d’aborder la succession des courbes à travers Nogent-sur-Seine. Dans
moins de trois minutes, il passera sous le seul panache de la tour de
refroidissement de la tranche 2.
mardi 26 - 02 h 30 - Sous la déchirure de la tuyauterie-vapeur
Une camionnette vient de s’arrêter à vingt mètres de l’enceinte du
réservoir PTR, juste à côté du bâtiment des diésels de secours. L’un
d’eux tourne dans un bruit assourdissant. Il a été branché immédiatement
après l’accident, pour parer à toute éventualité de panne
d’électricité. Actuellement, il tourne à vide puisque la centrale est
toujours correctement raccordée au réseau.
Une silhouette sort de la voiture. L’homme se meut lentement,
visiblement gêné dans ses mouvements par sa tenue de protection. Il
porte la tenue « shaddock » maximum ! Un autre extra-terrestre
pareillement accoutré reste assis au volant. Ce sont les deux
volontaires recrutés par le PC-environnement pour prélever un
échantillon d’eau sous la fuite de la tuyauterie-vapeur .
Lorsque le responsable a lancé son appel, il y a un quart d’heure, cinq
hommes se sont avancés. Un murmure a couru dans le groupe des employés.
Le chef a demandé leur âge aux volontaires. Il a choisi les deux plus
âgés : Denis, quarante-huit ans, pour conduire la camionnette. Lucien,
cinquante-deux ans, pour effectuer le prélèvement. Tous deux sont des
mécaniciens d’entretien, habitués à intervenir en zone nucléaire, donc
formés à la radioprotection.
Lucien sait qu’il doit travailler vite. Il lève cependant les yeux :
avec l’obscurité, il ne distingue pas grand-chose. Si, peut-être ...
Oui, c’est bien un jet de vapeur qui sort de cette déchirure dans la
tôle, là, trente mètres plus haut.
Lucien frissonne. Pourtant, il crève de chaleur sous son shaddock. Il se
dirige lentement vers la base de l’enceinte du PTR, surveillant
l’aiguille de son détecteur. Elle est complètement bloquée à droite.
« Nom
de dieu, c’est dément ! Oh ! putain, je patauge dans une de ces
flottes ! »
Il jure comme un charretier, terrifié par les indications de son
compteur. Sans perdre une seconde, il s’accroupit, écope une des larges
flaques, referme son bocal et fait demi-tour.
« Denis,
on décampe, grouille-toi. »
Lucien parle tout seul, la camionnette est encore trop loin pour que son
collègue l’entende. Mais Lucien court comme s’il avait le feu aux
trousses. Il respire trop. Le plexiglas de son masque se couvre de buée.
Denis ouvre la portière pour Lucien. La voiture démarre en trombe. Le
prélèvement pour analyse arrive enfin dans le « le labo chaud » du
bâtiment des auxiliaires nucléaires, où ils avaient ordre de les
déposer !
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 29 - Voie de chemin de fer SNCF
Le train de nuit Paris-Bâle via Mulhouse ralentit légèrement avant
d’aborder la succession des courbes à travers Nogent-sur-Seine. Dans
moins de trois minutes, il passera sous le seul panache de la tour de
refroidissement de la tranche 2.
mardi 26 - 02 h 30 - Sous la déchirure de la tuyauterie-vapeur
Une camionnette vient de s’arrêter à vingt mètres de l’enceinte du
réservoir PTR, juste à côté du bâtiment des diésels de secours. L’un
d’eux tourne dans un bruit assourdissant. Il a été branché immédiatement
après l’accident, pour parer à toute éventualité de panne
d’électricité. Actuellement, il tourne à vide puisque la centrale est
toujours correctement raccordée au réseau.
Une silhouette sort de la voiture. L’homme se meut lentement,
visiblement gêné dans ses mouvements par sa tenue de protection. Il
porte la tenue « shaddock » maximum ! Un autre extra-terrestre
pareillement accoutré reste assis au volant. Ce sont les deux
volontaires recrutés par le PC-environnement pour prélever un
échantillon d’eau sous la fuite de la tuyauterie-vapeur .
Lorsque le responsable a lancé son appel, il y a un quart d’heure, cinq
hommes se sont avancés. Un murmure a couru dans le groupe des employés.
Le chef a demandé leur âge aux volontaires. Il a choisi les deux plus
âgés : Denis, quarante-huit ans, pour conduire la camionnette. Lucien,
cinquante-deux ans, pour effectuer le prélèvement. Tous deux sont des
mécaniciens d’entretien, habitués à intervenir en zone nucléaire, donc
formés à la radioprotection.
Lucien sait qu’il doit travailler vite. Il lève cependant les yeux :
avec l’obscurité, il ne distingue pas grand-chose. Si, peut-être ...
Oui, c’est bien un jet de vapeur qui sort de cette déchirure dans la
tôle, là, trente mètres plus haut.
Lucien frissonne. Pourtant, il crève de chaleur sous son shaddock. Il se
dirige lentement vers la base de l’enceinte du PTR, surveillant
l’aiguille de son détecteur. Elle est complètement bloquée à droite.
« Nom
de dieu, c’est dément ! Oh ! putain, je patauge dans une de ces
flottes ! »
Il jure comme un charretier, terrifié par les indications de son
compteur. Sans perdre une seconde, il s’accroupit, écope une des larges
flaques, referme son bocal et fait demi-tour.
« Denis,
on décampe, grouille-toi. »
Lucien parle tout seul, la camionnette est encore trop loin pour que son
collègue l’entende. Mais Lucien court comme s’il avait le feu aux
trousses. Il respire trop. Le plexiglas de son masque se couvre de buée.
Denis ouvre la portière pour Lucien. La voiture démarre en trombe. Le
prélèvement pour analyse arrive enfin dans le « le labo chaud » du
bâtiment des auxiliaires nucléaires, où ils avaient ordre de les
déposer !
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 18 - "Vous avez lâché beaucoup de radioactivité ? "
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 35 – Troyes
Claire WANDEROILD, la directrice de cabinet du préfet est pétrifiée.
Le directeur de la centrale nucléaire expédie rapidement l’information
au téléphone.
« Nous avons droit à un accident à caractère radiologique extérieur au site ! »
Claire WANDEROILD déglutit péniblement. Ainsi, l’alerte se confirme ?
« Oui, allez-y.
Bon.
Il va falloir déclencher le plan particulier d’intervention. En ce qui
nous concerne, nous en sommes au plan d’urgence interne niveau maximum.
Nos relevés météo donnent les indications suivantes : vent de secteur
est-nord-est, soufflant à deux mètres par seconde ; une température
nocturne un peu basse, d’où une brume moyenne dans la vallée de la
Seine.
Vous avez lâché beaucoup de radioactivité ?
Pas
mal, je crois. Je sais, ce n’est pas une réponse, s’empresse d’ajouter
Hervé Maillart, prévenant l’indignation de son interlocutrice. Nous
avons un grave problème de mesure, qui nous a jusqu’à présent empêchés
d’évaluer l’importance des rejets. Je peux simplement vous dire que les
capteurs atmosphériques placés sur le site sont saturés.
Mais c’est dingue ! Je croyais qu’en cas d’accident dans une centrale nucléaire on avait le temps de prévoir le danger.
Je
suis désolé, nous avons été pris de court nous aussi.
Ecoutez, coupe Maillart, qui n’a pas la moindre envie de s’étendre sur
ce problème, pouvez-vous demander aux pompiers d’expédier au plus vite
les voiture NBC dont ils disposent ?
NBC.. ? Claire WANDEROILD est perdue.
Nucléaire-bactériologique-chimique.
(On est pas sorti de l’auberge ! pense Maillart.) Des véhicules qui
vont procéder aux premières mesures de contrôle de l’environnement. Vous
avez bien un CODIS [1] à Troyes, non ?
Oui, oui. .. » La directrice de cabinet est totalement anéantie. « Oui, il y a des hommes en permanence, même la nuit.
OK. Le CODIS va demander à Paris d’envoyer des cellules mobiles d’intervention radiologique.
Des CMIR, oui. ..
Je vous rappelle dès que j’ai du nouveau. »
Claire WANDEROILD se tourne, livide, vers le directeur départemental
du SIDPC, le Service interministériel de défense et protection civile.
Celui-ci a évidemment compris l’ampleur de la catastrophe.
« Il a parlé des CMIR. Des pompiers, n’est-ce pas ? Je ... je m’excuse, quel est leur rôle exactement ?
Ce sont des équipes spécialement entraînées à mesurer la radioactivité ambiante en cas de pépin.
« Allo ? Alors, vous avez pu prévenir Monsieur le préfet ?
Non monsieur.
« Mais en fait, ce n’est pas moi qui suis d’astreinte ce soir ! C’est la sous-préfete de Bar-sur-Aube. »
Claire WANDEROILD retourne dans son bureau. Elle a dans la main la
liste des administratifs convoqués et qui ne sont pas encore tous
opérationnels :
Le SIDPC de l’Aube, Service interministériel de défense et protection
civile.
Le SIDPC travaille avec Météo-France, s’intéresse au sens et la force du
vent. Il alerte via l’automate GALA les services et les maires, ainsi
que la population avec le SAPPRE [2].
Des conventions ont été passées avec les médias locaux afin que ceux-ci
diffusent des messages de l’autorité publique à destination de la
population. La région de Nogent-sur-Seine est assez mal desservie par
les radios locales et les deux médias ayant un rayon de couverture sur
une grande partie de la zone sont : France Bleu Auxerre (100.5 ou 101.3
MHz) et Champagne FM (91.7 ou 97.5 MHz). Les messages diffusés dans le
cadre de cette convention sont des messages institutionnels qui ne
doivent être assortis d’aucun commentaire par la station émettrice. Le
SIDPC élabore également les messages de consignes à la population. Il
annonce les opérations de secours et le déclenchement du PPI. Il
s’assure de l’interruption du trafic ferroviaire. Il active le COD, le
Centre Opérationnel Départemental. Il assure une liaison constante avec
le PCO, le Poste de Commandement Opérationnel. Il sollicite des renforts
demandés par le COS, le commandant des opérations de secours ou la DOS,
direction des opérations de secours, la MARN, la Mission d’appui au
risque nucléaire. Il anticipe la phase post-accidentelle (gel des
territoires et interdictions de consommation et récoltes), ainsi que
l’accueil des populations évacuées.
Le SIDPC de Seine-et-Marne fait installer le PCO, le Poste de
Commandement Opérationnel en sous-préfecture et anticipe une évacuation
de la population du Nogentais.
L’ASN, l’Autorité de Sûreté Nucléaire, envoie un représentant au COD,
demeure en liaison avec le PC de l’ASN et de l’IRSN. Il conseille la
préfecture et participe aux audioconférences.
Le SDIS, le Service départemental d’incendie et de secours, mobilise
ses moyens au CRM, le Centre de regroupement des moyens qu’il aura
défini.
La Gendarmerie met en place le périmètre de sécurité. Elle envoie ses représentants au PCO et COD.
Le Service Communication rejoint le COD. Il active les conventions
avec les médias. Il prépare en liaison avec le CNPE le premier
communiqué de presse. Il envoie un agent au PCO.
Le SAMU avise les SAMU limitrophes et le SMUR de ROMILLY. Il envoie
des représentants au PCO. Il achemine le stock de comprimés d’iode au
PCO. Il anticipe avec l’ARS une évacuation des établissements de santé.
Le DDCSPP, la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de
la Protection des Populations envoie des représentants au COD anticipe
une éventuelle évacuation et l’hébergement des évacués.
L’ARS, l’Agence Régionale de Santé envoie un représentant au COD.
Elle anticipe une éventuelle évacuation et un hébergement des évacués.
Elle anticipe la gestion de la contamination de l’eau en liaison avec
l’ASN et l’ARS Ile- de-France. Elle anticipe l’évacuation des
établissements de santé en liaison avec le SAMU (capacités d’accueil).
Elle anticipe les impacts sur l’environnement et les conséquences sur
denrées alimentaires et les réseaux de distribution d’eau (dérivations
et mesures de radioactivité).
La DDT, Direction Départementale des Territoires envoie des
représentants au COD. Elle fait converger pour une évacuation éventuelle
et sur décision de la DOS, des autocars vers le PCO en leur évitant la
traversée des zones contaminées.
La DMD, Délégation Militaire Départementale convoque ses effectifs.
Elle rend compte à l’EMIAZD, l’ Etat-Major InterArmées de Zone de
Défense. Elle envoie un représentant au COD. Elle active le CODMD. Elle
étudie et transmet les demandes de soutien militaire formulées par la
DOS.
La DRAT, Direction des Routes et de l’Action Territoriale, s’assure
du sens du vent et de rejets éventuels. Elle envoie un représentant au
PCO. En l’absence de rejets, elle met en place les panneaux nécessaires
au périmètre de sécurité en liaison avec la gendarmerie.
L’inspection Académique assure la liaison avec les chefs
d’établissements et anticipe les problématiques spécifiques (repas des
enfants, information des parents...)
Le SNS, Service de Navigation de la Seine, interrompt le trafic
fluvial à destination du rayon défini par le PPI. Il recense les
embarcations présentes dans la zone et en avise le PCO.
La SNCF (COGC Paris-Est) détourne le trafic de la ligne Paris-Bâle.
Elle anticipe une éventuelle sollicitation pour procéder à une
évacuation massive de la population à partir de la gare de
Nogent-sur-Seine. Elle anticipe une éventuelle demande d’acheminement du
train, par l’IRSN.
Quand tout cela sera mis en place, on se sentira moins seul à la
préfecture. Pour l’heure, on attend le commandant de la gendarmerie qui a
prévenu par radio qu’il était en route.
« Eh
bien, personne ne va retourner au lit de sitôt », songe Claire
WANDEROILD avec une amère satisfaction. Car le déclenchement d’un plan
particulier d’intervention suppose la mise en branle de forces dont elle
commence à mesurer l’importance.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 35 – Troyes
Claire WANDEROILD, la directrice de cabinet du préfet est pétrifiée.
Le directeur de la centrale nucléaire expédie rapidement l’information
au téléphone.
« Nous avons droit à un accident à caractère radiologique extérieur au site ! »
Claire WANDEROILD déglutit péniblement. Ainsi, l’alerte se confirme ?
« Oui, allez-y.
Bon.
Il va falloir déclencher le plan particulier d’intervention. En ce qui
nous concerne, nous en sommes au plan d’urgence interne niveau maximum.
Nos relevés météo donnent les indications suivantes : vent de secteur
est-nord-est, soufflant à deux mètres par seconde ; une température
nocturne un peu basse, d’où une brume moyenne dans la vallée de la
Seine.
Vous avez lâché beaucoup de radioactivité ?
Pas
mal, je crois. Je sais, ce n’est pas une réponse, s’empresse d’ajouter
Hervé Maillart, prévenant l’indignation de son interlocutrice. Nous
avons un grave problème de mesure, qui nous a jusqu’à présent empêchés
d’évaluer l’importance des rejets. Je peux simplement vous dire que les
capteurs atmosphériques placés sur le site sont saturés.
