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Lettre de mme de Sévigné adressée à Flamby.
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AGRICULTURE - CONVIVIALITÉ - ENVIRONNEMENT (A.C.E) :: politique générale , syndicalisme :: Politique politicienne
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Lettre de mme de Sévigné adressée à Flamby.
Je partage, c'est tellement bon
Valls, le régicide
le 26 avril 2015 19H03 | par Hervé Karleskind
Paris, le 26 avril,
La rumeur file tel le vent, s’insinue, se glisse ; elle va, glaçant l’échine comme la bise sournoise qui vous étreint les soirs où l’automne pleure les longs sanglots de ses tristes violons.
La rumeur, ma chère et tendre, souffle depuis le Château où le roi, qui semble s’éprendre à nouveau de ses chères petites blagues à deux balles, feint d’ignorer le danger qui le menace. Depuis de longs mois, il parait gésir sur le sofa du bonheur, esquissant de petits sourires de béatitude, choyant les enfants, bisant les douairières, ouvrant grand les portes de sa demeure à des fins que son bon peuple, ébahi, découvre les arcanes de son pouvoir jusque dans les entrailles de son palais.
Ce menuet, cette danse des sept voiles ne sont nullement le fruit d’une métamorphose : même le grand Balanchine n’aurait su sculpter un Noureev dans une bouteille de Saint-Galmier.
L’affaire est entendue. Imagiers, maîtres à penser, flagorneurs et débiteurs de compliments s’échinent, transpirent, suent le burnous, ploient sous le harnois : leur dessein est en effet de relever un défi de la plus haute importance.
Le roi, le Flou, ainsi que vous le savez, entend conserver son trône, contre vents et marées. Serait-il donc seul à croire qu’il peut gravir l’Himalaya en tongs, sans aucunement trébucher ni défaillir ?
Sa petite Cour se garde de lui révéler la vérité : selon cette vieille concierge d’Artois, la plus grande bignole du royaume, il n’aurait aucune chance d’être adoubé par ses pairs. Mais qu’importe !
Tout à ses petites clabauderies, ses petits arrangements, ses petites combines, n’aurait-il rien vu venir du complot qui s’ourdit en ses propres murs ? Serait-il impensable qu’il ne sache rien de ce qui se trame en ce panier de crabes ?
Assurément non. L’on a certes tout loisir de lui faire grief d’être un peu manchot, gourd et balourd : mais il a la ruse du marchand de vaches. Il ne faut point se laisser abuser par son air bonasse et cet incurable optimisme qu’il peint sur le boudin de sa figure. Il ne croit qu’en lui-même et dispose de ses gens à sa guise, ne se souciant que de son propre devenir.
S’il lui faut paraître sympa, chic type, Tonton mayonnaise, Séraphin Lampion, il se plie, parfois de mauvaise grâce, aux oukases de ses imagiers. Mais, pour rien au monde, il ne lâche l’affaire. Quitte à susciter les rumeurs, déjouer les complots, en tisser d’autres, bousculer le firmament de sa Cour, faire et défaire les glorioles. Il excelle dans l’art de tirer les ficelles.
Mais il en est une grosse qui, pour l’heure, lui donne du fil à retordre.
La nuit venue, lorsqu’il vient à gagner son lit, après avoir congédié ses gens, le Flou rumine et, faute de compter les moutons, il dresse l’inventaire de celles et ceux qu’il a envoyés ad patres. Se félicite d’avoir maté la maréchale Grommelle, la duchesse Martine de Flandre. Pastichant Charles le Grand qui boudait la couronne d’Angleterre, il lui vient de se targuer de l’avoir eue elle aussi toute nue. Se réjouit encore à l’idée que les Frondeurs subissent le destin des anciens Boys Band. S’amuse de voir le duc de Montebourg recyclé en Monsieur Meuble.
Mais s’agace, gémit, peste, se lamente, peine à trouver le sommeil, à tourner et se retourner sans cesse, au point d’incommoder Mademoiselle de Maintenant. – Par le Ciel, Boudinet, qu’avez-vous donc à vous agiter ainsi, seriez-vous victime de la danse de Saint Guy ? Vous êtes là, brûlant, suant tel une chipolata à griller sur le barbec !
