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Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
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Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Rappel du premier message :
terroriste
Voici un feuilleton sur une hypothèse de catastrophe à Nogent (10)
L’acharnement a payé : il est passé chef-opérateur sur cette première tranche de Nogent il y a trois ans. Une centrale toute neuve, une maison confortable à Provins, Paris pas trop loin...
« Qu’est-ce qu’une centrale nucléaire ?
Annexe A
Une énorme tour surmontée d’un dôme, accolée à un long bâtiment parallélépipédique, voisinant parfois avec un monumental diabolo de béton. Vues de près, mais toujours en restant à l’extérieur, les choses se compliquent : le tableau cubiste s’enrichit de nombreuses constructions, de réservoirs aux fonctions obscures, de tuyauteries qui semblent passer furtivement d’un bâtiment à l’autre, de cheminées et de conduits d’aération, dont la présence renvoie aux attributs traditionnels des grandes constructions industrielles ... »
Les jeunes gens aimaient bien ce professeur. Suspendus à ses lèvres, ils attendaient la suite.
« ...le visiteur découvre une fantastique plomberie, une plomberie qu’aucun visionnaire n’aurait pu imaginer. Les contraintes et les nécessités de cette énergie, tirée du plus profond de la matière, ont dicté aux ingénieurs la disposition des quelque cinq cents à mille kilomètres de
tuyauteries.
« Qui dit plomberie dit aussi vannes, soupapes et clapets, (des dizaines de milliers), pompes et moteurs (plusieurs centaines). Mais ces milliers de vannes, soupapes, pompes et moteurs signifient autant d’instruments de mesure de pression, de débit, de température, de vibration, et d’actionneurs pneumatiques, hydrauliques ou électriques, reliés aux équipements de contrôle et de commande par des centaines de kilomètres de câbles électriques ... »
terroriste
Voici un feuilleton sur une hypothèse de catastrophe à Nogent (10)
L’acharnement a payé : il est passé chef-opérateur sur cette première tranche de Nogent il y a trois ans. Une centrale toute neuve, une maison confortable à Provins, Paris pas trop loin...
« Qu’est-ce qu’une centrale nucléaire ?
Annexe A
Une énorme tour surmontée d’un dôme, accolée à un long bâtiment parallélépipédique, voisinant parfois avec un monumental diabolo de béton. Vues de près, mais toujours en restant à l’extérieur, les choses se compliquent : le tableau cubiste s’enrichit de nombreuses constructions, de réservoirs aux fonctions obscures, de tuyauteries qui semblent passer furtivement d’un bâtiment à l’autre, de cheminées et de conduits d’aération, dont la présence renvoie aux attributs traditionnels des grandes constructions industrielles ... »
Les jeunes gens aimaient bien ce professeur. Suspendus à ses lèvres, ils attendaient la suite.
« ...le visiteur découvre une fantastique plomberie, une plomberie qu’aucun visionnaire n’aurait pu imaginer. Les contraintes et les nécessités de cette énergie, tirée du plus profond de la matière, ont dicté aux ingénieurs la disposition des quelque cinq cents à mille kilomètres de
tuyauteries.
« Qui dit plomberie dit aussi vannes, soupapes et clapets, (des dizaines de milliers), pompes et moteurs (plusieurs centaines). Mais ces milliers de vannes, soupapes, pompes et moteurs signifient autant d’instruments de mesure de pression, de débit, de température, de vibration, et d’actionneurs pneumatiques, hydrauliques ou électriques, reliés aux équipements de contrôle et de commande par des centaines de kilomètres de câbles électriques ... »
Dernière édition par GL le Dim 29 Sep - 4:51, édité 45 fois
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
GL as tu un compteur Jaeger chez toi , ce serait plus simple de nous avertir , la sentinelle ace en sorte
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
ac/dc59 a écrit:GL as tu un compteur Jaeger chez toi , ce serait plus simple de nous avertir , la sentinelle ace en sorte
faut pas trop y compter,il serai trop triste de voir son amour de centrale avec un soucis
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 29 - "Le nuage atteindra-t-il Paris ?"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 5 h 28 – Europe1
Benjamin Petrover et Héléna Morna délivrent les fraîches infos de la première tranche du matin. Benjamin apostrophe la technique derrière la vitre par le micro intérieur :
- " Dis, j’ai une urgence, j’attaque tout de suite, j’attends pas la demie. Excuse-moi, c’est vraiment grave. Jingle, vite ! … Un accident s’est produit cette nuit à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. Un accident sur lequel nous n’avons aucune précision pour le moment. Un accident en tout cas très grave, puisque le plan ORSEC-RAD a été déclenché dans le département de l’Aube. Le commandant de la caserne des pompiers de Troyes nous a déclaré il y a quelques minutes que la ville de Nogent est fortement contaminée. Je vous propose d’écouter le témoignage d’un habitant de Nogent, recueilli à l’instant par Helena Morna. " Coiffés de leur casque, les techniciens sont pétrifiés.
- « Le projet de construction d’une centrale nucléaire près de Paris, enchaîne Benjamin Petrover, avait provoqué en 1975 une vive controverse. La contestation s’était aggravée en 1987, après que le ministre de l’Environnement de l’époque eut rendu public un rapport secret de l’Agence financière du bassin Seine-Normandie. Ce rapport démontrait qu’en cas d’accident, l’eau potable de la région parisienne serait bel et bien menacée. Comme je vous le disais à l’instant, nous n’avons aucune précision sur l’importance des rejets radioactifs. Nous pouvons supposer qu’il s’agit d’une fuite dans l’atmosphère, puisque la ville de Nogent est contaminée. Mais nous ignorons si des effluents liquides ont gagné la Seine. Nous ignorons encore beaucoup de choses. Le nuage atteindra-t-il Paris ? » Interloqué, incapable d’articuler le moindre mot, l’animateur quitte le studio. Les standardistes sont déjà submergés par les appels angoissés des auditeurs.
Dans la grande salle de rédaction, deux journalistes s’inquiètent :
- Cela m’étonnerait que je puisse partir sur Nogent tout de suite. Tu y vas, toi ?
- Oui. Mais je suppose que les routes d’accès sont déjà coupées. Je me demande qui est l’officier de permanence au CODISC cette nuit. Il me faudrait la carte des barrages routiers, pour ne pas perdre de temps. En plus, je n’ai pas envie de me trouver sur la trajectoire du nuage. Remarque, je m’en fiche, j’y vais quand même. J’appelle. Avec un peu de chance, je connais le type du CODISC. »
- « Pas de sermon, capitaine, crie le journaliste dans le combiné. Vous savez bien que j’irai à Nogent de toute façon. Si vous me dites que le trajet est risqué, indiquez-moi le meilleur itinéraire, voilà tout ...
- « Comment savez-vous que la région est dangereuse ? Vous avez déjà des mesures de radioactivité ? ...
- « Par la CMIR de Créteil ? Eh bien, elle a du foncé ! Bon, d’accord, je ne vais pas à Nogent puisque c’est interdit. Je me contente de la préfecture. C’est OK, pour Troyes ? … « Attendez : Paris, Créteil, Provins, puis je quitte la N 19, je remonte sur Sézanne, et je rejoins Troyes par la D 373. Merci capitaine. "
par Michel Gueritte
mardi 26 - 5 h 28 – Europe1
Benjamin Petrover et Héléna Morna délivrent les fraîches infos de la première tranche du matin. Benjamin apostrophe la technique derrière la vitre par le micro intérieur :
- " Dis, j’ai une urgence, j’attaque tout de suite, j’attends pas la demie. Excuse-moi, c’est vraiment grave. Jingle, vite ! … Un accident s’est produit cette nuit à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. Un accident sur lequel nous n’avons aucune précision pour le moment. Un accident en tout cas très grave, puisque le plan ORSEC-RAD a été déclenché dans le département de l’Aube. Le commandant de la caserne des pompiers de Troyes nous a déclaré il y a quelques minutes que la ville de Nogent est fortement contaminée. Je vous propose d’écouter le témoignage d’un habitant de Nogent, recueilli à l’instant par Helena Morna. " Coiffés de leur casque, les techniciens sont pétrifiés.
- « Le projet de construction d’une centrale nucléaire près de Paris, enchaîne Benjamin Petrover, avait provoqué en 1975 une vive controverse. La contestation s’était aggravée en 1987, après que le ministre de l’Environnement de l’époque eut rendu public un rapport secret de l’Agence financière du bassin Seine-Normandie. Ce rapport démontrait qu’en cas d’accident, l’eau potable de la région parisienne serait bel et bien menacée. Comme je vous le disais à l’instant, nous n’avons aucune précision sur l’importance des rejets radioactifs. Nous pouvons supposer qu’il s’agit d’une fuite dans l’atmosphère, puisque la ville de Nogent est contaminée. Mais nous ignorons si des effluents liquides ont gagné la Seine. Nous ignorons encore beaucoup de choses. Le nuage atteindra-t-il Paris ? » Interloqué, incapable d’articuler le moindre mot, l’animateur quitte le studio. Les standardistes sont déjà submergés par les appels angoissés des auditeurs.
Dans la grande salle de rédaction, deux journalistes s’inquiètent :
- Cela m’étonnerait que je puisse partir sur Nogent tout de suite. Tu y vas, toi ?
- Oui. Mais je suppose que les routes d’accès sont déjà coupées. Je me demande qui est l’officier de permanence au CODISC cette nuit. Il me faudrait la carte des barrages routiers, pour ne pas perdre de temps. En plus, je n’ai pas envie de me trouver sur la trajectoire du nuage. Remarque, je m’en fiche, j’y vais quand même. J’appelle. Avec un peu de chance, je connais le type du CODISC. »
- « Pas de sermon, capitaine, crie le journaliste dans le combiné. Vous savez bien que j’irai à Nogent de toute façon. Si vous me dites que le trajet est risqué, indiquez-moi le meilleur itinéraire, voilà tout ...
- « Comment savez-vous que la région est dangereuse ? Vous avez déjà des mesures de radioactivité ? ...
- « Par la CMIR de Créteil ? Eh bien, elle a du foncé ! Bon, d’accord, je ne vais pas à Nogent puisque c’est interdit. Je me contente de la préfecture. C’est OK, pour Troyes ? … « Attendez : Paris, Créteil, Provins, puis je quitte la N 19, je remonte sur Sézanne, et je rejoins Troyes par la D 373. Merci capitaine. "
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 30 - "Le responsable de médecine nucléaire va vous parler."
par Michel Gueritte
mardi 26 - 6 h 35 – Gare de Bâle, Suisse
Des silhouettes sombres avancent le long des voies ferrées, longent les quais, tournent autour des quelques trains parqués en gare. Elles promènent sur les wagons des compteurs Geiger. La Suisse possède plusieurs centrales nucléaires. Régulièrement, des exercices de simulation ont lieu pour former les sauveteurs, pompiers et militaires, à l’équivalent de nos plans ORSEC. Ce contrôle de la gare clôt une série de vérifications effectuées aux péages des autoroutes, à la gare routière et au poste frontière voisin. Les hommes travaillent depuis 20 h. Ils n’aspirent plus qu’à un café au lait bien chaud. Heureusement, la manœuvre est presque finie : le train Paris-Bâle entre en gare. Consciencieusement, les soldats entourent la motrice et prennent position le long du train, un homme tous les vingt mètres. Routine !
Aussi, lorsque le caporal André Blank voit l’aiguille de son compteur osciller vers la droite, d’abord timidement, puis furieusement, atteignant jusqu’à mille coups par seconde, il hausse les épaules d’un air surpris et marmonne :
- « Allons bon, ce truc a trop bossé cette nuit, voilà qu’il fatigue.
- Oh, Blank ! Mon compteur saute comme un chamois, crie un second soldat descendu sur la voie, presque à quatre pattes sous la machine.
- Tiens, c’est curieux, je croyais que le mien était en panne. Fais voir. » Vaguement inquiet, le caporal rejoint son camarade à l’avant de la locomotive. Sur les cent mètres de quai, de part et d’autre du train, les militaires notent l’affolement de leurs compteurs Geiger, alors que les voyageurs descendent. La présence des hommes en uniforme n’intrigue que les Français. Les Suisses ont l’habitude de voir leurs troupes procéder à des exercices en ville. Mais personne ne remarque le flottement qui s’est emparé de la troupe. Car les instruments de mesure sont formels : ce train recèle bel et bien une contamination extraordinaire. Les gradés, qui s’attendaient à effectuer une manœuvre, non à affronter une situation de crise réelle, se regardent, indécis. Surpris par l’attitude de ses hommes, un capitaine, posté près de la cabine vitrée du chef de gare, s’approche :
- « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
- On ferait bien de boucler la gare, mon capitaine. Je n’y comprends rien, mais les compteurs ne peuvent pas tous se tromper à la fois. » Le chef de gare adjoint n’en croit pas ses yeux. Discipliné pourtant, il court vers son bureau et lance un appel sur le haut-parleur :
- « Les voyageurs sont priés de ne pas franchir les portes de sortie. Je répète : les voyageurs sont invités à se regrouper dans le hall principal. » Arrivés au pas de course, dix militaires bouclent les issues, refoulant vers l’intérieur de la gare les passagers du train qui n’ont pas encore gagné les trottoirs et la station de taxis. Encore une fois, les Suisses ne semblent pas surpris, contrairement aux Français qui protestent vigoureusement. A défaut de traiter fréquemment des incidents d’origine radiologique, les pompiers bâlois sont rodés aux alertes chimiques. Régulièrement, Bâle et sa banlieue, entourées d’un réseau très dense d’industries, connaissent des pollutions graves. Cette fois, l’alerte est localisée à la gare. Comme c’est l’usage en pareille circonstance, le responsable des sapeurs-pompiers avertit les autorités policières : en l’occurrence, l’instauration d’un périmètre de sécurité s’impose autour des installations ferroviaires, en attendant que des mesures plus fines soient réalisées autour du train pour déterminer précisément une zone au-delà de laquelle les radiations n’ont plus d’effet. L’adjoint du chef de gare lance un appel au calme dans le micro. Car dans le hall, la pagaille est à son comble. Les enfants pleurnichent ou cavalent dans tous les sens, et le pauvre barman du buffet n’en peut plus de servir cafés et chocolats chauds aux voyageurs prisonniers, outrés d’ignorer encore, alors qu’ils sont arrivés depuis trois quarts d’heure, le motif de cette séquestration.
- « Mesdames, messieurs, ici le chef de gare. S’il vous plaît, veuillez écouter attentivement cette communication. Le responsable du département de médecine nucléaire de l’hôpital de Bâle va vous parler. » Au mot « nucléaire », la plupart des passagers blêmissent. Le silence s’établit presque instantanément. Diffusée aux quatre coins de la gare, du local des bagages en consigne jusqu’au kiosque à journaux, du buffet à la grande salle des pas perdus, la voix solennelle mais rassurante d’un médecin explique :
- « Il ne s’agit pas d’un accident. Le train qui vous transportait a été contaminé par des particules radioactives, dont l’origine est pour l’instant inconnue. Ne vous inquiétez pas, vous étiez bien à l’abri dans les wagons. Néanmoins, les autorités sanitaires vont devoir procéder à des contrôles individuels. Les uns après les autres, tout au long de la matinée, vous serez soumis au détecteur. » Stupéfaite, la foule ne bronche pas. Le médecin répète son explication en allemand, et enchaîne, soucieux de n’affoler personne :
- « Des militaires passeront parmi vous pour distribuer des sandwiches et des boissons chaudes. Les personnes ayant des enfants en bas âge seront examinées les premières. Mesdames et messieurs, les autorités de la ville de Bâle vont faire de leur mieux pour limiter ces désagréments et accélérer les procédures de sécurité. Soyez coopératifs ... »
par Michel Gueritte
mardi 26 - 6 h 35 – Gare de Bâle, Suisse
Des silhouettes sombres avancent le long des voies ferrées, longent les quais, tournent autour des quelques trains parqués en gare. Elles promènent sur les wagons des compteurs Geiger. La Suisse possède plusieurs centrales nucléaires. Régulièrement, des exercices de simulation ont lieu pour former les sauveteurs, pompiers et militaires, à l’équivalent de nos plans ORSEC. Ce contrôle de la gare clôt une série de vérifications effectuées aux péages des autoroutes, à la gare routière et au poste frontière voisin. Les hommes travaillent depuis 20 h. Ils n’aspirent plus qu’à un café au lait bien chaud. Heureusement, la manœuvre est presque finie : le train Paris-Bâle entre en gare. Consciencieusement, les soldats entourent la motrice et prennent position le long du train, un homme tous les vingt mètres. Routine !
Aussi, lorsque le caporal André Blank voit l’aiguille de son compteur osciller vers la droite, d’abord timidement, puis furieusement, atteignant jusqu’à mille coups par seconde, il hausse les épaules d’un air surpris et marmonne :
- « Allons bon, ce truc a trop bossé cette nuit, voilà qu’il fatigue.
- Oh, Blank ! Mon compteur saute comme un chamois, crie un second soldat descendu sur la voie, presque à quatre pattes sous la machine.
- Tiens, c’est curieux, je croyais que le mien était en panne. Fais voir. » Vaguement inquiet, le caporal rejoint son camarade à l’avant de la locomotive. Sur les cent mètres de quai, de part et d’autre du train, les militaires notent l’affolement de leurs compteurs Geiger, alors que les voyageurs descendent. La présence des hommes en uniforme n’intrigue que les Français. Les Suisses ont l’habitude de voir leurs troupes procéder à des exercices en ville. Mais personne ne remarque le flottement qui s’est emparé de la troupe. Car les instruments de mesure sont formels : ce train recèle bel et bien une contamination extraordinaire. Les gradés, qui s’attendaient à effectuer une manœuvre, non à affronter une situation de crise réelle, se regardent, indécis. Surpris par l’attitude de ses hommes, un capitaine, posté près de la cabine vitrée du chef de gare, s’approche :
- « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
- On ferait bien de boucler la gare, mon capitaine. Je n’y comprends rien, mais les compteurs ne peuvent pas tous se tromper à la fois. » Le chef de gare adjoint n’en croit pas ses yeux. Discipliné pourtant, il court vers son bureau et lance un appel sur le haut-parleur :
- « Les voyageurs sont priés de ne pas franchir les portes de sortie. Je répète : les voyageurs sont invités à se regrouper dans le hall principal. » Arrivés au pas de course, dix militaires bouclent les issues, refoulant vers l’intérieur de la gare les passagers du train qui n’ont pas encore gagné les trottoirs et la station de taxis. Encore une fois, les Suisses ne semblent pas surpris, contrairement aux Français qui protestent vigoureusement. A défaut de traiter fréquemment des incidents d’origine radiologique, les pompiers bâlois sont rodés aux alertes chimiques. Régulièrement, Bâle et sa banlieue, entourées d’un réseau très dense d’industries, connaissent des pollutions graves. Cette fois, l’alerte est localisée à la gare. Comme c’est l’usage en pareille circonstance, le responsable des sapeurs-pompiers avertit les autorités policières : en l’occurrence, l’instauration d’un périmètre de sécurité s’impose autour des installations ferroviaires, en attendant que des mesures plus fines soient réalisées autour du train pour déterminer précisément une zone au-delà de laquelle les radiations n’ont plus d’effet. L’adjoint du chef de gare lance un appel au calme dans le micro. Car dans le hall, la pagaille est à son comble. Les enfants pleurnichent ou cavalent dans tous les sens, et le pauvre barman du buffet n’en peut plus de servir cafés et chocolats chauds aux voyageurs prisonniers, outrés d’ignorer encore, alors qu’ils sont arrivés depuis trois quarts d’heure, le motif de cette séquestration.