Mais c’est dingue ! Je croyais qu’en cas d’accident dans une centrale nucléaire on avait le temps de prévoir le danger.
Je
suis désolé, nous avons été pris de court nous aussi.
Ecoutez, coupe Maillart, qui n’a pas la moindre envie de s’étendre sur
ce problème, pouvez-vous demander aux pompiers d’expédier au plus vite
les voiture NBC dont ils disposent ?
NBC.. ? Claire WANDEROILD est perdue.
Nucléaire-bactériologique-chimique.
(On est pas sorti de l’auberge ! pense Maillart.) Des véhicules qui
vont procéder aux premières mesures de contrôle de l’environnement. Vous
avez bien un CODIS [1] à Troyes, non ?
Oui, oui. .. » La directrice de cabinet est totalement anéantie. « Oui, il y a des hommes en permanence, même la nuit.
OK. Le CODIS va demander à Paris d’envoyer des cellules mobiles d’intervention radiologique.
Des CMIR, oui. ..
Je vous rappelle dès que j’ai du nouveau. »
Claire WANDEROILD se tourne, livide, vers le directeur départemental
du SIDPC, le Service interministériel de défense et protection civile.
Celui-ci a évidemment compris l’ampleur de la catastrophe.
« Il a parlé des CMIR. Des pompiers, n’est-ce pas ? Je ... je m’excuse, quel est leur rôle exactement ?
Ce sont des équipes spécialement entraînées à mesurer la radioactivité ambiante en cas de pépin.
« Allo ? Alors, vous avez pu prévenir Monsieur le préfet ?
Non monsieur.
« Mais en fait, ce n’est pas moi qui suis d’astreinte ce soir ! C’est la sous-préfete de Bar-sur-Aube. »
Claire WANDEROILD retourne dans son bureau. Elle a dans la main la
liste des administratifs convoqués et qui ne sont pas encore tous
opérationnels :
Le SIDPC de l’Aube, Service interministériel de défense et protection
civile.
Le SIDPC travaille avec Météo-France, s’intéresse au sens et la force du
vent. Il alerte via l’automate GALA les services et les maires, ainsi
que la population avec le SAPPRE [2].
Des conventions ont été passées avec les médias locaux afin que ceux-ci
diffusent des messages de l’autorité publique à destination de la
population. La région de Nogent-sur-Seine est assez mal desservie par
les radios locales et les deux médias ayant un rayon de couverture sur
une grande partie de la zone sont : France Bleu Auxerre (100.5 ou 101.3
MHz) et Champagne FM (91.7 ou 97.5 MHz). Les messages diffusés dans le
cadre de cette convention sont des messages institutionnels qui ne
doivent être assortis d’aucun commentaire par la station émettrice. Le
SIDPC élabore également les messages de consignes à la population. Il
annonce les opérations de secours et le déclenchement du PPI. Il
s’assure de l’interruption du trafic ferroviaire. Il active le COD, le
Centre Opérationnel Départemental. Il assure une liaison constante avec
le PCO, le Poste de Commandement Opérationnel. Il sollicite des renforts
demandés par le COS, le commandant des opérations de secours ou la DOS,
direction des opérations de secours, la MARN, la Mission d’appui au
risque nucléaire. Il anticipe la phase post-accidentelle (gel des
territoires et interdictions de consommation et récoltes), ainsi que
l’accueil des populations évacuées.
Le SIDPC de Seine-et-Marne fait installer le PCO, le Poste de
Commandement Opérationnel en sous-préfecture et anticipe une évacuation
de la population du Nogentais.
L’ASN, l’Autorité de Sûreté Nucléaire, envoie un représentant au COD,
demeure en liaison avec le PC de l’ASN et de l’IRSN. Il conseille la
préfecture et participe aux audioconférences.
Le SDIS, le Service départemental d’incendie et de secours, mobilise
ses moyens au CRM, le Centre de regroupement des moyens qu’il aura
défini.
La Gendarmerie met en place le périmètre de sécurité. Elle envoie ses représentants au PCO et COD.
Le Service Communication rejoint le COD. Il active les conventions
avec les médias. Il prépare en liaison avec le CNPE le premier
communiqué de presse. Il envoie un agent au PCO.
Le SAMU avise les SAMU limitrophes et le SMUR de ROMILLY. Il envoie
des représentants au PCO. Il achemine le stock de comprimés d’iode au
PCO. Il anticipe avec l’ARS une évacuation des établissements de santé.
Le DDCSPP, la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de
la Protection des Populations envoie des représentants au COD anticipe
une éventuelle évacuation et l’hébergement des évacués.
L’ARS, l’Agence Régionale de Santé envoie un représentant au COD.
Elle anticipe une éventuelle évacuation et un hébergement des évacués.
Elle anticipe la gestion de la contamination de l’eau en liaison avec
l’ASN et l’ARS Ile- de-France. Elle anticipe l’évacuation des
établissements de santé en liaison avec le SAMU (capacités d’accueil).
Elle anticipe les impacts sur l’environnement et les conséquences sur
denrées alimentaires et les réseaux de distribution d’eau (dérivations
et mesures de radioactivité).
La DDT, Direction Départementale des Territoires envoie des
représentants au COD. Elle fait converger pour une évacuation éventuelle
et sur décision de la DOS, des autocars vers le PCO en leur évitant la
traversée des zones contaminées.
La DMD, Délégation Militaire Départementale convoque ses effectifs.
Elle rend compte à l’EMIAZD, l’ Etat-Major InterArmées de Zone de
Défense. Elle envoie un représentant au COD. Elle active le CODMD. Elle
étudie et transmet les demandes de soutien militaire formulées par la
DOS.
La DRAT, Direction des Routes et de l’Action Territoriale, s’assure
du sens du vent et de rejets éventuels. Elle envoie un représentant au
PCO. En l’absence de rejets, elle met en place les panneaux nécessaires
au périmètre de sécurité en liaison avec la gendarmerie.
L’inspection Académique assure la liaison avec les chefs
d’établissements et anticipe les problématiques spécifiques (repas des
enfants, information des parents...)
Le SNS, Service de Navigation de la Seine, interrompt le trafic
fluvial à destination du rayon défini par le PPI. Il recense les
embarcations présentes dans la zone et en avise le PCO.
La SNCF (COGC Paris-Est) détourne le trafic de la ligne Paris-Bâle.
Elle anticipe une éventuelle sollicitation pour procéder à une
évacuation massive de la population à partir de la gare de
Nogent-sur-Seine. Elle anticipe une éventuelle demande d’acheminement du
train, par l’IRSN.
Quand tout cela sera mis en place, on se sentira moins seul à la
préfecture. Pour l’heure, on attend le commandant de la gendarmerie qui a
prévenu par radio qu’il était en route.
« Eh
bien, personne ne va retourner au lit de sitôt », songe Claire
WANDEROILD avec une amère satisfaction. Car le déclenchement d’un plan
particulier d’intervention suppose la mise en branle de forces dont elle
commence à mesurer l’importance.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 19 - "Je vous casse la gueule si Sylvie a chopé un brin de contamination."
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 40 - Centrale nucléaire
« Oh merde, Sylvie ! »
Hervé Ruel a bondi de sa chaise, devant l’immense table qui trône au centre de la salle de commande.
« Quoi ? Qu’est-ce qu’elle a, ta femme ? s’enquiert Raymond, rasséréné depuis cinq minutes comme le reste de l’équipe.
Elle dînait chez des copains, elle devait rentrer à Saint-Brice. Tu te rends compte des saloperies qu’elle a du traverser ?
Ben appelle, grouille-toi ! Qu’est-ce que tu attends ? » Pas plus que ses collègues, Hervé n’a vu l’heure s’écouler.
Maintenant, l’angoisse de la catastrophe technique est passée. Les hommes surveillent simplement les opérations.
Hervé décroche complètement. Il se rue sur le combiné, et veut obtenir une ligne extérieure.
Occupée. Toujours occupée. Hervé est au bord des larmes.
« Tu sais, suggère Raymond, ils ont probablement déconnecté les lignes de sortie directe.
Appelle la direction, explique ton problème », dit Michel.
Hervé arrache presque le téléphone intérieur des mains de Pierre.
« Hervé
Ruel, chef de bloc. Je veux parler au responsable des communications
... Je vous en prie, c’est urgent ... Merci ... Monsieur Guillet ? Je
dois à tout prix joindre ma femme… Vous voyez où est Traînel. Vous avez
vu la direction des vents ? Elle a du passer en plein dedans.
Monsieur
Ruel, vous connaissez le règlement de crise : les informations à la
population ne sont pas de notre ressort. Nous n’avons aucune donnée sur
les quantités et la composition des rejets. Nous devons à tout prix
éviter la naissance de rumeurs alarmistes. Elles deviennent vite
impossibles à enrayer.
Mais elle est enceinte ! S’il vous plaît !
Écoutez,
de toute façon, on ne risque pas grand-chose en traversant en une
minute un nuage radioactif à l’intérieur de sa voiture. Il vaut mieux
courir ce risque limité que de déclencher une panique générale dont les
conséquences pourraient être terribles. Vous en conviendrez
certainement.
Je n’admets rien du tout. Je dois prévenir ma femme, crie Hervé, désespéré.
C’est hors de question. D’autant que le dispositif des pouvoirs publics n’est pas encore en place.
Je ... Je vous casse la gueule si Sylvie a chopé un brin de contamination. »
Fou d’inquiétude, Hervé raccroche.
« Il
n’a pas complètement tort, le père Guillet, tu sais. » Robert essaie de
raisonner Hervé. Le vieux rondier aime bien le jeune chef de bloc. La
sortie de l’opérateur envers un chef réputé intransigeant et très sec
l’a fait frémir. Il comprend cependant sa colère.
« Qu’il
ait tort ou raison, je m’en balance. Et on va s’expliquer en face !
Toi, gamin, passe-moi ton bleu. » Ahuri, le rondier stagiaire enlève sa
cotte de travail. Les deux hommes sont de la même taille. Fébrilement,
Hervé enfile la combinaison par-dessus son jean et son chandail, coince
le bas des deux pantalons dans ses chaussettes, attrape un gilet qui
traîne sur une chaise, saisit au passage les gants tachés de cambouis
d’un rondier, et fonce dans le couloir où il prend un masque dans
l’armoire. En une minute, il a fixé la protection respiratoire et
entortillé la veste sur sa tête.
Les autres restent stupides. Sauf Raymond : il tente quelques phrases
d’apaisement, puis renonce en voyant la détermination de son collègue,
Pierre assiste à la scène sans intervenir, incapable de critiquer cet
homme qui, finalement, a sauvé le réacteur. Après tout, Hervé Ruel
connaît parfaitement les risques auxquels il s’expose en sortant sans
protection.
Hervé est déjà dans la tour d’accès, dont il dévale les quinze mètres de
marches qui le séparent du rez-de-chaussée.
En débouchant dehors, il observe un quart de seconde l’immense hall
du turbo-alternateur à sa gauche, et sur sa droite l’ensemble de la
tranche 2. Il se trouve au milieu de l’une des zones les plus
contaminées du site. La sortie de la tour d’accès est à moins de
soixante mètres de la brèche, sous le vent. Le torrent de radioactivité a
jailli là-bas.
Il doit rallier le bâtiment d’accueil de l’autre côté, à gauche de la
tranche 1. Le chemin le plus court passe donc entièrement dans le nuage
radioactif. Pour n’être pas trop irradié, il doit contourner ce nuage
en prenant derrière l’îlot nucléaire.
Hervé tourne à droite. Il remonte au vent le long du bâtiment des
auxiliaires nucléaires, court jusqu’à la desserte ferrée des
bâtiments-combustibles, et bifurque encore une fois à droite, vers le
chemin qui mène à la sortie arrière de la zone contrôlée. Il s’arrête un
instant après avoir doublé le bâtiment-réacteur, pour constater les
dégâts visibles à l’extérieur, du côté de la sortie du GV 4.
Malgré la brume, l’éclairage du site permet de distinguer assez
nettement, à une centaine de mètres, une déchirure de la tôle ondulée.
Cette mince paroi de protection dessine curieusement, à mi-hauteur de la
construction, un socle, ou plutôt une collerette massive. La
canalisation suit un tracé coudé. Hervé est trop loin pour apercevoir
autre chose qu’un bout de tuyau qui dépasse à peine et continue à
cracher d’inquiétantes bouffées de vapeurs radioactives.
Hervé reste immobile une dizaine de secondes. Malgré sa gravité, la
scène n’a rien à voir avec le spectacle dantesque offert par la centrale
éventrée et fumante de Tchernobyl ou de Fukushima.
« Le
satellite ne distinguerait aucun indice anormal, songe Hervé. Pourtant,
ce foutu tuyau a peut-être vomi autant de radioactivité que le réacteur
ukrainien en 1986. Il va falloir l’obturer dare-dare. »
Il reprend sa course, et se heurte à la grille d’entrée en zone
contrôlée, destinée à empêcher l’accès au personnel sans autorisation.
Evidemment, il sort, mais il n’est pas dispensé de franchir le tambour à
ouverture commandée par une carte magnétique.
Contournant le bâtiment de direction et de maintenance plongé dans
l’obscurité, il termine par une longue allée, après avoir longé un
parking vide. Gêné par son masque, éreinté par une cavalcade de six cent
mètres, Hervé s’effondre presque devant le bâtiment d’accueil.
« Eh, les gars, regardez ce cinglé ! D’où il sort, à votre avis ? »
Les ouvriers d’astreinte encore inoccupés ont vu Hervé approcher, puis tituber devant la porte.
« Ne
le laissez pas entrer. Surtout qu’il ne pose pas les pieds ici. Il est
complètement dingue, il va tout contaminer, on n’a pas besoin de ça en
plus. »
Qui a crié ? Personne ne s’en soucie. Les hommes se précipitent vers la
porte vitrée et font signe à Hervé de se diriger vers l’infirmerie.
Alors Hervé tire son masque vers le bas et frappe à coups redoublés sur
la vitre en hurlant :
« Appelez M. Guillet au BDS. Je dois le voir de toute urgence.
C’est Ruel, s’exclame un agent d’exploitation, sidéré.
Qu’est-ce qu’il fout là ? Il est de quart cette nuit.
Ouais, de quart sur la tranche 1. Quand même, il n’est pas sorti pour rien, c’est sûrement grave, renchérit un technicien.
D’accord,
on appelle Guillet tout de suite, promet un responsable du PC des
mouvements, immédiatement accouru. On l’appelle, mais bon dieu, allez à
l’infirmerie. Allez-y, nom d’un chien ! »
Bouillant d’impatience, mais résigné, Hervé rajuste son masque et court
vers le bâtiment médical.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 40 - Centrale nucléaire
« Oh merde, Sylvie ! »
Hervé Ruel a bondi de sa chaise, devant l’immense table qui trône au centre de la salle de commande.
« Quoi ? Qu’est-ce qu’elle a, ta femme ? s’enquiert Raymond, rasséréné depuis cinq minutes comme le reste de l’équipe.
