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un billet sur la filiere laitière.... et les autres....?
un billet sur la filiere laitière.... et les autres....?
trouver sur le site de la crun un lien ( un peut long ) sur un billet rondement bien tourné pour illustrer le mur où "les majoritaires" veulent nous mener:
il est a craindre que le schéma soit le meme dans toutes les autres filières
http://www.pauljorion.com/blog/?p=49840
FILIÈRE INDUSTRIELLE LAITIÈRE : CHANGER DE PARADIGME EST INDISPENSABLE, par Christophe Diss
7 février 2013 par Julien Alexandre |
Billet invité
D’après l’agence Agra Presse, la commission de l’agriculture du Parlement européen a voté trois propositions dans le cadre de la réforme de la PAC pour permettre aux agriculteurs de gérer leurs volumes de production laitière en cas de crise. Ce vote n’est pas du goût de l’European Dairy Association, le porte-voix à Bruxelles du lobby de l’industrie laitière. Le vote des eurodéputés n’est pas seulement « un pas en arrière » selon eux, mais il remet en question « l’évolution progressive du secteur en vue d’une plus grande orientation vers le marché ».
Et de rajouter : « Adopter des mesures de gestion des volumes serait tout à fait incompatible avec les exigences du fonctionnement de notre industrie sur le marché mondial », martèle Joop Kleibeuker, le secrétaire général de l’European Dairy Association. Un système de gestion des volumes « ne marcherait pas dans le monde d’aujourd’hui ». En effet, pour doper la dynamique industrielle, la conquête des marchés internationaux devient une norme indéfectible. Pourtant, ces mécanismes ont fait leur preuve au Canada et les États-Unis souhaitent s’en inspirer.
La production et l’industrie dans le sillage d’un marché objectif et efficace.
Cette réaction du lobby laitier est une démonstration florissante de son intégration à l’idéologie du marché efficace, méprisant ainsi l’idée d’une régulation du secteur, privilégiant le report du risque de la volatilité des prix sur le secteur de la production. En effet, les industriels indexent désormais davantage la paye du lait cru sur la valorisation des marchés de ses dérivés. Elle demande en revanche la mise en place de filets de sécurité exceptionnels d’aides au secteur de la production, pour les « coups durs », ou des aides au stockage privé des quantités excédentaires présentes sur le marché, comme cela se faisait couramment par la force publique avant l’instauration des quotas en 1984 (politique au combien coûteuse et qui n’est plus du tout au goût du jour). Au milieu des années 2000, la commission européenne a mis l’Europe sur les rails du commerce international et de la loi du marché : la fin des contingentements laitiers (quotas) est prévue pour le 1er avril 2015. À une échelle plus petite, en Suisse, la disparation du contingentement laitier est intervenue dès 2008 et s’est soldée par un échec cuisant suite à la volonté de certains industriels de « conquérir ». Par manque d’organisation collective et de défense sectorielle des producteurs, la vingtaine d’organisation de producteurs – rattachée chacune par contrat à une laiterie différente – ne s’entendent plus, du fait de l’intégration à la logique de leur industrie respective sur la façon de gérer le développement « volumique ».
En France, pour préparer la fin des contingentements laitiers, à l’initiative de la Loi de Modernisation Agricole et dans la perspective de la réforme de la PAC, le mouvement de contractualisation engagé depuis 2 ans entre producteurs laitiers et industriels peine à se formaliser et manque d’orchestration suffisante par les pouvoirs publics qui ne souhaitent pas imposer une ligne de conduite suffisamment forte sur les volumes et encore moins sur les prix.
La logique « d’administration » du marché et des relations commerciales est désormais laissée davantage à l’initiative des acteurs : les producteurs qui produisent une référence basée actuellement sur les quotas à un prix fixé par l’industriel (en fonction, ou non, d’indices interprofessionnels) qui a obligation d’une collecte totale. Un contrat tacite existe donc d’ores et déjà, mais le fait de l’appuyer par contrat écrit permet de préparer aujourd’hui la façon dont seront régies demain les règles d’attribution de droits à produire et le paiement du lait. Dans les récents projets de contrats, aucun, sauf celui de l’organisation de producteurs France Milk Board (l’organisation née de l’initiative des producteurs de lait dissidents ayant réalisé la grève du lait en 2009, rattachée à l’organisation européenne EMB) ne fait mention de la prise en compte des coûts de production. D’ailleurs, l’un des seuls contrats proposés par les producteurs émanait de cette organisation. Les autres ont été rédigés par l’industrie.
Les bugs rencontrés actuellement dans la tentative d’accord entre ces deux sphères proviennent principalement de l’inadéquation entre le prix de revient des exploitations et le désir plus fort de caler le prix de la matière première sur les dérivées de celle ci et notamment, ceux liés à l’exportation à faible valeur ajoutée dont les indicateurs de marché sont traduits en euros aux milles litres de lait, déduction faite des coûts de transformation (le fameux indicateur de valorisation Beurre-Poudre).
En sus, la logique de dérégulation des marchés agricoles étant privilégiée à peu près partout dans le monde, le modèle de défense syndical anciennement basé sur le principe « des prix, pas des primes » au début des années 90 s’est progressivement transformé en «plus de compétitivité par les primes, car moins de prix » pour dorénavant être le suivant : « baisse des charges par unité produite pour plus de compétitivité, car moins de primes et moins de prix ». Cette orientation a malheureusement de dangereux que la production à moindre coût n’est pas nécessairement la plus responsable, et les exemples sont nombreux (coût humain, moindre qualité nutritionnelle de l’alimentation du bovin et du lait qu’il produit via l’intensification des rations à l’ensilage de maïs et au tourteau de soja – rapport oméga 3 / oméga 6 – utilisation d’urée, d’acides aminés de synthèse pour diminuer l’achat ou la production d’aliments protéiques nobles, huile de palme et propylène glycol pour compenser les déficits énergétiques de l’animal, anciens bâtiments en surcapacité, etc.).
La recherche de productivité par le biais de la main d’œuvre et d’un coût de structure faible devient la principale préoccupation des institutions agricoles qui n’ont d’autres choix que de suivre le mouvement. Car pour assurer la poursuite sans interruption de la politique de modernisation agricole et de l’ensemble du système agroalimentaire qui gravite autour d’une ferme, il faut pouvoir continuer à attirer des capitaux à rémunérer. Comment ? Grâce à l’argument de la compétitivité. Traduction dans le lait : augmenter le lait produit par travailleur du lait sachant que les marchés des dérivés ne connaissent pas de splendides croissances, hormis les marchés internationaux – mais de façon ponctuelle – volatils car en bonne partie spéculatifs.
Conséquence directe : moins de producteurs de lait. Ce constat ne choque pas et reste même favorable pour la filière laitière dans la mesure où la démographie de la population agricole bascule et qu’il sera « possible » d’envisager une restructuration comme celle amorcée depuis plusieurs années dans les pays du nord de l’Europe. Il existe en effet un fort enjeu de renouvellement des générations en agriculture permettant d’alimenter l’augmentation de productivité sur une ressource « terre » constante, voire, en diminution : le manque de renouvellement des actifs partant à la retraite continuant d’assurer l’augmentation des volumes de production par exploitation et la présence de capitaux permettant de substituer la force de travail (robot de traite et autres automatismes de pointes). On ne change pas une formule qui gagne !
Les accords interprofessionnels comme expression du rapport de force déséquilibré
Depuis de nombreuses années, l’interprofession laitière – producteurs de la FNSEA, industriels privés et coopératifs – cherche à « éclairer » les acteurs de la filière sur la valorisation des dérivés du lait cru pour proposer de lui donner un prix (cet objet vaudra d’ailleurs aux indicateurs interprofessionnels d’être vus comme une entente illicite par l’autorité de la concurrence).