- « Mesdames, messieurs, ici le chef de gare. S’il vous plaît, veuillez écouter attentivement cette communication. Le responsable du département de médecine nucléaire de l’hôpital de Bâle va vous parler. » Au mot « nucléaire », la plupart des passagers blêmissent. Le silence s’établit presque instantanément. Diffusée aux quatre coins de la gare, du local des bagages en consigne jusqu’au kiosque à journaux, du buffet à la grande salle des pas perdus, la voix solennelle mais rassurante d’un médecin explique :
- « Il ne s’agit pas d’un accident. Le train qui vous transportait a été contaminé par des particules radioactives, dont l’origine est pour l’instant inconnue. Ne vous inquiétez pas, vous étiez bien à l’abri dans les wagons. Néanmoins, les autorités sanitaires vont devoir procéder à des contrôles individuels. Les uns après les autres, tout au long de la matinée, vous serez soumis au détecteur. » Stupéfaite, la foule ne bronche pas. Le médecin répète son explication en allemand, et enchaîne, soucieux de n’affoler personne :
- « Des militaires passeront parmi vous pour distribuer des sandwiches et des boissons chaudes. Les personnes ayant des enfants en bas âge seront examinées les premières. Mesdames et messieurs, les autorités de la ville de Bâle vont faire de leur mieux pour limiter ces désagréments et accélérer les procédures de sécurité. Soyez coopératifs ... »
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 31 - "Ils peuvent expédier dare-dare à l’hôpital le conducteur de la loco"
par Michel Gueritte
8 h30.
Un camion rouge entre en trombe dans la gare de Bâle, par une voie réservée au service. Le véhicule est immatriculé en France, département du Haut-Rhin. Quatre hommes, revêtus de combinaisons blanches, porteurs de masques filtrants, descendent lentement et s’approchent d’abord de la locomotive. Ces pompiers arrivent de Mulhouse. La CMIR française a été appelée en renfort par les services de secours suisses. La ville alsacienne et Bâle sont distantes d’à peine trente kilomètres. Les Suisses ont eu d’autant moins de scrupules à s’adresser aux Français qu’ils connaissent maintenant l’origine de cette contamination exceptionnelle.
Les autorités décident de parer au plus pressé : vider la gare de ses occupants, et nettoyer au plus vite ce train, qu’il n’est pas question de renvoyer dans cet état vers son pays d’origine.
Malheureusement, les premières mesures « fines » communiquées par la CMIR qui travaille dehors sont atterrantes : l’avant de la locomotive recèle plus d’un milliard de becquerels au mètre carré, et les flancs du train, près de trente millions de becquerels sur la même surface. Le convoi ayant parcouru cinq cents kilomètres dans la nuit, ces chiffres colossaux étaient sans doute beaucoup plus élevés à Nogent. En roulant, le train a en fait dispersé les trois quarts de sa contamination.
Les pompiers ne perdent pas de temps à examiner davantage l’extérieur du train. Il importe avant tout de savoir si le nuage radioactif a pénétré dans les wagons, contaminant ainsi les voyageurs. A première vue, oui : les instruments de mesure oscillent à proximité des fenêtres et des parois intérieures. Mais ils s’affolent vraiment près des filtres d’aération. Ceux-ci auront retenu bon nombre des particules, mais certainement pas les gaz rares, ni la plus grande partie de l’iode. Il va falloir mesurer la radioactivité absorbée par les passagers, un par un. Ensuite, évaluer l’irradiation subie par les voyageurs durant le voyage, irradiation simplement diffusée au travers des cloisons, du toit, et des vitres, par les particules collées sur la carrosserie des voitures.
« J’ignore comment on va mesurer ces centaines de passagers, commente un pompier alsacien. Une chose est sûre : ils peuvent expédier dare-dare à l’hôpital le conducteur de la loco ! - A propos de locomotive, on va l’éloigner au plus vite. Les rayonnements qu’elle dégage présentent un vrai danger. On risque toujours que des particules se détachent et contaminent la voie et les quais.
- Tout de même, les Suisses ont une chance de tous les diables ! Si leurs bidasses n’avaient pas été justement en exercice cette nuit, ce train se promènerait joyeusement n’importe où sans inquiéter personne. » Dans le hall, le contrôle des voyageurs commence lentement. Un périmètre de sécurité entoure la gare sur un rayon de cinquante mètres. La police urbaine a bouclé le quartier. Des ambulances évacuent trois femmes enceintes, six bébés et leurs mères, ainsi que l’agent SNCF français qui conduisait la locomotive.
Plus loin, sur une voie de garage écartée, les pompiers bâlois et l’armée arrivée en renfort installent l’équipement nécessaire au nettoyage du train. La tâche s’annonce ardue. Dans la gare même, une équipe, harnachée comme une troupe de fantômes, contrôle minutieusement chaque mètre carré. Les quais sont déserts.
par Michel Gueritte
8 h30.
Un camion rouge entre en trombe dans la gare de Bâle, par une voie réservée au service. Le véhicule est immatriculé en France, département du Haut-Rhin. Quatre hommes, revêtus de combinaisons blanches, porteurs de masques filtrants, descendent lentement et s’approchent d’abord de la locomotive. Ces pompiers arrivent de Mulhouse. La CMIR française a été appelée en renfort par les services de secours suisses. La ville alsacienne et Bâle sont distantes d’à peine trente kilomètres. Les Suisses ont eu d’autant moins de scrupules à s’adresser aux Français qu’ils connaissent maintenant l’origine de cette contamination exceptionnelle.
Les autorités décident de parer au plus pressé : vider la gare de ses occupants, et nettoyer au plus vite ce train, qu’il n’est pas question de renvoyer dans cet état vers son pays d’origine.
Malheureusement, les premières mesures « fines » communiquées par la CMIR qui travaille dehors sont atterrantes : l’avant de la locomotive recèle plus d’un milliard de becquerels au mètre carré, et les flancs du train, près de trente millions de becquerels sur la même surface. Le convoi ayant parcouru cinq cents kilomètres dans la nuit, ces chiffres colossaux étaient sans doute beaucoup plus élevés à Nogent. En roulant, le train a en fait dispersé les trois quarts de sa contamination.
Les pompiers ne perdent pas de temps à examiner davantage l’extérieur du train. Il importe avant tout de savoir si le nuage radioactif a pénétré dans les wagons, contaminant ainsi les voyageurs. A première vue, oui : les instruments de mesure oscillent à proximité des fenêtres et des parois intérieures. Mais ils s’affolent vraiment près des filtres d’aération. Ceux-ci auront retenu bon nombre des particules, mais certainement pas les gaz rares, ni la plus grande partie de l’iode. Il va falloir mesurer la radioactivité absorbée par les passagers, un par un. Ensuite, évaluer l’irradiation subie par les voyageurs durant le voyage, irradiation simplement diffusée au travers des cloisons, du toit, et des vitres, par les particules collées sur la carrosserie des voitures.
« J’ignore comment on va mesurer ces centaines de passagers, commente un pompier alsacien. Une chose est sûre : ils peuvent expédier dare-dare à l’hôpital le conducteur de la loco ! - A propos de locomotive, on va l’éloigner au plus vite. Les rayonnements qu’elle dégage présentent un vrai danger. On risque toujours que des particules se détachent et contaminent la voie et les quais.
- Tout de même, les Suisses ont une chance de tous les diables ! Si leurs bidasses n’avaient pas été justement en exercice cette nuit, ce train se promènerait joyeusement n’importe où sans inquiéter personne. » Dans le hall, le contrôle des voyageurs commence lentement. Un périmètre de sécurité entoure la gare sur un rayon de cinquante mètres. La police urbaine a bouclé le quartier. Des ambulances évacuent trois femmes enceintes, six bébés et leurs mères, ainsi que l’agent SNCF français qui conduisait la locomotive.
Plus loin, sur une voie de garage écartée, les pompiers bâlois et l’armée arrivée en renfort installent l’équipement nécessaire au nettoyage du train. La tâche s’annonce ardue. Dans la gare même, une équipe, harnachée comme une troupe de fantômes, contrôle minutieusement chaque mètre carré. Les quais sont déserts.
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Age : 110
Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Sont nomminés pour le pot de colle d'or :
GL: dans le rôle du pinceau!
M Gueritte: pour l'ensemble de son oeuvre!.
Je ne voudrais pas oublier EDF et AREVA, sans qui ce chef d'oeuvre n'aurait jamais vu le jour !
Prochain épisode: la descente des marches !
GL: dans le rôle du pinceau!
M Gueritte: pour l'ensemble de son oeuvre!.
Je ne voudrais pas oublier EDF et AREVA, sans qui ce chef d'oeuvre n'aurait jamais vu le jour !
Prochain épisode: la descente des marches !
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
pinocio a écrit:Sont nomminés pour le pot de colle d'or :
GL: dans le rôle du pinceau!
M Gueritte: pour l'ensemble de son oeuvre!.
Je ne voudrais pas oublier EDF et AREVA, sans qui ce chef d'oeuvre n'aurait jamais vu le jour !
Prochain épisode: la descente des marches !
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
ben tien une idee pour le repas des forumeurs 2012 une tite visite du petard de nogent
gratteplanete10- + membre techno +
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Date d'inscription : 22/11/2009
Age : 59
nord ouest aube
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 32 - "Surtout, restez chez vous, fermez bien les fenêtres"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 7 h - Mairie de Nogent-sur-Seine
Le réveil-radio du journaliste Christophe Lever est réglée sur Europe1, et l’heure du réveil sur le carillon.
- " Il est 7 heures, le journal d’Isabelle Millet. Europe 1 vous l’a annoncé en exclusivité dans le journal de 5 h 30, un accident grave s’est déclaré cette nuit à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. Nous n’avons pour l’instant pas d’autres détails. Je vous propose d’écouter un témoignage recueilli cette nuit au téléphone, avant que les autorités n’aient rendue publique la catastrophe. Des barrages routiers sont en place à l’est de Nogent. La route nationale 19 est coupée un peu avant la ville, interdisant l’accès à la sous-préfecture de l’Aube. Vous avez entendu la directrice de cabinet du préfet de Troyes : les habitants des villages situés sous le trajet du nuage radioactif sont soumis à un confinement à domicile. A Nogent même, les pompiers ont commencé de délimiter un périmètre de sécurité. Si l’on en croit les premières mesures, toute la ville n’aurait pas été touchée par les retombées radioactives … »
Négligeant son petit déjeuner Christophe attrape un imperméable et claque la porte derrière lui. Dehors, une voiture de la gendarmerie est garée en travers du pont Saint-Nicolas. L’avenue Jean Casimir-Perier, prolongée par la route de Paris, sur la rive droite du fleuve, semble en effet interdite. Le journaliste hésite un instant à s’approcher des militaires, d’ailleurs enfermés dans leur véhicule. Finalement, il préfère enfourcher une bicyclette et pédale vigoureusement en direction du centre-ville.
D’ordinaire, à cette heure, il y a une grosse activité. Les camionnettes déchargent les roll-containers, palettes, cageots, etc…. La Grande Rue Saint-Laurent n’est pas comme d’habitude. Ce matin, les rues et les bistrots sont étrangement déserts. Devant le zinc, les échanges sont nourris :
- " Si les livraisons ne se font pas, c’est que les routes sont coupées. Il y a eu un accident à la centrale nucléaire cette nuit."
- Mon Dieu ! Et pourquoi on aurait coupé les routes ?
- Parce que la ville est contaminée. Enfin, je suppose. Finalement, peut-être pas toute la ville, car on nous aurait empêchés de sortir de chez nous, ils ne sont pas fous.
- Qui ça, « ils » ? D’abord, la centrale est au moins à deux kilomètres d’ici, c’est idiot votre truc. Et puis, j’ai vu le maire dehors il y a moins d’un quart d’heure, il n’a rien dit.
- Ah oui, tu l’as vu ! Et ça ne t’a pas étonnée qu’il arrive en mairie à cette heure-là ?"
A l’étage, le maire et son secrétariat compulsent des registres. Lorsque Christophe Levert entre dans le bureau, le maire ne peut retenir une exclamation exaspérée :
- « Décidément, vous êtes incorrigible ! Je vous jure que ce n’est pas le moment de vous fourrer dans nos pattes. »
Le journaliste n’a pas le cœur à plastronner. Pourtant, ses arrivées intempestives affolent toujours les autorités, persuadées - souvent à juste titre, qu’il préparait une question embarrassante. Aussi, ce matin, il use de son ton narquois et pourtant extrêmement poli : « Ah, Nogent… Son Château de Droupt-Saint-Basle, son pavillon Henri IV, son Eglise St Laurent, son musée Camille Claudel, ses grands moulins et sa centrale nucléaire ! Monsieur le maire, les projecteurs sont désormais braqués sur notre bonne ville ... »
Le teint du maire vire au rouge brique. Tiré du lit par la préfecture, le premier magistrat de Nogent est suffisamment énervé pour ne pas apprécier les plaisanteries. Il n’a pas osé bouger de son domicile, la préfecture ayant promis de l’informer lorsque les premières mesures de radioactivité seraient connues pour Nogent. Ensuite, le centre opérationnel des incendies et des secours de Troyes lui a demandé d’alerter discrètement ses sapeurs volontaires. Pas question de déclencher la sirène en pleine nuit, au risque de jeter dehors des gens plus en sécurité à l’intérieur. Enfin, il a fallu organiser l’installation du poste de commandement opérationnel de l’Aube, à la caserne des pompiers, puisque cette partie de la ville n’était pas contaminée, les instruments de mesure l’attestaient.
Gérard Ancelin, le maire, s’est précipité à l’hôtel de ville pour sortir de son tiroir le Plan particulier d’intervention relatif à un accident à la centrale nucléaire.
Le pauvre Gérard a dû réveiller un à un tous ses conseillers municipaux, leur intimant l’ordre de ne pas bouger, mais de collecter ces renseignements par téléphone, au besoin en demandant à des proches voisins de se déplacer pour vérifier la présence de la personne.
- « Mais si tout est contaminé, personne ne va vouloir bouger ! ont protesté l’un après l’autre les conseillers, passés les premiers instants d’effroi.
- Mon vieux, je vous lis les consignes : avant de sortir, le voisin prépare un sac plastique, des chaussures et des vêtements de rechange. Quand il sort, il se couvre le plus possible et protège au moyen d’un foulard ses voies respiratoires. En rentrant, il se change et met les habits portés dans le sac plastique. Voilà, faites au mieux. Et dites à tout le monde de ne pas utiliser le téléphone pour éviter l’encombrement des lignes.
- On recense partout sur la commune ? Même les fermes éloignées ?
- Les pompiers parlent surtout de la rive droite. Alors, c’est la priorité. Je me charge d’appeler des employés municipaux pour sortir les voitures-sono. Surtout, restez chez vous, fermez bien les fenêtres, et bouchez les aérations. Boucher les aérations ? Les vieilles maisons nogentaises sont de véritables passoires, Enfin »
A 9 h, deux employés ont quitté la mairie en direction des ponts, nantis d’un message dicté par le maire destiné à être lu au micro. Les gendarmes postés à l’extérieur du périmètre de sécurité ont hésité à les laisser passer, tant la contamination relevée par les CMIR était forte dans les zones où ils devaient aller. Les gendarmes ne comprenaient pas grand chose aux chiffres communiqués, mais leur importance aurait atterré n’importe qui : des centaines de millions, parfois plus d’un milliard de becquerels au mètre carré après la gare SNCF, celle-ci marquant la limite absolue de la zone à ne pas franchir sous peine de subir une irradiation très… très grave.
Le téléphone n’arrête pas de sonner. Le maire de La Motte-Tilly, un village situé à deux kilomètres, panique complètement : sa commune recèle une énorme contamination, personne ne doit mettre le nez dehors, il n’y a pas de voiture-sono en mairie, et une partie des habitations est disséminée dans la campagne. Pour aggraver encore les choses, les personnes âgées et les invalides ne manquent pas sur le territoire.
par Michel Gueritte
mardi 26 - 7 h - Mairie de Nogent-sur-Seine
Le réveil-radio du journaliste Christophe Lever est réglée sur Europe1, et l’heure du réveil sur le carillon.
- " Il est 7 heures, le journal d’Isabelle Millet. Europe 1 vous l’a annoncé en exclusivité dans le journal de 5 h 30, un accident grave s’est déclaré cette nuit à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine. Nous n’avons pour l’instant pas d’autres détails. Je vous propose d’écouter un témoignage recueilli cette nuit au téléphone, avant que les autorités n’aient rendue publique la catastrophe. Des barrages routiers sont en place à l’est de Nogent. La route nationale 19 est coupée un peu avant la ville, interdisant l’accès à la sous-préfecture de l’Aube. Vous avez entendu la directrice de cabinet du préfet de Troyes : les habitants des villages situés sous le trajet du nuage radioactif sont soumis à un confinement à domicile. A Nogent même, les pompiers ont commencé de délimiter un périmètre de sécurité. Si l’on en croit les premières mesures, toute la ville n’aurait pas été touchée par les retombées radioactives … »
Négligeant son petit déjeuner Christophe attrape un imperméable et claque la porte derrière lui. Dehors, une voiture de la gendarmerie est garée en travers du pont Saint-Nicolas. L’avenue Jean Casimir-Perier, prolongée par la route de Paris, sur la rive droite du fleuve, semble en effet interdite. Le journaliste hésite un instant à s’approcher des militaires, d’ailleurs enfermés dans leur véhicule. Finalement, il préfère enfourcher une bicyclette et pédale vigoureusement en direction du centre-ville.
D’ordinaire, à cette heure, il y a une grosse activité. Les camionnettes déchargent les roll-containers, palettes, cageots, etc…. La Grande Rue Saint-Laurent n’est pas comme d’habitude. Ce matin, les rues et les bistrots sont étrangement déserts. Devant le zinc, les échanges sont nourris :
- " Si les livraisons ne se font pas, c’est que les routes sont coupées. Il y a eu un accident à la centrale nucléaire cette nuit."
- Mon Dieu ! Et pourquoi on aurait coupé les routes ?
- Parce que la ville est contaminée. Enfin, je suppose. Finalement, peut-être pas toute la ville, car on nous aurait empêchés de sortir de chez nous, ils ne sont pas fous.
- Qui ça, « ils » ? D’abord, la centrale est au moins à deux kilomètres d’ici, c’est idiot votre truc. Et puis, j’ai vu le maire dehors il y a moins d’un quart d’heure, il n’a rien dit.
- Ah oui, tu l’as vu ! Et ça ne t’a pas étonnée qu’il arrive en mairie à cette heure-là ?"
A l’étage, le maire et son secrétariat compulsent des registres. Lorsque Christophe Levert entre dans le bureau, le maire ne peut retenir une exclamation exaspérée :
- « Décidément, vous êtes incorrigible ! Je vous jure que ce n’est pas le moment de vous fourrer dans nos pattes. »
Le journaliste n’a pas le cœur à plastronner. Pourtant, ses arrivées intempestives affolent toujours les autorités, persuadées - souvent à juste titre, qu’il préparait une question embarrassante. Aussi, ce matin, il use de son ton narquois et pourtant extrêmement poli : « Ah, Nogent… Son Château de Droupt-Saint-Basle, son pavillon Henri IV, son Eglise St Laurent, son musée Camille Claudel, ses grands moulins et sa centrale nucléaire ! Monsieur le maire, les projecteurs sont désormais braqués sur notre bonne ville ... »
Le teint du maire vire au rouge brique. Tiré du lit par la préfecture, le premier magistrat de Nogent est suffisamment énervé pour ne pas apprécier les plaisanteries. Il n’a pas osé bouger de son domicile, la préfecture ayant promis de l’informer lorsque les premières mesures de radioactivité seraient connues pour Nogent. Ensuite, le centre opérationnel des incendies et des secours de Troyes lui a demandé d’alerter discrètement ses sapeurs volontaires. Pas question de déclencher la sirène en pleine nuit, au risque de jeter dehors des gens plus en sécurité à l’intérieur. Enfin, il a fallu organiser l’installation du poste de commandement opérationnel de l’Aube, à la caserne des pompiers, puisque cette partie de la ville n’était pas contaminée, les instruments de mesure l’attestaient.
Gérard Ancelin, le maire, s’est précipité à l’hôtel de ville pour sortir de son tiroir le Plan particulier d’intervention relatif à un accident à la centrale nucléaire.
Le pauvre Gérard a dû réveiller un à un tous ses conseillers municipaux, leur intimant l’ordre de ne pas bouger, mais de collecter ces renseignements par téléphone, au besoin en demandant à des proches voisins de se déplacer pour vérifier la présence de la personne.
- « Mais si tout est contaminé, personne ne va vouloir bouger ! ont protesté l’un après l’autre les conseillers, passés les premiers instants d’effroi.