Elle dînait chez des copains, elle devait rentrer à Saint-Brice. Tu te rends compte des saloperies qu’elle a du traverser ?
Ben appelle, grouille-toi ! Qu’est-ce que tu attends ? » Pas plus que ses collègues, Hervé n’a vu l’heure s’écouler.
Maintenant, l’angoisse de la catastrophe technique est passée. Les hommes surveillent simplement les opérations.
Hervé décroche complètement. Il se rue sur le combiné, et veut obtenir une ligne extérieure.
Occupée. Toujours occupée. Hervé est au bord des larmes.
« Tu sais, suggère Raymond, ils ont probablement déconnecté les lignes de sortie directe.
Appelle la direction, explique ton problème », dit Michel.
Hervé arrache presque le téléphone intérieur des mains de Pierre.
« Hervé
Ruel, chef de bloc. Je veux parler au responsable des communications
... Je vous en prie, c’est urgent ... Merci ... Monsieur Guillet ? Je
dois à tout prix joindre ma femme… Vous voyez où est Traînel. Vous avez
vu la direction des vents ? Elle a du passer en plein dedans.
Monsieur
Ruel, vous connaissez le règlement de crise : les informations à la
population ne sont pas de notre ressort. Nous n’avons aucune donnée sur
les quantités et la composition des rejets. Nous devons à tout prix
éviter la naissance de rumeurs alarmistes. Elles deviennent vite
impossibles à enrayer.
Mais elle est enceinte ! S’il vous plaît !
Écoutez,
de toute façon, on ne risque pas grand-chose en traversant en une
minute un nuage radioactif à l’intérieur de sa voiture. Il vaut mieux
courir ce risque limité que de déclencher une panique générale dont les
conséquences pourraient être terribles. Vous en conviendrez
certainement.
Je n’admets rien du tout. Je dois prévenir ma femme, crie Hervé, désespéré.
C’est hors de question. D’autant que le dispositif des pouvoirs publics n’est pas encore en place.
Je ... Je vous casse la gueule si Sylvie a chopé un brin de contamination. »
Fou d’inquiétude, Hervé raccroche.
« Il
n’a pas complètement tort, le père Guillet, tu sais. » Robert essaie de
raisonner Hervé. Le vieux rondier aime bien le jeune chef de bloc. La
sortie de l’opérateur envers un chef réputé intransigeant et très sec
l’a fait frémir. Il comprend cependant sa colère.
« Qu’il
ait tort ou raison, je m’en balance. Et on va s’expliquer en face !
Toi, gamin, passe-moi ton bleu. » Ahuri, le rondier stagiaire enlève sa
cotte de travail. Les deux hommes sont de la même taille. Fébrilement,
Hervé enfile la combinaison par-dessus son jean et son chandail, coince
le bas des deux pantalons dans ses chaussettes, attrape un gilet qui
traîne sur une chaise, saisit au passage les gants tachés de cambouis
d’un rondier, et fonce dans le couloir où il prend un masque dans
l’armoire. En une minute, il a fixé la protection respiratoire et
entortillé la veste sur sa tête.
Les autres restent stupides. Sauf Raymond : il tente quelques phrases
d’apaisement, puis renonce en voyant la détermination de son collègue,
Pierre assiste à la scène sans intervenir, incapable de critiquer cet
homme qui, finalement, a sauvé le réacteur. Après tout, Hervé Ruel
connaît parfaitement les risques auxquels il s’expose en sortant sans
protection.
Hervé est déjà dans la tour d’accès, dont il dévale les quinze mètres de
marches qui le séparent du rez-de-chaussée.
En débouchant dehors, il observe un quart de seconde l’immense hall
du turbo-alternateur à sa gauche, et sur sa droite l’ensemble de la
tranche 2. Il se trouve au milieu de l’une des zones les plus
contaminées du site. La sortie de la tour d’accès est à moins de
soixante mètres de la brèche, sous le vent. Le torrent de radioactivité a
jailli là-bas.
Il doit rallier le bâtiment d’accueil de l’autre côté, à gauche de la
tranche 1. Le chemin le plus court passe donc entièrement dans le nuage
radioactif. Pour n’être pas trop irradié, il doit contourner ce nuage
en prenant derrière l’îlot nucléaire.
Hervé tourne à droite. Il remonte au vent le long du bâtiment des
auxiliaires nucléaires, court jusqu’à la desserte ferrée des
bâtiments-combustibles, et bifurque encore une fois à droite, vers le
chemin qui mène à la sortie arrière de la zone contrôlée. Il s’arrête un
instant après avoir doublé le bâtiment-réacteur, pour constater les
dégâts visibles à l’extérieur, du côté de la sortie du GV 4.
Malgré la brume, l’éclairage du site permet de distinguer assez
nettement, à une centaine de mètres, une déchirure de la tôle ondulée.
Cette mince paroi de protection dessine curieusement, à mi-hauteur de la
construction, un socle, ou plutôt une collerette massive. La
canalisation suit un tracé coudé. Hervé est trop loin pour apercevoir
autre chose qu’un bout de tuyau qui dépasse à peine et continue à
cracher d’inquiétantes bouffées de vapeurs radioactives.
Hervé reste immobile une dizaine de secondes. Malgré sa gravité, la
scène n’a rien à voir avec le spectacle dantesque offert par la centrale
éventrée et fumante de Tchernobyl ou de Fukushima.
« Le
satellite ne distinguerait aucun indice anormal, songe Hervé. Pourtant,
ce foutu tuyau a peut-être vomi autant de radioactivité que le réacteur
ukrainien en 1986. Il va falloir l’obturer dare-dare. »
Il reprend sa course, et se heurte à la grille d’entrée en zone
contrôlée, destinée à empêcher l’accès au personnel sans autorisation.
Evidemment, il sort, mais il n’est pas dispensé de franchir le tambour à
ouverture commandée par une carte magnétique.
Contournant le bâtiment de direction et de maintenance plongé dans
l’obscurité, il termine par une longue allée, après avoir longé un
parking vide. Gêné par son masque, éreinté par une cavalcade de six cent
mètres, Hervé s’effondre presque devant le bâtiment d’accueil.
« Eh, les gars, regardez ce cinglé ! D’où il sort, à votre avis ? »
Les ouvriers d’astreinte encore inoccupés ont vu Hervé approcher, puis tituber devant la porte.
« Ne
le laissez pas entrer. Surtout qu’il ne pose pas les pieds ici. Il est
complètement dingue, il va tout contaminer, on n’a pas besoin de ça en
plus. »
Qui a crié ? Personne ne s’en soucie. Les hommes se précipitent vers la
porte vitrée et font signe à Hervé de se diriger vers l’infirmerie.
Alors Hervé tire son masque vers le bas et frappe à coups redoublés sur
la vitre en hurlant :
« Appelez M. Guillet au BDS. Je dois le voir de toute urgence.
C’est Ruel, s’exclame un agent d’exploitation, sidéré.
Qu’est-ce qu’il fout là ? Il est de quart cette nuit.
Ouais, de quart sur la tranche 1. Quand même, il n’est pas sorti pour rien, c’est sûrement grave, renchérit un technicien.
D’accord,
on appelle Guillet tout de suite, promet un responsable du PC des
mouvements, immédiatement accouru. On l’appelle, mais bon dieu, allez à
l’infirmerie. Allez-y, nom d’un chien ! »
Bouillant d’impatience, mais résigné, Hervé rajuste son masque et court
vers le bâtiment médical.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 20 - "Si tu touches à ce téléphone, plus personne ne pourra s’en servir"
par Michel Gueritte
Dans la salle de décontamination, le personnel a d’autres chats à fouetter : un blessé grave est arrivé il y a un quart d’heure, pissant le sang, contaminé jusqu’aux yeux. Sans compter les types qui défilent sous la douche, obligés de se frotter tout seuls car personne n’est disponible pour les aider. De plus, l’air de l’infirmerie est douteux, car la pièce n’est pas dotée de filtres spéciaux. Hervé arrache ses habits à toute vitesse, et fourre le tout dans une des poubelles destinées à recevoir les vêtements devenus déchets radioactifs. En slip, il fonce vers le téléphone mural qu’il s’apprête à décrocher lorsque l’infirmière se jette sur lui.
- « Tu es complètement marteau. Prends d’abord une douche, lave-toi les cheveux, tu verras ça après. Si tu touches à ce téléphone, plus personne ne pourra s’en servir ensuite. Deux aides-infirmiers en combinaison de plastique blanche attrapent Hervé et le traînent dans une des trois cabines de douche. Mieux vaut coller cet excité tout entier sous la flotte, il n’aurait évidemment pas la patience de se soumettre au détecteur qui délimite précisément la partie de peau contaminée. Complètement sonné par la puissance des jets d’eau chaude, aveuglé, Hervé n’oppose plus de résistance. Il ferme les yeux. Il sait que ses cheveux, malgré la protection de son turban de fortune, sont recouverts de particules radioactives. Hervé frotte, frotte. Et puis il sort, rouge écarlate, au moment où Monique, l’infirmière, lui annonce d’un air triomphant qu’il a M. Guillet en ligne.
- « Ruel, dites-vous bien que je cède uniquement parce qu’on m’a informé de vos prouesses techniques. Et aussi pour que vous arrêtiez vos conneries. Alors, vous allez être assez intelligent pour n’alarmer personne. Qu’est-ce que vous comptez raconter à votre femme ?
- Que la région est contaminée ...
- Merde, vous êtes vraiment timbré ! Dites-lui qu’on a eu un petit pépin à la station de traitement des effluents, et qu’il se peut qu’un chouïa de radioactivité se soit échappée. Dites-lui de ne pas le crier sur tous les toits. C’est une femme d’agent EDF, non ? Elle est capable de comprendre ce que ça implique. D’accord ?
- D’accord.
- Je vous préviens que si quelque chose filtre, vous serez personnellement tenu pour responsable. D’ailleurs, je vous fais remarquer une chose : vous avez abandonné votre poste, c’est extrêmement grave. Bon, je vous passe une ligne extérieure. » Entortillé dans une serviette éponge, Hervé tremble en composant le numéro. « Allô, c’est toi, Charles ? C’est Hervé. Sylvie est encore là ?
- Tu rêves ? Il est 2 h 45 du mat ! Il y a longtemps qu’elle est partie !
- Dis donc, c’était quoi l’alerte tout à l’heure ?
- Rien, elle t’expliquera. » Accablé, Hervé répond à peine à Monique.
- « Laisse tomber, Hervé, c’est trop tard. Elle est rentrée chez vous, maintenant. Allez viens, on va te relaver les cheveux correctement. » L’épaisse tignasse brune d’Hervé reste rétive aux trois shampooings. Ses cheveux répondent toujours aux sollicitations du détecteur. L’opérateur ne peut échapper aux ciseaux malhabiles d’un coiffeur de fortune. Hervé est indifférent à son sort. Car sa femme et son futur bébé viennent de traverser le brouillard radioactif.
par Michel Gueritte
Dans la salle de décontamination, le personnel a d’autres chats à fouetter : un blessé grave est arrivé il y a un quart d’heure, pissant le sang, contaminé jusqu’aux yeux. Sans compter les types qui défilent sous la douche, obligés de se frotter tout seuls car personne n’est disponible pour les aider. De plus, l’air de l’infirmerie est douteux, car la pièce n’est pas dotée de filtres spéciaux. Hervé arrache ses habits à toute vitesse, et fourre le tout dans une des poubelles destinées à recevoir les vêtements devenus déchets radioactifs. En slip, il fonce vers le téléphone mural qu’il s’apprête à décrocher lorsque l’infirmière se jette sur lui.
- « Tu es complètement marteau. Prends d’abord une douche, lave-toi les cheveux, tu verras ça après. Si tu touches à ce téléphone, plus personne ne pourra s’en servir ensuite. Deux aides-infirmiers en combinaison de plastique blanche attrapent Hervé et le traînent dans une des trois cabines de douche. Mieux vaut coller cet excité tout entier sous la flotte, il n’aurait évidemment pas la patience de se soumettre au détecteur qui délimite précisément la partie de peau contaminée. Complètement sonné par la puissance des jets d’eau chaude, aveuglé, Hervé n’oppose plus de résistance. Il ferme les yeux. Il sait que ses cheveux, malgré la protection de son turban de fortune, sont recouverts de particules radioactives. Hervé frotte, frotte. Et puis il sort, rouge écarlate, au moment où Monique, l’infirmière, lui annonce d’un air triomphant qu’il a M. Guillet en ligne.
- « Ruel, dites-vous bien que je cède uniquement parce qu’on m’a informé de vos prouesses techniques. Et aussi pour que vous arrêtiez vos conneries. Alors, vous allez être assez intelligent pour n’alarmer personne. Qu’est-ce que vous comptez raconter à votre femme ?
- Que la région est contaminée ...
- Merde, vous êtes vraiment timbré ! Dites-lui qu’on a eu un petit pépin à la station de traitement des effluents, et qu’il se peut qu’un chouïa de radioactivité se soit échappée. Dites-lui de ne pas le crier sur tous les toits. C’est une femme d’agent EDF, non ? Elle est capable de comprendre ce que ça implique. D’accord ?
- D’accord.
- Je vous préviens que si quelque chose filtre, vous serez personnellement tenu pour responsable. D’ailleurs, je vous fais remarquer une chose : vous avez abandonné votre poste, c’est extrêmement grave. Bon, je vous passe une ligne extérieure. » Entortillé dans une serviette éponge, Hervé tremble en composant le numéro. « Allô, c’est toi, Charles ? C’est Hervé. Sylvie est encore là ?
- Tu rêves ? Il est 2 h 45 du mat ! Il y a longtemps qu’elle est partie !
- Dis donc, c’était quoi l’alerte tout à l’heure ?
- Rien, elle t’expliquera. » Accablé, Hervé répond à peine à Monique.
- « Laisse tomber, Hervé, c’est trop tard. Elle est rentrée chez vous, maintenant. Allez viens, on va te relaver les cheveux correctement. » L’épaisse tignasse brune d’Hervé reste rétive aux trois shampooings. Ses cheveux répondent toujours aux sollicitations du détecteur. L’opérateur ne peut échapper aux ciseaux malhabiles d’un coiffeur de fortune. Hervé est indifférent à son sort. Car sa femme et son futur bébé viennent de traverser le brouillard radioactif.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 21 - "Il semble que ce soit énorme"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 45 mn - Levallois-Perret, Centre opérationnel de la direction de la Sécurité civile (CODISC)
Non loin de la Seine et du pont de Levallois, à l’ouest de Paris, le CODISC, le Centre opérationnel de la direction de la sécurité civile veille. Il veille vingt-quatre heures sur vingt-quatre, toute l’année, sur toute la France. Tel est son rôle.
D’immenses cartes des régions attendent une catastrophe pour se mettre à clignoter. Cette nuit, les bureaux du CODISC sont calmes. L’effectif nocturne est minimum. Les appelés tiennent leur garde, à demi endormis. Les cartes sont muettes. En dehors des mois chauds, elles ne sont guère sollicitées. Ces mois d’été où le CODISC bruit presque autant que les forêts du Midi en flammes, et où il s’emploie à coordonner les secours. Aussi, lorsque le téléphone sonne sur le bureau de l’officier de garde, celui-ci est presque surpris.