Pourtant, cette démarche n’a jamais recherché formellement à prendre en compte les coûts de production. Les représentants professionnels ont jusqu’alors estimé qu’on ne pouvait pas satisfaire tous les producteurs du fait d’écarts significatifs de prix de revient entre eux. Seul concession faite : un indicateur sous forme d’indice de coût (« IPAMPA lait de vache »), non exprimé en euros aux mille litres de lait produit : symptomatique du rapport de force.
Symptomatique aussi, les nouveaux accords portés par l’industrie laitière en 2011 font entrer dans le calcul de l’indice du prix du lait un écart de prix avec le lait allemand. Cet indicateur vient impacter le prix du lait français lorsque l’écart se creuse au-delà d’un tunnel. Ce tunnel sera la seule part belle faite aux revendications du syndicat majoritaire dans la mesure où ce dernier a défendu l’idée que le litre du lait français était mieux valorisé que le litre du lait allemand par les industriels (15 €/1000 L).
Mais quand en 2012, en pleine préparation de l’élection des chambres d’agriculture, les charges d’alimentation progressent de plus de 30 € au 1000 litres, que des cessations d’activité laitière sont constatées à la hausse en nombre et en volume (+20 %) en même temps qu’une hausse du prix des céréales, les représentants professionnels s’indignent de ne pas voir figurer dans la grille des indicateurs interprofessionnels une colonne tenant compte de la variation du coût exprimé en euros aux mille litres. La FNSEA propose désormais à la grille des indications de prix un indicateur supplémentaire pour tenir compte de la variation des coûts de l’alimentation.
Ces indicateurs ont toujours été la solution pour garder la paix sociale entre producteurs et industriels sur le terrain. Mais lorsque l’interprofession n’arrivait pas à s’entendre sur la publication des indicateurs, c’était comme si votre boulanger n’avait aucune idée du prix de sa baguette parce que sa caisse enregistreuse était en panne. Vous vous retrouviez alors dans la situation de devoir lui proposer un prix qu’il accepterait ou non, mais comme vous étiez prêt à payer, pressé de partir, lui, pressé de servir le client suivant pour être assuré de vendre sa production du jour, l’échange se faisait à votre prix. Car en matière de facturation, dans la filière laitière, c’est l’industriel qui établit pour vous votre facture. Vulgairement, on appelle cela, la « paye de lait ». Ce schéma de facturation est l’un des héritages de la cogestion entre l’État et les syndicats, montrant bien que le secteur a toujours été régulé par la force publique dans la force privée pour assurer, avec la PAC, un traitement équitable de l’alimentation dans l’intérêt des classes ouvrières dans l’après guerre. L’État était garant de l’intérêt du paysan, de l’ouvrier et du rentier.
On en revient ainsi au problème fondamental de la fixation du prix du lait : le rapport de force évoqué dans la théorie de la formation des prix proposée par Paul Jorion. Avec l’abandon progressif de la force publique dans la force privée des filières agricoles, pourquoi le rapport de force en faveur des producteurs ne s’est-il pas concrétisé au niveau des indicateurs de fixation du prix du lait ?
Était-ce une question d’argent ? Sans doute pas, dans la mesure où l’interprofession laitière est financée à hauteur de 2/3 de son budget par des prélèvements obligatoires dits « volontaires » que les agriculteurs versent via leur collecteur et qui figurent en retrait sur la paye de lait. Un problème de voix ? Possible, dans la mesure où les producteurs ne représentent qu’un tiers des voix au coté des industriels privés et des coopératives. Un problème de compassion excessive des producteurs pour leur industrie et leurs coopératives ? Possible aussi car, des industriels aussi ont fait faillite et des collectes risquaient de ne plus être réalisées par manque de rentabilité (ou de mauvaise répartition des surplus ?). Pourtant, le marché étant peu élastique, la demande étant quasi stable sur le marché intérieur européen, toutes les situations de cessation de paiement industrielle se sont soldée par des reprises. Cette peur n’était sans doute pas justifiée quand on sait que les bénéficies macroéconomiques du secteur – et de ses fleurons – sont bien là.
Vient enfin l’hypothèse des conflits d’intérêt provoqués par le cumul des mandats de certains représentants et la fermeture de l’interprofession privée à la pluralité syndicale existant en agriculture.
Ailleurs en Europe, il n’existe pas d’interprofession du tout. Il s’agit pourtant d’une institution clef avec laquelle la France souhaite faire tâche d’huile en Europe, mais, tant qu’un pays n’a pas réussi à démontrer son efficacité dans le rapport de force, aucune organisation professionnelle ailleurs ne se risquerait à s’aligner sur un dispositif « mieux disant ». La conséquence du fait de devoir évoluer dans un contexte non contingenté – avec des indicateurs interprofessionnels comme donnée « objective » du marché efficace – propulse au devant du débat la question fondamentale du « qui pilote les volumes ? » et du « qui fixe les prix ? ».
Le rapport de force orienté par un marché voulu pur et parfait mais malheureusement très opaque, volatil et spéculatif, engendre une schizophrénie et offre depuis 2009 ce fameux mouvement d’hystérèse où l’on parie sur des lendemains qui chantent, en passant par des phases euphoriques suivies d’une descente profonde dans la non-rentabilité et les difficultés de trésorerie. Lorsque vient le moment de revaloriser les prix, parce que les indicateurs de marché ont évolué positivement, les industriels tardent, négocient une saisonnalité venant abaisser le prix du lait au moment fort de la collecte (hiver – printemps) et l’augmentant en période plus sèche (été). Et d’aucuns pensent que la collecte sera mieux payée et les droits à produire supérieurs dans les mois qui suivront, ce qui « rattrapera nos affaires ». Dans ce cycle, vous aurez pris un fort risque de produire plus pour gagner tout autant voire moins !
L’approche prix de revient en production laitière : n’est pas compétitif qui veut !
Cette situation semble néanmoins échapper, pour l’heure, aux cultures céréalières dont les prix ne replongent pas : ces marchés étant largement spéculatifs – car il y a effectivement un sous jacent ‘rareté’ entrainant un trend haussier – les producteurs de lait ne sont pas tous logés à la même enseigne.
ll y a d’un côté les « souffre-douleurs », qui subissent de plein fouet la baisse de prix et la hausse des charges d’alimentation et il y a de l’autre les « amortis » qui disposent de surfaces céréalières suffisantes pour profiter de l’euphorie du marché des céréales. Cette situation pose à chacun d’entre nous la question de la place de l’atelier lait au sein de nos exploitations : doit-il perdurer ou être arrêté ? L’élevage représente une part importante des débouchés céréaliers puisque près de la moitié des céréales produites sont utilisées pour l’alimentation du bétail. En sus, le retournement des prairies actuellement à l’œuvre dans de nombreuses régions – pour produire des céréales – là où il est encore possible de le faire, vient totalement en opposition avec les grandes ambitions de multifonctionnalité de l’agriculture envisagée au début des années 2000 (soutiens aux aménités positives). La filière céréale, pour ne pas être trop stigmatisée par cet état de fait, a mobilisé ses ressources pour proposer de contribuer à un fond de solidarité. Mais quand on sait que ce fond sera alimenté à hauteur d’environ 1 % du chiffre d’affaires céréalier (2€/tonne), on est en droit de penser qu’il n’y a pas lieu de crier victoire. Après, tout, beaucoup d’éleveurs n’ont jamais demandé l’aumône.
Depuis que l’approche du prix de revient laitier – le full cost de l’atelier auquel on déduit les aides et les coproduits – est utilisée par les centres de gestion ou les réseaux internationaux d’agriculture comparée, on s’est très vite aperçu que ce qui conditionne fortement la compétitivité du lait est expliqué – au-delà de la performance propre à l’éleveur – par le ratio « atelier laitier / autres ateliers de l’exploitation ». Par exemple, plus l’atelier céréales est important dans l’exploitation, plus les coûts fixes n’ont plus à être supportés par l’atelier laitier ce qui, par un jeu de clé de réparation des charges fixes, vient abaisser le prix de revient calculé. De façon simplifiée, on peut dire que les exploitations purement laitières – en zone de handicaps – avec achats extérieurs d’aliments – non autonomes – sont moins compétitives que les polyculteurs–éleveurs, qui le sont moins que les céréaliers avec un atelier laitier à la marge.