- Mon vieux, je vous lis les consignes : avant de sortir, le voisin prépare un sac plastique, des chaussures et des vêtements de rechange. Quand il sort, il se couvre le plus possible et protège au moyen d’un foulard ses voies respiratoires. En rentrant, il se change et met les habits portés dans le sac plastique. Voilà, faites au mieux. Et dites à tout le monde de ne pas utiliser le téléphone pour éviter l’encombrement des lignes.
- On recense partout sur la commune ? Même les fermes éloignées ?
- Les pompiers parlent surtout de la rive droite. Alors, c’est la priorité. Je me charge d’appeler des employés municipaux pour sortir les voitures-sono. Surtout, restez chez vous, fermez bien les fenêtres, et bouchez les aérations. Boucher les aérations ? Les vieilles maisons nogentaises sont de véritables passoires, Enfin »
A 9 h, deux employés ont quitté la mairie en direction des ponts, nantis d’un message dicté par le maire destiné à être lu au micro. Les gendarmes postés à l’extérieur du périmètre de sécurité ont hésité à les laisser passer, tant la contamination relevée par les CMIR était forte dans les zones où ils devaient aller. Les gendarmes ne comprenaient pas grand chose aux chiffres communiqués, mais leur importance aurait atterré n’importe qui : des centaines de millions, parfois plus d’un milliard de becquerels au mètre carré après la gare SNCF, celle-ci marquant la limite absolue de la zone à ne pas franchir sous peine de subir une irradiation très… très grave.
Le téléphone n’arrête pas de sonner. Le maire de La Motte-Tilly, un village situé à deux kilomètres, panique complètement : sa commune recèle une énorme contamination, personne ne doit mettre le nez dehors, il n’y a pas de voiture-sono en mairie, et une partie des habitations est disséminée dans la campagne. Pour aggraver encore les choses, les personnes âgées et les invalides ne manquent pas sur le territoire.
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Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 33 - "Un silence de mort plane désormais sur l’usine"
par Michel Gueritte
mardi 26 - 12 h - Centrale nucléaire
« Et merde, ça se remet à penduler ! » Dans sa nacelle, suspendu vingt mètres au-dessus du réacteur accidenté, à environ quatre-vingts mètres du sol, juste à l’aplomb de la tuyauterie de vapeur brisée, Alain Brousse commence à trouver la plaisanterie un peu longue. Brousse est un« commando », un militaire volontaire pour boucher la brèche. C’est la quatrième tentative de treuillage, et aussi le quatrième échec. A ce rythme, la tuyauterie n’est pas près d’être obstruée ! Son compteur de radiations indique qu’il a déjà pris environ le dixième de la dose maximum autorisée.
Une brève discussion dans l’interphone avec Philippe, le pilote, débouche sur un accord : plutôt que de descendre la lourde nacelle de plomb en maintenant difficilement l’hélicoptère en vol stationnaire, Philippe va amener l’hélico jusqu’au sommet du bâtiment-réacteur. Alain Brousse n’apprécie guère le style de cette intervention. Le danger radiologique, le shaddock, le masque filtrant, la nacelle exiguë ? Non, il en a vu d’autres ! Mais l’absence de préparation crève les yeux. Le commando n’a rien répété, l’ordre d’exécuter l’opération sans délai est tombé, inflexible.
- « On improvise, on bricole ... », grogne le militaire de l’Aéronavale en se cramponnant aux montants pendant que la nacelle de l’hélicoptère reprend de l’altitude.
Ça y est, l’appareil est en position. Le treuillage reprend.
- « Encore trois mètres, hurle Brousse dans son micro. Oh ! Doucement ... un peu plus d’un mètre ... termine en descendant toi-même un peu plus ... OK, attention, je ne suis pas tout à fait dans l’axe, pivote de quinze degrés à l’est. »
Effleurant le palonnier du pied droit, Philippe modifie le cap imperceptiblement. La manœuvre est menée en douceur pour éviter une oscillation de la nacelle autour de son axe. On perdrait encore de précieuses secondes s’il fallait attendre l’amortissement du mouvement. Or, le temps presse : l’hélico doit reprendre de l’altitude au plus vite. En principe, l’appareil aurait dû rester cent mètres au-dessus du dôme, assez loin pour que les plaques de plomb sous la cabine ne soient pas indispensables. Travailler à une telle distance s’est avéré impossible. Finalement, il a fallu descendre jusqu’à trois mètres. Selon le gammamètre placé dans le poste de pilotage, l’intensité des radiations s’en trouve presque décuplée. « C’est bon, je suis juste en face. Vas-y, avance doucement... » Le pilote ne voit plus rien. Le dôme de l’enceinte dérobe la nacelle à sa vue. Philippe est un as de l’Aéronavale, un habitué des approches délicates. Il pousse légèrement le manche à balai et, centimètre par centimètre, l’hélico progresse sans à-coup.
- « Contact ! »
Les quatre longs bras télescopiques sont enfin appliqués contre la paroi de tôle, à hauteur de la déchirure causée par le fouettement du tuyau rompu. Un puissant électro-aimant se trouve à chacune de leurs extrémités. Alain Brousse allume le projecteur et lance le courant dans les aimants. Les forces magnétiques ne suffisent pas à résister au poids de la cabine en porte à faux. Elles suppriment seulement tout mouvement parasite susceptible de perturber l’introduction de la baudruche dans la canalisation. La manœuvre reste donc fort délicate. L’œil rivé sur la tension du treuil, le pilote reprend lentement de l’altitude.
Brousse détache la longue tige flexible fixée sur le côté de la nacelle. Une sorte d’araignée d’acier souple la termine pour guider le cheminement de la baudruche à l’intérieur du tuyau coudé. Celle-ci, placée juste devant avec sa bouteille de gaz comprimé, ne doit surtout pas accrocher une quelconque aspérité.
Le compteur de radioactivité indique déjà plus de la moitié de la dose limite. Alain n’en a cure, il n’y pense même plus. Avec application, mesurant ses gestes, il introduit la baudruche dans l’orifice béant et la pousse avec la tige. La mise en place achevée, il tire sur le câble qui désolidarise l’araignée de la tige, et déclenche simultanément l’ouverture de la valve de gonflage.
« Mission accomplie ! »
Alain Brousse éteint le projecteur. L’assistant augmente la traction du treuil et coupe l’alimentation des électroaimants. Philippe tire le levier du pas. Le rugissement des deux turbines délivrant leur puissance maximale d’urgence déchire l’air. Les pales de l’hélicoptère s’incurvent sous l’effort brutal, et la nacelle bondit vers le ciel.
- « Bravo gars ! hurle le pilote. Ils ont apprécié en bas, tu sais.
- Ils peuvent ! J’ai pris largement plus que le maximum.
- Bof... On n’en meurt pas. Et puis, c’est bon pour mes états de service », ajoute Brousse dans un énorme éclat de rire.
En quelques secondes, l’hélico rejoint la base avancée. Elle a été aménagée en catastrophe ce matin à l’extrémité nord du site, le long du fossé de ressuyage, le collecteur des eaux de pluie, qui borde les côtés nord et ouest de la centrale, à sept cent cinquante mètres du réacteur accidenté. L’endroit est indemne de toute contamination.
L’organisation de crise n’a pas chômé pendant la nuit. Très tôt ce matin, une douzaine de baraquements de chantier ont été mis en place : local de commandement, poste de décontamination préliminaire, antenne de télécommunication, salle des repas, vestiaire, salle de service, local technique, magasin...
L’ensemble sert aussi de centre de repli au personnel d’astreinte de la centrale. A l’exception des occupants du bloc de sécurité et des effectifs de conduite minimum des deux tranches, il ne reste plus personne en « zone chaude ».
La mise en arrêt à froid du réacteur de la tranche 2 effectuée au petit matin, un silence de mort plane désormais sur l’immense usine. La voie d’accès et l’entrée normale sont condamnées.
Une véritable division de camions de chantiers, camions-citernes, motopompes, bulldozers, pelleteuses et autres engins de travaux publics arrive encore des casernes du génie les plus proches. Autour des véhicules, l’effervescence grandit. Un bataillon d’ouvriers fixe des plaques de plomb pour réduire l’irradiation encourue par les conducteurs lorsqu’ils monteront à l’assaut de l’endroit le plus radioactif qui ait probablement jamais existé sur terre. Une noria de poids lourds dépose les matériaux indispensables pour mener à bien le nettoyage du site : carburants, sable, ciment, produits chimiques ...
Dans moins d’une heure, la reconquête du site nucléaire va commencer. Un premier bataillon de la Force d’action rapide, composé d’éléments du Génie entraînés à la guerre NBC vient de quitter Metz à bord d’une dizaine d’hélicoptères de transport. Leur mission : réaliser la première partie du plan d’intervention au sol, sur le site de la centrale.
A bord des bulldozers, pelles mécaniques et camions-benne, ils se déploieront sur un front de six cents mètres, et arracheront vingt centimètres de soL La terre, le bitume, le gravier et le béton ainsi extraits seront immédiatement transportés à l’atelier de conditionnement avant d’être évacués.
Les spécialistes de radioprotection ont calculé que les deux tonnes de plomb et de verre baryté qui protègent les habitacles donneront à chaque conducteur une« autonomie de dose » d’une dizaine d’heures. Des rotations d’une heure ont donc été prévues afin de permettre aux hommes de souffler, au sens propre, tant est pénible le port des masques filtrants, et de contrôler les doses reçues.
Le décapage des bâtiments sera enchaîné au fur et à mesure de la « libération » des portions. Cette phase s’annonce extrêmement difficile. Les responsables craignent la pluie. Les énormes quantités de radioactivité déposées sur le sol et les bâtiments risqueraient d’être alors emportées vers la Seine par le ruissellement. Une nouvelle vague radioactive ne vaudrait rien au fleuve. Pour contrer ce risque, le détournement des collecteurs d’eaux pluviales vers un bassin en cours de creusement vient d’être entrepris, tout près de la station de traitement des effluents des deux tranches nucléaires. Situé à contrevent de la brèche, cet équipement n’a guère été touché.
Par précaution, le chef du chantier, un militaire du Génie, a commandé l’édification d’une diguette d’argile haute de cinquante centimètres, le long du fossé de ressuyage et du chenal évacuateur de crues. Comme à Tchernobyl, l’Armée a pris le commandement des opérations. Sur le terrain et au sein de l’état-major, les hommes d’EDF sont confinés dans un rôle consultatif.
Cette première bataille, menée à la centrale de Nogent, est paradoxalement la plus facile. Bien sûr, la radioactivité atteint des sommets extrêmement élevés. Mais cet inconvénient est compensé par la qualité du sol et les facilités logistiques offertes par les lieux. Lorsqu’il s’agira de décontaminer la campagne, les marécages, les villes et les villages, les HLM et les usines, les hôpitaux et les magasins, par dizaines, par centaines ...
par Michel Gueritte
mardi 26 - 12 h - Centrale nucléaire
« Et merde, ça se remet à penduler ! » Dans sa nacelle, suspendu vingt mètres au-dessus du réacteur accidenté, à environ quatre-vingts mètres du sol, juste à l’aplomb de la tuyauterie de vapeur brisée, Alain Brousse commence à trouver la plaisanterie un peu longue. Brousse est un« commando », un militaire volontaire pour boucher la brèche. C’est la quatrième tentative de treuillage, et aussi le quatrième échec. A ce rythme, la tuyauterie n’est pas près d’être obstruée ! Son compteur de radiations indique qu’il a déjà pris environ le dixième de la dose maximum autorisée.
Une brève discussion dans l’interphone avec Philippe, le pilote, débouche sur un accord : plutôt que de descendre la lourde nacelle de plomb en maintenant difficilement l’hélicoptère en vol stationnaire, Philippe va amener l’hélico jusqu’au sommet du bâtiment-réacteur. Alain Brousse n’apprécie guère le style de cette intervention. Le danger radiologique, le shaddock, le masque filtrant, la nacelle exiguë ? Non, il en a vu d’autres ! Mais l’absence de préparation crève les yeux. Le commando n’a rien répété, l’ordre d’exécuter l’opération sans délai est tombé, inflexible.
- « On improvise, on bricole ... », grogne le militaire de l’Aéronavale en se cramponnant aux montants pendant que la nacelle de l’hélicoptère reprend de l’altitude.
Ça y est, l’appareil est en position. Le treuillage reprend.
- « Encore trois mètres, hurle Brousse dans son micro. Oh ! Doucement ... un peu plus d’un mètre ... termine en descendant toi-même un peu plus ... OK, attention, je ne suis pas tout à fait dans l’axe, pivote de quinze degrés à l’est. »
Effleurant le palonnier du pied droit, Philippe modifie le cap imperceptiblement. La manœuvre est menée en douceur pour éviter une oscillation de la nacelle autour de son axe. On perdrait encore de précieuses secondes s’il fallait attendre l’amortissement du mouvement. Or, le temps presse : l’hélico doit reprendre de l’altitude au plus vite. En principe, l’appareil aurait dû rester cent mètres au-dessus du dôme, assez loin pour que les plaques de plomb sous la cabine ne soient pas indispensables. Travailler à une telle distance s’est avéré impossible. Finalement, il a fallu descendre jusqu’à trois mètres. Selon le gammamètre placé dans le poste de pilotage, l’intensité des radiations s’en trouve presque décuplée. « C’est bon, je suis juste en face. Vas-y, avance doucement... » Le pilote ne voit plus rien. Le dôme de l’enceinte dérobe la nacelle à sa vue. Philippe est un as de l’Aéronavale, un habitué des approches délicates. Il pousse légèrement le manche à balai et, centimètre par centimètre, l’hélico progresse sans à-coup.
- « Contact ! »
Les quatre longs bras télescopiques sont enfin appliqués contre la paroi de tôle, à hauteur de la déchirure causée par le fouettement du tuyau rompu. Un puissant électro-aimant se trouve à chacune de leurs extrémités. Alain Brousse allume le projecteur et lance le courant dans les aimants. Les forces magnétiques ne suffisent pas à résister au poids de la cabine en porte à faux. Elles suppriment seulement tout mouvement parasite susceptible de perturber l’introduction de la baudruche dans la canalisation. La manœuvre reste donc fort délicate. L’œil rivé sur la tension du treuil, le pilote reprend lentement de l’altitude.
Brousse détache la longue tige flexible fixée sur le côté de la nacelle. Une sorte d’araignée d’acier souple la termine pour guider le cheminement de la baudruche à l’intérieur du tuyau coudé. Celle-ci, placée juste devant avec sa bouteille de gaz comprimé, ne doit surtout pas accrocher une quelconque aspérité.
Le compteur de radioactivité indique déjà plus de la moitié de la dose limite. Alain n’en a cure, il n’y pense même plus. Avec application, mesurant ses gestes, il introduit la baudruche dans l’orifice béant et la pousse avec la tige. La mise en place achevée, il tire sur le câble qui désolidarise l’araignée de la tige, et déclenche simultanément l’ouverture de la valve de gonflage.
« Mission accomplie ! »
Alain Brousse éteint le projecteur. L’assistant augmente la traction du treuil et coupe l’alimentation des électroaimants. Philippe tire le levier du pas. Le rugissement des deux turbines délivrant leur puissance maximale d’urgence déchire l’air. Les pales de l’hélicoptère s’incurvent sous l’effort brutal, et la nacelle bondit vers le ciel.
- « Bravo gars ! hurle le pilote. Ils ont apprécié en bas, tu sais.
- Ils peuvent ! J’ai pris largement plus que le maximum.
- Bof... On n’en meurt pas. Et puis, c’est bon pour mes états de service », ajoute Brousse dans un énorme éclat de rire.
En quelques secondes, l’hélico rejoint la base avancée. Elle a été aménagée en catastrophe ce matin à l’extrémité nord du site, le long du fossé de ressuyage, le collecteur des eaux de pluie, qui borde les côtés nord et ouest de la centrale, à sept cent cinquante mètres du réacteur accidenté. L’endroit est indemne de toute contamination.
L’organisation de crise n’a pas chômé pendant la nuit. Très tôt ce matin, une douzaine de baraquements de chantier ont été mis en place : local de commandement, poste de décontamination préliminaire, antenne de télécommunication, salle des repas, vestiaire, salle de service, local technique, magasin...
L’ensemble sert aussi de centre de repli au personnel d’astreinte de la centrale. A l’exception des occupants du bloc de sécurité et des effectifs de conduite minimum des deux tranches, il ne reste plus personne en « zone chaude ».
La mise en arrêt à froid du réacteur de la tranche 2 effectuée au petit matin, un silence de mort plane désormais sur l’immense usine. La voie d’accès et l’entrée normale sont condamnées.
Une véritable division de camions de chantiers, camions-citernes, motopompes, bulldozers, pelleteuses et autres engins de travaux publics arrive encore des casernes du génie les plus proches. Autour des véhicules, l’effervescence grandit. Un bataillon d’ouvriers fixe des plaques de plomb pour réduire l’irradiation encourue par les conducteurs lorsqu’ils monteront à l’assaut de l’endroit le plus radioactif qui ait probablement jamais existé sur terre. Une noria de poids lourds dépose les matériaux indispensables pour mener à bien le nettoyage du site : carburants, sable, ciment, produits chimiques ...
Dans moins d’une heure, la reconquête du site nucléaire va commencer. Un premier bataillon de la Force d’action rapide, composé d’éléments du Génie entraînés à la guerre NBC vient de quitter Metz à bord d’une dizaine d’hélicoptères de transport. Leur mission : réaliser la première partie du plan d’intervention au sol, sur le site de la centrale.
A bord des bulldozers, pelles mécaniques et camions-benne, ils se déploieront sur un front de six cents mètres, et arracheront vingt centimètres de soL La terre, le bitume, le gravier et le béton ainsi extraits seront immédiatement transportés à l’atelier de conditionnement avant d’être évacués.
Les spécialistes de radioprotection ont calculé que les deux tonnes de plomb et de verre baryté qui protègent les habitacles donneront à chaque conducteur une« autonomie de dose » d’une dizaine d’heures. Des rotations d’une heure ont donc été prévues afin de permettre aux hommes de souffler, au sens propre, tant est pénible le port des masques filtrants, et de contrôler les doses reçues.
Le décapage des bâtiments sera enchaîné au fur et à mesure de la « libération » des portions. Cette phase s’annonce extrêmement difficile. Les responsables craignent la pluie. Les énormes quantités de radioactivité déposées sur le sol et les bâtiments risqueraient d’être alors emportées vers la Seine par le ruissellement. Une nouvelle vague radioactive ne vaudrait rien au fleuve. Pour contrer ce risque, le détournement des collecteurs d’eaux pluviales vers un bassin en cours de creusement vient d’être entrepris, tout près de la station de traitement des effluents des deux tranches nucléaires. Situé à contrevent de la brèche, cet équipement n’a guère été touché.
Par précaution, le chef du chantier, un militaire du Génie, a commandé l’édification d’une diguette d’argile haute de cinquante centimètres, le long du fossé de ressuyage et du chenal évacuateur de crues. Comme à Tchernobyl, l’Armée a pris le commandement des opérations. Sur le terrain et au sein de l’état-major, les hommes d’EDF sont confinés dans un rôle consultatif.
Cette première bataille, menée à la centrale de Nogent, est paradoxalement la plus facile. Bien sûr, la radioactivité atteint des sommets extrêmement élevés. Mais cet inconvénient est compensé par la qualité du sol et les facilités logistiques offertes par les lieux. Lorsqu’il s’agira de décontaminer la campagne, les marécages, les villes et les villages, les HLM et les usines, les hôpitaux et les magasins, par dizaines, par centaines ...
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 34 - "Et voilà le président Sarkozy !"
par Michel Gueritte
mercredi 27 - 12 h 30 - Centrale nucléaire
Le temps est curieux pour un mois d’avril, avec de grands écarts de température. Un vent d’ouest très modéré amène sur le pays des masses d’air humide. Le ciel reste couvert, mais les risques de précipitation sont faibles. La météo prévoit quelques ondées éparses sur le littoral de la Manche.