- « Capitaine Meyer, CODISC, j’écoute.
- Ici la caserne des pompiers de l’Aube. Il faut envoyer des CMIR de toute urgence autour de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. (les CMIR sont les Cellules mobiles d’intervention radiologique, les pompiers du nucléaire). Le PPI vient d’être déclenché. «
- Motif ?
- Un accident sur un générateur de vapeur.
- Direction des vents ?
- Est-nord-est. Du brouillard. La contamination est probablement en train de descendre la vallée de la Seine.
- L’exploitant a fourni des indications précises sur la quantité des rejets ?
- Non, absolument rien. Il semble que ce soit énorme.
- Êtes-vous équipé de véhicules NBC ? (NBC : Nucléaire-bactériologique-chimique)
- Oui, nous sommes en train de les activer, le premier part dans un quart d’heure.
- Bien. Le quartier général est déjà installé en préfecture ?
- Ils sont en train de le faire.
- Merci. J’attends votre confirmation écrite. » De son bureau vitré, il jauge ses effectifs, appelle d’un signe un jeune gradé qui vient de lever les yeux, lui confie la tâche de prévenir le haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur d’astreinte cette nuit, ordonne à la cantonade de filer dans la salle des plans ORSEC pour rapporter celui de l’Aube. Puis il appelle la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, où sont basées les deux cellules mobiles d’intervention radiologique du laboratoire de la préfecture de Police. Il faudra une heure avant qu’elles puissent décoller ... Non, démarrer, réalise le capitaine Meyer. La nuit, il ne peut être question d’hélicoptère. Alors il appelle aussi Créteil, plus proche de Nogent. A Créteil, l’Unité d’instruction de la Sécurité civile entretient également une CMIR. Si nécessaire…
- « Et vu ce que Troyes vient de raconter, ça risque de l’être », songe l’officier.
- Il faudra battre le rappel des CMIR d’Orléans, de Tours et de Blois. « Plus tard ... En fonction de ce que les premiers pompiers vont mesurer. » L’officier ne peut réprimer un frisson : Nogent-sur-Seine ... sur Seine ... Paris.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 02 h 45 mn - Levallois-Perret, Centre opérationnel de la direction de la Sécurité civile (CODISC)
Non loin de la Seine et du pont de Levallois, à l’ouest de Paris, le CODISC, le Centre opérationnel de la direction de la sécurité civile veille. Il veille vingt-quatre heures sur vingt-quatre, toute l’année, sur toute la France. Tel est son rôle.
D’immenses cartes des régions attendent une catastrophe pour se mettre à clignoter. Cette nuit, les bureaux du CODISC sont calmes. L’effectif nocturne est minimum. Les appelés tiennent leur garde, à demi endormis. Les cartes sont muettes. En dehors des mois chauds, elles ne sont guère sollicitées. Ces mois d’été où le CODISC bruit presque autant que les forêts du Midi en flammes, et où il s’emploie à coordonner les secours. Aussi, lorsque le téléphone sonne sur le bureau de l’officier de garde, celui-ci est presque surpris.
- « Capitaine Meyer, CODISC, j’écoute.
- Ici la caserne des pompiers de l’Aube. Il faut envoyer des CMIR de toute urgence autour de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. (les CMIR sont les Cellules mobiles d’intervention radiologique, les pompiers du nucléaire). Le PPI vient d’être déclenché. «
- Motif ?
- Un accident sur un générateur de vapeur.
- Direction des vents ?
- Est-nord-est. Du brouillard. La contamination est probablement en train de descendre la vallée de la Seine.
- L’exploitant a fourni des indications précises sur la quantité des rejets ?
- Non, absolument rien. Il semble que ce soit énorme.
- Êtes-vous équipé de véhicules NBC ? (NBC : Nucléaire-bactériologique-chimique)
- Oui, nous sommes en train de les activer, le premier part dans un quart d’heure.
- Bien. Le quartier général est déjà installé en préfecture ?
- Ils sont en train de le faire.
- Merci. J’attends votre confirmation écrite. » De son bureau vitré, il jauge ses effectifs, appelle d’un signe un jeune gradé qui vient de lever les yeux, lui confie la tâche de prévenir le haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur d’astreinte cette nuit, ordonne à la cantonade de filer dans la salle des plans ORSEC pour rapporter celui de l’Aube. Puis il appelle la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, où sont basées les deux cellules mobiles d’intervention radiologique du laboratoire de la préfecture de Police. Il faudra une heure avant qu’elles puissent décoller ... Non, démarrer, réalise le capitaine Meyer. La nuit, il ne peut être question d’hélicoptère. Alors il appelle aussi Créteil, plus proche de Nogent. A Créteil, l’Unité d’instruction de la Sécurité civile entretient également une CMIR. Si nécessaire…
- « Et vu ce que Troyes vient de raconter, ça risque de l’être », songe l’officier.
- Il faudra battre le rappel des CMIR d’Orléans, de Tours et de Blois. « Plus tard ... En fonction de ce que les premiers pompiers vont mesurer. » L’officier ne peut réprimer un frisson : Nogent-sur-Seine ... sur Seine ... Paris.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Quand ton tube de colle sera épuisé, fais moi signe, j'en ai en stock !
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
pinocio a écrit:Quand ton tube de colle sera épuisé, fais moi signe, j'en ai en stock !
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 22 - "un journaliste de l’est-éclair, ce n’est pas bien important !"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 3 h - Préfecture de Troyes
La directrice de cabinet Claire WANDEROILD est plongée dans la lecture des fiches réflexes :
Ce sont des aides précieuses à la décision, rédigées à l’attention de tous les services intervenant dans le cadre de la gestion d’un accident nucléaire. Conformément à la doctrine ORSEC elles ne contiennent que des indications sur les objectifs à atteindre par chaque service, les moyens à mettre en œuvre, et les dispositions à prendre pour atteindre ces objectifs. Elles suivent la cinétique d’un accident nucléaire et collent aux différentes phases pouvant être observées dans l’évolution d’un accident et ses conséquences. Dans le dossier, quelqu’un à glisser une photocopie d’un article de l’est-éclair, qui raconte un exercice de PPI datant du 30 janvier 2002, avec le Préfet Stéphane BOUILLON.
Word - 43 ko
L’exercice de 2002
- « Ce n’est pas le tout, soupire Claire WANDEROILD en levant le nez de ses papiers, je crois qu’on ne coupe pas à l’appel des maires. »
La sous-préfete de Bar-sur-Aube, elle, est en communication avec les pompiers de Troyes. Ils sont bien embarrassés pour choisir le lieu d’installation du PC opérationnel. Ce poste de commandement est autrement plus important que le PC fixe. Il doit se trouver au plus près du lieu de l’accident et regrouper les responsables départementaux des opérations de secours aux populations, ainsi que les grands chefs parisiens des services spécialisés, dès qu’ils seront à pied d’œuvre.
- « Je peux difficilement choisir un endroit pour le PC opérationnel, dit le commandant des pompiers, tant que les voitures NBC n’ont pas effectué leurs relevés atmosphériques. On pourrait le placer à l’espace Michel BAROIN, mais si cette partie de la ville est contaminée, cela devient impossible.
- Et une caravane mobile ?
- Oui. Je vais voir ça avec le CODISC, on doit pouvoir s’arranger avec l’armée. Mais je pense, vu la direction du vent qui souffle vers l’ouest, que tout Nogent n’a pas été touché. Deux équipes de mesure partent à l’instant, elles vont baliser les zones contaminées dans la ville, en commençant par aller voir autour de la caserne. Dans trois quarts d’heure nous serons fixés. »
- Le téléphone sonne.
- « Qu’est-ce que c’est encore ?
- C’est le standard. J’ai un journaliste en ligne, que dois-je lui répondre ? » N’importe quoi, mais pas la presse ! Pas déjà ! Quelles sont les consignes ? Ah oui, la transparence… La transparence de l’information, la dernière circulaire y fait allusion, ainsi que le Plan. D’après les documents, une salle réservée aux journalistes est même prévue dans le PC fixe.
- « Si ça se trouve, Paris n’a pas encore adopté de stratégie concernant l’information sur cet accident. Si je réponds à ce type, je risque de faire une gaffe. « Qu’est-ce qu’il sait déja au juste ?
- Il dit qu’il connaît bien Nogent, et qu’il pense qu’il y a trop d’agitation autour de la centrale nucléaire. Et en plus la centrale ne répond pas au téléphone ! Je lui ai dit qu’à cette heure de la nuit c’était plutôt normal.
- Vous n’en avez pas dit davantage ?
- Non.
- Dites-lui que vous êtes seul de permanence ce soir. Envoyez-le paître ! » « Bof, un journaliste de l’est-éclair, ce n’est pas bien important ! »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 3 h - Préfecture de Troyes
La directrice de cabinet Claire WANDEROILD est plongée dans la lecture des fiches réflexes :
Ce sont des aides précieuses à la décision, rédigées à l’attention de tous les services intervenant dans le cadre de la gestion d’un accident nucléaire. Conformément à la doctrine ORSEC elles ne contiennent que des indications sur les objectifs à atteindre par chaque service, les moyens à mettre en œuvre, et les dispositions à prendre pour atteindre ces objectifs. Elles suivent la cinétique d’un accident nucléaire et collent aux différentes phases pouvant être observées dans l’évolution d’un accident et ses conséquences. Dans le dossier, quelqu’un à glisser une photocopie d’un article de l’est-éclair, qui raconte un exercice de PPI datant du 30 janvier 2002, avec le Préfet Stéphane BOUILLON.
Word - 43 ko
L’exercice de 2002
- « Ce n’est pas le tout, soupire Claire WANDEROILD en levant le nez de ses papiers, je crois qu’on ne coupe pas à l’appel des maires. »
La sous-préfete de Bar-sur-Aube, elle, est en communication avec les pompiers de Troyes. Ils sont bien embarrassés pour choisir le lieu d’installation du PC opérationnel. Ce poste de commandement est autrement plus important que le PC fixe. Il doit se trouver au plus près du lieu de l’accident et regrouper les responsables départementaux des opérations de secours aux populations, ainsi que les grands chefs parisiens des services spécialisés, dès qu’ils seront à pied d’œuvre.
- « Je peux difficilement choisir un endroit pour le PC opérationnel, dit le commandant des pompiers, tant que les voitures NBC n’ont pas effectué leurs relevés atmosphériques. On pourrait le placer à l’espace Michel BAROIN, mais si cette partie de la ville est contaminée, cela devient impossible.
- Et une caravane mobile ?
- Oui. Je vais voir ça avec le CODISC, on doit pouvoir s’arranger avec l’armée. Mais je pense, vu la direction du vent qui souffle vers l’ouest, que tout Nogent n’a pas été touché. Deux équipes de mesure partent à l’instant, elles vont baliser les zones contaminées dans la ville, en commençant par aller voir autour de la caserne. Dans trois quarts d’heure nous serons fixés. »
- Le téléphone sonne.
- « Qu’est-ce que c’est encore ?
- C’est le standard. J’ai un journaliste en ligne, que dois-je lui répondre ? » N’importe quoi, mais pas la presse ! Pas déjà ! Quelles sont les consignes ? Ah oui, la transparence… La transparence de l’information, la dernière circulaire y fait allusion, ainsi que le Plan. D’après les documents, une salle réservée aux journalistes est même prévue dans le PC fixe.
- « Si ça se trouve, Paris n’a pas encore adopté de stratégie concernant l’information sur cet accident. Si je réponds à ce type, je risque de faire une gaffe. « Qu’est-ce qu’il sait déja au juste ?
- Il dit qu’il connaît bien Nogent, et qu’il pense qu’il y a trop d’agitation autour de la centrale nucléaire. Et en plus la centrale ne répond pas au téléphone ! Je lui ai dit qu’à cette heure de la nuit c’était plutôt normal.
- Vous n’en avez pas dit davantage ?
- Non.
- Dites-lui que vous êtes seul de permanence ce soir. Envoyez-le paître ! » « Bof, un journaliste de l’est-éclair, ce n’est pas bien important ! »
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Nan mais la sérieux, faudrai penser à se branler plutot que de faire de la merde sur internenette....
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 23 - "un pompier, c’est moins con qu’un bureaucrate."
par Michel Gueritte
mardi 26 - 3 h 15 - Nogent-sur-Seine, centre-ville
Erreur. A Nogent-sur-Seine, Christophe Levert est le journaliste incontournable. Il déteste être éconduit. Il ne se décourage pas. Il appelle les pompiers de Troyes.
Il roulait tranquillement sur la route de Paris lorsqu’une voiture surmontée d’un gyrophare a surgi devant lui, l’obligeant à une embardée dangereuse. Elle fonçait au milieu de la chaussée, pleins phares, à une vitesse folle. Le passager du journaliste a eu le temps de remarquer la couleur sombre du véhicule. Ce n’était donc pas une ambulance. Pourquoi rouler si vite, se sont demandé les deux hommes ?
Christophe Levert est surpris par la forêt de phares jaunes…Tant d’animation à cette heure ? De plus en plus intrigué par cette arrivée ininterrompue de personnel en pleine nuit, il est resté dans sa voiture, laissant le moteur pour ne point ralentir le chauffage. S’approchant à pied de la guérite des gardiens, il a frappé au carreau. Une voix précipitée a répondu dans l’interphone de déguerpir au plus vite. Fouillant dans son manteau, Christophe a trouvé son portefeuille, exhibé une carte de presse qu’il conserve toujours sur lui par principe, et exigé qu’on lui explique la raison de cette agitation. Derrière la porte vitrée, les gardiens ont discuté, et réitéré l’ordre par l’interphone.
Vaguement inquiet, Christophe s’est éloigné, la tête levée vers le sommet des tours de refroidissement. Une seule vomissait encore sa vapeur. Il est rentré chez lui. Dans son répertoire, le numéro de téléphone de la centrale figure toujours en bonne place. David a composé le numéro – occupé - puis celui de la préfecture de Troyes. Chou blanc !
Christophe Levert ne manque jamais une réunion municipale ayant trait à l’exploitation de la centrale nucléaire. Il ne néglige aucune des visites organisées par EDF à l’intention des populations. Il n’a pas oublié l’avalanche de questions posées par les anti-nucléaires lors de la dernière réunion publique de la CLI de Nogent, à l’Agora Michel Baroin.
Si le plan particulier d’intervention est déclenché, les pompiers sont automatiquement au courant. Christophe le sait. « A priori, murmure t-il en laissant sonner, un pompier, c’est moins con qu’un bureaucrate. » Blême, il repose le combiné. Si ce que vient de lui raconter le commandant est exact, il est déjà contaminé, et la ville de Nogent ne doit pas valoir beaucoup mieux.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 3 h 15 - Nogent-sur-Seine, centre-ville
Erreur. A Nogent-sur-Seine, Christophe Levert est le journaliste incontournable. Il déteste être éconduit. Il ne se décourage pas. Il appelle les pompiers de Troyes.