Ainsi, arrêter l’élevage dans un contexte céréalier est plus « simple » que dans un contexte d’élevage pur dans la mesure où, soit le territoire, soit la taille de l’exploitation ne permet pas de dégager davantage de revenu en arrêtant la production laitière. C’est là que réside un problème important qui n’a pas été pris en compte par l’industrie laitière : la compétitivité comme seule clé de lecture de la dynamique laitière n’est pas, par essence, de nature à garantir un approvisionnement constant (ou en hausse) de matière première. Si les plus compétitives quittent définitivement l’élevage, que restera-t’il ? Exit alors les ambitions de conquête des marchés internationaux laitiers ?
Cela justifie-t-il pour autant qu’il faille raisonner le prix du lait en l’indexant non pas sur l’industriel concurrent « moins disant », mais sur les élevages moyens spécialisés qui obtiennent principalement leur revenu de cette activité, qui disposent de prix de revient plus élevés et dont l’endettement repose principalement sur la production laitière ? Quelle borne fixer ? Une moyenne, une médiane, un quartile ?
Pour le ministre Stéphane LE FOLL, proposer un prix européen à 400 €/1000 litres assurera une rente trop confortable à certaines structures, ce qui « n’est pas acceptable ». Drôle d’affirmation… Sous prétexte que certains éleveurs s’enrichiront d’une façon inacceptable (les compétitifs avec surface céréalière par exemple), on privera une belle majorité d’éleveurs d’un prix plus équitable, ou de modalités de fixation des prix plus équilibrées entre les parties prenantes à la négociation. C’est la raison pour laquelle, les responsables politiques, plutôt que de demander des prix adaptés au fonctionnement majoritaire des fermes, proposent à la Commission et au parlement de flexibiliser partiellement les aides et de laisser le marché et la négociation privée décider du prix. L’idée étant de garder entier l’objectif de création d’un marché « efficace » pour ne pas froisser les libéraux européens, même lorsqu’on se dit « socialiste ».
Les industriels ne peuvent compter que sur des fermes qui n’ont pas d’autres choix que de grossir la productivité pour rester compétitives et/ou celles qui ne savent faire que cela et/ou qui n’aiment faire que cela et/ou qui n’ont pas les moyens d’innover dans d’autres branches. Combien de fois l’industrie du lait a-t-elle fait valoir dans son analyse des conjonctures laitières difficiles le fait que « la passion de l’élevage est plus forte que les problèmes économiques » ?
Même si cela est un argument valable pour continuer à faire tourner la machine, cela n’a pas empêché les banques régionales danoises de se casser les dents sur les grandes restructurations du secteur de l’élevage de ces 10 dernières années !
Le comble étant que les marchés des dérivés industriels sont pilotés par une offre de volume infime de la production mondiale : le lait produit dans l’hémisphère sud, en Océanie et plus particulièrement en Nouvelle-Zélande, bradé par le géant Fonterra. Ce pays dispose d’avantages comparatifs indéniables en matière de production laitière : de grands espaces, pas d’hiver, de l’herbe qui pousse toute l’année, des fermes où les propriétaires ne remboursent que les intérêts du capital investi tout au long de leur carrière !
C’est la raison pour laquelle le Canada continue de défendre son modèle de gestion de l’offre et de maîtrise du commerce des produits laitiers à la frontière, pour pallier à son manque d’avantages comparatifs (hivers longs, exploitations de taille moyenne) et pour maintenir un prix du lait rémunérateur, indexé sur la médiane des coûts de production, avec une mutualisation des ventes et une répartition des valorisations industrielles (facturations différenciées selon l’usine et ses valorisations, facturation unique aux producteurs). Les dépassements de production étant taxés par le groupe et pour le groupe (en France, c’est l’industriel qui se propose désormais de ponctionner). Lorsque l’on établit simplement le constat que c’est grâce au système de gestion de l’offre des exploitations canadiennes que les industriels du secteur existent et qu’ils ont été protégés de la concurrence internationale, on peut difficilement concevoir qu’ils seront prêts à bannir ce système du jour au lendemain pour se retrouver en difficulté. De plus, ce système garantit une stabilité des prix à la consommation et ne fait appel à aucun financement public massif. Il n’interdit également pas les échanges : ainsi, le Canada ouvre près de 7 % de son marché aux fromages européens quand, dans le même temps, l’Union ne leur ouvre que 2 %. Les producteurs canadiens, par la voix de leur président, le disent ouvertement : « Nous n’avons pas de leçon à recevoir (…) si l’Europe veut nous donner des leçons de commerce, alors qu’ils se montrent aussi généreux envers nous que nous le sommes envers eux !»
La notion de souveraineté alimentaire finissant totalement par échapper au bon sens des acteurs concernés par la marchandisation immédiate d’un lait indexé sur des dérivés, il conviendra de dire que le scénario de poursuite des cessations laitières sera un crash pur et simple pour les industriels qui parient sur une hausse de l’approvisionnement.
Maîtrise des volumes et mutualisation des valorisations : la clé oubliée !
Il serait pourtant préférable d’administrer le cadre de la négociation du prix, de mutualiser de façon transversale les valorisations des dérivés du lait cru standard (en regroupant les producteurs dans de grandes entités qui vendent à plusieurs industriels), et de ponctionner, si l’on en a peur, le « trop perçu » aux exploitations qui s’enrichissent plus facilement du fait des avantages de leurs structures, soit par une fiscalité responsable, soit par une distribution flexible et réactive des aides en fonction des conjonctures.
Pour inverser cette tendance, il conviendrait que les ayatollahs du marché (et ceux dans nos rangs qui défendent discrètement mais réellement la volonté des lobbystes dans l’espoir de pouvoir développer leur volumes de production) ne soient plus les seuls à parler des orientations stratégiques de la filière et surtout, de celles de la production.
Les représentants de tout bords de la profession ont du mal à s’entendre sur un tel projet, laissant toute latitude aux industriels de mettre actuellement la pression sur leurs éleveurs pour qu’ils signent des contrats d’intégration – terme non avoué – au risque de ne pas se voir allouer des volumes supplémentaires ou, carrément, de ne plus faire venir le camion au 1er avril 2015 (menaces proférées textuellement) ! Il est vrai que le lait cru est une denrée fragile et très rapidement périssable qui demande un collecteur proche et prêt à tout collecter, mais ce n’est pas pour autant que ce dernier a tout droit de penser et d’agir au nom et dans ce qu’il considère être l’intérêt de ses producteurs car, dans la plupart des cas, il ne prend pas part à l’ensemble de nos problématiques économiques (nos revenus), sociales (nous sommes les serfs d’une société dite libérée) et environnementales (coûts de gestion des problématiques environnementales imposés par la règlementation impossible à répercuter dans le prix).
Quant aux coopératives, tout aussi « moins disantes » pour les plus grandes d’entre elles, elles ont été exclues du dispositif de contractualisation et de regroupement des producteurs, le législateur considérant qu’elles étaient déjà une forme aboutie « d’organisation », avec un code d’éthique respectable.
Passer de la concentration « sur soi » au courage d’avouer les erreurs pour reconstruire.
Les agriculteurs qui pensent pouvoir répondre à l’ambition industrielle de conquête se réunissent dans un club où l’on scande : « 9 milliards d’habitants à nourrir, YES WE CAN ». Rien dans cette approche ne permet d’entrevoir la possibilité de développer à l’étranger des agricultures nationales plus auto-suffisantes. Rien d’étonnant à ce que certains industriels se servent de cette ferveur pour asseoir la poursuite de leurs projets dont seuls, en l’état, les producteurs peuvent faire les frais.
Les enjeux de la contractualisation en France peuvent être étendus à l’ensemble des 27 pays européens.