Les régions touchées par le nuage vivent au ralenti : les gens limitent leurs sorties. De toute façon, les défections étant nombreuses parmi le personnel roulant, les transports en commun fonctionnent de façon très aléatoire. Reléguée au second plan par les médias en mal d’actualité fraîche, l’invisible omniprésence de la radioactivité ne constitue rien d’autre aujourd’hui que le décor d’une scène capitale : la venue à Nogent-sur-Seine du président de la République. Une bonne centaine de journalistes piétinent autour de la centrale nucléaire. L’arrivée de l’hélicoptère présidentiel est prévue pour 12 h 45. Les abords accessibles du site ont été pris d’assaut, chacun cherchant le meilleur emplacement pour sa caméra ou son appareil photo. Comme toujours lorsque de nombreux journalistes sont rassemblés, les photographes et les équipes de télévision écrasent et repoussent sans vergogne leurs confrères de la presse écrite.
Les consignes sont draconiennes : interdiction absolue de pénétrer sur la base avancée, où l’activité intense liée aux travaux de décontamination doit se poursuivre sans interruption, même durant la visite du président et de sa suite. Le QG de crise a seulement autorisé la présence des caméras de france2, dont les films seront ensuite copiés et distribués aux agences et aux chaînes de télévision qui le demanderont. La colère gronde parmi les journalistes. Les correspondants étrangers ne mâchent pas leurs mots :
- « Un vulgaire prétexte, cette prétendue priorité aux travaux ! Ils ne veulent pas qu’on vienne voir la merde de trop près, c’est ça la vraie raison...
- Entre nous, rétorque l’envoyé spécial du Monde, il est préférable de rester ici, bien à l’abri. Parce que, contrairement aux équipes d’intervention, nous n’avons aucun équipement de protection. »
Christophe LEVERT, accompagné de Mathieu Gibet, n’aurait pour rien au monde manqué ce spectacle médiatique. Jean-François Laville a fait également le déplacement.
- « Regardez, crie un journaliste en tendant le bras. Ils déploient des bâches sur le sol, là-bas près de la Seine. Sûrement pour que les semelles de ces messieurs ne courent pas le moindre risque d’être souillées par la radioactivité.
- Mais alors ... et nous ? s’inquiète l’envoyé spécial de La Tribune de Lausanne.
Un hélicoptère surgit sur la ligne des collines basses bordant la vallée de la Seine.
- « Non, c’est un hélico de la gendarmerie, constate au bout de quelques secondes Alain Julien, le correspondant de l’AFP Reims... Ah, celui qui suit, le gros, bleu et blanc, c’est sûrement le président. »
En fait, une véritable flottille de six hélicos approche de la centrale accidentée. Le plancher de l’appareil présidentiel a été blindé par quelques plaques de plomb cachées sous la moquette. Si les journalistes le savaient, ils comprendraient pourquoi l’hélicoptère n’a embarqué que six passagers : le président et son conseiller en matière d’énergie, le ministre de l’Industrie Eric Besson, Martial Jorel de l’IRSN, Claude-André LACOSTE de l’ASN et le président d’EDF Henri Proglio…
Une quinzaine de personnes descendent du second appareil, dont les gardes du corps.
Pendant que le responsable de la sécurité déploie ses hommes sur le pourtour du périmètre bâché, face au chantier boueux, le directeur de la centrale et le colonel qui commande les unités du génie engagées sur le site accueillent la délégation officielle.
Eric Besson, le ministre de l’Industrie, affiche une mine pâlotte. L’idée d’aller affronter les radiations a considérablement perturbé sa nuit, et la petite demi-heure d’hélicoptère a achevé de lui nouer l’estomac. Le pauvre Besson conserve difficilement sa dignité. Son malaise passerait sans doute s’il osait respirer profondément, mais il s’en garde bien, de peur d’inhaler quelque particule radioactive. Peut-être a-t-il aussi absorbé une trop forte dose d’iodure de potassium : il craignait tellement la contamination qu’il s’est administré le triple de la dose prescrite. Heureusement, le chef de l’Etat est pressé : il veut commencer la visite au plus vite. Besson s’efface derrière lui. Apparemment indifférent au danger, le président s’intéresse aux opérations en cours. Jorel et Lacoste décrivent les interventions par le menu, indiquant à leur illustre interlocuteur le meilleur endroit pour pointer les grosses jumelles mises à sa disposition. Le président semble satisfait, et se dirige vers la petite estrade disposée un peu à l’écart.
Un bref coup de sirène donne l’ordre d’interruption des travaux. Les conducteurs d’engin coupent leurs moteurs, et un impressionnant silence s’établit.
- « Il va parler au vent et au béton », souffle un photographe à son confrère de Libé.
Le président s’approche du micro.
- « Je suis venu. Je suis là. Où est l’enfer ? Je vois des hommes qui accomplissent calmement, méthodiquement leur travail, avec l’aide de moyens puissants et adaptés. C’est ici que la radioactivité a frappé le plus durement, et déjà, la voilà contenue, bientôt éliminée. »
La sonorisation est parfaite. D’énormes haut-parleurs répercutent la voix du président dans la campagne alentour.
- « L’action entreprise sur le site de Nogent est exemplaire. A tous ceux qui sont engagés dans la tâche de restaurer, partout, un environnement sain, libre de tout risque, je dis : je suis à vos côtés, la France est à vos côtés, jusqu’au bout. »
C’est tout ? Les journalistes se regardent, stupéfaits. Le président de la République n’est pas resté plus d’un quart d’heure sur le site. Il a parIé deux minute. Déjà, il s’apprête à remonter dans l’hélicoptère. De qui se moque-t-il ? Certes, il doit prononcer un discours ce soir à la télévision, mais cette virée sur les lieux du drame manque sérieusement d’intérêt pour les observateurs.
Aux côtés du président, Eric Besson est proche de l’évanouissement. Les nausées succèdent aux nausées, il voudrait vomir, sa fonction l’en empêche. Le ministre se rue vers l’hélicoptère.
Le président de la République se penche vers le président d’EDF :
- « Grâce au Général, la France s’est intégrée sans douleur dans le concert nucléaire mondial. Un véritable consensus existe dans notre classe politique. Messieurs, il faut préserver ce capital inestimable. Dans l’esprit des gens, cette radioactivité dispersée dans l’environnement doit être associée à une erreur humaine. Monsieur Lacoste, il semble que ce soit le cas, n’est-ce pas ?
- Oui, monsieur le président, plusieurs erreurs humaines, une seule n’aurait pas suffi.
- Plusieurs ? Cela n’en est que plus convaincant ! Nous devons démontrer que les conséquences de ces erreurs sont maîtrisables. »
Eric Besson va beaucoup mieux. L’éloignement de Nogent n’est pas étranger à cette résurrection. Le ministre de l’Intérieur ne résiste pas à l’envie de prouver au président qu’il a bien reçu le message :
- « Face à ces excités qui tentent de terroriser l’opinion, nous devrons serrer les rangs.
- Bien sûr, monsieur le ministre, bien sûr ! D’ailleurs, en affrontant avec moi la radioactivité, sur les lieux mêmes de l’accident, vous avez œuvré en ce sens », conclut le chef d’État d’une voix douce.
Dans l’hélicoptère, les hommes retiennent difficilement un sourire ironique.
« Monsieur le président, voulez-vous annuler Saclay ? demande son conseiller aux affaires énergétiques.
- Pourquoi donc ? Si les journalistes restaient sur cette mauvaise impression, ce serait désastreux. Allons-y. »
Le président relit ses notes, pour commenter intelligemment la présentation du robot destiné à obturer définitivement la brèche de la tuyauterie de vapeur du GV 4 de la centrale nucléaire. Puis il se penche vers son conseiller, et lui demande à l’oreille :
« Mon discours de ce soir est-il prêt ?
- Oui, monsieur le président. Vous disposerez d’une bonne heure pour l’étudier avant votre passage à l’antenne. »
par Michel Gueritte
mercredi 27 - 12 h 30 - Centrale nucléaire
Le temps est curieux pour un mois d’avril, avec de grands écarts de température. Un vent d’ouest très modéré amène sur le pays des masses d’air humide. Le ciel reste couvert, mais les risques de précipitation sont faibles. La météo prévoit quelques ondées éparses sur le littoral de la Manche.
Les régions touchées par le nuage vivent au ralenti : les gens limitent leurs sorties. De toute façon, les défections étant nombreuses parmi le personnel roulant, les transports en commun fonctionnent de façon très aléatoire. Reléguée au second plan par les médias en mal d’actualité fraîche, l’invisible omniprésence de la radioactivité ne constitue rien d’autre aujourd’hui que le décor d’une scène capitale : la venue à Nogent-sur-Seine du président de la République. Une bonne centaine de journalistes piétinent autour de la centrale nucléaire. L’arrivée de l’hélicoptère présidentiel est prévue pour 12 h 45. Les abords accessibles du site ont été pris d’assaut, chacun cherchant le meilleur emplacement pour sa caméra ou son appareil photo. Comme toujours lorsque de nombreux journalistes sont rassemblés, les photographes et les équipes de télévision écrasent et repoussent sans vergogne leurs confrères de la presse écrite.
Les consignes sont draconiennes : interdiction absolue de pénétrer sur la base avancée, où l’activité intense liée aux travaux de décontamination doit se poursuivre sans interruption, même durant la visite du président et de sa suite. Le QG de crise a seulement autorisé la présence des caméras de france2, dont les films seront ensuite copiés et distribués aux agences et aux chaînes de télévision qui le demanderont. La colère gronde parmi les journalistes. Les correspondants étrangers ne mâchent pas leurs mots :
- « Un vulgaire prétexte, cette prétendue priorité aux travaux ! Ils ne veulent pas qu’on vienne voir la merde de trop près, c’est ça la vraie raison...
- Entre nous, rétorque l’envoyé spécial du Monde, il est préférable de rester ici, bien à l’abri. Parce que, contrairement aux équipes d’intervention, nous n’avons aucun équipement de protection. »
Christophe LEVERT, accompagné de Mathieu Gibet, n’aurait pour rien au monde manqué ce spectacle médiatique. Jean-François Laville a fait également le déplacement.
- « Regardez, crie un journaliste en tendant le bras. Ils déploient des bâches sur le sol, là-bas près de la Seine. Sûrement pour que les semelles de ces messieurs ne courent pas le moindre risque d’être souillées par la radioactivité.
- Mais alors ... et nous ? s’inquiète l’envoyé spécial de La Tribune de Lausanne.
Un hélicoptère surgit sur la ligne des collines basses bordant la vallée de la Seine.
- « Non, c’est un hélico de la gendarmerie, constate au bout de quelques secondes Alain Julien, le correspondant de l’AFP Reims... Ah, celui qui suit, le gros, bleu et blanc, c’est sûrement le président. »
En fait, une véritable flottille de six hélicos approche de la centrale accidentée. Le plancher de l’appareil présidentiel a été blindé par quelques plaques de plomb cachées sous la moquette. Si les journalistes le savaient, ils comprendraient pourquoi l’hélicoptère n’a embarqué que six passagers : le président et son conseiller en matière d’énergie, le ministre de l’Industrie Eric Besson, Martial Jorel de l’IRSN, Claude-André LACOSTE de l’ASN et le président d’EDF Henri Proglio…
Une quinzaine de personnes descendent du second appareil, dont les gardes du corps.
Pendant que le responsable de la sécurité déploie ses hommes sur le pourtour du périmètre bâché, face au chantier boueux, le directeur de la centrale et le colonel qui commande les unités du génie engagées sur le site accueillent la délégation officielle.
Eric Besson, le ministre de l’Industrie, affiche une mine pâlotte. L’idée d’aller affronter les radiations a considérablement perturbé sa nuit, et la petite demi-heure d’hélicoptère a achevé de lui nouer l’estomac. Le pauvre Besson conserve difficilement sa dignité. Son malaise passerait sans doute s’il osait respirer profondément, mais il s’en garde bien, de peur d’inhaler quelque particule radioactive. Peut-être a-t-il aussi absorbé une trop forte dose d’iodure de potassium : il craignait tellement la contamination qu’il s’est administré le triple de la dose prescrite. Heureusement, le chef de l’Etat est pressé : il veut commencer la visite au plus vite. Besson s’efface derrière lui. Apparemment indifférent au danger, le président s’intéresse aux opérations en cours. Jorel et Lacoste décrivent les interventions par le menu, indiquant à leur illustre interlocuteur le meilleur endroit pour pointer les grosses jumelles mises à sa disposition. Le président semble satisfait, et se dirige vers la petite estrade disposée un peu à l’écart.
Un bref coup de sirène donne l’ordre d’interruption des travaux. Les conducteurs d’engin coupent leurs moteurs, et un impressionnant silence s’établit.
- « Il va parler au vent et au béton », souffle un photographe à son confrère de Libé.
Le président s’approche du micro.
- « Je suis venu. Je suis là. Où est l’enfer ? Je vois des hommes qui accomplissent calmement, méthodiquement leur travail, avec l’aide de moyens puissants et adaptés. C’est ici que la radioactivité a frappé le plus durement, et déjà, la voilà contenue, bientôt éliminée. »
La sonorisation est parfaite. D’énormes haut-parleurs répercutent la voix du président dans la campagne alentour.
- « L’action entreprise sur le site de Nogent est exemplaire. A tous ceux qui sont engagés dans la tâche de restaurer, partout, un environnement sain, libre de tout risque, je dis : je suis à vos côtés, la France est à vos côtés, jusqu’au bout. »
C’est tout ? Les journalistes se regardent, stupéfaits. Le président de la République n’est pas resté plus d’un quart d’heure sur le site. Il a parIé deux minute. Déjà, il s’apprête à remonter dans l’hélicoptère. De qui se moque-t-il ? Certes, il doit prononcer un discours ce soir à la télévision, mais cette virée sur les lieux du drame manque sérieusement d’intérêt pour les observateurs.
Aux côtés du président, Eric Besson est proche de l’évanouissement. Les nausées succèdent aux nausées, il voudrait vomir, sa fonction l’en empêche. Le ministre se rue vers l’hélicoptère.
Le président de la République se penche vers le président d’EDF :
- « Grâce au Général, la France s’est intégrée sans douleur dans le concert nucléaire mondial. Un véritable consensus existe dans notre classe politique. Messieurs, il faut préserver ce capital inestimable. Dans l’esprit des gens, cette radioactivité dispersée dans l’environnement doit être associée à une erreur humaine. Monsieur Lacoste, il semble que ce soit le cas, n’est-ce pas ?
- Oui, monsieur le président, plusieurs erreurs humaines, une seule n’aurait pas suffi.
- Plusieurs ? Cela n’en est que plus convaincant ! Nous devons démontrer que les conséquences de ces erreurs sont maîtrisables. »
Eric Besson va beaucoup mieux. L’éloignement de Nogent n’est pas étranger à cette résurrection. Le ministre de l’Intérieur ne résiste pas à l’envie de prouver au président qu’il a bien reçu le message :
- « Face à ces excités qui tentent de terroriser l’opinion, nous devrons serrer les rangs.
- Bien sûr, monsieur le ministre, bien sûr ! D’ailleurs, en affrontant avec moi la radioactivité, sur les lieux mêmes de l’accident, vous avez œuvré en ce sens », conclut le chef d’État d’une voix douce.
Dans l’hélicoptère, les hommes retiennent difficilement un sourire ironique.
« Monsieur le président, voulez-vous annuler Saclay ? demande son conseiller aux affaires énergétiques.
- Pourquoi donc ? Si les journalistes restaient sur cette mauvaise impression, ce serait désastreux. Allons-y. »
Le président relit ses notes, pour commenter intelligemment la présentation du robot destiné à obturer définitivement la brèche de la tuyauterie de vapeur du GV 4 de la centrale nucléaire. Puis il se penche vers son conseiller, et lui demande à l’oreille :
« Mon discours de ce soir est-il prêt ?
- Oui, monsieur le président. Vous disposerez d’une bonne heure pour l’étudier avant votre passage à l’antenne. »
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Date d'inscription : 10/09/2009
Age : 110
Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 35 - "Buvez sans crainte"
par Michel Gueritte
mercredi 27 - 20 h - France2
Nicolas Sarkozy regarde la caméra bien dans les yeux.
- « Françaises, Français, un malheur s’est abattu sur notre pays. Pour la première fois depuis que nous l’exploitons, la force redoutable de l’énergie nucléaire a échappé au contrôle des techniciens. Que s’est-il donc passé ? Une cascade de ruptures de tuyauteries a provoqué un relâchement de radioactivité. »
Le président résume, en termes très simples, les circonstances de l’accident.
- « Sur tous les fronts, la situation est maîtrisée. Un travail d’une ampleur considérable est en cours afin de réduire les conséquences de l’accident, et rétablir partout des conditions de vie normales. »
Le président déplore les quelques cas de contamination radioactive parmi la population, exprime sa vive sympathie aux familles, et enchaîne :
- « Les problèmes d’approvisionnement en eau seront bientôt résolus. En attendant, buvez sans crainte celle qui sort de votre robinet plusieurs heures par jour. Voyez ... »
Il saisit un verre, dissimulé par une plante verte sur son bureau, le lève, et avale ostensiblement quelques gorgées. »
Le président se penche sur son bureau, comme pour entrer davantage dans l’intimité des téléspectateurs. Il se tait deux ou trois secondes, prend sa respiration, se compose un masque encore plus grave, et lance, très solennel :
- " A maintes reprises au cours de sa longue histoire, notre patrie a dû faire face à l’adversité. Aujourd’hui comme hier, l’adhésion de tous aux options qui ont permis le redressement du pays, et son maintien parmi les grandes nations, constituent la condition pour que la France reste la France. Malheureusement, certains citoyens se font l’écho des campagnes lancées par des milieux hostiles aux intérêts de notre pays. Alors qu’aucune retombée radioactive n’a atteint un territoire habité hors de France, ils prennent prétexte de cet accident exceptionnel pour remettre en cause les moyens de l’indépendance et de la prospérité nationales. "
Le président a ensuite affirmé que la qualité du parc nucléaire français repose sur « les principes de l’amélioration continue », que « les installations existantes, comme les nouvelles, bénéficient ainsi en permanence du retour d’expérience de toutes les centrales, et tirent les enseignements des accidents qui surviennent dans le monde ».
Il a ensuite rapidement expliqué que l’accident de Nogent n’avait rien à voir avec celui de Tchernobyl, ni avec celui de Fukushima, mais que le retour d’expérience de l’accident japonais, améliorerait encore la conception des centrales à venir, tant au niveau des réacteurs que celui des piscines de stockage du combustible. Le président ajouta :
- « L’énergie nucléaire est à la base de notre indépendance énergétique. C’est la clef de la modernisation. Certes, le prix à payer peut sembler élevé. Mais combien plus grand serait celui de la profonde et durable régression que provoquerait l’abandon de cette énergie. »
Le président se redresse sur son fauteuil. Lentement, il hausse les épaules.
- « Qu’on ne s’y trompe pas : derrière l’hystérie de ces propos alarmistes, se profilent certains groupes de pression dédiés à la destruction de la cohésion du monde libre. »
Le président se lève, pose ses deux mains sur le bureau de bois précieux, regarde intensément les téléspectateurs.
- « Françaises, Français, l’avenir appartient à ceux qui osent entreprendre. La route est longue, il y a des tournants, nous saurons les négocier. Faites confiance à la France, comme j’ai confiance en vous. « Vive la République, vive la France. »
Dans le salon attenant au bureau présidentiel, le conseiller aux affaires énergétiques manque d’avaler son cognac de travers. Il n’avait pas écrit cette dernière phrase. Pourquoi diable le président a-t-il improvisé cette sortie gaullienne à souhait ?
par Michel Gueritte
mercredi 27 - 20 h - France2
Nicolas Sarkozy regarde la caméra bien dans les yeux.
- « Françaises, Français, un malheur s’est abattu sur notre pays. Pour la première fois depuis que nous l’exploitons, la force redoutable de l’énergie nucléaire a échappé au contrôle des techniciens. Que s’est-il donc passé ? Une cascade de ruptures de tuyauteries a provoqué un relâchement de radioactivité. »
Le président résume, en termes très simples, les circonstances de l’accident.