Il roulait tranquillement sur la route de Paris lorsqu’une voiture surmontée d’un gyrophare a surgi devant lui, l’obligeant à une embardée dangereuse. Elle fonçait au milieu de la chaussée, pleins phares, à une vitesse folle. Le passager du journaliste a eu le temps de remarquer la couleur sombre du véhicule. Ce n’était donc pas une ambulance. Pourquoi rouler si vite, se sont demandé les deux hommes ?
Christophe Levert est surpris par la forêt de phares jaunes…Tant d’animation à cette heure ? De plus en plus intrigué par cette arrivée ininterrompue de personnel en pleine nuit, il est resté dans sa voiture, laissant le moteur pour ne point ralentir le chauffage. S’approchant à pied de la guérite des gardiens, il a frappé au carreau. Une voix précipitée a répondu dans l’interphone de déguerpir au plus vite. Fouillant dans son manteau, Christophe a trouvé son portefeuille, exhibé une carte de presse qu’il conserve toujours sur lui par principe, et exigé qu’on lui explique la raison de cette agitation. Derrière la porte vitrée, les gardiens ont discuté, et réitéré l’ordre par l’interphone.
Vaguement inquiet, Christophe s’est éloigné, la tête levée vers le sommet des tours de refroidissement. Une seule vomissait encore sa vapeur. Il est rentré chez lui. Dans son répertoire, le numéro de téléphone de la centrale figure toujours en bonne place. David a composé le numéro – occupé - puis celui de la préfecture de Troyes. Chou blanc !
Christophe Levert ne manque jamais une réunion municipale ayant trait à l’exploitation de la centrale nucléaire. Il ne néglige aucune des visites organisées par EDF à l’intention des populations. Il n’a pas oublié l’avalanche de questions posées par les anti-nucléaires lors de la dernière réunion publique de la CLI de Nogent, à l’Agora Michel Baroin.
Si le plan particulier d’intervention est déclenché, les pompiers sont automatiquement au courant. Christophe le sait. « A priori, murmure t-il en laissant sonner, un pompier, c’est moins con qu’un bureaucrate. » Blême, il repose le combiné. Si ce que vient de lui raconter le commandant est exact, il est déjà contaminé, et la ville de Nogent ne doit pas valoir beaucoup mieux.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
pierraug a écrit:Nan mais la sérieux, faudrai penser à se branler plutot que de faire de la merde sur internenette....
vu l'age canonique de gl il va avoir du mal sans une petite pilule bleue
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
c'est passionnant !!!!!
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 24 - "le pire est derrière nous."
par Michel Gueritte
mardi 26 - 3 h 30 - Centrale nucléaire, PC direction
Six hommes reliés au monde par un arsenal de téléphones, internet, radios, écrans... Six hommes enfermés dans un blockhaus conçu pour résister aux agressions, hermétiquement clos, en surpression par rapport à l’atmosphère extérieure, où l’air est cent fois filtré avant de parvenir dans leurs poumons. Les six hommes ignorent combien de temps ils vont devoir commander sans les voir les cent autres qui travaillent sur le site contaminé du centre de production nucléaire.
Le bloc de sécurité n’est plus seulement un abri antiatomique ultra sophistiqué, mais le poste de commandement avancé de l’organisation paramilitaire qui se met lentement en place autour de la centrale, par circonvolutions successives. Le diamètre du plus large cercle est aussi long que la distance de Troyes à Paris. Soit 130 kilomètres.
Au PCO, on commence à y voir clair, alors que le sommet parisien de l’édifice de crise reste encore provisoire. Car Eric Besson, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique, autorité de tutelle d’EDF, est pour l’instant le seul membre du gouvernement à s’être manifesté. Eric Besson a très vite été contacté en personne par un homme d’EDF.
Hervé Maillart ne se sent guère à l’aise en prenant en ligne le ministre. A vrai dire, il est même plutôt content d’être reclus dans son BDS.
- « Hélas non, monsieur le ministre. Je ne puis rien affirmer de bien précis quant à l’importance des rejets. Je suis incapable de vous dire autre chose que cela : entre une fraction de pour mille et quelques pour cent du contenu du cœur. Honnêtement, je pense que c’est assez grave. » Hervé retrouve son assurance en narrant la performance technique des hommes de quart.
- « Rassurez-vous, pour le réacteur, la situation est maîtrisée, le pire est derrière nous. Mais nous avons de graves problèmes pour l’évaluation de la contamination de l’environnement. J’ai envoyé trois équipes effectuer des relevés alentour. Elles sont rentrées bredouilles. Leurs véhicules et leur matériel de détection étant eux-mêmes trop contaminés, les mesures étaient complètement faussées. Nous avons été incapables de les interpréter ...
- « Oui, ces voitures sont toujours garées à l’extérieur. C’est normal, aucun abri n’a jamais été prévu ...
- « Non, monsieur le ministre, cela ne signifie pas pour autant que la situation soit dramatique. La brume qui enveloppe le site dépose beaucoup plus la radioactivité que ne le ferait l’air sec. Il n’est finalement pas étonnant que nos véhicules se soient trouvés dans cet état ...
- « Il faudra donc attendre que les CMIR et l’IRSN aient procédé à des relevés fiables pour chiffrer les risques encourus par les habitants ...
- « Les CMIR ? Vous savez qu’elles ont besoin d’une heure au moins pour être activées. Monsieur le ministre, ne quittez pas, s’il vous plaît. » Le responsable du PC des mouvements vient de glisser un papier à Maillart :
- « OK pour l’audioconférence. Les spécialistes seront tous en ligne dans dix minutes. » Hervé Maillart écarte les bras d’un air désespéré. Désignant le combiné, il passe une main sur son front comme pour essuyer une sueur imaginaire. Le ministre est au téléphone : quitte à perdre un temps précieux, on n’éconduit pas un homme d’Etat !
- « Écoutez, reprend le directeur, nous avons prévu d’organiser une audioconférence avec les organismes concernés. Pouvez-vous y participer… ?
- « Ah bon, vous êtes au courant ... ? Oui, c’est dommage que vous n’ayez personne sous la main pour vous établir la jonction. Nous commencerons sans vous ...
- « Pardon ? Alerter le Premier ministre ? Ce n’est pas à moi de juger. Vous êtes mieux placé que moi pour avertir le comité interministériel de la Sécurité nucléaire. Après tout, ajoute Maillart, un peu amer, le comité est rodé, puisqu’il organise régulièrement des simulations d’accident dans les centrales. Il fait même appel à des journalistes pour tester la circulation de l’information.
- « Si le point de vue international vous tracasse, je tiens à vous rassurer : notre balise météo indique un vent est-nord-est, donc pour l’instant le nuage se dirige lentement vers la vallée de la Loire, il n’a pas dû monter très haut. Quelle que soit l’importance du rejet, tout aura été dilué et dissipé avant qu’il ne soit à portée d’un instrument de mesure situé hors de France ...
- « Mais non, monsieur le ministre ! Rien à voir avec Tchernobyl ! Nous n’avons pas eu d’explosion, il n’y a aucun risque d’incendie. Rien à voir non plus avec Fukushima. Au pire, je dis bien au pire, le nuage est monté à deux cents mètres d’altitude, ou trois cents mètres au maximum. Il est rigoureusement impossible que la situation dégénère en ce sens ...
- « Bien. A tout à i’heure monsieur le ministre. » Hervé Maillart sourit en reposant le combiné. Ce nouveau ministre de l’Industrie est décidément un bien piètre spécialiste !
par Michel Gueritte
mardi 26 - 3 h 30 - Centrale nucléaire, PC direction
Six hommes reliés au monde par un arsenal de téléphones, internet, radios, écrans... Six hommes enfermés dans un blockhaus conçu pour résister aux agressions, hermétiquement clos, en surpression par rapport à l’atmosphère extérieure, où l’air est cent fois filtré avant de parvenir dans leurs poumons. Les six hommes ignorent combien de temps ils vont devoir commander sans les voir les cent autres qui travaillent sur le site contaminé du centre de production nucléaire.
Le bloc de sécurité n’est plus seulement un abri antiatomique ultra sophistiqué, mais le poste de commandement avancé de l’organisation paramilitaire qui se met lentement en place autour de la centrale, par circonvolutions successives. Le diamètre du plus large cercle est aussi long que la distance de Troyes à Paris. Soit 130 kilomètres.
Au PCO, on commence à y voir clair, alors que le sommet parisien de l’édifice de crise reste encore provisoire. Car Eric Besson, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique, autorité de tutelle d’EDF, est pour l’instant le seul membre du gouvernement à s’être manifesté. Eric Besson a très vite été contacté en personne par un homme d’EDF.
Hervé Maillart ne se sent guère à l’aise en prenant en ligne le ministre. A vrai dire, il est même plutôt content d’être reclus dans son BDS.
- « Hélas non, monsieur le ministre. Je ne puis rien affirmer de bien précis quant à l’importance des rejets. Je suis incapable de vous dire autre chose que cela : entre une fraction de pour mille et quelques pour cent du contenu du cœur. Honnêtement, je pense que c’est assez grave. » Hervé retrouve son assurance en narrant la performance technique des hommes de quart.
- « Rassurez-vous, pour le réacteur, la situation est maîtrisée, le pire est derrière nous. Mais nous avons de graves problèmes pour l’évaluation de la contamination de l’environnement. J’ai envoyé trois équipes effectuer des relevés alentour. Elles sont rentrées bredouilles. Leurs véhicules et leur matériel de détection étant eux-mêmes trop contaminés, les mesures étaient complètement faussées. Nous avons été incapables de les interpréter ...
- « Oui, ces voitures sont toujours garées à l’extérieur. C’est normal, aucun abri n’a jamais été prévu ...
- « Non, monsieur le ministre, cela ne signifie pas pour autant que la situation soit dramatique. La brume qui enveloppe le site dépose beaucoup plus la radioactivité que ne le ferait l’air sec. Il n’est finalement pas étonnant que nos véhicules se soient trouvés dans cet état ...
- « Il faudra donc attendre que les CMIR et l’IRSN aient procédé à des relevés fiables pour chiffrer les risques encourus par les habitants ...
- « Les CMIR ? Vous savez qu’elles ont besoin d’une heure au moins pour être activées. Monsieur le ministre, ne quittez pas, s’il vous plaît. » Le responsable du PC des mouvements vient de glisser un papier à Maillart :
- « OK pour l’audioconférence. Les spécialistes seront tous en ligne dans dix minutes. » Hervé Maillart écarte les bras d’un air désespéré. Désignant le combiné, il passe une main sur son front comme pour essuyer une sueur imaginaire. Le ministre est au téléphone : quitte à perdre un temps précieux, on n’éconduit pas un homme d’Etat !
- « Écoutez, reprend le directeur, nous avons prévu d’organiser une audioconférence avec les organismes concernés. Pouvez-vous y participer… ?
- « Ah bon, vous êtes au courant ... ? Oui, c’est dommage que vous n’ayez personne sous la main pour vous établir la jonction. Nous commencerons sans vous ...
- « Pardon ? Alerter le Premier ministre ? Ce n’est pas à moi de juger. Vous êtes mieux placé que moi pour avertir le comité interministériel de la Sécurité nucléaire. Après tout, ajoute Maillart, un peu amer, le comité est rodé, puisqu’il organise régulièrement des simulations d’accident dans les centrales. Il fait même appel à des journalistes pour tester la circulation de l’information.
- « Si le point de vue international vous tracasse, je tiens à vous rassurer : notre balise météo indique un vent est-nord-est, donc pour l’instant le nuage se dirige lentement vers la vallée de la Loire, il n’a pas dû monter très haut. Quelle que soit l’importance du rejet, tout aura été dilué et dissipé avant qu’il ne soit à portée d’un instrument de mesure situé hors de France ...
- « Mais non, monsieur le ministre ! Rien à voir avec Tchernobyl ! Nous n’avons pas eu d’explosion, il n’y a aucun risque d’incendie. Rien à voir non plus avec Fukushima. Au pire, je dis bien au pire, le nuage est monté à deux cents mètres d’altitude, ou trois cents mètres au maximum. Il est rigoureusement impossible que la situation dégénère en ce sens ...
- « Bien. A tout à i’heure monsieur le ministre. » Hervé Maillart sourit en reposant le combiné. Ce nouveau ministre de l’Industrie est décidément un bien piètre spécialiste !
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Continue Georges, plus que 30 pages et anestel est battue !
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
pinocio a écrit:Continue Georges, plus que 30 pages et anestel est battue !
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
moi je lis plus son truc à GL
je suis à 20 bornes de la centrale et il me fout les chtons avec son feuilleton d'horreur
je suis à 20 bornes de la centrale et il me fout les chtons avec son feuilleton d'horreur
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
jack77, GL est a 12/15 bornes de nogent, mais il ne sais pas trop comment exprimer son amour pour cet édifice et cette techno, surtout sa grande frustration de 'avoir été embauché dans cette centrale
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
ouais ben il est quand même pas rassurant
supposons que GL soit un "Nostradamus" du nucléaire
il va arriver à nous la faire péter la cocotte avec ses visions d'horreur
supposons que GL soit un "Nostradamus" du nucléaire
il va arriver à nous la faire péter la cocotte avec ses visions d'horreur
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
c'est sur que c'est pas rassurant son récit mais bon.....y a pas mal de choses aussi dangereuses dans le 77, grandpuits et autres lieux CVO2, si ça pètes ça ferait très mal.
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
merci Paskal !!!
me voilà maintenant pris en sandweech
t'as pas un petit seveso qui traine au nord histoire de??
me voilà maintenant pris en sandweech
t'as pas un petit seveso qui traine au nord histoire de??
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
j ai une verrerie a 2km' émerainville, une boite de chez plus quoi a ozoir la ferrière.
une usine de chlore au mesnil amelot....la liste est longue
ah j’oubliai les silo a grain sont aussi sévéso, idem sucreries
une usine de chlore au mesnil amelot....la liste est longue
ah j’oubliai les silo a grain sont aussi sévéso, idem sucreries
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 25 - "nous sommes confrontés à une situation de type Tchernobyl"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 03 h 40 – Paris : VIlle, IXe, XVe arrondissements. Fontenay-aux-Roses et Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Le Vésinet (Yvelines). Troyes (Aube)
L’étrange audioconférence débute au milieu de la nuit. Certains se connaissent ou se sont déjà rencontrés. Le directeur de la centrale de Nogent les a vus plusieurs fois ; jamais il ne leur a longuement parlé. Seul le patron de l’IRSN est connu de tous. Il aurait été surprenant qu’un de ces services soit pris de court par un accident, grave ou non. Régulièrement, des exercices d’appels inopinés testent le répondant des spécialistes d’astreintes. Plus rarement, des simulations d’accidents beaucoup moins importants que celui d’aujourd’hui sont imposées aux centrales nucléaires. Seul le déclenchement du plan ORSEC n’est jamais testé, tant il est impossible de simuler grandeur nature les réactions et les mouvements de la population. Mais, pompiers, gendarmes et militaires s’entraînent dans leur coin.