Ils relèvent d’une triple convergence nécessaire :
- convergence entre les organisations de producteurs pour reprendre en main volumes et prix ;
- convergence entre représentants nationaux au sein de l’union européenne pour accorder ces stratégies ;
- convergence avec l’industrie qui doit les accepter dans son intérêt d’approvisionnement constant et régulier.
Ces convergences rencontrent de nombreux freins idéologiques hérités d’un autre temps, qui empêchent la venue salutaire d’une telle prise de conscience à tous les maillons de la filière :
- L’idée d’un secteur de la production laitière allemande plus compétitif que le reste du monde est un mythe entretenu : les producteurs y sont tout autant acculés en cas de crise !
- L’idée de conquête des marchés internationaux sans soutiens publics engendrera des pertes économiques lourdes si l’on s’en tient à la théorie des avantages comparatifs. Or, les aides publiques au secteur sont annoncées à la baisse !
- L’idée de réguler la production en Europe n’est pas un frein au bon fonctionnement du marché, un marché en surcapacité où au moins un acteur « baisse la culotte » est délétère pour tous les producteurs qui alimentent ce marché. Un marché agricole qui fonctionne bien est un marché qui maintient l’emploi, qui fait vivre tout les acteurs, et qui répond à son enjeu principal : nourrir sainement.
En 2009, de nombreux chiffres montraient que moins d’un tiers des producteurs arrivaient à couvrir leur prix de revient, le retournement des marchés des dérivés tuant ainsi de nombreuses exploitations. Les autres ont été contraints de souscrire des prêts de trésorerie bonifiés par l’État (« Prêts Sarkozy »), remplaçant ainsi, stricto sensu, le salaire par le crédit.
Sans changement effectif de paradigme, ce type de contexte est tout à fait reproductible.
et
http://www.pauljorion.com/blog/?p=50773
Augmenter la productivité pour rémunérer le capital et le travail rare : exemple de finitude de la mécanique., par Christophe Diss
8 mars 2013 par Julien Alexandre |
Billet invité
Dans mon dernier billet (ici) évoquant le cas de la rentabilité des exploitations laitière inscrites dans un rapport de force de filière, j’évoquais par quel mécanisme de la pensée économique, les chefs d’exploitation et les financiers ont cherché à augmenter le flux de liquidité par l’argument de la productivité du travail, facteur de rentabilité face à une déflation du prix du lait, une hausse de charge et une confiscation de la valeur ajoutée le long de la chaine de valeur.
J’évoquais notamment comment les évolutions de la démographie agricole continuaient d’alimenter cette logique :
« la démographie de la population agricole bascule et [il] sera « possible » d’envisager une restructuration comme celle amorcée depuis plusieurs années dans les pays du nord de l’Europe. Il existe en effet un fort enjeu de renouvellement des générations en agriculture permettant d’alimenter l’augmentation de productivité sur une ressource « terre » constante, voire, en diminution : le manque de renouvellement des actifs partant à la retraite continuant d’assurer l’augmentation des volumes de production par exploitation et la présence de capitaux permettant de substituer la force de travail (robot de traite et autres automatismes de pointes). On ne change pas une formule qui gagne ! »
Dit comme ça, on pourrait effectivement penser que cette « formule qui gagne » est une loi fondamentale et qu’il n’y a pas lieu de vouloir changer de stratégie. La vraie question est alors de savoir s’il existe une limite à cette règle.
De récentes études viennent confirmer cette possibilité : à la confiscation croissante de la valeur ajoutée que chaque travailleur du lait a permit de dégager par le biais de sa productivité résulte le risque d’une dévalorisation massive de cet effort rendant, à terme, réel et critique la sécurité d’approvisionnement régionale de chaque industriel du lait. Démonstration.
Déflation du lait cru, sur-inflation des dérivés : un moindre partage de la valeur ajoutée…
De 1995 à 2011, selon les indices INSEE, l’évolution en absolu des prix du lait cru (IPAPP) a été de +11%, soit +1% par an pendant que l’inflation moyenne annuelle était de +2,7% (+28% sur la période).
Sur la même période toujours, les principales valorisations des produits laitiers finis ont augmenté au-delà de ce chiffre (+17% pour l’emmental, +20% pour le camembert), voire, au dessus de l’inflation cumulée de 28% (ex: + 47% pour le lait pasteurisé ½ écrémé).
Pour confirmer cette tendance de quelques produits, observons de 1995 à 2008 l’indice de chiffres d’affaires INSEE pour l’industrie laitière : il progresse de +33,7%.
Il diminuera entre 2008 et 2009 suite à la crise du lait pour progresser à nouveau de 2009 à 2011 : sur 3 ans, le chiffre d’affaires en valeur des IAA laitières a progressé en moyenne de +4% par an, +13% sur cette courte période.
Il y a donc eu non seulement déflation de la matière première, mais également un creusement de l’écart entre la progression en valeur du prix du lait cru et celle de ses dérivés à la sortie des usines.
Pis encore ! Entre 2005 et 2012, l’indice des prix d’achats des moyens de production agricole (IPAMPA) pour l’industrie du lait a progressé de 6% en moyenne par an, +40% environ sur la période ! Parallèlement, la production laitière totale est quant à elle restée quasiment inchangée.
Conclusion : sur une quantité de matières premières constante, le prix du lait ne suit pas l’inflation, il a décroché de ses valorisations finales qui sont bien au dessus de l’inflation, en parallèle d’une augmentation des charges de production. La valeur ajoutée par unité produite a donc diminué dans le secteur de la production. Comment une telle évolution a-t-elle pu être supportée par les exploitations laitières ?
Les conséquences ont été atténuées par la hausse continue de la productivité…
Au cours des 15 dernières années, le nombre de livreurs a fortement diminué parallèlement à la hausse régulière de leur référence moyenne. En effet, les livreurs ont perdu la moitié de leurs effectifs entre 1995 et 2010 avec une baisse en moyenne de 5 000 exploitations laitières par an. Ils n’étaient plus que 75 854 en 2010.
Mais l’évolution moyenne de la référence en 15 ans a effectué un bond : +116% !
Il s’opère bien une disparition des exploitations de moins de 250 000 litres de lait produits par an et une progression du nombre d’exploitation dans les classes de volume supérieures alors que la main d’œuvre continue de diminuer.
La moitié des chefs d’exploitation partiront à la retraite d’ici 10 ans. Comme le renouvellement n’est pas assuré par un ratio « une installation pour un départ », combien d’élevages ayant déjà atteint la saturation de leur bâtiment d’élevage pourront-ils se projeter dans le regroupement d’autres fermes sachant que la robotisation connait une fulgurante percée dans le domaine de la traite ou de l’affouragement des troupeaux ?
… mais pour combien de temps ?
La donne démographique combinée à la fin des quotas laitiers représente une opportunité de développer le volume de lait produit par travailleur, avec le risque d’arriver en situation de surproduction, mais que diable… voyons ce que cela peut donner.
Une première tentative d’approche est intuitive. Dimanche dernier, lors de la fête des grands-mères, ma mamie m’a dit : « Si tu ne peux pas vivre avec 50 vaches, tu ne pourras pas vivre avec 100 ». Autre remarque faite récemment par mon pédicure bovin : « 1000 fois zéro, ça fait toujours zéro ». Je dois admettre que ces raisonnements tout à fait intuitifs m’ont pas mal fait réfléchir.
Une deuxième approche est experte : c’est le travail récent qui vient d’être publié par les réseaux d’élevage de l’Est de la France, piloté par l’Institut de l’Élevage, qui viennent apporter une réponse cinglante. Les résultats de 3 simulations sur 5 systèmes de production laitiers types de l’Est de la France montrent que c’est la combinaison de l’intensification de la production laitière par vache, associée à une bonne valorisation des concentrés, des coproduits et/ou à une extension marginale des bâtiments d’élevage qui constitueront les choix tactiques gagnants d’augmentation de la productivité.
Quant à ceux qui ne peuvent plus intensifier davantage ou réaliser des extensions de bâtiment pour produire le lait d’exploitants partis à la retraite, ils n’auront pas d’autres choix que de construire à neuf. Mais pour ce faire, beaucoup d’experts estiment qu’il faut doubler sa production pour amortir l’investissement.