- « Sur tous les fronts, la situation est maîtrisée. Un travail d’une ampleur considérable est en cours afin de réduire les conséquences de l’accident, et rétablir partout des conditions de vie normales. »
Le président déplore les quelques cas de contamination radioactive parmi la population, exprime sa vive sympathie aux familles, et enchaîne :
- « Les problèmes d’approvisionnement en eau seront bientôt résolus. En attendant, buvez sans crainte celle qui sort de votre robinet plusieurs heures par jour. Voyez ... »
Il saisit un verre, dissimulé par une plante verte sur son bureau, le lève, et avale ostensiblement quelques gorgées. »
Le président se penche sur son bureau, comme pour entrer davantage dans l’intimité des téléspectateurs. Il se tait deux ou trois secondes, prend sa respiration, se compose un masque encore plus grave, et lance, très solennel :
- " A maintes reprises au cours de sa longue histoire, notre patrie a dû faire face à l’adversité. Aujourd’hui comme hier, l’adhésion de tous aux options qui ont permis le redressement du pays, et son maintien parmi les grandes nations, constituent la condition pour que la France reste la France. Malheureusement, certains citoyens se font l’écho des campagnes lancées par des milieux hostiles aux intérêts de notre pays. Alors qu’aucune retombée radioactive n’a atteint un territoire habité hors de France, ils prennent prétexte de cet accident exceptionnel pour remettre en cause les moyens de l’indépendance et de la prospérité nationales. "
Le président a ensuite affirmé que la qualité du parc nucléaire français repose sur « les principes de l’amélioration continue », que « les installations existantes, comme les nouvelles, bénéficient ainsi en permanence du retour d’expérience de toutes les centrales, et tirent les enseignements des accidents qui surviennent dans le monde ».
Il a ensuite rapidement expliqué que l’accident de Nogent n’avait rien à voir avec celui de Tchernobyl, ni avec celui de Fukushima, mais que le retour d’expérience de l’accident japonais, améliorerait encore la conception des centrales à venir, tant au niveau des réacteurs que celui des piscines de stockage du combustible. Le président ajouta :
- « L’énergie nucléaire est à la base de notre indépendance énergétique. C’est la clef de la modernisation. Certes, le prix à payer peut sembler élevé. Mais combien plus grand serait celui de la profonde et durable régression que provoquerait l’abandon de cette énergie. »
Le président se redresse sur son fauteuil. Lentement, il hausse les épaules.
- « Qu’on ne s’y trompe pas : derrière l’hystérie de ces propos alarmistes, se profilent certains groupes de pression dédiés à la destruction de la cohésion du monde libre. »
Le président se lève, pose ses deux mains sur le bureau de bois précieux, regarde intensément les téléspectateurs.
- « Françaises, Français, l’avenir appartient à ceux qui osent entreprendre. La route est longue, il y a des tournants, nous saurons les négocier. Faites confiance à la France, comme j’ai confiance en vous. « Vive la République, vive la France. »
Dans le salon attenant au bureau présidentiel, le conseiller aux affaires énergétiques manque d’avaler son cognac de travers. Il n’avait pas écrit cette dernière phrase. Pourquoi diable le président a-t-il improvisé cette sortie gaullienne à souhait ?
GL- + membre techno +
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Date d'inscription : 10/09/2009
Age : 110
Assis
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe nucléaire de Nogent/Seine : Episode 36 - "A la recherche du bouc-émissaire"
par Michel Gueritte
jeudi 28 - 10 h - Mairie de Nogent-sur-Seine
- « Écoutez-moi bien, Ruel : vous êtes le chef de bloc, vous êtes personnellement en cause. Depuis trois jours, nous cherchons à comprendre comment l’équipe de quart a pu laisser la situation du réacteur se dégrader au point de provoquer une libération massive de radioactivité. Or, les témoignages de vos collègues, recoupés avec vos propres explications, vous accablent complètement. »
Hervé Maillart et l’ingénieur de sûreté de la centrale ont préparé le dossier de l’accident, réclamé d’urgence par la Commission d’enquête du ministère de l’Industrie. Un premier « débriefing » a réuni l’équipe de quart au complet pour une reconstitution des faits. Déjà, Hervé Ruel, le chef de bloc, semblait déprimé. Le départ de sa femme n’était pas étranger à son attitude. Ses supérieurs, ignorant cet aspect privé de la vie de l’opérateur, n’y ont vu que faiblesse morale. Plus tard, les membres de l’équipe étaient interrogés séparément. Ce matin, Hervé est seul face à Hervé Maillart, l’ingénieur et son directeur.
- « Vous avez engagé toute l’équipe dans une série de manœuvres hasardeuses, poursuit, implacable, le directeur, sans laisser à l’ISR, l’ingénieur se sûreté-radioprotection, ou au chef de quart le temps d’évaluer la situation exceptionnelle à laquelle ils étaient confrontés. Sans doute parce que, étant seul en salle de commande au début de l’accident, vous vous êtes d’emblée approprié le contrôle des opérations. A vous entendre, on aurait dit qu’il s’agissait d’une affaire personnelle entre vous et le réacteur !
- Mais je ne pouvais ...
- Ne dites pas le contraire : vous l’avez reconnu fièrement vous-même hier. »
Effondré sur son siège, Hervé est méconnaissable, démoralisé, harassé par les nuits blanches. Il sent l’étau se resserrer, inexorablement, Son esprit fonctionne au ralenti. Hervé Maillart réprime un sentiment de pitié : « Il a présumé de ses compétences, pense le directeur de la centrale, il a voulu jouer au héros bricoleur, et maintenant il s’effondre. Une leçon pour l’avenir : le processus de sélection des équipes de conduite devra comprendre, à l’avenir, des vrais tests d’aptitude psychologique. »
Hervé Maillart rassure Hervé Ruel : contrairement à ce que craignait l’opérateur, son abandon de poste, au milieu de la nuit, ne sera pas retenu à sa charge, même s’il a contribué à engorger un peu plus l’organisation sanitaire de la centrale. Prévenir une épouse enceinte n’est pas un crime, la direction peut comprendre un tel motif.
« En revanche, poursuit Maillart, vous êtes intervenu deux fois contre le cours normal des séquences de sauvegarde. D’abord, en tentant cette manœuvre insensée : forcer l’ouverture des vannes de décharge du pressuriseur au milieu de la phase de dépressurisation du circuit primaire. Ensuite, bien pire, en imposant, durant le renoyage du cœur du réacteur, des points d’injection prévus pour l’étape ultérieure. »
Ruel pense lentement, certes, mais il n’admet pas le reproche : il voulait créer un« mur liquide » entre le cœur et le générateur de vapeur accidenté, et la manœuvre semble avoir réussi.
- « Mais c’était de l’inconscience pure, Ruel ! explose Maillart. Cette action a eu un effet désastreux. Les équipes de l’IRSN viennent de reconstituer toutes les séquences de l’accident, les simulations sont formelles : les explosions de vapeur dans le réacteur ont repoussé la majeure partie de l’eau injectée vers la brèche. »
L’opérateur se voûte un peu plus. Il a une solide formation technique, et réalise maintenant les conséquences de sa manœuvre : le renoyage du cœur a en fait pris quatre fois plus de temps que s’il s’était abstenu.
- « Non seulement la quantité de radioactivité libérée s’est trouvée considérablement augmentée, poursuit le directeur, mais une partie importante a été emportée avec l’eau, sous forme liquide, vers la Seine. Si vous étiez resté tranquille, il n’y aurait eu que des rejets de vapeur. Tout dans l’atmosphère, rien dans le fleuve !
- C’est-à-dire, renchérit Hervé Maillart, qu’à l’heure actuelle, on n’aurait pas quelques millions de curies en train de naviguer entre Nogent et Paris.
- Mais le pire, Ruel, le pire ... »
Curieusement, il se redresse. Le pire ? Allons, peut-il y avoir un pire, à présent ?
- « Le pire, c’est qu’en distrayant l’esprit de vos coéquipiers, vous avez retardé la découverte de la solution. Oui, je sais, finalement, vous avez eu vous-même l’idée de briser les pompes. Mais si vous leur aviez laissé le temps de réfléchir, n’importe qui aurait pu penser aux pompes. »
Un silence pesant écrase les quatre hommes.
- « Vous pouvez vous retirer », dit doucement le directeur.
Hervé Ruel hésite une fraction de seconde. Son regard brisé glisse sur le visage fermé de ses supérieurs. Enfin, il se lève. D’un pas mécanique, il gagne la sortie.
Hervé Maillart pose ses mains soignées, bien à plat, de part et d’autre des documents rangés sur la table, et considère un instant ses interlocuteurs.
- « Nous devons préparer ce rapport à la direction générale. Mets bien en évidence le problème posé par l’alliance tacite de Ruel et de Raymond Craplet, le chef de quart, contre l’ISR. Ces deux-là s’entendaient peut-être trop bien. Parfois, c’est un avantage. Là ...
- Vous avez raison, coupe l’ingénieur de sûreté, qui connaît bien l’ISR. Je suis sûr que, sans cela, Pierre Duguey aurait correctement joué son rôle et orienté le travail de l’équipe dans la bonne direction. »
Le directeur se tourne vers l’ingénieur de sûreté : « De même, achève-moi rapidement le compte rendu des opérations engagées sur le site depuis l’accident. Ils le réclament aussi à Paris. »
par Michel Gueritte
jeudi 28 - 10 h - Mairie de Nogent-sur-Seine
- « Écoutez-moi bien, Ruel : vous êtes le chef de bloc, vous êtes personnellement en cause. Depuis trois jours, nous cherchons à comprendre comment l’équipe de quart a pu laisser la situation du réacteur se dégrader au point de provoquer une libération massive de radioactivité. Or, les témoignages de vos collègues, recoupés avec vos propres explications, vous accablent complètement. »
Hervé Maillart et l’ingénieur de sûreté de la centrale ont préparé le dossier de l’accident, réclamé d’urgence par la Commission d’enquête du ministère de l’Industrie. Un premier « débriefing » a réuni l’équipe de quart au complet pour une reconstitution des faits. Déjà, Hervé Ruel, le chef de bloc, semblait déprimé. Le départ de sa femme n’était pas étranger à son attitude. Ses supérieurs, ignorant cet aspect privé de la vie de l’opérateur, n’y ont vu que faiblesse morale. Plus tard, les membres de l’équipe étaient interrogés séparément. Ce matin, Hervé est seul face à Hervé Maillart, l’ingénieur et son directeur.
- « Vous avez engagé toute l’équipe dans une série de manœuvres hasardeuses, poursuit, implacable, le directeur, sans laisser à l’ISR, l’ingénieur se sûreté-radioprotection, ou au chef de quart le temps d’évaluer la situation exceptionnelle à laquelle ils étaient confrontés. Sans doute parce que, étant seul en salle de commande au début de l’accident, vous vous êtes d’emblée approprié le contrôle des opérations. A vous entendre, on aurait dit qu’il s’agissait d’une affaire personnelle entre vous et le réacteur !
- Mais je ne pouvais ...
- Ne dites pas le contraire : vous l’avez reconnu fièrement vous-même hier. »
Effondré sur son siège, Hervé est méconnaissable, démoralisé, harassé par les nuits blanches. Il sent l’étau se resserrer, inexorablement, Son esprit fonctionne au ralenti. Hervé Maillart réprime un sentiment de pitié : « Il a présumé de ses compétences, pense le directeur de la centrale, il a voulu jouer au héros bricoleur, et maintenant il s’effondre. Une leçon pour l’avenir : le processus de sélection des équipes de conduite devra comprendre, à l’avenir, des vrais tests d’aptitude psychologique. »
Hervé Maillart rassure Hervé Ruel : contrairement à ce que craignait l’opérateur, son abandon de poste, au milieu de la nuit, ne sera pas retenu à sa charge, même s’il a contribué à engorger un peu plus l’organisation sanitaire de la centrale. Prévenir une épouse enceinte n’est pas un crime, la direction peut comprendre un tel motif.
« En revanche, poursuit Maillart, vous êtes intervenu deux fois contre le cours normal des séquences de sauvegarde. D’abord, en tentant cette manœuvre insensée : forcer l’ouverture des vannes de décharge du pressuriseur au milieu de la phase de dépressurisation du circuit primaire. Ensuite, bien pire, en imposant, durant le renoyage du cœur du réacteur, des points d’injection prévus pour l’étape ultérieure. »
Ruel pense lentement, certes, mais il n’admet pas le reproche : il voulait créer un« mur liquide » entre le cœur et le générateur de vapeur accidenté, et la manœuvre semble avoir réussi.
- « Mais c’était de l’inconscience pure, Ruel ! explose Maillart. Cette action a eu un effet désastreux. Les équipes de l’IRSN viennent de reconstituer toutes les séquences de l’accident, les simulations sont formelles : les explosions de vapeur dans le réacteur ont repoussé la majeure partie de l’eau injectée vers la brèche. »
L’opérateur se voûte un peu plus. Il a une solide formation technique, et réalise maintenant les conséquences de sa manœuvre : le renoyage du cœur a en fait pris quatre fois plus de temps que s’il s’était abstenu.
- « Non seulement la quantité de radioactivité libérée s’est trouvée considérablement augmentée, poursuit le directeur, mais une partie importante a été emportée avec l’eau, sous forme liquide, vers la Seine. Si vous étiez resté tranquille, il n’y aurait eu que des rejets de vapeur. Tout dans l’atmosphère, rien dans le fleuve !
- C’est-à-dire, renchérit Hervé Maillart, qu’à l’heure actuelle, on n’aurait pas quelques millions de curies en train de naviguer entre Nogent et Paris.
- Mais le pire, Ruel, le pire ... »
Curieusement, il se redresse. Le pire ? Allons, peut-il y avoir un pire, à présent ?
- « Le pire, c’est qu’en distrayant l’esprit de vos coéquipiers, vous avez retardé la découverte de la solution. Oui, je sais, finalement, vous avez eu vous-même l’idée de briser les pompes. Mais si vous leur aviez laissé le temps de réfléchir, n’importe qui aurait pu penser aux pompes. »
Un silence pesant écrase les quatre hommes.
- « Vous pouvez vous retirer », dit doucement le directeur.
Hervé Ruel hésite une fraction de seconde. Son regard brisé glisse sur le visage fermé de ses supérieurs. Enfin, il se lève. D’un pas mécanique, il gagne la sortie.
Hervé Maillart pose ses mains soignées, bien à plat, de part et d’autre des documents rangés sur la table, et considère un instant ses interlocuteurs.
- « Nous devons préparer ce rapport à la direction générale. Mets bien en évidence le problème posé par l’alliance tacite de Ruel et de Raymond Craplet, le chef de quart, contre l’ISR. Ces deux-là s’entendaient peut-être trop bien. Parfois, c’est un avantage. Là ...
- Vous avez raison, coupe l’ingénieur de sûreté, qui connaît bien l’ISR. Je suis sûr que, sans cela, Pierre Duguey aurait correctement joué son rôle et orienté le travail de l’équipe dans la bonne direction. »
Le directeur se tourne vers l’ingénieur de sûreté : « De même, achève-moi rapidement le compte rendu des opérations engagées sur le site depuis l’accident. Ils le réclament aussi à Paris. »
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 37 - "l’effondrement des valeurs françaises"."
par Michel Gueritte
jeudi 28 - 12 h 30 - Bureaux du SDAT, Police judiciaire, Paris
« Je vais déjeuner. Je veux trouver votre rapport sur mon bureau dans une heure. » Le commissaire divisionnaire du SDAT (sous direction anti-terroriste) repose le combiné téléphonique, songeur. Ce que vient de lui apprendre un de ses agents, lui-même « tuyauté » par un informateur, est peut-être d’une importance capitale dans l’enquête en cours sur les causes de l’accident nucléaire.
L’hypothèse d’un attentat terroriste n’a toujours pas été écartée, en dépit des certitudes contraires de certains responsables EDF. Même s’ils ne comprennent pas les causes des ruptures de tuyauterie, ils admettent qu’un défaut de construction, d’inspection, ou bien une usure normale ait pu en être à l’origine. De toute façon, les policiers n’ont pas pour habitude de lâcher une piste, si mince soit-elle. La conversation, enregistrée grâce aux écoutes téléphoniques au début de la semaine dernière, prouve qu’une action de malveillance était prévue contre une centrale nucléaire. S’agissait-il de Nogent ? Rien n’est sûr. Mais la presse, avertie par le ministère de l’Intérieur des soupçons nourris contre d’éventuels terroristes, n’en finit pas de gloser sur « l’imagination délirante des policiers ». Avant l’obturation définitive de la brèche, des photos du tuyau déchiré ont été prises. Le laboratoire de la préfecture de Police n’a relevé sur les clichés aucune marque de déformation par explosion. L’enquête sur le personnel de la centrale piétine également. Outre les équipes d’entretien appartenant au personnel EDF, des entreprises intérimaires interviennent parfois sur le site. Les policiers se perdent dans les listings et les emplois du temps des ouvriers. Or, ce matin, un événement exceptionnel s’est produit à la Bourse de Paris.
13 h 30
... Le commissaire divisionnaire se penche sur deux pages imprimées : « Quelques heures avant l’accident de Nogent-sur-Seine, un agent de change, gestionnaire d’un gros portefeuille dont le propriétaire est encore inconnu de nos services, a vendu pour 76 millions d’euros d’actions ... » Le commissaire gratte son front chauve. Il n’a jamais compris grand-chose aux opérations boursières.
Mardi, à la première séance de cotation, vers 9 h 15, 100 millions d’actions ont été mises en vente : Air liquide, Bouygues, AXA, Véolia et Total. Des actions extrêmement bien cotées sur le marché. A la seconde séance, à partir de midi, le même vendeur a offert du Saint-Gobin, Natexis, LVMH, Carrefour et Lafarge. A 16 h, heure de clôture, l’agent de change avait tout liquidé, et empoché 100 millions d’euros. Une grosse somme. Mercredi, su les marchés boursiers étrangers, les actions françaises ont commencé à baisser. A New York, le Club Méditerranée s’est littéralement effondré. Pourquoi le Club ? Mystère ! Les actions viennent de perdre cinq pour cent en deux séances.
Aujourd’hui, les valeurs françaises ont encore chuté de dix pour cent. Des milliers d’actions se sont retrouvées offertes à la vente. Et, curieusement, les actions vendues ont été rachetées pour 80 millions d’euros. La conclusion du rapport de police est brève :
- « Si le vendeur de vendredi et l’acheteur de ce matin ne font qu’un, le bénéfice de l’opération boursière est colossal : 18 millions d’euros. Cette vente survenue fort à propos le 25 avril, quelques heures avant l’accident de la centrale nucléaire, est-elle le fruit du hasard ? Qui pouvait prévoir l’effondrement des valeurs françaises ? »
Le commissaire divisionnaire décroche son téléphone : il doit prévenir immédiatement ses supérieurs au ministère de l’Intérieur .
par Michel Gueritte
jeudi 28 - 12 h 30 - Bureaux du SDAT, Police judiciaire, Paris
« Je vais déjeuner. Je veux trouver votre rapport sur mon bureau dans une heure. » Le commissaire divisionnaire du SDAT (sous direction anti-terroriste) repose le combiné téléphonique, songeur. Ce que vient de lui apprendre un de ses agents, lui-même « tuyauté » par un informateur, est peut-être d’une importance capitale dans l’enquête en cours sur les causes de l’accident nucléaire.
L’hypothèse d’un attentat terroriste n’a toujours pas été écartée, en dépit des certitudes contraires de certains responsables EDF. Même s’ils ne comprennent pas les causes des ruptures de tuyauterie, ils admettent qu’un défaut de construction, d’inspection, ou bien une usure normale ait pu en être à l’origine. De toute façon, les policiers n’ont pas pour habitude de lâcher une piste, si mince soit-elle. La conversation, enregistrée grâce aux écoutes téléphoniques au début de la semaine dernière, prouve qu’une action de malveillance était prévue contre une centrale nucléaire. S’agissait-il de Nogent ? Rien n’est sûr. Mais la presse, avertie par le ministère de l’Intérieur des soupçons nourris contre d’éventuels terroristes, n’en finit pas de gloser sur « l’imagination délirante des policiers ». Avant l’obturation définitive de la brèche, des photos du tuyau déchiré ont été prises. Le laboratoire de la préfecture de Police n’a relevé sur les clichés aucune marque de déformation par explosion. L’enquête sur le personnel de la centrale piétine également. Outre les équipes d’entretien appartenant au personnel EDF, des entreprises intérimaires interviennent parfois sur le site. Les policiers se perdent dans les listings et les emplois du temps des ouvriers. Or, ce matin, un événement exceptionnel s’est produit à la Bourse de Paris.