L’heure tourne inexorablement. Dans quatre heures, le jour sera levé. A défaut d’être enrayé, le drame qui s’annonce devra être maîtrisé. Nul ne songe à économiser le temps pris à discuter. Des décisions de cette nuit dépendront les événements à venir.
Depuis 02 h 30, les rejets radioactifs dans l’environnement ont pratiquement cessé. En gros, tout va bien dans l’enceinte du réacteur. La procédure de mise en arrêt à froid se déroule correctement…
- « Y a-t-il un risque d’explosion à cause du dégagement d’hydrogène dans l’enceinte ? demande Martial Jorel, le directeur de la sûreté des réacteurs à l’IRSN.
- Non, plus maintenant, répond simplement Hervé Maillart.
- Vous parlez d’explosion dans le cœur ? Si je comprends bien, nous sommes confrontés à une situation de type Tchernobyl... » Hervé Maillart reconnaît immédiatement la voix du ministre. De toute façon, le caractère naïf de la remarque indique à lui seul que Eric Besson vient d’arriver.
- « Le confinement de la radioactivité est rompu, n’est-ce pas ? On ne m’avait jamais informé que cela pouvait se passer si soudainement.
- Monsieur le ministre, répond Martial Jorel, vous avez raison, nous avons été surpris par l’événement qui n’entre dans aucune de nos classifications. Il a fallu improviser Mais remarquez une chose : une heure après son déclenchement, l’accident était jugulé. Les Russes, eux, ont mis plusieurs jours à stopper le torrent de radioactivité à Tchernobyl. »
Chapeau ! pensent en un bel ensemble les intervenants. Jorel sait comment tenir son ministre. Étouffant un soupir d’agacement, Maillart, qui aimerait pouvoir dire à ce haut personnage de les laisser travailler tranquillement, enchaîne sur l’obstruction de la tuyauterie de vapeur. Certes, les rejets massifs ont cessé, mais les petits écoulements sporadiques accroissent le risque radioactif sur le site.
- « Nous allons introduire une baudruche dans le tuyau, juste en amont de la déchirure. Une fois cette baudruche gonflée, les fuites résiduelles seront stoppées. Nous aurons alors le temps de démonter la paroi de tôle qui protège les tuyauteries des intempéries, puis de couper la canalisation proprement pour souder un bouchon de métal. »
La discussion a tourné autour de la plomberie... Chacun se représente fort bien la topographie des lieux. Lorsque les ouvriers atteindront la brèche, ils auront déjà reçu une irradiation supérieure à la « dose exceptionnelle concertée » autorisée par les règlements.
- « Nous n’envisageons pas de faire travailler les hommes dans des conditions qui rappelleraient celles dont ont dû se satisfaire les équipes soviétiques, coupe Maillart, rassurant. Les Russes nous ont montré tout l’avantage qu’il y avait à opérer avec des hélicoptères. Si nous pouvons disposer dès ce matin d’un hélico lourd, et d’une demi-douzaine à partir du lendemain ...
- Je vous arrête ! » Le ministre est affolé. Un ballet d’hélicoptères risque d’évoquer pour la population le spectre de Tchernobyl.
- « On ne peut pas s’arranger avec des moyens blindés terrestres, des robots, des engins télécommandés ? » A la direction d’EDF, on lève les yeux au ciel et on explique l’urgence au ministre ! Demain, il peut pleuvoir : comment justifier auprès de l’opinion publique un excès de précautions qui pourrait retarder le nettoyage du site ? D’ailleurs, il a déjà réquisitionné une équipe de tôliers et de chaudronniers pour réaliser une nacelle bardée de plomb. Elle sera treuillée par un hélicoptère.
- « Je n’entre pas dans les détails, monsieur le ministre. Demain vous verrez tous les intervenants à l’œuvre. »
Laconique, le responsable d’astreinte au CEA signale qu’il a déjà contacté l’état-major de la Marine nationale, qui possède des hélicoptères capables de soulever des charges extrêmement lourdes. Il sera même possible de blinder le plancher des appareils pour protéger les pilotes et les passagers des radiations éventuelles.
- « Bien. Il est temps de nous occuper des problèmes du site », reprend le directeur. Dans les endroits les plus touchés, la contamination dépasse plusieurs curies au mètre carré.
- « Parlez en becquerels, crie le responsable de l’IRSN. - Pardon, vous avez raison, on s’emmêle assez vite avec les facteurs de conversion. »
Beaucoup se souviennent : lors de sa première apparition à la télévision française, peu après l’accident de Tchernobyl, le Professeur Pellerin avait surpris les téléspectateurs, lesquels d’ailleurs n’y comprenaient rien. Il éprouvait quelques difficultés à passer des curies aux becquerels et vice versa, comme ces gens qui ne savent pas encore compter en euros.
- « Donc, plus de cent milliards de becquerels. Et encore, je ne parle pas du voisinage de la brèche, où les niveaux sont plus élevés. Inutile de vous dire que nous sommes débordés. La situation nous impose d’envoyer des types sans dosimétrie préalable. Nous ne connaîtrons les doses reçues par nos agents qu’après développement de leurs films... si ces derniers ne sont pas saturés. »
Un silence de mort accueille l’exposé. Chacun réalise l’effroyable dilemme qui se pose à la direction de la centrale. Qui peut continuer à s’exposer ? Sur quels critères fonder la décision : la situation de famille, l’âge, la spécialisation ? Jusqu’à quand retarder l’exécution de certaines tâches ? La direction parisienne d’EDF risque une diversion en assurant que toutes les ressources humaines et techniques disponibles dans les centres de production et de recherche vont converger vers Nogent dans les heures prochaines. L’acheminement de baraquements pour accueillir tout le monde est en préparation. Deux délégués de l’équipe de crise se préparent à partir pour épauler les Nogentais.
- « Messieurs, s’excuse Eric Besson, je suis obligé de vous laisser quelques instants. Il semble que le ministre de l’Intérieur ait une information capitale au sujet de l’accident dont la centrale nucléaire vient d’être l’objet. »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 03 h 40 – Paris : VIlle, IXe, XVe arrondissements. Fontenay-aux-Roses et Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Le Vésinet (Yvelines). Troyes (Aube)
L’étrange audioconférence débute au milieu de la nuit. Certains se connaissent ou se sont déjà rencontrés. Le directeur de la centrale de Nogent les a vus plusieurs fois ; jamais il ne leur a longuement parlé. Seul le patron de l’IRSN est connu de tous. Il aurait été surprenant qu’un de ces services soit pris de court par un accident, grave ou non. Régulièrement, des exercices d’appels inopinés testent le répondant des spécialistes d’astreintes. Plus rarement, des simulations d’accidents beaucoup moins importants que celui d’aujourd’hui sont imposées aux centrales nucléaires. Seul le déclenchement du plan ORSEC n’est jamais testé, tant il est impossible de simuler grandeur nature les réactions et les mouvements de la population. Mais, pompiers, gendarmes et militaires s’entraînent dans leur coin.
L’heure tourne inexorablement. Dans quatre heures, le jour sera levé. A défaut d’être enrayé, le drame qui s’annonce devra être maîtrisé. Nul ne songe à économiser le temps pris à discuter. Des décisions de cette nuit dépendront les événements à venir.
Depuis 02 h 30, les rejets radioactifs dans l’environnement ont pratiquement cessé. En gros, tout va bien dans l’enceinte du réacteur. La procédure de mise en arrêt à froid se déroule correctement…
- « Y a-t-il un risque d’explosion à cause du dégagement d’hydrogène dans l’enceinte ? demande Martial Jorel, le directeur de la sûreté des réacteurs à l’IRSN.
- Non, plus maintenant, répond simplement Hervé Maillart.
- Vous parlez d’explosion dans le cœur ? Si je comprends bien, nous sommes confrontés à une situation de type Tchernobyl... » Hervé Maillart reconnaît immédiatement la voix du ministre. De toute façon, le caractère naïf de la remarque indique à lui seul que Eric Besson vient d’arriver.
- « Le confinement de la radioactivité est rompu, n’est-ce pas ? On ne m’avait jamais informé que cela pouvait se passer si soudainement.
- Monsieur le ministre, répond Martial Jorel, vous avez raison, nous avons été surpris par l’événement qui n’entre dans aucune de nos classifications. Il a fallu improviser Mais remarquez une chose : une heure après son déclenchement, l’accident était jugulé. Les Russes, eux, ont mis plusieurs jours à stopper le torrent de radioactivité à Tchernobyl. »
Chapeau ! pensent en un bel ensemble les intervenants. Jorel sait comment tenir son ministre. Étouffant un soupir d’agacement, Maillart, qui aimerait pouvoir dire à ce haut personnage de les laisser travailler tranquillement, enchaîne sur l’obstruction de la tuyauterie de vapeur. Certes, les rejets massifs ont cessé, mais les petits écoulements sporadiques accroissent le risque radioactif sur le site.
- « Nous allons introduire une baudruche dans le tuyau, juste en amont de la déchirure. Une fois cette baudruche gonflée, les fuites résiduelles seront stoppées. Nous aurons alors le temps de démonter la paroi de tôle qui protège les tuyauteries des intempéries, puis de couper la canalisation proprement pour souder un bouchon de métal. »
La discussion a tourné autour de la plomberie... Chacun se représente fort bien la topographie des lieux. Lorsque les ouvriers atteindront la brèche, ils auront déjà reçu une irradiation supérieure à la « dose exceptionnelle concertée » autorisée par les règlements.
- « Nous n’envisageons pas de faire travailler les hommes dans des conditions qui rappelleraient celles dont ont dû se satisfaire les équipes soviétiques, coupe Maillart, rassurant. Les Russes nous ont montré tout l’avantage qu’il y avait à opérer avec des hélicoptères. Si nous pouvons disposer dès ce matin d’un hélico lourd, et d’une demi-douzaine à partir du lendemain ...
- Je vous arrête ! » Le ministre est affolé. Un ballet d’hélicoptères risque d’évoquer pour la population le spectre de Tchernobyl.
- « On ne peut pas s’arranger avec des moyens blindés terrestres, des robots, des engins télécommandés ? » A la direction d’EDF, on lève les yeux au ciel et on explique l’urgence au ministre ! Demain, il peut pleuvoir : comment justifier auprès de l’opinion publique un excès de précautions qui pourrait retarder le nettoyage du site ? D’ailleurs, il a déjà réquisitionné une équipe de tôliers et de chaudronniers pour réaliser une nacelle bardée de plomb. Elle sera treuillée par un hélicoptère.
- « Je n’entre pas dans les détails, monsieur le ministre. Demain vous verrez tous les intervenants à l’œuvre. »
Laconique, le responsable d’astreinte au CEA signale qu’il a déjà contacté l’état-major de la Marine nationale, qui possède des hélicoptères capables de soulever des charges extrêmement lourdes. Il sera même possible de blinder le plancher des appareils pour protéger les pilotes et les passagers des radiations éventuelles.
- « Bien. Il est temps de nous occuper des problèmes du site », reprend le directeur. Dans les endroits les plus touchés, la contamination dépasse plusieurs curies au mètre carré.
- « Parlez en becquerels, crie le responsable de l’IRSN. - Pardon, vous avez raison, on s’emmêle assez vite avec les facteurs de conversion. »
Beaucoup se souviennent : lors de sa première apparition à la télévision française, peu après l’accident de Tchernobyl, le Professeur Pellerin avait surpris les téléspectateurs, lesquels d’ailleurs n’y comprenaient rien. Il éprouvait quelques difficultés à passer des curies aux becquerels et vice versa, comme ces gens qui ne savent pas encore compter en euros.
- « Donc, plus de cent milliards de becquerels. Et encore, je ne parle pas du voisinage de la brèche, où les niveaux sont plus élevés. Inutile de vous dire que nous sommes débordés. La situation nous impose d’envoyer des types sans dosimétrie préalable. Nous ne connaîtrons les doses reçues par nos agents qu’après développement de leurs films... si ces derniers ne sont pas saturés. »
Un silence de mort accueille l’exposé. Chacun réalise l’effroyable dilemme qui se pose à la direction de la centrale. Qui peut continuer à s’exposer ? Sur quels critères fonder la décision : la situation de famille, l’âge, la spécialisation ? Jusqu’à quand retarder l’exécution de certaines tâches ? La direction parisienne d’EDF risque une diversion en assurant que toutes les ressources humaines et techniques disponibles dans les centres de production et de recherche vont converger vers Nogent dans les heures prochaines. L’acheminement de baraquements pour accueillir tout le monde est en préparation. Deux délégués de l’équipe de crise se préparent à partir pour épauler les Nogentais.
- « Messieurs, s’excuse Eric Besson, je suis obligé de vous laisser quelques instants. Il semble que le ministre de l’Intérieur ait une information capitale au sujet de l’accident dont la centrale nucléaire vient d’être l’objet. »
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
paskal a écrit:j ai une verrerie a 2km' émerainville, une boite de chez plus quoi a ozoir la ferrière.
une usine de chlore au mesnil amelot....la liste est longue
ah j’oubliai les silo a grain sont aussi sévéso, idem sucreries
Les silos à grains sont en Seveso depuis la catastrophe de Blaye en Aout 97 qui avait fait 11 morts. Ce silo était un silo de transfert avec de nombreux mouvements de céréales. Ce qui s’est passer c'est qu'un palier de filtre à manche à chauffer provoquant la première explosion. Les couloirs étant couvert d'une épaisse couche de poussière, le mélange air poussière est devenu explosif pour l'ensemble du bâtiment.
Pourtant malgré le drame, les conséquences sont sans aucune commune mesure avec un accident nucléaire.
Pour l'usine de chlore, elle est bien au bout des piste de Roissy je crois. Les aéroports parisiens, c'est 1200 à 1500 mouvements jours.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 26 - "un sabotage à l’intérieur d’un réacteur, c’est de la folie"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 4 h 15 - Ministère de l’Industrie
Un accident ? Jamais de la vie ! Plutôt un sabotage : en quelques mots, le ministre de l’Intérieur résume à son collègue les éléments dont vient de lui faire part la DCN, la direction des centrales nucléaires, une des branches de l’ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire.
- « C’est impossible, balbutie Eric Besson. Je sais bien que les gens d’EDF n’expliquent pas cette rupture soudaine de leurs circuits de refroidissement. Mais de là à envisager l’acte de malveillance, il y a un monde ! Vous n’allez pas me dire que vous avez des soupçons sur Kadhafi ? Les Corses ? L’ETA ? Les Ecologistes qui manifestaient cet après-midi place de l ‘Eglise à Nogent ? L’équipe de Complément d’enquête ou de france3 Champagne-Ardenne ? Pourquoi pas Guéritte : après les menaces d’incendier les 21 mairies du canton de Soulaines, il pourrait s’en prendre aux centrales ?
- Écoutez mon vieux, personnellement vous n’étiez peut-être pas au courant, mais votre ministère, lui, a des experts au sein de l’ASN. Il a été alerté, comme tous les ministères concernés, de la surveillance particulière dont Nogent faisait l’objet, depuis que le Service du renseignement nucléaire a intercepté une communication louche grâce à ses écoutes téléphoniques.