– C’est Valls ! C’est lui ! Le traître ! Il veut ma peau ! Ne fait-il point clamer qu’à présent, il gagne les cœurs des sans culottes ? Il est là, cet infâme petit Brutus, à comploter dans mon dos ! Il m’abreuve de phrases fleuries, me couve de son regard de matamore, me jure fidélité et indéfectible soutien ! Il prend la Cour à témoin à des fins de me prouver sa volonté de me servir et de tout entreprendre pour sauver ma couronne ! Il me ment, il m’abuse, me gruge, me berne, me bourre le mou, pipote à tout va, ce Potemkine de Prisunic ! Croyez-vous, ma mie, que je suis naïf au point de ne rien voir de son jeu ?
– Point, mon ami, je vous sais si prompt à disgracier vos ennemis et à vous défaire de celles et ceux qui n’ont plus l’heur de vous plaire. Quitte à nourrir de mortifères rancunes qui parfois vous blessent.
– Morbleu ! De qui entendez-vous plaider la cause ?
– Je ne sais trop, mon ami. Mais l’expérience nous enseigne que la vie aux côtés ne constitue point un capital retraite.
– Mais, par le Diable, de qui faites vous ainsi le panégyrique ? S’agirait-il du feuilleton de la vengeance d’une blonde ?
– Pour ce qui est du comte Valls, l’objet de vos tourments, aurais-je, Sire, mon doux Boudinet, l’outrecuidance de vous suggérer de souscrire une assurance vie ?
Valls, le régicide
le 26 avril 2015 19H03 | par Hervé Karleskind
Paris, le 26 avril,
La rumeur file tel le vent, s’insinue, se glisse ; elle va, glaçant l’échine comme la bise sournoise qui vous étreint les soirs où l’automne pleure les longs sanglots de ses tristes violons.
La rumeur, ma chère et tendre, souffle depuis le Château où le roi, qui semble s’éprendre à nouveau de ses chères petites blagues à deux balles, feint d’ignorer le danger qui le menace. Depuis de longs mois, il parait gésir sur le sofa du bonheur, esquissant de petits sourires de béatitude, choyant les enfants, bisant les douairières, ouvrant grand les portes de sa demeure à des fins que son bon peuple, ébahi, découvre les arcanes de son pouvoir jusque dans les entrailles de son palais.
Ce menuet, cette danse des sept voiles ne sont nullement le fruit d’une métamorphose : même le grand Balanchine n’aurait su sculpter un Noureev dans une bouteille de Saint-Galmier.
L’affaire est entendue. Imagiers, maîtres à penser, flagorneurs et débiteurs de compliments s’échinent, transpirent, suent le burnous, ploient sous le harnois : leur dessein est en effet de relever un défi de la plus haute importance.
Le roi, le Flou, ainsi que vous le savez, entend conserver son trône, contre vents et marées. Serait-il donc seul à croire qu’il peut gravir l’Himalaya en tongs, sans aucunement trébucher ni défaillir ?
Sa petite Cour se garde de lui révéler la vérité : selon cette vieille concierge d’Artois, la plus grande bignole du royaume, il n’aurait aucune chance d’être adoubé par ses pairs. Mais qu’importe !
Tout à ses petites clabauderies, ses petits arrangements, ses petites combines, n’aurait-il rien vu venir du complot qui s’ourdit en ses propres murs ? Serait-il impensable qu’il ne sache rien de ce qui se trame en ce panier de crabes ?
Assurément non. L’on a certes tout loisir de lui faire grief d’être un peu manchot, gourd et balourd : mais il a la ruse du marchand de vaches. Il ne faut point se laisser abuser par son air bonasse et cet incurable optimisme qu’il peint sur le boudin de sa figure. Il ne croit qu’en lui-même et dispose de ses gens à sa guise, ne se souciant que de son propre devenir.