Or, l’élément nouveau, approché par ces simulations chiffrées, c‘est que la faisabilité économique de la construction de nouvelles étables est devenue quasi nulle !
Source: Fin des quotas dans les systèmes laitiers de l’Est de la France. Comment produire plus de lait et pour quels résultats. Réseaux d’élevage, Institut de l’élevage, Chambres d’Agricultures, Décembre 2012.
Tout les systèmes laitiers de l’Est auront des écarts de revenus négatifs pour avoir choisi de produire des volumes nouveaux ou provenant d’un fonds de cessation, alors même que les hypothèses de la simulation proposent une progression de +100% de la référence moyenne en polyculture élevage, une automatisation de la traite, des emprunts sur 15 ans et des actifs circulants supplémentaires financés sur 7 ans.
Les ingénieurs des chambres d’agriculture concluent : « Il apparaît dans tous les cas que ce scénario se solde par une perte significative de revenu et cela même si la conjoncture devenait très favorable (360€/1000l…) La viabilité de ce genre de projet apparaît incertaine, Elle supposerait un faible endettement en situation de départ. Et même dans ces conditions, le revenu des éleveurs serait assez fortement amputé par rapport à la situation initiale. »
La fin d’une « orgie » ? Vers une conception revalorisante du travail ?
On peut alors se poser la question d’une généralisation ou non de ce constat aux autres secteurs de l’économie : avec le remplacement du travail par le capital, la moindre action de partage de la valeur ajoutée – entre patrons, détenteurs de capitaux et travailleurs -, associée à un coût croissant des technologies et des installations autorisant la hausse de la productivité, aurons-nous encore les moyens de faire évoluer positivement la compétitivité des entreprises productrices de denrées de base ? Dans le cas du lait, les chefs d’exploitation étant à la fois leur propre salarié et leur propre patron (du moins, c’est ce qu’on laisse croire, car les vrais patrons, ce ne sont pas eux), tous les ingrédients sont présents pour laisser l’agriculteur assumer seul ce choix, en lui faisant globalement croire qu’il n’en a jamais été autrement « de la formule » .
Cet exemple laisse penser que l’accroissement de la productivité finit par desservir la compétitivité car il y a un effet de « siphonage » organisé sur le dos de la valeur travail rendant non viable les changements structurels rendus nécessaires par les évolutions démographiques. Dans l’hypothèse où seul le capital est rémunéré, le travail n’a plus lieu d’être ! Or, il s’agit là d’un non sens puisque les deux sont encore liés, aussi rare que soit le travail.
Si ce développement a permis à l’industrie de garantir son volume et sa croissance de valeur en profitant d’un prix du lait évoluant moins vite que l’inflation, il n’est plus garanti que la formule concentrationnaire du secteur productif soit gagnante : si l’objectif à terme est de garantir des volumes d’approvisionnement constants et/ou en hausse, il faudra un jour ou l’autre accepter de prendre en charge le coût de ce modèle de développement… ou le renier.
Dans ce dernier cas, l’industrie aura à s’approvisionner davantage sur le marché mondial – marché plus étroit et plus volatil car peu élastique – et laisser les fermiers démotivés par manque de perspectives fermer leurs étables. Pour ceux qui y croient encore, les aides publiques à l’investissement devenant trop faibles pour venir compenser le coût d’une restructuration, c’est vers les banques que la demande des professionnels s’orientera et les besoins en financement seront très importants.
Or, dans l’exemple danois – que j’évoquais dans mon article précédent – la restructuration a permis de faire de ces fermes les championnes de la productivité… mais aussi les championnes en Europe de résultats d’exploitation les plus faibles en cas de crise : jusqu’à -300 000 € de revenu en 2009 sur une exploitation de 300 vaches. Ce contexte avait d’ailleurs conduit les banques régionales danoises à organiser des reprises de « canards boiteux » par des « canards moins boiteux » pour éviter la faillite pure et simple des fermes et donc des banques créancières. En effet, les mécanismes financiers employés pour financer la restructuration ont fait peser des charges d’intérêts insupportables, représentant jusqu’à la moitié du chiffre d’affaires des ateliers laitiers (150 €/1000 L d’intérêts alors qu’en France, les centres de gestion préconisent un montant d’annuités, capital + intérêts, de 70 €/1000 L).
Ce problème nous concerne tous. Or, de l’argent mal investi ici peut très bien disparaitre, de la même manière qu’il a pu disparaître sur les marchés financiers. Cette responsabilité ne s’arrête pas aux portes des étables ou des usines, elle est collective. Dans les caisses régionales du Crédit Agricole, les exploitants représentent souvent moins de 5% des clients mais plus de 25% des encours !
L’ombre de l’heure d’un choix inévitable plane donc sur les acteurs économiques de la filière.
Avec le scandale de la viande chevaline, le fait de devoir préserver sa souveraineté alimentaire est plus que jamais d’actualité. Mais pas au détriment de ceux qui acceptent de travailler toujours plus, de mettre toujours plus en jeu l’héritage d’une valeur travail « ancestrale », car le retour de bâton d’une telle valeur est un puissant vecteur suicidaire, au sens propre comme au sens figuré.
Un modèle économique qui exploite de manière abusive cette valeur est un système qui nie l’Homme. Et je ne pense pas abuser en disant cela car, dans bien des débats avec ceux qui défendent l’aval de la filière, parler de rémunération du travail est souvent ringard sous prétexte « que l’on ne tient pas compte du marché ». Pourtant, les chiffres exposés ci-dessus montrent bien qu’il y a croissance des volumes d’affaires dans la filière.
Souvent, c’est l’éleveur lui même qui se nie ; il lui arrive de ne pas compter son salaire lorsqu’il approche son prix de revient ; il regarde d’abord comment rembourser ses créanciers, l’amenant à devoir régulièrement bénéficier de la solidarité de ses parents, amis et conjoints, tant qu’ils peuvent encore la fournir…
Dans l’actualité : la grande distribution, hormis Système U, a refusé de négocier toute hausse tarifaire sur les produits laitiers. Bel argument qui nous sera resservi sur un plateau pour continuer de faire pression. Jusqu’à quand le supporterons-nous en l’absence de perspective ? La réorganisation des aides de la PAC des filières céréalières en direction des filières d’élevage ne sera pas de nature à nous pousser dans le sens d’une revendication d’une hausse des prix, du moins jusqu’au prochain creux du prochain cycle déflationniste. À suivre…
il est a craindre que le schéma soit le meme dans toutes les autres filières
http://www.pauljorion.com/blog/?p=49840
FILIÈRE INDUSTRIELLE LAITIÈRE : CHANGER DE PARADIGME EST INDISPENSABLE, par Christophe Diss
7 février 2013 par Julien Alexandre |
Billet invité
D’après l’agence Agra Presse, la commission de l’agriculture du Parlement européen a voté trois propositions dans le cadre de la réforme de la PAC pour permettre aux agriculteurs de gérer leurs volumes de production laitière en cas de crise. Ce vote n’est pas du goût de l’European Dairy Association, le porte-voix à Bruxelles du lobby de l’industrie laitière. Le vote des eurodéputés n’est pas seulement « un pas en arrière » selon eux, mais il remet en question « l’évolution progressive du secteur en vue d’une plus grande orientation vers le marché ».
Et de rajouter : « Adopter des mesures de gestion des volumes serait tout à fait incompatible avec les exigences du fonctionnement de notre industrie sur le marché mondial », martèle Joop Kleibeuker, le secrétaire général de l’European Dairy Association. Un système de gestion des volumes « ne marcherait pas dans le monde d’aujourd’hui ». En effet, pour doper la dynamique industrielle, la conquête des marchés internationaux devient une norme indéfectible. Pourtant, ces mécanismes ont fait leur preuve au Canada et les États-Unis souhaitent s’en inspirer.
La production et l’industrie dans le sillage d’un marché objectif et efficace.