- Enfin, un sabotage à l’intérieur d’un réacteur, c’est de la folie, c’est ridicule ! On a toujours dit que le terrorisme ne pouvait en aucun cas atteindre les centrales nucléaires. Je me souviens encore de Charles Pasqua aux « Dossiers de l’écran », en ... attendez, en 1987, lorsqu’il affirmait que la protection des centrales empêchait rigoureusement toute attaque ou infiltration. Sérieusement vous soupçonnez qui ?
- Personne pour l’instant. Certainement pas les Proche-Orientaux. La SDAT, (la Sous-direction anti-terroriste, surveille les réseaux antinucléaires, en tout cas ce qu’il en reste. Cette semaine, il a passé au peigne fin les antécédents des hommes employés par la société privée de gardiennage à la centrale nucléaire. Ces vérifications vont être plus longues en ce qui concerne les agents EDF qui travaillent en zone contrôlée. C’est bien l’expression qui convient, n’est-ce pas ? Il y en a plusieurs centaines, ce n’est pas simple. La police est en train d’établir la liste du personnel à interroger.
- Vous rêvez, ou quoi ? Je ne sais pas comment vous avez été mis au courant de ce qui s’est passé cette nuit ... Oui, naturellement, par le CODISC, mais on a dû oublier de vous avertir que la région était salement contaminée. Je vois mal des policiers procéder à des interrogatoires, voire à des interpellations, dans le foutoir qui s’annonce pour la matinée.
- Pardon ! Le CODISC est sous mon autorité, je suis parfaitement au courant. Mais la police était informée avant la Sécurité civile, puisque qu’elle a été prévenue de l’explosion. »
Cette fois, Eric Besson ne comprend plus rien. Une explosion ? Rapidement, le ministre de l’Intérieur lui raconte la ronde des deux inspecteurs préposés cette nuit à la surveillance du site. Les policiers sont formels : ils ont entendu un bruit terrible, et trop attendu malheureusement avant d’avertir leurs supérieurs hiérarchiques. Le ministre de l’Industrie s’est repris. Perfide, sachant qu’il tient là une minuscule revanche sur son collègue visiblement ravi de le surprendre, il assène :
- « Vos policiers sont restés une demi-heure à contempler la centrale comme des ânes ? Voilà qui est fâcheux pour eux. J’espère qu’ils sont à l’hôpital à l’heure présente.
- Pardon ?
- Bon, dans ce cas je suppose qu’ils sont place Beauvau, dans vos locaux. Si vous avez des douches, collez-les dessous, et demandez au plus vite au CODISC une équipe de décontamination. Tant pour l’intérieur de vos bureaux que pour le parking où se trouve leur voiture. Tenez-moi au courant des suites de votre enquête. Merci. »
Sidéré, le ministre de l’Intérieur n’a pas répondu. Il ne croit pas un mot de cette histoire de sabotage, même s’il entrevoit là une façon astucieuse de parer aux attaques dont la technologie nucléaire ne va pas tarder à faire l’objet.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 4 h 15 - Ministère de l’Industrie
Un accident ? Jamais de la vie ! Plutôt un sabotage : en quelques mots, le ministre de l’Intérieur résume à son collègue les éléments dont vient de lui faire part la DCN, la direction des centrales nucléaires, une des branches de l’ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire.
- « C’est impossible, balbutie Eric Besson. Je sais bien que les gens d’EDF n’expliquent pas cette rupture soudaine de leurs circuits de refroidissement. Mais de là à envisager l’acte de malveillance, il y a un monde ! Vous n’allez pas me dire que vous avez des soupçons sur Kadhafi ? Les Corses ? L’ETA ? Les Ecologistes qui manifestaient cet après-midi place de l ‘Eglise à Nogent ? L’équipe de Complément d’enquête ou de france3 Champagne-Ardenne ? Pourquoi pas Guéritte : après les menaces d’incendier les 21 mairies du canton de Soulaines, il pourrait s’en prendre aux centrales ?
- Écoutez mon vieux, personnellement vous n’étiez peut-être pas au courant, mais votre ministère, lui, a des experts au sein de l’ASN. Il a été alerté, comme tous les ministères concernés, de la surveillance particulière dont Nogent faisait l’objet, depuis que le Service du renseignement nucléaire a intercepté une communication louche grâce à ses écoutes téléphoniques.
- Enfin, un sabotage à l’intérieur d’un réacteur, c’est de la folie, c’est ridicule ! On a toujours dit que le terrorisme ne pouvait en aucun cas atteindre les centrales nucléaires. Je me souviens encore de Charles Pasqua aux « Dossiers de l’écran », en ... attendez, en 1987, lorsqu’il affirmait que la protection des centrales empêchait rigoureusement toute attaque ou infiltration. Sérieusement vous soupçonnez qui ?
- Personne pour l’instant. Certainement pas les Proche-Orientaux. La SDAT, (la Sous-direction anti-terroriste, surveille les réseaux antinucléaires, en tout cas ce qu’il en reste. Cette semaine, il a passé au peigne fin les antécédents des hommes employés par la société privée de gardiennage à la centrale nucléaire. Ces vérifications vont être plus longues en ce qui concerne les agents EDF qui travaillent en zone contrôlée. C’est bien l’expression qui convient, n’est-ce pas ? Il y en a plusieurs centaines, ce n’est pas simple. La police est en train d’établir la liste du personnel à interroger.
- Vous rêvez, ou quoi ? Je ne sais pas comment vous avez été mis au courant de ce qui s’est passé cette nuit ... Oui, naturellement, par le CODISC, mais on a dû oublier de vous avertir que la région était salement contaminée. Je vois mal des policiers procéder à des interrogatoires, voire à des interpellations, dans le foutoir qui s’annonce pour la matinée.
- Pardon ! Le CODISC est sous mon autorité, je suis parfaitement au courant. Mais la police était informée avant la Sécurité civile, puisque qu’elle a été prévenue de l’explosion. »
Cette fois, Eric Besson ne comprend plus rien. Une explosion ? Rapidement, le ministre de l’Intérieur lui raconte la ronde des deux inspecteurs préposés cette nuit à la surveillance du site. Les policiers sont formels : ils ont entendu un bruit terrible, et trop attendu malheureusement avant d’avertir leurs supérieurs hiérarchiques. Le ministre de l’Industrie s’est repris. Perfide, sachant qu’il tient là une minuscule revanche sur son collègue visiblement ravi de le surprendre, il assène :
- « Vos policiers sont restés une demi-heure à contempler la centrale comme des ânes ? Voilà qui est fâcheux pour eux. J’espère qu’ils sont à l’hôpital à l’heure présente.
- Pardon ?
- Bon, dans ce cas je suppose qu’ils sont place Beauvau, dans vos locaux. Si vous avez des douches, collez-les dessous, et demandez au plus vite au CODISC une équipe de décontamination. Tant pour l’intérieur de vos bureaux que pour le parking où se trouve leur voiture. Tenez-moi au courant des suites de votre enquête. Merci. »
Sidéré, le ministre de l’Intérieur n’a pas répondu. Il ne croit pas un mot de cette histoire de sabotage, même s’il entrevoit là une façon astucieuse de parer aux attaques dont la technologie nucléaire ne va pas tarder à faire l’objet.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 27 - "trois millions de curies dans le fleuve."
par Michel Gueritte
mardi 26 - 4 h 30 - Audioconférence, suite
Le temps presse, les participants en ont conscience. Mais l’absence temporaire des responsables n’empêche pas la mise en œuvre du plan ORSEC. Les rouages des institutions, à défaut d’être rodés par la pratique, sont huilés. Pendant que les spécialistes sont en audioconférence, les pompiers radiologistes foncent vers Nogent, les équipes du ministère de la Santé rejoignent leur base du Vésinet, l’installation du PC fixe en préfecture avance.
JPEG - 118 ko
Les gendarmes de l’Aube et de Seine-et-Marne commencent à >poser des barrages sur les routes.
L’observation de la météo a permis au CODISC de constater avec horreur que le vent allait tourner dans la matinée. Le nuage radioactif abandonnera sa dérive vers les pays de Loire pour remonter vers l’agglomération parisienne. Les préfectures de l’Essonne et du Val-de-Marne sont aussitôt placées en pré-alerte.
JPEG - 229.7 ko
Depuis le début de l’audioconférence, le sous-préfet se demande pourquoi personne n’aborde le sujet de l’évacuation des populations. Il n’a pas osé interrompre les débats. La question se pose :
- « Il est trop tard pour envisager une évacuation préventive des populations les plus proches de la centrale, le nuage est déjà passé. Il a déjà parcouru une vingtaine de kilomètres. Evacuer juste avant son arrivée serait une folie. La seule solution est le confinement à domicile. Et il est trop tôt pour savoir si nous évacuerons les communes contaminées, car nous ignorons l’importance des dépôts. »
Combien de temps ces prétendus spécialistes vont encore pleurer sur l’absence de mesures.
Les résultats des premières analyses effectuées dans le « labo chaud » du bâtiment des auxiliaires nucléaires viennent de parvenir à Hervé Maillart. Celui-ci signale alors, sur un ton relativement neutre, qu’il est peut-être temps d’alerter les compagnies de production d’eau potable. Car des centaines de mètres cubes d’eau contaminée se sont écoulés par la brèche, la plupart ont gagné le fleuve par les caniveaux d’évacuation des eaux de pluie.
- « J’ai ici quelques estimations, mais je ne sais pas si nous avons le temps de...
- Ah, mais si, nous avons le temps ! »
Au CODISC, c’est la stupeur : va-t-il falloir organiser un approvisionnement parallèle de la région parisienne en eau potable ? Réquisitionner les camions-citernes de toute la France ? Hervé Maillart s’arme de courage :
- « Huit cents mètres cubes d’eau contaminée sont partis dans la Seine. En recoupant cette quantité avec la composition du dernier prélèvement, et celle du contenu du GV 4, nous savons que cette eau contenait environ cinq curies par litre.
« Ce qui donne un total de trois millions de curies dans le fleuve.
- Mon Dieu ! De curies, vous dites ? Ça fait des milliards de becquerels ... » Eric Besson n’est pas très calé, mais l’énormité du chiffre l’épouvante.
- « Beaucoup plus, monsieur le ministre, beaucoup plus ... », laisse tomber d’un ton sinistre Martial Jorel.
D’un doigt nerveux, Hervé Maillart desserre sa cravate. Il jette un œil sur l’horloge digitale au mur du BDS.
« Messieurs, il est plus de 4h du matin. Nous avons tous du pain sur la planche. Voyez-vous un inconvénient à lever la séance ?
- Oui, dit le ministre avec un gros soupir. Nous n’avons pas abordé l’information du public, ni la question du communiqué de presse. »
mardi 26 - 4 h 35 – Troyes, dans une rue proche de la gare SNCF
Tiphaine, la journaliste de France 3 ne retrouve pas le sommeil. Elle a été réveillée en pleine nuit par Christophe LEVERT, qui savait qu’elle avait tourné dans la centrale quelques heures avant l’accident.
Tiphaine n’en revient pas. L’objectif de la caméra d’Olivier est la dernière à avoir vu la centrale en parfait état de fonctionnement. Elle se souvient des phrases du directeur Hervé Maillart si rassurant quand il parle de sécurité, et qui ne comprenait pas les discours des militants rassemblés aujourd’hui à Nogent.
Elle a une excellente mémoire. Elle voit défiler tous les plans dans sa tête. Comment va t’elle monter le sujet. Les télévisions du monde entier vont se ruer sur toutes ces images… Elle n’a jamais été confrontée à une telle situation. Elle demande à son bébé bien protégé dans son ventre d’arrêter de bouger…
- "Eh, oh ! Il faut qu’on dorme !"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 4 h 30 - Audioconférence, suite
Le temps presse, les participants en ont conscience. Mais l’absence temporaire des responsables n’empêche pas la mise en œuvre du plan ORSEC. Les rouages des institutions, à défaut d’être rodés par la pratique, sont huilés. Pendant que les spécialistes sont en audioconférence, les pompiers radiologistes foncent vers Nogent, les équipes du ministère de la Santé rejoignent leur base du Vésinet, l’installation du PC fixe en préfecture avance.
JPEG - 118 ko
Les gendarmes de l’Aube et de Seine-et-Marne commencent à >poser des barrages sur les routes.
L’observation de la météo a permis au CODISC de constater avec horreur que le vent allait tourner dans la matinée. Le nuage radioactif abandonnera sa dérive vers les pays de Loire pour remonter vers l’agglomération parisienne. Les préfectures de l’Essonne et du Val-de-Marne sont aussitôt placées en pré-alerte.
JPEG - 229.7 ko
Depuis le début de l’audioconférence, le sous-préfet se demande pourquoi personne n’aborde le sujet de l’évacuation des populations. Il n’a pas osé interrompre les débats. La question se pose :
- « Il est trop tard pour envisager une évacuation préventive des populations les plus proches de la centrale, le nuage est déjà passé. Il a déjà parcouru une vingtaine de kilomètres. Evacuer juste avant son arrivée serait une folie. La seule solution est le confinement à domicile. Et il est trop tôt pour savoir si nous évacuerons les communes contaminées, car nous ignorons l’importance des dépôts. »
Combien de temps ces prétendus spécialistes vont encore pleurer sur l’absence de mesures.
Les résultats des premières analyses effectuées dans le « labo chaud » du bâtiment des auxiliaires nucléaires viennent de parvenir à Hervé Maillart. Celui-ci signale alors, sur un ton relativement neutre, qu’il est peut-être temps d’alerter les compagnies de production d’eau potable. Car des centaines de mètres cubes d’eau contaminée se sont écoulés par la brèche, la plupart ont gagné le fleuve par les caniveaux d’évacuation des eaux de pluie.
- « J’ai ici quelques estimations, mais je ne sais pas si nous avons le temps de...
- Ah, mais si, nous avons le temps ! »
Au CODISC, c’est la stupeur : va-t-il falloir organiser un approvisionnement parallèle de la région parisienne en eau potable ? Réquisitionner les camions-citernes de toute la France ? Hervé Maillart s’arme de courage :
- « Huit cents mètres cubes d’eau contaminée sont partis dans la Seine. En recoupant cette quantité avec la composition du dernier prélèvement, et celle du contenu du GV 4, nous savons que cette eau contenait environ cinq curies par litre.
« Ce qui donne un total de trois millions de curies dans le fleuve.
- Mon Dieu ! De curies, vous dites ? Ça fait des milliards de becquerels ... » Eric Besson n’est pas très calé, mais l’énormité du chiffre l’épouvante.
- « Beaucoup plus, monsieur le ministre, beaucoup plus ... », laisse tomber d’un ton sinistre Martial Jorel.
D’un doigt nerveux, Hervé Maillart desserre sa cravate. Il jette un œil sur l’horloge digitale au mur du BDS.
« Messieurs, il est plus de 4h du matin. Nous avons tous du pain sur la planche. Voyez-vous un inconvénient à lever la séance ?