13 h 30
... Le commissaire divisionnaire se penche sur deux pages imprimées : « Quelques heures avant l’accident de Nogent-sur-Seine, un agent de change, gestionnaire d’un gros portefeuille dont le propriétaire est encore inconnu de nos services, a vendu pour 76 millions d’euros d’actions ... » Le commissaire gratte son front chauve. Il n’a jamais compris grand-chose aux opérations boursières.
Mardi, à la première séance de cotation, vers 9 h 15, 100 millions d’actions ont été mises en vente : Air liquide, Bouygues, AXA, Véolia et Total. Des actions extrêmement bien cotées sur le marché. A la seconde séance, à partir de midi, le même vendeur a offert du Saint-Gobin, Natexis, LVMH, Carrefour et Lafarge. A 16 h, heure de clôture, l’agent de change avait tout liquidé, et empoché 100 millions d’euros. Une grosse somme. Mercredi, su les marchés boursiers étrangers, les actions françaises ont commencé à baisser. A New York, le Club Méditerranée s’est littéralement effondré. Pourquoi le Club ? Mystère ! Les actions viennent de perdre cinq pour cent en deux séances.
Aujourd’hui, les valeurs françaises ont encore chuté de dix pour cent. Des milliers d’actions se sont retrouvées offertes à la vente. Et, curieusement, les actions vendues ont été rachetées pour 80 millions d’euros. La conclusion du rapport de police est brève :
- « Si le vendeur de vendredi et l’acheteur de ce matin ne font qu’un, le bénéfice de l’opération boursière est colossal : 18 millions d’euros. Cette vente survenue fort à propos le 25 avril, quelques heures avant l’accident de la centrale nucléaire, est-elle le fruit du hasard ? Qui pouvait prévoir l’effondrement des valeurs françaises ? »
Le commissaire divisionnaire décroche son téléphone : il doit prévenir immédiatement ses supérieurs au ministère de l’Intérieur .
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 38 - "Vous ne pouvez pas démissionner."
par Michel Gueritte
vendredi 29 - 10 h 30 - Ministère de l’industrie, Paris
Henri Proglio, le président d’EDF, sort du bureau ministériel, très agacé. En quatre jours, c’est sa seconde convocation chez Eric Besson. Celui-ci veut absolument se forger une certitude : oui ou non, l’hypothèse de l’attentat terroriste est-elle crédible ? David Riencourt refuse de répondre à une question aussi difficile. Il répète inlassablement que des ruptures en cascade sur les tuyauteries sont suffisamment improbables pour que l’acte de malveillance ne soit pas à exclure. Le ministre tient mordicus à l’attentat : ajouté aux erreurs de l’équipe de conduite, erreurs humaines non imputables à la conception des installations, il accrédite la bonne qualité de la technique française.
Dans l’antichambre, le président d’EDF salue Martial Jorel, le responsable sécurité des réacteurs à l’IRSN.
- « Entrez, Jorel, entrez ... »
Le ministre aime bien cet homme au regard posé et ferme, et qui ne ne s’embarrasse pas de circonlocutions oratoires :
- « Monsieur le ministre, j’ai le regret de vous présenter ma démission.
- Quoi ? »
Besson a presque crié. Jorel regarde en silence ce ministre, qu’il côtoie depuis quelques mois seulement, un remaniement ministériel ayant bouleversé récemment l’organisation du Gouvernement. Jorel est un ingénieur du corps des Mines, unanimement respecté dans le monde de l’industrie et de la recherche. Chargé depuis des années de la sûreté des installations nucléaires, il a accompagné la montée en puissance du parc nucléaire national, ne négligeant l’examen d’aucun rapport de sûreté. Doté de capacités intellectuelles et d’une force de travail exceptionnelles, il excelle à déjouer les tentatives de dissimulation ou d’embrouille de dossiers, très prisées chez certains de ses interlocuteurs, à EDF ou chez les constructeurs.
Sa fonction consiste à maintenir un juste équilibre entre deux exigences contradictoires : remettre sans cesse en cause le niveau de la sûreté d’un côté, tenter d’en réduire les coûts de l’autre. Deux états d’esprit difficilement conciliables. Jorel est réputé pour n’accepter d’autre critère que l’intérêt collectif.
Il y a longtemps - dans l’antichambre, tout à l’heure, il tentait en vain de se rappeler quand - l’ingénieur avait confié à des collègues :
- « Le jour où j’estimerai que la sûreté n’est plus garantie, je démissionnerai. »
Ce matin, il a demandé un rendez-vous au secrétariat du ministre. Besson le regarde sans comprendre.
- « Nous avons rendu possible une catastrophe, parce que nous ne croyions pas vraiment à la possibilité d’un accident grave. L’étude d’une rupture des tuyauteries de vapeur avait été suggérée au Conseil supérieur de sûreté en octobre 1986. Aujourd’hui, je ne comprends toujours pas comment nous, l’IRSN, n’avons pas étudié de notre propre initiative une telle éventualité. Peu importe, d’ailleurs, je ...
- Vous ne pouvez pas démissionner, coupe Besson, insensible aux réflexions déontologiques de l’ingénieur en chef. Vous avez été vu hier aux côtés du président. Cela remettrait trop de choses en cause. Je refuse votre démission.
- Monsieur le ministre, il est des servitudes qui honorent : par exemple, lorsque le président de la République m’appelle à ses côtés pour l’éclairer sur un problème de ma compétence. Il en est d’autres que je préférerais éviter, mais auxquelles je reste soumis, tant qu’elles n’offensent pas l’idée que je me fais de ma dignité.
- « Hier, à mon corps défendant, en jouant au clown devant les caméras, j’ai dû tenir un rôle détestable : apporter la caution de l’IRSN à une opération de propagande. »
Eric Besson comprend de moins en moins. Ces scrupules ne sont que des états d’âme sans importance. Les circonstances exigent de la tenue et une cohésion sans faille. Agacé, le ministre l’est d’autant plus qu’il imagine fort bien la mine méprisante du Premier ministre, lorsque celui-ci apprendra qu’un proche subordonné du ministre de l’Industrie inaugure la débandade.
- « Mon cher Jorel, vous n’avez évidemment aucune responsabilité directe dans l’accident. Dans ces conditions, je ne vois pas ce qu’apporterait votre démission. »
Le ministre esquisse un grand sourire, signifiant ainsi la fin de l’entretien. Ignorant le congédiement ministériel, l’ingénieur en chef du SCSIN décide de mettre les points sur les « i ».
- « La France a été incapable d’apprécier la signification réelle des accidents de TMI et de Tchernobyl. Elle ne saura d’ailleurs pas exploiter les retours d’expérience de Fukushima…. Les Suédois, eux, ont interrompu le développement de leur programme nucléaire. Plus malins, nous avons considéré TMI comme une source d’informations. Avec sérieux et application, nous avons entrepris de modifier nos centrales. Je vous laisse juge du résultat.
- « L’accident russe nous a vraiment fait peur. Mais au lieu d’étudier la vraie question, c’est-à-dire le risque d’un relâchement massif de radioactivité, nous nous sommes réfugiés dans le relativisme technique, soulignant les différences entre le système soviétique RBMK, (Réacteur à eau bouillante modéré au graphite), et notre REP, (Réacteur à eau pressurisée, dont est équipée la presque totalité du parc nucléaire français).
- « Il faut un jour savoir tirer la leçon de l’expérience. S’obstiner plus longtemps est une faute. »
Eric Besson renonce à discuter. Jorel est tout simplement en train de prêcher pour un arrêt du programme nucléaire français.
- « Bien. Pouvez-vous attendre la fin de la crise avant de démissionner ? demande-t-il sèchement. Le président de la République a été clair : la crédibilité de nos institutions exige une attitude solidaire. Vous ne songez pas sérieusement à remettre en cause toute l’œuvre nationale depuis le retour de de Gaulle aux affaires ?
- Monsieur le ministre, ma décision est irrévocable. Puis-je me retirer ? » Eric Besson se lève, vaincu et furieux. Au moment où Martial Jorel tire la première porte capitonnée du bureau, le ministre grogne sur un ton menaçant : « Votre devoir de réserve, Jorel ... Ne l’oubliez pas ! »
Le chef de l’IRSN regagne son bureau et informe sa secrétaire de sa démission. Comme une traînée de poudre, la nouvelle se répand dans les bureaux, et quitte le ministère par la voie ordinaire : un militant syndical téléphone à son secrétaire fédéral, chargé des problèmes touchant au nucléaire.
par Michel Gueritte
vendredi 29 - 10 h 30 - Ministère de l’industrie, Paris
Henri Proglio, le président d’EDF, sort du bureau ministériel, très agacé. En quatre jours, c’est sa seconde convocation chez Eric Besson. Celui-ci veut absolument se forger une certitude : oui ou non, l’hypothèse de l’attentat terroriste est-elle crédible ? David Riencourt refuse de répondre à une question aussi difficile. Il répète inlassablement que des ruptures en cascade sur les tuyauteries sont suffisamment improbables pour que l’acte de malveillance ne soit pas à exclure. Le ministre tient mordicus à l’attentat : ajouté aux erreurs de l’équipe de conduite, erreurs humaines non imputables à la conception des installations, il accrédite la bonne qualité de la technique française.
Dans l’antichambre, le président d’EDF salue Martial Jorel, le responsable sécurité des réacteurs à l’IRSN.
- « Entrez, Jorel, entrez ... »
Le ministre aime bien cet homme au regard posé et ferme, et qui ne ne s’embarrasse pas de circonlocutions oratoires :
- « Monsieur le ministre, j’ai le regret de vous présenter ma démission.
- Quoi ? »
Besson a presque crié. Jorel regarde en silence ce ministre, qu’il côtoie depuis quelques mois seulement, un remaniement ministériel ayant bouleversé récemment l’organisation du Gouvernement. Jorel est un ingénieur du corps des Mines, unanimement respecté dans le monde de l’industrie et de la recherche. Chargé depuis des années de la sûreté des installations nucléaires, il a accompagné la montée en puissance du parc nucléaire national, ne négligeant l’examen d’aucun rapport de sûreté. Doté de capacités intellectuelles et d’une force de travail exceptionnelles, il excelle à déjouer les tentatives de dissimulation ou d’embrouille de dossiers, très prisées chez certains de ses interlocuteurs, à EDF ou chez les constructeurs.
Sa fonction consiste à maintenir un juste équilibre entre deux exigences contradictoires : remettre sans cesse en cause le niveau de la sûreté d’un côté, tenter d’en réduire les coûts de l’autre. Deux états d’esprit difficilement conciliables. Jorel est réputé pour n’accepter d’autre critère que l’intérêt collectif.
Il y a longtemps - dans l’antichambre, tout à l’heure, il tentait en vain de se rappeler quand - l’ingénieur avait confié à des collègues :
- « Le jour où j’estimerai que la sûreté n’est plus garantie, je démissionnerai. »
Ce matin, il a demandé un rendez-vous au secrétariat du ministre. Besson le regarde sans comprendre.
- « Nous avons rendu possible une catastrophe, parce que nous ne croyions pas vraiment à la possibilité d’un accident grave. L’étude d’une rupture des tuyauteries de vapeur avait été suggérée au Conseil supérieur de sûreté en octobre 1986. Aujourd’hui, je ne comprends toujours pas comment nous, l’IRSN, n’avons pas étudié de notre propre initiative une telle éventualité. Peu importe, d’ailleurs, je ...
- Vous ne pouvez pas démissionner, coupe Besson, insensible aux réflexions déontologiques de l’ingénieur en chef. Vous avez été vu hier aux côtés du président. Cela remettrait trop de choses en cause. Je refuse votre démission.
- Monsieur le ministre, il est des servitudes qui honorent : par exemple, lorsque le président de la République m’appelle à ses côtés pour l’éclairer sur un problème de ma compétence. Il en est d’autres que je préférerais éviter, mais auxquelles je reste soumis, tant qu’elles n’offensent pas l’idée que je me fais de ma dignité.
- « Hier, à mon corps défendant, en jouant au clown devant les caméras, j’ai dû tenir un rôle détestable : apporter la caution de l’IRSN à une opération de propagande. »
Eric Besson comprend de moins en moins. Ces scrupules ne sont que des états d’âme sans importance. Les circonstances exigent de la tenue et une cohésion sans faille. Agacé, le ministre l’est d’autant plus qu’il imagine fort bien la mine méprisante du Premier ministre, lorsque celui-ci apprendra qu’un proche subordonné du ministre de l’Industrie inaugure la débandade.
- « Mon cher Jorel, vous n’avez évidemment aucune responsabilité directe dans l’accident. Dans ces conditions, je ne vois pas ce qu’apporterait votre démission. »
Le ministre esquisse un grand sourire, signifiant ainsi la fin de l’entretien. Ignorant le congédiement ministériel, l’ingénieur en chef du SCSIN décide de mettre les points sur les « i ».
- « La France a été incapable d’apprécier la signification réelle des accidents de TMI et de Tchernobyl. Elle ne saura d’ailleurs pas exploiter les retours d’expérience de Fukushima…. Les Suédois, eux, ont interrompu le développement de leur programme nucléaire. Plus malins, nous avons considéré TMI comme une source d’informations. Avec sérieux et application, nous avons entrepris de modifier nos centrales. Je vous laisse juge du résultat.
- « L’accident russe nous a vraiment fait peur. Mais au lieu d’étudier la vraie question, c’est-à-dire le risque d’un relâchement massif de radioactivité, nous nous sommes réfugiés dans le relativisme technique, soulignant les différences entre le système soviétique RBMK, (Réacteur à eau bouillante modéré au graphite), et notre REP, (Réacteur à eau pressurisée, dont est équipée la presque totalité du parc nucléaire français).
- « Il faut un jour savoir tirer la leçon de l’expérience. S’obstiner plus longtemps est une faute. »
Eric Besson renonce à discuter. Jorel est tout simplement en train de prêcher pour un arrêt du programme nucléaire français.
- « Bien. Pouvez-vous attendre la fin de la crise avant de démissionner ? demande-t-il sèchement. Le président de la République a été clair : la crédibilité de nos institutions exige une attitude solidaire. Vous ne songez pas sérieusement à remettre en cause toute l’œuvre nationale depuis le retour de de Gaulle aux affaires ?
- Monsieur le ministre, ma décision est irrévocable. Puis-je me retirer ? » Eric Besson se lève, vaincu et furieux. Au moment où Martial Jorel tire la première porte capitonnée du bureau, le ministre grogne sur un ton menaçant : « Votre devoir de réserve, Jorel ... Ne l’oubliez pas ! »
Le chef de l’IRSN regagne son bureau et informe sa secrétaire de sa démission. Comme une traînée de poudre, la nouvelle se répand dans les bureaux, et quitte le ministère par la voie ordinaire : un militant syndical téléphone à son secrétaire fédéral, chargé des problèmes touchant au nucléaire.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 39 - " Il faut absolument éviter une remise en cause de notre programme électrique. "
par Michel Gueritte
vendredi 29 - 13 h - Palais Bourbon, Paris
- « Une véritable histoire de fou, ce coup en Bourse ! On nage en plein roman de Sulitzer. »
Près du kiosque à journaux de l’Assemblée nationale, dans l’entrée du palais Bourbon réservée aux députés, un élu UMP discute courtoisement avec un collègue socialiste. L’étalage croule sous une pile de Marianne. La« Une » de l’hebdomadaire représente un dessin de la Bourse de Paris, surmontée d’une immense tour de centrale nucléaire crachant des volutes de dollars. Sous le titre : « Accident ou attentat ? Nos révélations. », le journal publie l’intégralité d’un court rapport de police, relatant une fabuleuse et suspecte opération boursière. Le journal ne dit pas comment il a obtenu communication de ce rapport secret. En revanche, il publie le commentaire laconique du ministre de l’Intérieur : Claude Guéant déplore cette « fuite » susceptible d’entraver l’enquête en cours, et admet que les policiers n’ont pas encore réussi à identifier le, ou les propriétaires des actions si opportunément vendues, puis rachetées.
- « Accident ou attentat, peu importe, commente le député UMP en se dirigeant vers la grande salle des Colonnes. Il faut absolument éviter une remise en cause de notre programme électrique.
- Pour une fois, mon cher ami, je suis d’accord, sourit l’élu socialiste. Et j’ai remarqué, à la séance de ce matin, que vous applaudissiez notre ancien Premier ministre lorsqu’il s’élevait contre le principe d’un débat sur les technologies dites dangereuses. Votre groupe n’applaudit pas souvent quelqu’un du nôtre, pourtant.
- Ne crions pas victoire trop vite, répond le député UMP. Je crois savoir qu’une question écrite est en préparation pour relancer ce débat. Débat bien inutile au demeurant. »
Peu de députés se pressent à l’entrée de l’hémicycle. Sur les bancs de velours accolés aux colonnes blanches, un journaliste de Mediapart parle discrètement à deux députés normands.
- « Allons, dit le journaliste, admettez que vous refusez ce débat car votre région puise une bonne partie de ses emplois dans l’énergie nucléaire. Vous avez l’usine de la Hague, les centrales de Flamanville, Penly, l’arsenal de Cherbourg...
- Pas du tout, protestent les deux hommes. Mais certains n’attendent que cela pour politiser le débat. Sans compter ceux qui donnent dans la démagogie en braillant qu’il faut arrêter immédiatement les centrales nucléaires, sous prétexte que les Français le réclament à cor et à cri. Enfin, ce n’est pas sérieux ...
- Que pensez-vous de la proposition émise dernièrement par l’OPECST, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques ?
- Nommer une commission d’enquête pour déterminer les responsabilités dans l’accident ? Ah oui, c’est une excellente proposition,
- Qui n’engage pas à grand-chose. »
Une députée s’immisce dans la conversation. Elle reste debout devant les trois hommes pour continuer, un tantinet agressive :
- « Je n’ai jamais autant regretté que le ministère de l’Environnement ne détienne aucune prérogative en matière de nucléaire. S’il avait son mot à dire, j’ose espérer que le ministre actuel reconsidérerait ces fameux problèmes posés par la sûreté de nos installations. Or, actuellement, le lobby nucléaire, CEA, EDF et autres industries dépendantes, dicte leurs quatre volontés.
- Vous êtes contre le principe d’une commission d’enquête parlementaire ? demande le journaliste.
- Mais non, pourquoi serais-je contre ? Simplement, qui va piloter ces messieurs dans les arcanes du monde nucléaire ? Devinez : toujours les mêmes, ceux qui tiennent les rênes actuellement. Alors, cela ne servira à rien, voilà tout.
- Qu’est-ce que c’est que cet attroupement, là-bas ? » coupe un des députés de Normandie, désignant un groupe fort agité à l’entrée de la salle. Près de la porte, des huissiers en frac noir contiennent difficilement un homme énervé et échevelé, qui persiste à vouloir entrer dans l’immense pièce réservée aux parlementaires.
- « Monsieur, l’entrée du public est de l’autre côté. Vous n’avez pas de badge d’autorisation ...
- Laissez-moi passer, je dois m’adresser aux élus du peuple ! »
Une brève bagarre s’ensuit, et un gros paquet de tracts s’éparpille sur le sol. Le journaliste du Monde ramasse une des feuilles photocopiées sur un papier jaune.
- « On nous ment ! Députés, on vous ment aussi...
- Des hommes, des femmes, des enfants, ont été contaminés, irradiés. Les autorités sanitaires affirment que personne n’est en danger. Alors que déjà, les ravages de la radioactivité se font sentir. Des cancers vont se déclarer... »
Le journaliste ne lit pas plus loin, relève les yeux vers l’excité que les huissiers traînent sans ménagement vers la sortie, et confient aux policiers qui le poussent vers les grilles. Comment cet homme a-t-il réussi à franchir les contrôles successifs ? Parce qu’il est curieux, et que de toute façon il doit partir, le journaliste du Monde rejoint l’intrus. Effondré sur les marches du Palais, il est secoué de tremblements nerveux.