Cette réaction du lobby laitier est une démonstration florissante de son intégration à l’idéologie du marché efficace, méprisant ainsi l’idée d’une régulation du secteur, privilégiant le report du risque de la volatilité des prix sur le secteur de la production. En effet, les industriels indexent désormais davantage la paye du lait cru sur la valorisation des marchés de ses dérivés. Elle demande en revanche la mise en place de filets de sécurité exceptionnels d’aides au secteur de la production, pour les « coups durs », ou des aides au stockage privé des quantités excédentaires présentes sur le marché, comme cela se faisait couramment par la force publique avant l’instauration des quotas en 1984 (politique au combien coûteuse et qui n’est plus du tout au goût du jour). Au milieu des années 2000, la commission européenne a mis l’Europe sur les rails du commerce international et de la loi du marché : la fin des contingentements laitiers (quotas) est prévue pour le 1er avril 2015. À une échelle plus petite, en Suisse, la disparation du contingentement laitier est intervenue dès 2008 et s’est soldée par un échec cuisant suite à la volonté de certains industriels de « conquérir ». Par manque d’organisation collective et de défense sectorielle des producteurs, la vingtaine d’organisation de producteurs – rattachée chacune par contrat à une laiterie différente – ne s’entendent plus, du fait de l’intégration à la logique de leur industrie respective sur la façon de gérer le développement « volumique ».
En France, pour préparer la fin des contingentements laitiers, à l’initiative de la Loi de Modernisation Agricole et dans la perspective de la réforme de la PAC, le mouvement de contractualisation engagé depuis 2 ans entre producteurs laitiers et industriels peine à se formaliser et manque d’orchestration suffisante par les pouvoirs publics qui ne souhaitent pas imposer une ligne de conduite suffisamment forte sur les volumes et encore moins sur les prix.
La logique « d’administration » du marché et des relations commerciales est désormais laissée davantage à l’initiative des acteurs : les producteurs qui produisent une référence basée actuellement sur les quotas à un prix fixé par l’industriel (en fonction, ou non, d’indices interprofessionnels) qui a obligation d’une collecte totale. Un contrat tacite existe donc d’ores et déjà, mais le fait de l’appuyer par contrat écrit permet de préparer aujourd’hui la façon dont seront régies demain les règles d’attribution de droits à produire et le paiement du lait. Dans les récents projets de contrats, aucun, sauf celui de l’organisation de producteurs France Milk Board (l’organisation née de l’initiative des producteurs de lait dissidents ayant réalisé la grève du lait en 2009, rattachée à l’organisation européenne EMB) ne fait mention de la prise en compte des coûts de production. D’ailleurs, l’un des seuls contrats proposés par les producteurs émanait de cette organisation. Les autres ont été rédigés par l’industrie.
Les bugs rencontrés actuellement dans la tentative d’accord entre ces deux sphères proviennent principalement de l’inadéquation entre le prix de revient des exploitations et le désir plus fort de caler le prix de la matière première sur les dérivées de celle ci et notamment, ceux liés à l’exportation à faible valeur ajoutée dont les indicateurs de marché sont traduits en euros aux milles litres de lait, déduction faite des coûts de transformation (le fameux indicateur de valorisation Beurre-Poudre).
En sus, la logique de dérégulation des marchés agricoles étant privilégiée à peu près partout dans le monde, le modèle de défense syndical anciennement basé sur le principe « des prix, pas des primes » au début des années 90 s’est progressivement transformé en «plus de compétitivité par les primes, car moins de prix » pour dorénavant être le suivant : « baisse des charges par unité produite pour plus de compétitivité, car moins de primes et moins de prix ». Cette orientation a malheureusement de dangereux que la production à moindre coût n’est pas nécessairement la plus responsable, et les exemples sont nombreux (coût humain, moindre qualité nutritionnelle de l’alimentation du bovin et du lait qu’il produit via l’intensification des rations à l’ensilage de maïs et au tourteau de soja – rapport oméga 3 / oméga 6 – utilisation d’urée, d’acides aminés de synthèse pour diminuer l’achat ou la production d’aliments protéiques nobles, huile de palme et propylène glycol pour compenser les déficits énergétiques de l’animal, anciens bâtiments en surcapacité, etc.).
La recherche de productivité par le biais de la main d’œuvre et d’un coût de structure faible devient la principale préoccupation des institutions agricoles qui n’ont d’autres choix que de suivre le mouvement. Car pour assurer la poursuite sans interruption de la politique de modernisation agricole et de l’ensemble du système agroalimentaire qui gravite autour d’une ferme, il faut pouvoir continuer à attirer des capitaux à rémunérer. Comment ? Grâce à l’argument de la compétitivité. Traduction dans le lait : augmenter le lait produit par travailleur du lait sachant que les marchés des dérivés ne connaissent pas de splendides croissances, hormis les marchés internationaux – mais de façon ponctuelle – volatils car en bonne partie spéculatifs.
Conséquence directe : moins de producteurs de lait. Ce constat ne choque pas et reste même favorable pour la filière laitière dans la mesure où la démographie de la population agricole bascule et qu’il sera « possible » d’envisager une restructuration comme celle amorcée depuis plusieurs années dans les pays du nord de l’Europe. Il existe en effet un fort enjeu de renouvellement des générations en agriculture permettant d’alimenter l’augmentation de productivité sur une ressource « terre » constante, voire, en diminution : le manque de renouvellement des actifs partant à la retraite continuant d’assurer l’augmentation des volumes de production par exploitation et la présence de capitaux permettant de substituer la force de travail (robot de traite et autres automatismes de pointes). On ne change pas une formule qui gagne !
Les accords interprofessionnels comme expression du rapport de force déséquilibré
Depuis de nombreuses années, l’interprofession laitière – producteurs de la FNSEA, industriels privés et coopératifs – cherche à « éclairer » les acteurs de la filière sur la valorisation des dérivés du lait cru pour proposer de lui donner un prix (cet objet vaudra d’ailleurs aux indicateurs interprofessionnels d’être vus comme une entente illicite par l’autorité de la concurrence).
Pourtant, cette démarche n’a jamais recherché formellement à prendre en compte les coûts de production. Les représentants professionnels ont jusqu’alors estimé qu’on ne pouvait pas satisfaire tous les producteurs du fait d’écarts significatifs de prix de revient entre eux. Seul concession faite : un indicateur sous forme d’indice de coût (« IPAMPA lait de vache »), non exprimé en euros aux mille litres de lait produit : symptomatique du rapport de force.
Symptomatique aussi, les nouveaux accords portés par l’industrie laitière en 2011 font entrer dans le calcul de l’indice du prix du lait un écart de prix avec le lait allemand. Cet indicateur vient impacter le prix du lait français lorsque l’écart se creuse au-delà d’un tunnel. Ce tunnel sera la seule part belle faite aux revendications du syndicat majoritaire dans la mesure où ce dernier a défendu l’idée que le litre du lait français était mieux valorisé que le litre du lait allemand par les industriels (15 €/1000 L).
Mais quand en 2012, en pleine préparation de l’élection des chambres d’agriculture, les charges d’alimentation progressent de plus de 30 € au 1000 litres, que des cessations d’activité laitière sont constatées à la hausse en nombre et en volume (+20 %) en même temps qu’une hausse du prix des céréales, les représentants professionnels s’indignent de ne pas voir figurer dans la grille des indicateurs interprofessionnels une colonne tenant compte de la variation du coût exprimé en euros aux mille litres. La FNSEA propose désormais à la grille des indications de prix un indicateur supplémentaire pour tenir compte de la variation des coûts de l’alimentation.