- Oui, dit le ministre avec un gros soupir. Nous n’avons pas abordé l’information du public, ni la question du communiqué de presse. »
mardi 26 - 4 h 35 – Troyes, dans une rue proche de la gare SNCF
Tiphaine, la journaliste de France 3 ne retrouve pas le sommeil. Elle a été réveillée en pleine nuit par Christophe LEVERT, qui savait qu’elle avait tourné dans la centrale quelques heures avant l’accident.
Tiphaine n’en revient pas. L’objectif de la caméra d’Olivier est la dernière à avoir vu la centrale en parfait état de fonctionnement. Elle se souvient des phrases du directeur Hervé Maillart si rassurant quand il parle de sécurité, et qui ne comprenait pas les discours des militants rassemblés aujourd’hui à Nogent.
Elle a une excellente mémoire. Elle voit défiler tous les plans dans sa tête. Comment va t’elle monter le sujet. Les télévisions du monde entier vont se ruer sur toutes ces images… Elle n’a jamais été confrontée à une telle situation. Elle demande à son bébé bien protégé dans son ventre d’arrêter de bouger…
- "Eh, oh ! Il faut qu’on dorme !"
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 28 - "Les journalistes ont des oreilles partout"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 5 h - Fin de l’audioconférence
Le ministre de l’industrie, Eric Besson, marche sur des œufs. Il va falloir jouer serré avec la presse pour n’être pas soupçonné de pratiquer la rétention d’informations. Mais comment enrayer la panique si on ne sélectionne pas un peu les renseignements donnés aux journalistes ? Le directeur de la centrale évoque encore une fois l’accident de Tchernobyl, référence décidément très prisée cette nuit.
- « Nous ne sommes pas en Ukraine, il sera impossible de justifier une interdiction totale d’approche du site.
- Bien entendu, renchérit Martial Jorel, on peut faire confiance aux journalistes pour se faufiler entre les mailles du filet de la gendarmerie. Les plus malins consulteront la météo pour éviter les zones dangereuses, mais certains bêtement passeront en plein dedans. Il vaut mieux les canaliser vers un lieu hors de portée des radiations, bien en vue du site, pas trop près, et sous un angle qui ne permette pas de distinguer tout ce que vous serez amenés à entreprendre dans la partie la plus touchée.
- Je vous signale que le standard de la préfecture a déjà été contacté par un journaliste. Nous l’avons éconduit ... Je sais, poursuit la directrice de cabinet, sans doute une erreur tactique ! Qu’est-ce que vous voulez, nous avons été pris de court.
- Je crains que les réactions de l’opinion dépassent de très loin tout ce que nous pouvons imaginer, admet le responsable de l’EDF. Nous ne devons pas compter sur une attitude modérée de la part des médias. Nous devons anticiper. Je ne sais pas ... créer un événement qui tempère l’extrémité des mesures à venir et la sévérité des contraintes collectives.
- Ceci dépasse le cadre de mes attributions, s’excuse le représentant de Catherine Cesarsky, le Haut-Commissaire à l’Energie Atomique, le CEA. Mais il ne serait pas mauvais de montrer que la situation est déjà bien contrôlée. Par exemple, si on fixe rapidement la radioactivité sur une partie du site pas trop affectée, on peut suggérer au président de la République de venir à Nogent pour calmer l’opinion.
- J’ai mieux à faire que d’organiser un spectacle, coupe Hervé Maillart.
- L’idée du CEA mérite qu’on s’y attarde, répond calmement le ministre. Je sais, le temps passe. Mais payer d’une panique générale les quelques minutes que nous gagnerions en ne terminant pas l’examen de cette question serait une mauvaise économie. Après tout, il sera peut-être plus long de décider le président que de rendre le site accessible sans vêtement de protection.
- Vous avez raison, monsieur le ministre, lance perfidement Martial Jorel. A chacun son rôle. Il me semble plus rationnel qu’un membre du gouvernement ouvre la voie. » Le responsable de l’IRSN ménage ses effets, et laisse quelques secondes s’écouler avant de continuer :
- « En bonne logique, en tant que ministre de tutelle d’EDF, l’exploitant, et du CEA, qui vous seconde sur les questions de sécurité, c’est à vous que revient cet honneur. Votre venue est la meilleure garantie de celle, ultérieure, du président. »
Eric Besson est atterré. Il a senti venir le coup, et cherche désespérément une échappatoire. Proposer Nathalie Kosciusko-Morizet sa collègue de l’Environnement, toujours prompte à tirer élégamment parti des situations à la moindre trace de pollution ? Non, elle serait bien capable d’accourir, cette bougresse d’opportuniste ! Quant à lui, il donnerait l’impression d’avoir peur.
- « Votre suggestion est excellente, mais je m’en voudrais de laisser penser que j’exploite l’affaire à des fins politiciennes. Indubitablement, le président, de par sa fonction, est le seul homme politique précisément au-dessus de la politique. Sa venue ne suscitera aucune arrière-pensée. J’ajouterais, si mes souvenirs sont exacts, que lors de l’accident de Three Mile Island, le président Carter s’est déplacé en personne sur le site pour rassurer une population que les journalistes incitaient à s’enfuir, et non pas un quelconque ministre de l’Industrie. Gorbatchev ne s’est pas rendu à Tchernobyl, mais personne ne souhaite que cet exemple puisse un jour être suivi ici. Quant à Fukushima, mieux vaut ne pas s’y référer, personne ne connaît encore la vérité ni l’étendue des dégâts. »
Besson s’arrête, conscient d’avoir présenté des arguments qu’il serait malséant de contrer. Malheureusement pour lui, le responsable du CEA connaît bien l’organisation politico-administrative américaine. Il lance sur un ton aussi neutre que possible :
- « Comme Etat fédéral, les Etats-Unis n’ont pas de ministère de l’Industrie ; seulement des Agences dont les responsables ne sont pas des hommes politiques. »
Le ministre sent la colère le gagner. Il n’a pas le temps de moucher l’impertinent fonctionnaire du ministère de la Défense. Martial Jorel en profite :
- « Monsieur le ministre, vous transposeriez sur le terrain civil l’exemple de tous vos collègues de la Défense qui se sont succédé à Mururoa pour témoigner à la face du monde de l’innocuité des essais nucléaires français. Pensez à Michel Debré se baignant dans le lagon de l’atoll quelques heures seulement après l’explosion d’une bombe H dans l’atmosphère.
- Pour Debré, le risque était quasi nul puisque la bombe avait été tirée à une altitude assez importante. Messieurs, je suis conscient de la complexité du problème. J’ai bien saisi votre louable souci. Tout à l’heure, je proposerai au premier ministre de suggérer au président d’y aller. Je l’accompagnerai bien volontiers. Sur ce, nous pouvons lever cette conférence.
- Permettez, monsieur le ministre ! »
Le responsable de la cellule de crise EDF, refuse de laisser Besson rédiger seul le communiqué de presse.
- « Les journalistes ont des oreilles partout, il est probable que le bruit d’un incident à Nogent court déjà. La pire des choses, nos simulations l’ont toujours confirmé, serait que nous nous fassions devancer ...
- « Pendant que vous discutiez de la venue du président, j’ai préparé un communiqué que je soumets à votre appréciation :
- Un accident a eu lieu cette nuit à 01 h 23 mn, sur la tranche 2 de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, dans l’Aube. Toutes les dispositions ont été prises pour l’enrayer, et le réacteur a été amené dans un état sûr, celui de l’arrêt à froid, très rapidement.
- Des rejets radioactifs se sont produits durant l’accident, dont l’importance n’a pu encore être déterminée avec précision. Par mesure de précaution, le plan particulier d’intervention (PPI) a été déclenché. Les abords immédiats du site sont interdits d’approche. Un QG opérationnel a été mis en place à la caserne des pompiers de Provins, le QG fixe étant, comme prévu, situé à la préfecture de l’Aube.
- « Un communiqué sera diffusé aujourd’hui à 11 h, qui précisera les directives à suivre. En attendant, les personnes séjournant à moins de trente kilomètres à l’ouest et au sud-ouest de Nogent-sur-Seine sont priées de ne pas sortir et de couper les ventilations et les appareils de chauffage à foyer ouvert. »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 5 h - Fin de l’audioconférence
Le ministre de l’industrie, Eric Besson, marche sur des œufs. Il va falloir jouer serré avec la presse pour n’être pas soupçonné de pratiquer la rétention d’informations. Mais comment enrayer la panique si on ne sélectionne pas un peu les renseignements donnés aux journalistes ? Le directeur de la centrale évoque encore une fois l’accident de Tchernobyl, référence décidément très prisée cette nuit.
- « Nous ne sommes pas en Ukraine, il sera impossible de justifier une interdiction totale d’approche du site.
- Bien entendu, renchérit Martial Jorel, on peut faire confiance aux journalistes pour se faufiler entre les mailles du filet de la gendarmerie. Les plus malins consulteront la météo pour éviter les zones dangereuses, mais certains bêtement passeront en plein dedans. Il vaut mieux les canaliser vers un lieu hors de portée des radiations, bien en vue du site, pas trop près, et sous un angle qui ne permette pas de distinguer tout ce que vous serez amenés à entreprendre dans la partie la plus touchée.
- Je vous signale que le standard de la préfecture a déjà été contacté par un journaliste. Nous l’avons éconduit ... Je sais, poursuit la directrice de cabinet, sans doute une erreur tactique ! Qu’est-ce que vous voulez, nous avons été pris de court.
- Je crains que les réactions de l’opinion dépassent de très loin tout ce que nous pouvons imaginer, admet le responsable de l’EDF. Nous ne devons pas compter sur une attitude modérée de la part des médias. Nous devons anticiper. Je ne sais pas ... créer un événement qui tempère l’extrémité des mesures à venir et la sévérité des contraintes collectives.
- Ceci dépasse le cadre de mes attributions, s’excuse le représentant de Catherine Cesarsky, le Haut-Commissaire à l’Energie Atomique, le CEA. Mais il ne serait pas mauvais de montrer que la situation est déjà bien contrôlée. Par exemple, si on fixe rapidement la radioactivité sur une partie du site pas trop affectée, on peut suggérer au président de la République de venir à Nogent pour calmer l’opinion.
- J’ai mieux à faire que d’organiser un spectacle, coupe Hervé Maillart.
- L’idée du CEA mérite qu’on s’y attarde, répond calmement le ministre. Je sais, le temps passe. Mais payer d’une panique générale les quelques minutes que nous gagnerions en ne terminant pas l’examen de cette question serait une mauvaise économie. Après tout, il sera peut-être plus long de décider le président que de rendre le site accessible sans vêtement de protection.
- Vous avez raison, monsieur le ministre, lance perfidement Martial Jorel. A chacun son rôle. Il me semble plus rationnel qu’un membre du gouvernement ouvre la voie. » Le responsable de l’IRSN ménage ses effets, et laisse quelques secondes s’écouler avant de continuer :
- « En bonne logique, en tant que ministre de tutelle d’EDF, l’exploitant, et du CEA, qui vous seconde sur les questions de sécurité, c’est à vous que revient cet honneur. Votre venue est la meilleure garantie de celle, ultérieure, du président. »
Eric Besson est atterré. Il a senti venir le coup, et cherche désespérément une échappatoire. Proposer Nathalie Kosciusko-Morizet sa collègue de l’Environnement, toujours prompte à tirer élégamment parti des situations à la moindre trace de pollution ? Non, elle serait bien capable d’accourir, cette bougresse d’opportuniste ! Quant à lui, il donnerait l’impression d’avoir peur.
- « Votre suggestion est excellente, mais je m’en voudrais de laisser penser que j’exploite l’affaire à des fins politiciennes. Indubitablement, le président, de par sa fonction, est le seul homme politique précisément au-dessus de la politique. Sa venue ne suscitera aucune arrière-pensée. J’ajouterais, si mes souvenirs sont exacts, que lors de l’accident de Three Mile Island, le président Carter s’est déplacé en personne sur le site pour rassurer une population que les journalistes incitaient à s’enfuir, et non pas un quelconque ministre de l’Industrie. Gorbatchev ne s’est pas rendu à Tchernobyl, mais personne ne souhaite que cet exemple puisse un jour être suivi ici. Quant à Fukushima, mieux vaut ne pas s’y référer, personne ne connaît encore la vérité ni l’étendue des dégâts. »
Besson s’arrête, conscient d’avoir présenté des arguments qu’il serait malséant de contrer. Malheureusement pour lui, le responsable du CEA connaît bien l’organisation politico-administrative américaine. Il lance sur un ton aussi neutre que possible :
- « Comme Etat fédéral, les Etats-Unis n’ont pas de ministère de l’Industrie ; seulement des Agences dont les responsables ne sont pas des hommes politiques. »
Le ministre sent la colère le gagner. Il n’a pas le temps de moucher l’impertinent fonctionnaire du ministère de la Défense. Martial Jorel en profite :
- « Monsieur le ministre, vous transposeriez sur le terrain civil l’exemple de tous vos collègues de la Défense qui se sont succédé à Mururoa pour témoigner à la face du monde de l’innocuité des essais nucléaires français. Pensez à Michel Debré se baignant dans le lagon de l’atoll quelques heures seulement après l’explosion d’une bombe H dans l’atmosphère.
- Pour Debré, le risque était quasi nul puisque la bombe avait été tirée à une altitude assez importante. Messieurs, je suis conscient de la complexité du problème. J’ai bien saisi votre louable souci. Tout à l’heure, je proposerai au premier ministre de suggérer au président d’y aller. Je l’accompagnerai bien volontiers. Sur ce, nous pouvons lever cette conférence.
- Permettez, monsieur le ministre ! »
Le responsable de la cellule de crise EDF, refuse de laisser Besson rédiger seul le communiqué de presse.
- « Les journalistes ont des oreilles partout, il est probable que le bruit d’un incident à Nogent court déjà. La pire des choses, nos simulations l’ont toujours confirmé, serait que nous nous fassions devancer ...
- « Pendant que vous discutiez de la venue du président, j’ai préparé un communiqué que je soumets à votre appréciation :
- Un accident a eu lieu cette nuit à 01 h 23 mn, sur la tranche 2 de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, dans l’Aube. Toutes les dispositions ont été prises pour l’enrayer, et le réacteur a été amené dans un état sûr, celui de l’arrêt à froid, très rapidement.
- Des rejets radioactifs se sont produits durant l’accident, dont l’importance n’a pu encore être déterminée avec précision. Par mesure de précaution, le plan particulier d’intervention (PPI) a été déclenché. Les abords immédiats du site sont interdits d’approche. Un QG opérationnel a été mis en place à la caserne des pompiers de Provins, le QG fixe étant, comme prévu, situé à la préfecture de l’Aube.
- « Un communiqué sera diffusé aujourd’hui à 11 h, qui précisera les directives à suivre. En attendant, les personnes séjournant à moins de trente kilomètres à l’ouest et au sud-ouest de Nogent-sur-Seine sont priées de ne pas sortir et de couper les ventilations et les appareils de chauffage à foyer ouvert. »
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