« Quelque chose ne va pas, monsieur ? »
Courtois et apitoyé, le journaliste pose une main sur l’épaule du malheureux qui sanglote en silence. « Ne me touchez pas, je suis dangereux ! » il a bondi comme un ressort.
- « J’ai passé une matinée entière dans le nuage radioactif. Vous vous rendez compte ? Et ma fiancée, a trente-neuf de fièvre, elle est enrouée, elle ne mange rien. Le médecin dit qu’elle a la grippe. On nous ment, on nous ment ... »
Le journaliste hoche la tête, pensif. Il a entendu parler de ces gens tellement secoués psychologiquement par l’annonce de l’accident nucléaire qu’ils sombrent dans la démence. A plusieurs reprises, les quotidiens ont fait état de suicides en zones touchées par la contamination. Les divagations de cet homme, secoué de tics, marquent-elles le début de sa folie ?
par Michel Gueritte
vendredi 29 - 13 h - Palais Bourbon, Paris
- « Une véritable histoire de fou, ce coup en Bourse ! On nage en plein roman de Sulitzer. »
Près du kiosque à journaux de l’Assemblée nationale, dans l’entrée du palais Bourbon réservée aux députés, un élu UMP discute courtoisement avec un collègue socialiste. L’étalage croule sous une pile de Marianne. La« Une » de l’hebdomadaire représente un dessin de la Bourse de Paris, surmontée d’une immense tour de centrale nucléaire crachant des volutes de dollars. Sous le titre : « Accident ou attentat ? Nos révélations. », le journal publie l’intégralité d’un court rapport de police, relatant une fabuleuse et suspecte opération boursière. Le journal ne dit pas comment il a obtenu communication de ce rapport secret. En revanche, il publie le commentaire laconique du ministre de l’Intérieur : Claude Guéant déplore cette « fuite » susceptible d’entraver l’enquête en cours, et admet que les policiers n’ont pas encore réussi à identifier le, ou les propriétaires des actions si opportunément vendues, puis rachetées.
- « Accident ou attentat, peu importe, commente le député UMP en se dirigeant vers la grande salle des Colonnes. Il faut absolument éviter une remise en cause de notre programme électrique.
- Pour une fois, mon cher ami, je suis d’accord, sourit l’élu socialiste. Et j’ai remarqué, à la séance de ce matin, que vous applaudissiez notre ancien Premier ministre lorsqu’il s’élevait contre le principe d’un débat sur les technologies dites dangereuses. Votre groupe n’applaudit pas souvent quelqu’un du nôtre, pourtant.
- Ne crions pas victoire trop vite, répond le député UMP. Je crois savoir qu’une question écrite est en préparation pour relancer ce débat. Débat bien inutile au demeurant. »
Peu de députés se pressent à l’entrée de l’hémicycle. Sur les bancs de velours accolés aux colonnes blanches, un journaliste de Mediapart parle discrètement à deux députés normands.
- « Allons, dit le journaliste, admettez que vous refusez ce débat car votre région puise une bonne partie de ses emplois dans l’énergie nucléaire. Vous avez l’usine de la Hague, les centrales de Flamanville, Penly, l’arsenal de Cherbourg...
- Pas du tout, protestent les deux hommes. Mais certains n’attendent que cela pour politiser le débat. Sans compter ceux qui donnent dans la démagogie en braillant qu’il faut arrêter immédiatement les centrales nucléaires, sous prétexte que les Français le réclament à cor et à cri. Enfin, ce n’est pas sérieux ...
- Que pensez-vous de la proposition émise dernièrement par l’OPECST, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques ?
- Nommer une commission d’enquête pour déterminer les responsabilités dans l’accident ? Ah oui, c’est une excellente proposition,
- Qui n’engage pas à grand-chose. »
Une députée s’immisce dans la conversation. Elle reste debout devant les trois hommes pour continuer, un tantinet agressive :
- « Je n’ai jamais autant regretté que le ministère de l’Environnement ne détienne aucune prérogative en matière de nucléaire. S’il avait son mot à dire, j’ose espérer que le ministre actuel reconsidérerait ces fameux problèmes posés par la sûreté de nos installations. Or, actuellement, le lobby nucléaire, CEA, EDF et autres industries dépendantes, dicte leurs quatre volontés.
- Vous êtes contre le principe d’une commission d’enquête parlementaire ? demande le journaliste.
- Mais non, pourquoi serais-je contre ? Simplement, qui va piloter ces messieurs dans les arcanes du monde nucléaire ? Devinez : toujours les mêmes, ceux qui tiennent les rênes actuellement. Alors, cela ne servira à rien, voilà tout.
- Qu’est-ce que c’est que cet attroupement, là-bas ? » coupe un des députés de Normandie, désignant un groupe fort agité à l’entrée de la salle. Près de la porte, des huissiers en frac noir contiennent difficilement un homme énervé et échevelé, qui persiste à vouloir entrer dans l’immense pièce réservée aux parlementaires.
- « Monsieur, l’entrée du public est de l’autre côté. Vous n’avez pas de badge d’autorisation ...
- Laissez-moi passer, je dois m’adresser aux élus du peuple ! »
Une brève bagarre s’ensuit, et un gros paquet de tracts s’éparpille sur le sol. Le journaliste du Monde ramasse une des feuilles photocopiées sur un papier jaune.
- « On nous ment ! Députés, on vous ment aussi...
- Des hommes, des femmes, des enfants, ont été contaminés, irradiés. Les autorités sanitaires affirment que personne n’est en danger. Alors que déjà, les ravages de la radioactivité se font sentir. Des cancers vont se déclarer... »
Le journaliste ne lit pas plus loin, relève les yeux vers l’excité que les huissiers traînent sans ménagement vers la sortie, et confient aux policiers qui le poussent vers les grilles. Comment cet homme a-t-il réussi à franchir les contrôles successifs ? Parce qu’il est curieux, et que de toute façon il doit partir, le journaliste du Monde rejoint l’intrus. Effondré sur les marches du Palais, il est secoué de tremblements nerveux.
« Quelque chose ne va pas, monsieur ? »
Courtois et apitoyé, le journaliste pose une main sur l’épaule du malheureux qui sanglote en silence. « Ne me touchez pas, je suis dangereux ! » il a bondi comme un ressort.
- « J’ai passé une matinée entière dans le nuage radioactif. Vous vous rendez compte ? Et ma fiancée, a trente-neuf de fièvre, elle est enrouée, elle ne mange rien. Le médecin dit qu’elle a la grippe. On nous ment, on nous ment ... »
Le journaliste hoche la tête, pensif. Il a entendu parler de ces gens tellement secoués psychologiquement par l’annonce de l’accident nucléaire qu’ils sombrent dans la démence. A plusieurs reprises, les quotidiens ont fait état de suicides en zones touchées par la contamination. Les divagations de cet homme, secoué de tics, marquent-elles le début de sa folie ?
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
La catastrophe de Nogent/Seine : Episode 40 - "La thèse de l’attentat terroriste."
par Michel Gueritte
samedi 30 - 19 h 30 - France3
Immédiatement après le générique, les images tournées à la centrale nucléaire apparaissent sur l’écran.
- « Regardez bien, commente, en voix-off, Catherine Matausch, la présentatrice du JT national. Vous avez déjà vu ce film. Il y a quatre jours, ces images vous avaient intéressés parce qu’elles montraient l’ampleur et la difficulté du travail entrepris par les équipes de décontamination.
Aujourd’hui, notre-confrère Paris-Match publie un document qui tend à accréditer la thèse de l’attentat terroriste. » L’image se gêle sur l’écran. Agrandie, un peu floue mais très distincte, une photographie de la brèche apparaît.
- « C’est d’ici que se sont échappées la vapeur et l’eau radioactive, poursuit Catherine Matausch. C’est à cet endroit, et seulement là, que les éventuels explosifs ont pu être placés. »
L’image disparaît de l’écran.
- « Mesdames et messieurs, bonsoir. Avec nous ce soir, pour commenter cette image, Michel Thomas, ingénieur métallurgiste, du réputé corps des Mines.
« M. Thomas, oui ou non, la rupture de cette tuyauterie est-elle due à une explosion ?
- Je suis affirmatif : c’est non. On ne distingue sur cette photographie aucune déformation du tuyau, telle qu’on en constate toujours lorsqu’une charge explosive externe intervient.
- Donc, vous ne croyez pas à l’acte de malveillance ?
- Nullement »
Dans les bureaux de la rédaction de france3 Champagne-Ardenne, Tiphaine LEROUX tape amicalement dans la main de son caméraman Olivier Mayer : c’est la première fois qu’un de leur reportage revêt une telle importance… Tiphaine se lève et salue avec une certaine émotion toute l’équipe du journal : elle part ce soir en congé maternité….
par Michel Gueritte
samedi 30 - 19 h 30 - France3
Immédiatement après le générique, les images tournées à la centrale nucléaire apparaissent sur l’écran.
- « Regardez bien, commente, en voix-off, Catherine Matausch, la présentatrice du JT national. Vous avez déjà vu ce film. Il y a quatre jours, ces images vous avaient intéressés parce qu’elles montraient l’ampleur et la difficulté du travail entrepris par les équipes de décontamination.
Aujourd’hui, notre-confrère Paris-Match publie un document qui tend à accréditer la thèse de l’attentat terroriste. » L’image se gêle sur l’écran. Agrandie, un peu floue mais très distincte, une photographie de la brèche apparaît.
- « C’est d’ici que se sont échappées la vapeur et l’eau radioactive, poursuit Catherine Matausch. C’est à cet endroit, et seulement là, que les éventuels explosifs ont pu être placés. »
L’image disparaît de l’écran.
- « Mesdames et messieurs, bonsoir. Avec nous ce soir, pour commenter cette image, Michel Thomas, ingénieur métallurgiste, du réputé corps des Mines.
« M. Thomas, oui ou non, la rupture de cette tuyauterie est-elle due à une explosion ?
- Je suis affirmatif : c’est non. On ne distingue sur cette photographie aucune déformation du tuyau, telle qu’on en constate toujours lorsqu’une charge explosive externe intervient.
- Donc, vous ne croyez pas à l’acte de malveillance ?
- Nullement »
Dans les bureaux de la rédaction de france3 Champagne-Ardenne, Tiphaine LEROUX tape amicalement dans la main de son caméraman Olivier Mayer : c’est la première fois qu’un de leur reportage revêt une telle importance… Tiphaine se lève et salue avec une certaine émotion toute l’équipe du journal : elle part ce soir en congé maternité….
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
dimanche 1er mai - 7 h 00 – Nogent-sur-Seine
Le bulletin météo est alarmant. Les vents tournent.
dimanche 1er mai - 9 h 00 - Palais de l'Elysée
Une réunion de crise se tient à l’Elysée.
dimanche 1er mai - 10 h 30 - Palais de l'Elysée
Il est décidé d’évacuer toutes les communes situées dans un rayon de 10 km autour de Nogent-sur-Seine.
Voir Annexe O et Annexe P
dimanche 1er mai - 11 h – Préfecture de l'Aube
L’ordre d’évacuation est donné par la Préfecture de l’Aube.
Et là, on quitte l’adaptation du roman de Hélène Crié et de Yves Lenoir.
On entre dans la nucléa-réalité !
Ne lisez pas les 122 pages du document édité par la préfecture, cela ne ferait qu’augmenter votre inquiétude…
Voir Annexe Y
Effectivement les consignes sont sommaires : page 41 et 42 du PPI :
Evacuation après rejet : elle se fera par les moyens de transport collectif à destination de l'agglomération troyenne et plus particulièrement sur le complexe universitaire de l'université de technologie et des autres établissements de cette zone.
Ils y seront soumis à un contrôle de radioactivité et si nécessaire à une décontamination dans les douches des gymnases du site renforcés par les structures mobiles de la sécurité civile.
La décontamination des populations : elle aurait lieu dans l'enceinte même du CNPE, et dans un local inclus dans le complexe de l'AGORA Michel BAROIN. Egalement dans des unités mobiles en provenance des départements voisins.
Le COSEC de l'université de technologie de TROYES est particulièrement adapté pour y installer des chaînes de décontamination. Il pourra être secondé par les COSEC voisins.
Le bulletin météo est alarmant. Les vents tournent.
dimanche 1er mai - 9 h 00 - Palais de l'Elysée
Une réunion de crise se tient à l’Elysée.
dimanche 1er mai - 10 h 30 - Palais de l'Elysée
Il est décidé d’évacuer toutes les communes situées dans un rayon de 10 km autour de Nogent-sur-Seine.
Voir Annexe O et Annexe P
dimanche 1er mai - 11 h – Préfecture de l'Aube
L’ordre d’évacuation est donné par la Préfecture de l’Aube.
Et là, on quitte l’adaptation du roman de Hélène Crié et de Yves Lenoir.
On entre dans la nucléa-réalité !
Ne lisez pas les 122 pages du document édité par la préfecture, cela ne ferait qu’augmenter votre inquiétude…
Voir Annexe Y
Effectivement les consignes sont sommaires : page 41 et 42 du PPI :
Evacuation après rejet : elle se fera par les moyens de transport collectif à destination de l'agglomération troyenne et plus particulièrement sur le complexe universitaire de l'université de technologie et des autres établissements de cette zone.
Ils y seront soumis à un contrôle de radioactivité et si nécessaire à une décontamination dans les douches des gymnases du site renforcés par les structures mobiles de la sécurité civile.
La décontamination des populations : elle aurait lieu dans l'enceinte même du CNPE, et dans un local inclus dans le complexe de l'AGORA Michel BAROIN. Egalement dans des unités mobiles en provenance des départements voisins.
Le COSEC de l'université de technologie de TROYES est particulièrement adapté pour y installer des chaînes de décontamination. Il pourra être secondé par les COSEC voisins.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
quelque pars dans ce village se cache le dangereux terroriste GL
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Tu va voir le PPI (plan particulier d'intervention), il se sont bien garder de mettre ce village dedans.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
PPI (plan provisoire d'intervention)
Partie 1
Voila comment les autorités organisent une situation de crise.
Partie 1
Voila comment les autorités organisent une situation de crise.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Partie 2
Les villes
NOGENT 5 km
TROYES 43 km
PROVINS 15km
PARIS 90 km
SENS 60 km
CHALONS 80 km
ROMILLY 15 km
AUXERRE 90 km
Les villes
NOGENT 5 km
TROYES 43 km
PROVINS 15km
PARIS 90 km
SENS 60 km
CHALONS 80 km
ROMILLY 15 km
AUXERRE 90 km
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Partie 3
L'instalation
L'instalation
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
c'est une histoire sans fin ton truc , j'ai mal au crane
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
il ne fallait même pas commencer a lireac/dc59 a écrit:c'est une histoire sans fin ton truc , j'ai mal au crane
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
paskal a écrit:il ne fallait même pas commencer a lireac/dc59 a écrit:c'est une histoire sans fin ton truc , j'ai mal au crane
je veux dire par là que personne ne veut sortir du nucléaire ,les japonnais en redemandent ,les personnes qui ont fui le Japon ne sont plus les bienvenu ,
savaient vous que le niveau au Japon est égale voir supérieur à Tchernobyl qu'ils y a des zones agricole complètement anéantis
GL, dit la vérité mais personne ne le croit
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
pour ce que tu cites sur le japon je le savait.....j'ai jamais dis que GL racontes des conneries, par contre son truc est trop lourd a lire
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
1.3 Les voies de communication
Ferroviaires :
-la ligne SNCF PARIS-BALE (grande ligne) à 650 mètres au Sud
-une gare voyageurs à NOGENT SUR SEINE
-une gare voyageurs à ROMILLY SUR SEINE
-une liaison spécialisée entre la gare de NOGENT SUR SEINE et le CNPE
Routières :
-la RD 619 à 2 km au Sud
-la RD 951 à 1,5 km à l'ouest et au Nord-Ouest
-la RD 40 à 1 km au Nord
-un raccordement spécifique d'accès entre le site et la RD 40 au Sud-Ouest
-une liaison secondaire avec la RD 40 au Nord
Trafic routier et ferroviaire
Type Désignation Trafic
Fret
Types de
véhicules
Distance au
bâtiment réacteur
Matières le plus proche
Dangereuses
Trafic annuel
en tonnes
Voie ferrée Paris-Troyes-
Belfort 54 trains/jour
dont 27 trains
de marchandises
Hydrocarbures liquides Ammoniac
261
212
Wagon réservoir
58 t
49 t
650 m
Routes
RD 619
RD 951
9833 v/jours
dont 1248 PL
3157 v/jours
dont 490 PL
Produits pétroliers et chimiques
Produits pétroliers et chimiques
660
280
Camion 10 à 15 t
Capacité 25m3 pour
fioul et gaz
2 500 m
1 500 m
Fluviales (SEINE)
-Section limitée à 1 200 t en aval de Bray sur Seine (Seine et Marne)
-Section limitée à 1 000 t de Bray sur Seine à Nogent sur Seine,
-Navigation très réduite et uniquement réservée à la plaisance en amont de Nogent sur Seine,
Le trafic fluvial à Nogent sur Seine est essentiellement lié au transport de céréales, de papier, de graviers et conteneurs (335 000 t/an à Nogent sur Seine).
Aucun transit de matières dangereuses (hydrocarbures ou produits chimiques).
7
Ferroviaires :
-la ligne SNCF PARIS-BALE (grande ligne) à 650 mètres au Sud
-une gare voyageurs à NOGENT SUR SEINE
-une gare voyageurs à ROMILLY SUR SEINE
-une liaison spécialisée entre la gare de NOGENT SUR SEINE et le CNPE
Routières :
-la RD 619 à 2 km au Sud
-la RD 951 à 1,5 km à l'ouest et au Nord-Ouest
-la RD 40 à 1 km au Nord
-un raccordement spécifique d'accès entre le site et la RD 40 au Sud-Ouest
-une liaison secondaire avec la RD 40 au Nord
Trafic routier et ferroviaire
Type Désignation Trafic
Fret
Types de
véhicules
Distance au
bâtiment réacteur
Matières le plus proche
Dangereuses
Trafic annuel
en tonnes
Voie ferrée Paris-Troyes-
Belfort 54 trains/jour
dont 27 trains
de marchandises
Hydrocarbures liquides Ammoniac
261
212
Wagon réservoir
58 t
49 t
650 m
Routes
RD 619
RD 951
9833 v/jours
dont 1248 PL
3157 v/jours
dont 490 PL
Produits pétroliers et chimiques
Produits pétroliers et chimiques
660
280
Camion 10 à 15 t
Capacité 25m3 pour
fioul et gaz
2 500 m
1 500 m
Fluviales (SEINE)
-Section limitée à 1 200 t en aval de Bray sur Seine (Seine et Marne)
-Section limitée à 1 000 t de Bray sur Seine à Nogent sur Seine,
-Navigation très réduite et uniquement réservée à la plaisance en amont de Nogent sur Seine,
Le trafic fluvial à Nogent sur Seine est essentiellement lié au transport de céréales, de papier, de graviers et conteneurs (335 000 t/an à Nogent sur Seine).
Aucun transit de matières dangereuses (hydrocarbures ou produits chimiques).
7
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
le chiffre annonçant le nombre quotidien de circulations ferroviaire au droit de nogent est erroné, il ya plus que ça de mouvement voyageurs, moins de fert sauf si tu prends en compte les opérateurs privés et ou les mouvements de matériels, en particulier dce qui va ou viens des ateliers de romilly.
autre rectificatif, l'ITE= installation terminales embranchées reliant la centrale au réseau RFF n'as rien de particulier, hormis les procédures d'accès et de manœuvre.
autre rectificatif, l'ITE= installation terminales embranchées reliant la centrale au réseau RFF n'as rien de particulier, hormis les procédures d'accès et de manœuvre.
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Il s'agit des vents au sol. cela n'a pas grand chose à voir avoir les vents à 500 m d'altitude.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Description de l'accident
Le générateur de vapeur est un échangeur de chaleur entre le circuit primaire ( très chaud) et le circuit secondaire (ces deux circuits étant indépendants les uns des autres). Il y a 4
échangeurs de ce type sur un réacteur de 1300 MW.
L'événement initiateur de ce type d'accident est la rupture d'un des tubes de générateur de vapeur (qui en comporte plus de 5300 de 1,9 cm de diamètre) .