Ces indicateurs ont toujours été la solution pour garder la paix sociale entre producteurs et industriels sur le terrain. Mais lorsque l’interprofession n’arrivait pas à s’entendre sur la publication des indicateurs, c’était comme si votre boulanger n’avait aucune idée du prix de sa baguette parce que sa caisse enregistreuse était en panne. Vous vous retrouviez alors dans la situation de devoir lui proposer un prix qu’il accepterait ou non, mais comme vous étiez prêt à payer, pressé de partir, lui, pressé de servir le client suivant pour être assuré de vendre sa production du jour, l’échange se faisait à votre prix. Car en matière de facturation, dans la filière laitière, c’est l’industriel qui établit pour vous votre facture. Vulgairement, on appelle cela, la « paye de lait ». Ce schéma de facturation est l’un des héritages de la cogestion entre l’État et les syndicats, montrant bien que le secteur a toujours été régulé par la force publique dans la force privée pour assurer, avec la PAC, un traitement équitable de l’alimentation dans l’intérêt des classes ouvrières dans l’après guerre. L’État était garant de l’intérêt du paysan, de l’ouvrier et du rentier.
On en revient ainsi au problème fondamental de la fixation du prix du lait : le rapport de force évoqué dans la théorie de la formation des prix proposée par Paul Jorion. Avec l’abandon progressif de la force publique dans la force privée des filières agricoles, pourquoi le rapport de force en faveur des producteurs ne s’est-il pas concrétisé au niveau des indicateurs de fixation du prix du lait ?
Était-ce une question d’argent ? Sans doute pas, dans la mesure où l’interprofession laitière est financée à hauteur de 2/3 de son budget par des prélèvements obligatoires dits « volontaires » que les agriculteurs versent via leur collecteur et qui figurent en retrait sur la paye de lait. Un problème de voix ? Possible, dans la mesure où les producteurs ne représentent qu’un tiers des voix au coté des industriels privés et des coopératives. Un problème de compassion excessive des producteurs pour leur industrie et leurs coopératives ? Possible aussi car, des industriels aussi ont fait faillite et des collectes risquaient de ne plus être réalisées par manque de rentabilité (ou de mauvaise répartition des surplus ?). Pourtant, le marché étant peu élastique, la demande étant quasi stable sur le marché intérieur européen, toutes les situations de cessation de paiement industrielle se sont soldée par des reprises. Cette peur n’était sans doute pas justifiée quand on sait que les bénéficies macroéconomiques du secteur – et de ses fleurons – sont bien là.
Vient enfin l’hypothèse des conflits d’intérêt provoqués par le cumul des mandats de certains représentants et la fermeture de l’interprofession privée à la pluralité syndicale existant en agriculture.
Ailleurs en Europe, il n’existe pas d’interprofession du tout. Il s’agit pourtant d’une institution clef avec laquelle la France souhaite faire tâche d’huile en Europe, mais, tant qu’un pays n’a pas réussi à démontrer son efficacité dans le rapport de force, aucune organisation professionnelle ailleurs ne se risquerait à s’aligner sur un dispositif « mieux disant ». La conséquence du fait de devoir évoluer dans un contexte non contingenté – avec des indicateurs interprofessionnels comme donnée « objective » du marché efficace – propulse au devant du débat la question fondamentale du « qui pilote les volumes ? » et du « qui fixe les prix ? ».
Le rapport de force orienté par un marché voulu pur et parfait mais malheureusement très opaque, volatil et spéculatif, engendre une schizophrénie et offre depuis 2009 ce fameux mouvement d’hystérèse où l’on parie sur des lendemains qui chantent, en passant par des phases euphoriques suivies d’une descente profonde dans la non-rentabilité et les difficultés de trésorerie. Lorsque vient le moment de revaloriser les prix, parce que les indicateurs de marché ont évolué positivement, les industriels tardent, négocient une saisonnalité venant abaisser le prix du lait au moment fort de la collecte (hiver – printemps) et l’augmentant en période plus sèche (été). Et d’aucuns pensent que la collecte sera mieux payée et les droits à produire supérieurs dans les mois qui suivront, ce qui « rattrapera nos affaires ». Dans ce cycle, vous aurez pris un fort risque de produire plus pour gagner tout autant voire moins !
L’approche prix de revient en production laitière : n’est pas compétitif qui veut !
Cette situation semble néanmoins échapper, pour l’heure, aux cultures céréalières dont les prix ne replongent pas : ces marchés étant largement spéculatifs – car il y a effectivement un sous jacent ‘rareté’ entrainant un trend haussier – les producteurs de lait ne sont pas tous logés à la même enseigne.
ll y a d’un côté les « souffre-douleurs », qui subissent de plein fouet la baisse de prix et la hausse des charges d’alimentation et il y a de l’autre les « amortis » qui disposent de surfaces céréalières suffisantes pour profiter de l’euphorie du marché des céréales. Cette situation pose à chacun d’entre nous la question de la place de l’atelier lait au sein de nos exploitations : doit-il perdurer ou être arrêté ? L’élevage représente une part importante des débouchés céréaliers puisque près de la moitié des céréales produites sont utilisées pour l’alimentation du bétail. En sus, le retournement des prairies actuellement à l’œuvre dans de nombreuses régions – pour produire des céréales – là où il est encore possible de le faire, vient totalement en opposition avec les grandes ambitions de multifonctionnalité de l’agriculture envisagée au début des années 2000 (soutiens aux aménités positives). La filière céréale, pour ne pas être trop stigmatisée par cet état de fait, a mobilisé ses ressources pour proposer de contribuer à un fond de solidarité. Mais quand on sait que ce fond sera alimenté à hauteur d’environ 1 % du chiffre d’affaires céréalier (2€/tonne), on est en droit de penser qu’il n’y a pas lieu de crier victoire. Après, tout, beaucoup d’éleveurs n’ont jamais demandé l’aumône.
Depuis que l’approche du prix de revient laitier – le full cost de l’atelier auquel on déduit les aides et les coproduits – est utilisée par les centres de gestion ou les réseaux internationaux d’agriculture comparée, on s’est très vite aperçu que ce qui conditionne fortement la compétitivité du lait est expliqué – au-delà de la performance propre à l’éleveur – par le ratio « atelier laitier / autres ateliers de l’exploitation ». Par exemple, plus l’atelier céréales est important dans l’exploitation, plus les coûts fixes n’ont plus à être supportés par l’atelier laitier ce qui, par un jeu de clé de réparation des charges fixes, vient abaisser le prix de revient calculé. De façon simplifiée, on peut dire que les exploitations purement laitières – en zone de handicaps – avec achats extérieurs d’aliments – non autonomes – sont moins compétitives que les polyculteurs–éleveurs, qui le sont moins que les céréaliers avec un atelier laitier à la marge.
Ainsi, arrêter l’élevage dans un contexte céréalier est plus « simple » que dans un contexte d’élevage pur dans la mesure où, soit le territoire, soit la taille de l’exploitation ne permet pas de dégager davantage de revenu en arrêtant la production laitière. C’est là que réside un problème important qui n’a pas été pris en compte par l’industrie laitière : la compétitivité comme seule clé de lecture de la dynamique laitière n’est pas, par essence, de nature à garantir un approvisionnement constant (ou en hausse) de matière première. Si les plus compétitives quittent définitivement l’élevage, que restera-t’il ? Exit alors les ambitions de conquête des marchés internationaux laitiers ?
Cela justifie-t-il pour autant qu’il faille raisonner le prix du lait en l’indexant non pas sur l’industriel concurrent « moins disant », mais sur les élevages moyens spécialisés qui obtiennent principalement leur revenu de cette activité, qui disposent de prix de revient plus élevés et dont l’endettement repose principalement sur la production laitière ? Quelle borne fixer ? Une moyenne, une médiane, un quartile ?
Pour le ministre Stéphane LE FOLL, proposer un prix européen à 400 €/1000 litres assurera une rente trop confortable à certaines structures, ce qui « n’est pas acceptable ». Drôle d’affirmation… Sous prétexte que certains éleveurs s’enrichiront d’une façon inacceptable (les compétitifs avec surface céréalière par exemple), on privera une belle majorité d’éleveurs d’un prix plus équitable, ou de modalités de fixation des prix plus équilibrées entre les parties prenantes à la négociation. C’est la raison pour laquelle, les responsables politiques, plutôt que de demander des prix adaptés au fonctionnement majoritaire des fermes, proposent à la Commission et au parlement de flexibiliser partiellement les aides et de laisser le marché et la négociation privée décider du prix. L’idée étant de garder entier l’objectif de création d’un marché « efficace » pour ne pas froisser les libéraux européens, même lorsqu’on se dit « socialiste ».