S’il lui faut paraître sympa, chic type, Tonton mayonnaise, Séraphin Lampion, il se plie, parfois de mauvaise grâce, aux oukases de ses imagiers. Mais, pour rien au monde, il ne lâche l’affaire. Quitte à susciter les rumeurs, déjouer les complots, en tisser d’autres, bousculer le firmament de sa Cour, faire et défaire les glorioles. Il excelle dans l’art de tirer les ficelles.
Mais il en est une grosse qui, pour l’heure, lui donne du fil à retordre.
La nuit venue, lorsqu’il vient à gagner son lit, après avoir congédié ses gens, le Flou rumine et, faute de compter les moutons, il dresse l’inventaire de celles et ceux qu’il a envoyés ad patres. Se félicite d’avoir maté la maréchale Grommelle, la duchesse Martine de Flandre. Pastichant Charles le Grand qui boudait la couronne d’Angleterre, il lui vient de se targuer de l’avoir eue elle aussi toute nue. Se réjouit encore à l’idée que les Frondeurs subissent le destin des anciens Boys Band. S’amuse de voir le duc de Montebourg recyclé en Monsieur Meuble.
Mais s’agace, gémit, peste, se lamente, peine à trouver le sommeil, à tourner et se retourner sans cesse, au point d’incommoder Mademoiselle de Maintenant. – Par le Ciel, Boudinet, qu’avez-vous donc à vous agiter ainsi, seriez-vous victime de la danse de Saint Guy ? Vous êtes là, brûlant, suant tel une chipolata à griller sur le barbec !
– C’est Valls ! C’est lui ! Le traître ! Il veut ma peau ! Ne fait-il point clamer qu’à présent, il gagne les cœurs des sans culottes ? Il est là, cet infâme petit Brutus, à comploter dans mon dos ! Il m’abreuve de phrases fleuries, me couve de son regard de matamore, me jure fidélité et indéfectible soutien ! Il prend la Cour à témoin à des fins de me prouver sa volonté de me servir et de tout entreprendre pour sauver ma couronne ! Il me ment, il m’abuse, me gruge, me berne, me bourre le mou, pipote à tout va, ce Potemkine de Prisunic ! Croyez-vous, ma mie, que je suis naïf au point de ne rien voir de son jeu ?
– Point, mon ami, je vous sais si prompt à disgracier vos ennemis et à vous défaire de celles et ceux qui n’ont plus l’heur de vous plaire. Quitte à nourrir de mortifères rancunes qui parfois vous blessent.
– Morbleu ! De qui entendez-vous plaider la cause ?
– Je ne sais trop, mon ami. Mais l’expérience nous enseigne que la vie aux côtés ne constitue point un capital retraite.
– Mais, par le Diable, de qui faites vous ainsi le panégyrique ? S’agirait-il du feuilleton de la vengeance d’une blonde ?
– Pour ce qui est du comte Valls, l’objet de vos tourments, aurais-je, Sire, mon doux Boudinet, l’outrecuidance de vous suggérer de souscrire une assurance vie ?
Invité- Invité
Re: Lettre de mme de Sévigné adressée à Flamby.
Excellent ,il y a des trouvailles savoureuses !
iris- + Admin +
- Messages : 12090
Date d'inscription : 09/09/2009
Age : 70
France de l'extérieur 57
Re: Lettre de mme de Sévigné adressée à Flamby.
trés agréable lecture!
mercoeur- + membre techno +
- Messages : 666
Date d'inscription : 26/12/2009
Age : 73
Puy de Dôme
Re: Lettre de mme de Sévigné adressée à Flamby.
C'est un contributeur de l'Express qui y officie depuis un certain temps et il en a déjà "pondu" de meilleures.
Une recherche sur le Net suffit à voir l'essentiel de ses lettres, mais je me répète, je le trouvais meilleur il y a 2-3 ans en AR, même si cela reste du grand art.
Une recherche sur le Net suffit à voir l'essentiel de ses lettres, mais je me répète, je le trouvais meilleur il y a 2-3 ans en AR, même si cela reste du grand art.
Invité- Invité
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