Cette rupture, en raison de la différence de pression au sein des deux circuits, entraîne une fuite du circuit primaire (pression = 155 fois la pression atmosphérique) vers le circuit
secondaire (pression = 70 fois la pression atmosphérique).
De l'eau contaminée du circuit primaire se mélange à l'eau du circuit secondaire dans le générateur de vapeur.
La contamination initiale de l'eau du circuit primaire est constituée essentiellement de produits de fission, provenant de micro-fuites quotidiennes du gainage du combustible, car
celui-ci n'est pas totalement étanche, les gaines « transpirent » et laissent passer de très faibles quantités des produits les plus volatiles (gaz rares: essentiellement Xe133 et iodes:
I131). Avec la fuite, la pression du circuit primaire baisse, ce qui déclenche l'arrêt automatique du réacteur.
Cette baisse de pression déclenche automatiquement le circuit d'injection d'eau de sécurité.
Cette eau injectée dans le coeur compense la fuite et maintient le refroidissement des gaines de combustible.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
7. Les mesures de protection de la population
Elles sont au nombre de trois : la mise à l'abri, l'évacuation et la prise de comprimés d'iode stable. Cette dernière mesure n'est pas suffisante en elle-même et doit être accompagnée
de l'une des deux précédentes.
7.1 La mise à l'abri
Elle réduit d'un facteur 2 la dose efficace par inhalation et d'un facteur 8 à 10 l'exposition externe.
Elle consiste à s'enfermer dans un bâtiment en dur dont on aura fermé les issues et arrêté la ventilation automatique.
Elle est accompagnée de messages radiophoniques diffusés par les autorités afin de donner des instructions de comportement à la population, des nouvelles sur l'évolution de la
crise et maintenir un lien avec les personnes concernées (CF ANNEXE 3.1). La mise à l'abri ne dure que quelques heures pour éviter les troubles psychologiques résultant de
l'enfermement et parce que la contamination extérieure va progressivement gagner le local confiné.
Elle est prescrite lorsque la dose au corps entier est susceptible d'atteindre 10mSv.
Elle est automatique dans le périmètre de protection réflexe (4,5km) dès le déclenchement des sirènes et du SAPPRE
C'est la première mesure de protection de la population et la plus efficace.
7.2 L'évacuation
Elle est prescrite, soit avant rejet, si la cinétique le permet, en prévention de rejets importants en intensité ou s'inscrivant dans la durée, soit après rejet et une mise à l'abri préalable,
lorsque le rejet est terminé et que la contamination du sol et de l'environnement laisse craindre une dose au corps entier supérieure à 50mSv.
L'évacuation sous le nuage radioactif est à éviter sauf si la durée prévisible du rejet est incompatible avec une prolongation de la mise à l'abri.
7.3 La prise de comprimés d'iode stable
La prise de comprimés d'iode stable permet de saturer la glande thyroïde et d'éviter qu'elle n'assimile de l'iode radioactif, réduisant ainsi le risque sanitaire de cancer
L'iode stable offre une protection de la thyroïde contre l'iode radioactif mais pas contre les autres radionucléides rejetés lors d'un accident nucléaire (gaz rares et césiums
notamment).
Pour garantir un taux d'efficacité de 98% l'iode stable doit être ingéré deux heures avant l'inhalation
Il n'est plus efficace qu'à 50 % si la prise intervient 6 h après l'exposition.
Il conserve un maximum d'efficacité dans les 24 premières heures et a un taux d'efficacité de 75 à 50% dans les 24 heures suivantes.
L'iode stable est ingéré quand la dose à la thyroïde est susceptible d'atteindre 50 mSv.
Il ne doit être ingéré que sur instruction expresse du préfet. (CF ANNEXE 3.3)
La population résidant dans le périmètre des 10 km a perçu, à titre préventif, des comprimés d'iode stable.
En dehors de ce périmètre des 10km et pour les populations itinérantes la distribution des comprimés du stock départemental devra être organisée.
Pour répondre à une volonté d'harmonisation européenne, les comprimés à la disposition de la population depuis la campagne de distribution 2009-2010 sont désormais
dosés à 65 mg d'iode stable.
La posologie désormais applicable est la suivante:
2 comprimés pour les adultes y compris les femmes enceintes
2 comprimés pour les enfants de plus de 12 ans
1 comprimé pour les enfants de 3 à 12 ans
Un demi comprimé pour les bébés de 1 mois à 2 ans
1 quart de comprimé pour les bébés de moins de 1 mois
7.4 Les seuils de dose
Trois niveaux de doses conditionnent la mise en application de mesures de protection de la population.
- 10 millisieverts (mSv) prévisionnelle au corps entier (ou dose efficace prévisionnelle). C'est la limite qui, lorsqu'elle est susceptible d'être atteinte, motive une mise à l'abri
de la population.
- 50 millisieverts (mSv) prévisionnelle au corps entier (ou dose efficace prévisionnelle). C'est la limite qui lorsqu'elle est susceptible d'être atteinte, motive une évacuation
de la population.
- 50 millisieverts (mSv) prévisionnelle à la thyroïde ( ou dose équivalente prévisionnelle). C'est la limite qui lorsqu'elle est susceptible d'être atteinte motive l'ingestion de
pastilles d'iode stable en complément d'une des deux mesures précitées.
10 Les structures de commandement
La direction des opérations de secours est assurée par le préfet de l'Aube.
10.1 Le centre opérationnel départemental (COD)
Le centre opérationnel départemental est situé à la préfecture et répond au schéma d'organisation du plan ORSEC.
Les services représentés au COD sont:
· Le SIDPC (service interministériel de défense et de protection civiles)
· Le SDSIC (service départemental des services de communication et d'information)
· Le BCI (bureau de communication interministérielle)
· L'ASN (autorité de sureté nucléaire, division de CHALONS)
· Le SDIS (service départementale d'incendie et de secours)
· La Gendarmerie
· L'ARS (agence régionale de santé)
· La DDT (direction départementale des territoires)
· La DDCSPP(direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations)
· L'IA (inspection académique)
· La DMD (délégation militaire départementale)
· La DRAT (direction des routes et de l'action territoriale du Conseil général)
· Météo-France
· La DDSP (direction départementale de la sécurité publique) si nécessaire
· La DDFIP (direction départementale des finances publiques)
· L'assureur d'EDF
· La préfecture de la Seine et Marne
· Le CNPE (à la demande du préfet)
· La DREAL (si nécessaire)
10.2 Le poste de commandement opérationnel (PCO)
Il répond, comme le COD, au schéma d'organisation du plan ORSEC.
Il est positionné de façon à se trouver en dehors du périmètre des 10 km et ne pas être placé sous le vent.
Les services présents sont :
En fonction de la rose des vents à Nogent sur Seine, deux PCO diamétralement opposés sont pressentis:
· le centre de secours principal de ROMILLY SUR SEINE
· La sous-préfecture de PROVINS
Sont présents au PCO :
· Le sous-préfet de NOGENT SUR SEINE détenteur du pouvoir de police et directeur du COD (et éventuellement de PROVINS)
· Le SDIS
· Le SAMU
· Le BCI
· La gendarmerie
· La cellule mesures de l'IRSN (institut de radio-protection et de sureté nucléaire)
· La DRAT
· La CLI (commission locale d'information)
Si le PCO est fixé à Romilly sur Seine, son pré-armement est effectué dès la phase de veille par les sapeurs pompiers du CSP.
Si le PCO est fixé à PROVINS, son pré-armement est effectué dès la phase de veille par les services de la préfecture de Seine et Marne et de la sous-préfecture de PROVINS.
Elles sont au nombre de trois : la mise à l'abri, l'évacuation et la prise de comprimés d'iode stable. Cette dernière mesure n'est pas suffisante en elle-même et doit être accompagnée
de l'une des deux précédentes.
7.1 La mise à l'abri
Elle réduit d'un facteur 2 la dose efficace par inhalation et d'un facteur 8 à 10 l'exposition externe.
Elle consiste à s'enfermer dans un bâtiment en dur dont on aura fermé les issues et arrêté la ventilation automatique.
Elle est accompagnée de messages radiophoniques diffusés par les autorités afin de donner des instructions de comportement à la population, des nouvelles sur l'évolution de la
crise et maintenir un lien avec les personnes concernées (CF ANNEXE 3.1). La mise à l'abri ne dure que quelques heures pour éviter les troubles psychologiques résultant de
l'enfermement et parce que la contamination extérieure va progressivement gagner le local confiné.
Elle est prescrite lorsque la dose au corps entier est susceptible d'atteindre 10mSv.
Elle est automatique dans le périmètre de protection réflexe (4,5km) dès le déclenchement des sirènes et du SAPPRE
C'est la première mesure de protection de la population et la plus efficace.
7.2 L'évacuation
Elle est prescrite, soit avant rejet, si la cinétique le permet, en prévention de rejets importants en intensité ou s'inscrivant dans la durée, soit après rejet et une mise à l'abri préalable,
lorsque le rejet est terminé et que la contamination du sol et de l'environnement laisse craindre une dose au corps entier supérieure à 50mSv.
L'évacuation sous le nuage radioactif est à éviter sauf si la durée prévisible du rejet est incompatible avec une prolongation de la mise à l'abri.
7.3 La prise de comprimés d'iode stable
La prise de comprimés d'iode stable permet de saturer la glande thyroïde et d'éviter qu'elle n'assimile de l'iode radioactif, réduisant ainsi le risque sanitaire de cancer
L'iode stable offre une protection de la thyroïde contre l'iode radioactif mais pas contre les autres radionucléides rejetés lors d'un accident nucléaire (gaz rares et césiums
notamment).
Pour garantir un taux d'efficacité de 98% l'iode stable doit être ingéré deux heures avant l'inhalation
Il n'est plus efficace qu'à 50 % si la prise intervient 6 h après l'exposition.
Il conserve un maximum d'efficacité dans les 24 premières heures et a un taux d'efficacité de 75 à 50% dans les 24 heures suivantes.
L'iode stable est ingéré quand la dose à la thyroïde est susceptible d'atteindre 50 mSv.
Il ne doit être ingéré que sur instruction expresse du préfet. (CF ANNEXE 3.3)
La population résidant dans le périmètre des 10 km a perçu, à titre préventif, des comprimés d'iode stable.
En dehors de ce périmètre des 10km et pour les populations itinérantes la distribution des comprimés du stock départemental devra être organisée.
Pour répondre à une volonté d'harmonisation européenne, les comprimés à la disposition de la population depuis la campagne de distribution 2009-2010 sont désormais
dosés à 65 mg d'iode stable.
La posologie désormais applicable est la suivante:
2 comprimés pour les adultes y compris les femmes enceintes
2 comprimés pour les enfants de plus de 12 ans
1 comprimé pour les enfants de 3 à 12 ans
Un demi comprimé pour les bébés de 1 mois à 2 ans
1 quart de comprimé pour les bébés de moins de 1 mois
7.4 Les seuils de dose
Trois niveaux de doses conditionnent la mise en application de mesures de protection de la population.
- 10 millisieverts (mSv) prévisionnelle au corps entier (ou dose efficace prévisionnelle). C'est la limite qui, lorsqu'elle est susceptible d'être atteinte, motive une mise à l'abri
de la population.
- 50 millisieverts (mSv) prévisionnelle au corps entier (ou dose efficace prévisionnelle). C'est la limite qui lorsqu'elle est susceptible d'être atteinte, motive une évacuation
de la population.
- 50 millisieverts (mSv) prévisionnelle à la thyroïde ( ou dose équivalente prévisionnelle). C'est la limite qui lorsqu'elle est susceptible d'être atteinte motive l'ingestion de
pastilles d'iode stable en complément d'une des deux mesures précitées.
10 Les structures de commandement
La direction des opérations de secours est assurée par le préfet de l'Aube.
10.1 Le centre opérationnel départemental (COD)
Le centre opérationnel départemental est situé à la préfecture et répond au schéma d'organisation du plan ORSEC.
Les services représentés au COD sont:
· Le SIDPC (service interministériel de défense et de protection civiles)
· Le SDSIC (service départemental des services de communication et d'information)
· Le BCI (bureau de communication interministérielle)
· L'ASN (autorité de sureté nucléaire, division de CHALONS)
· Le SDIS (service départementale d'incendie et de secours)
· La Gendarmerie
· L'ARS (agence régionale de santé)
· La DDT (direction départementale des territoires)
· La DDCSPP(direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations)
· L'IA (inspection académique)
· La DMD (délégation militaire départementale)
· La DRAT (direction des routes et de l'action territoriale du Conseil général)
· Météo-France
· La DDSP (direction départementale de la sécurité publique) si nécessaire
· La DDFIP (direction départementale des finances publiques)
· L'assureur d'EDF
· La préfecture de la Seine et Marne
· Le CNPE (à la demande du préfet)
· La DREAL (si nécessaire)
10.2 Le poste de commandement opérationnel (PCO)
Il répond, comme le COD, au schéma d'organisation du plan ORSEC.
Il est positionné de façon à se trouver en dehors du périmètre des 10 km et ne pas être placé sous le vent.
Les services présents sont :
En fonction de la rose des vents à Nogent sur Seine, deux PCO diamétralement opposés sont pressentis:
· le centre de secours principal de ROMILLY SUR SEINE
· La sous-préfecture de PROVINS
Sont présents au PCO :
· Le sous-préfet de NOGENT SUR SEINE détenteur du pouvoir de police et directeur du COD (et éventuellement de PROVINS)
· Le SDIS
· Le SAMU
· Le BCI
· La gendarmerie
· La cellule mesures de l'IRSN (institut de radio-protection et de sureté nucléaire)
· La DRAT
· La CLI (commission locale d'information)
Si le PCO est fixé à Romilly sur Seine, son pré-armement est effectué dès la phase de veille par les sapeurs pompiers du CSP.
Si le PCO est fixé à PROVINS, son pré-armement est effectué dès la phase de veille par les services de la préfecture de Seine et Marne et de la sous-préfecture de PROVINS.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
GL a écrit:
pour moi ce sera la direction de l'Allemagne
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
merckel te refoulera acdc
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
paskal a écrit:merckel te refoulera acdc
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Tous ces frais là ne sont pas dans le prix du Kw.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Tchernobyl sur Seine, conclusion et fin
Par ce feuilleton nous avons voulu démontrer la folie de cette filière.
Ces chaudrons de sorcière sont d'une grande fragilité. L'un des risques fort est le terrorisme. Souvenez vous des attentat à Paris en 95. La France est aujourd’hui en guerre contre 3 pays capable de porter des commandos chez nous.
Les services de sécurité sont en très grande vigilance depuis quelques mois.
Pourtant ce n’est pas forcement cette hypothèse qui va remettre en cause cette « arrogance des puissants ».
Comme souvent c’est la nature qui va expliquer à ce prétentieux à deux pattes que c’est elle qui commande.
Souvenez vous du bug de l’an 2000, on attendait une panne des ordinateurs, or c’est un méchant coup de vent qui a fait voler les tuiles et les toits.
Il a aussi couché les poteaux électriques de ceux qui disaient : « Des hommes qui relient des hommes » ceux la ne faisait plus guère le relais et surtout au fond de nos campagnes.
Cette année, c’est le manque d’eau qui va mettre en difficulté les centrales EDF. Cette technologie qui devait sauver la planète va devoir avoir recours à l’électricité produite avec du charbon. L’une des premières unités de production à être en difficulté sera Chinon sur la Vienne.
On parlera alors du « CHINON MANQUANT »
Par ce feuilleton nous avons voulu démontrer la folie de cette filière.
Ces chaudrons de sorcière sont d'une grande fragilité. L'un des risques fort est le terrorisme. Souvenez vous des attentat à Paris en 95. La France est aujourd’hui en guerre contre 3 pays capable de porter des commandos chez nous.
Les services de sécurité sont en très grande vigilance depuis quelques mois.
Pourtant ce n’est pas forcement cette hypothèse qui va remettre en cause cette « arrogance des puissants ».
Comme souvent c’est la nature qui va expliquer à ce prétentieux à deux pattes que c’est elle qui commande.
Souvenez vous du bug de l’an 2000, on attendait une panne des ordinateurs, or c’est un méchant coup de vent qui a fait voler les tuiles et les toits.
Il a aussi couché les poteaux électriques de ceux qui disaient : « Des hommes qui relient des hommes » ceux la ne faisait plus guère le relais et surtout au fond de nos campagnes.
Cette année, c’est le manque d’eau qui va mettre en difficulté les centrales EDF. Cette technologie qui devait sauver la planète va devoir avoir recours à l’électricité produite avec du charbon. L’une des premières unités de production à être en difficulté sera Chinon sur la Vienne.
On parlera alors du « CHINON MANQUANT »
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Mycle Schneider: «L'énergie nucléaire n'a plus de perspective»
Il faut être abonner à Médiapart, l'article vaut le détour. L'électricité intelligente par exemple.
http://www.mediapart.fr/journal/international/310511/mycle-schneider-lenergie-nucleaire-na-plus-de-perspective?page_article=4
Il faut être abonner à Médiapart, l'article vaut le détour. L'électricité intelligente par exemple.
http://www.mediapart.fr/journal/international/310511/mycle-schneider-lenergie-nucleaire-na-plus-de-perspective?page_article=4
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
t' es trop dépendant du pinard , georges , j' ai rectifie en "chainon manquant !!!! "
La grand estoille par sept jours bruslera,
Nuee fera deux soleils apparoir,
Le gros mastin toute nuict hurlera,
Quand grand pontife changera de terroir. (octobre rouge)
je n' ai pas encore la date du prochain zimboum , je vous tiens au jus dès que j' ai des nouvelles (ASAP)
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
attendons de voir l' impact sur l' économie allemande , sachant que le scénario allemand ne peut tenir que si ses voisins restent au nucléaire
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
j ai lu un truc je sais plus ou sur un forum ferroviaire, l’Allemagne na plus a ce jour la capacité ferroviaire de transporter le charbon supplémentaire pour remplacer l’énergie nucléaire..... des coupures de jus a prévoir
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
J'ai bien parler du Chinon manquant, la centrale sur la rivière "la Vienne" risque d'être la première à être arrêtée par manque d'eau.
Chainon et Chinon, çà ne veut pas dire la même chose.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
remets un coup de chinon , tu verras , ça va aller mieux !!!!GL a écrit:J'ai bien parler du Chinon manquant, la centrale sur la rivière "la Vienne" risque d'être la première à être arrêtée par manque d'eau.
Chainon et Chinon, çà ne veut pas dire la même chose.
La grand estoille par sept jours bruslera,
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
http://www.wat.tv/video/cancers-thyroide-lies-tchernobyl-3igxh_2eyxv_.html
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Georges les 17/18 septembre visites de nogent.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
salut, la centrale de Chinon est sur la Loire et celle de Civaux sur la Vienne.GL a écrit:J'ai bien parler du Chinon manquant, la centrale sur la rivière "la Vienne" risque d'être la première à être arrêtée par manque d'eau.
Chainon et Chinon, çà ne veut pas dire la même chose.
Invité- Invité
Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
malococcix37 a écrit:salut, la centrale de Chinon est sur la Loire et celle de Civaux sur la Vienne.GL a écrit:J'ai bien parler du Chinon manquant, la centrale sur la rivière "la Vienne" risque d'être la première à être arrêtée par manque d'eau.
Chainon et Chinon, çà ne veut pas dire la même chose.
C'est le rayonnement de celle de Nogent qui me font raconter de sottises.
Par contre, on pas voir sortir les chiffres des cancers de la thyroïdes en Corse lié à Tchernobyl, c'est impressionnant. Les seuls qui sont passer en travers, c'est les militaires américains qui ont reçu ordre de ne pas manger de produit locaux (lait, fromage), les chiffres que j'attends parlent d'eux même.
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Re: Greenpeace sur Seine avec la France du nucléaire, on est les plus fort
Abolition des avantages sociaux des liquidateurs de Tchernobyl, ils tentent de prendre d'assaut le Parlement de Kiev
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/11/01/des-liquidateurs-de-tchernobyl-tentent-de-prendre-d-assaut-le-parlement_1596757_3244.html
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/11/01/des-liquidateurs-de-tchernobyl-tentent-de-prendre-d-assaut-le-parlement_1596757_3244.html
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