Les industriels ne peuvent compter que sur des fermes qui n’ont pas d’autres choix que de grossir la productivité pour rester compétitives et/ou celles qui ne savent faire que cela et/ou qui n’aiment faire que cela et/ou qui n’ont pas les moyens d’innover dans d’autres branches. Combien de fois l’industrie du lait a-t-elle fait valoir dans son analyse des conjonctures laitières difficiles le fait que « la passion de l’élevage est plus forte que les problèmes économiques » ?
Même si cela est un argument valable pour continuer à faire tourner la machine, cela n’a pas empêché les banques régionales danoises de se casser les dents sur les grandes restructurations du secteur de l’élevage de ces 10 dernières années !
Le comble étant que les marchés des dérivés industriels sont pilotés par une offre de volume infime de la production mondiale : le lait produit dans l’hémisphère sud, en Océanie et plus particulièrement en Nouvelle-Zélande, bradé par le géant Fonterra. Ce pays dispose d’avantages comparatifs indéniables en matière de production laitière : de grands espaces, pas d’hiver, de l’herbe qui pousse toute l’année, des fermes où les propriétaires ne remboursent que les intérêts du capital investi tout au long de leur carrière !
C’est la raison pour laquelle le Canada continue de défendre son modèle de gestion de l’offre et de maîtrise du commerce des produits laitiers à la frontière, pour pallier à son manque d’avantages comparatifs (hivers longs, exploitations de taille moyenne) et pour maintenir un prix du lait rémunérateur, indexé sur la médiane des coûts de production, avec une mutualisation des ventes et une répartition des valorisations industrielles (facturations différenciées selon l’usine et ses valorisations, facturation unique aux producteurs). Les dépassements de production étant taxés par le groupe et pour le groupe (en France, c’est l’industriel qui se propose désormais de ponctionner). Lorsque l’on établit simplement le constat que c’est grâce au système de gestion de l’offre des exploitations canadiennes que les industriels du secteur existent et qu’ils ont été protégés de la concurrence internationale, on peut difficilement concevoir qu’ils seront prêts à bannir ce système du jour au lendemain pour se retrouver en difficulté. De plus, ce système garantit une stabilité des prix à la consommation et ne fait appel à aucun financement public massif. Il n’interdit également pas les échanges : ainsi, le Canada ouvre près de 7 % de son marché aux fromages européens quand, dans le même temps, l’Union ne leur ouvre que 2 %. Les producteurs canadiens, par la voix de leur président, le disent ouvertement : « Nous n’avons pas de leçon à recevoir (…) si l’Europe veut nous donner des leçons de commerce, alors qu’ils se montrent aussi généreux envers nous que nous le sommes envers eux !»
La notion de souveraineté alimentaire finissant totalement par échapper au bon sens des acteurs concernés par la marchandisation immédiate d’un lait indexé sur des dérivés, il conviendra de dire que le scénario de poursuite des cessations laitières sera un crash pur et simple pour les industriels qui parient sur une hausse de l’approvisionnement.
Maîtrise des volumes et mutualisation des valorisations : la clé oubliée !
Il serait pourtant préférable d’administrer le cadre de la négociation du prix, de mutualiser de façon transversale les valorisations des dérivés du lait cru standard (en regroupant les producteurs dans de grandes entités qui vendent à plusieurs industriels), et de ponctionner, si l’on en a peur, le « trop perçu » aux exploitations qui s’enrichissent plus facilement du fait des avantages de leurs structures, soit par une fiscalité responsable, soit par une distribution flexible et réactive des aides en fonction des conjonctures.
Pour inverser cette tendance, il conviendrait que les ayatollahs du marché (et ceux dans nos rangs qui défendent discrètement mais réellement la volonté des lobbystes dans l’espoir de pouvoir développer leur volumes de production) ne soient plus les seuls à parler des orientations stratégiques de la filière et surtout, de celles de la production.
Les représentants de tout bords de la profession ont du mal à s’entendre sur un tel projet, laissant toute latitude aux industriels de mettre actuellement la pression sur leurs éleveurs pour qu’ils signent des contrats d’intégration – terme non avoué – au risque de ne pas se voir allouer des volumes supplémentaires ou, carrément, de ne plus faire venir le camion au 1er avril 2015 (menaces proférées textuellement) ! Il est vrai que le lait cru est une denrée fragile et très rapidement périssable qui demande un collecteur proche et prêt à tout collecter, mais ce n’est pas pour autant que ce dernier a tout droit de penser et d’agir au nom et dans ce qu’il considère être l’intérêt de ses producteurs car, dans la plupart des cas, il ne prend pas part à l’ensemble de nos problématiques économiques (nos revenus), sociales (nous sommes les serfs d’une société dite libérée) et environnementales (coûts de gestion des problématiques environnementales imposés par la règlementation impossible à répercuter dans le prix).
Quant aux coopératives, tout aussi « moins disantes » pour les plus grandes d’entre elles, elles ont été exclues du dispositif de contractualisation et de regroupement des producteurs, le législateur considérant qu’elles étaient déjà une forme aboutie « d’organisation », avec un code d’éthique respectable.
Passer de la concentration « sur soi » au courage d’avouer les erreurs pour reconstruire.
Les agriculteurs qui pensent pouvoir répondre à l’ambition industrielle de conquête se réunissent dans un club où l’on scande : « 9 milliards d’habitants à nourrir, YES WE CAN ». Rien dans cette approche ne permet d’entrevoir la possibilité de développer à l’étranger des agricultures nationales plus auto-suffisantes. Rien d’étonnant à ce que certains industriels se servent de cette ferveur pour asseoir la poursuite de leurs projets dont seuls, en l’état, les producteurs peuvent faire les frais.
Les enjeux de la contractualisation en France peuvent être étendus à l’ensemble des 27 pays européens.
Ils relèvent d’une triple convergence nécessaire :
- convergence entre les organisations de producteurs pour reprendre en main volumes et prix ;
- convergence entre représentants nationaux au sein de l’union européenne pour accorder ces stratégies ;
- convergence avec l’industrie qui doit les accepter dans son intérêt d’approvisionnement constant et régulier.
Ces convergences rencontrent de nombreux freins idéologiques hérités d’un autre temps, qui empêchent la venue salutaire d’une telle prise de conscience à tous les maillons de la filière :
- L’idée d’un secteur de la production laitière allemande plus compétitif que le reste du monde est un mythe entretenu : les producteurs y sont tout autant acculés en cas de crise !
- L’idée de conquête des marchés internationaux sans soutiens publics engendrera des pertes économiques lourdes si l’on s’en tient à la théorie des avantages comparatifs. Or, les aides publiques au secteur sont annoncées à la baisse !
- L’idée de réguler la production en Europe n’est pas un frein au bon fonctionnement du marché, un marché en surcapacité où au moins un acteur « baisse la culotte » est délétère pour tous les producteurs qui alimentent ce marché. Un marché agricole qui fonctionne bien est un marché qui maintient l’emploi, qui fait vivre tout les acteurs, et qui répond à son enjeu principal : nourrir sainement.
En 2009, de nombreux chiffres montraient que moins d’un tiers des producteurs arrivaient à couvrir leur prix de revient, le retournement des marchés des dérivés tuant ainsi de nombreuses exploitations. Les autres ont été contraints de souscrire des prêts de trésorerie bonifiés par l’État (« Prêts Sarkozy »), remplaçant ainsi, stricto sensu, le salaire par le crédit.
Sans changement effectif de paradigme, ce type de contexte est tout à fait reproductible.
et
http://www.pauljorion.com/blog/?p=50773
Augmenter la productivité pour rémunérer le capital et le travail rare : exemple de finitude de la mécanique., par Christophe Diss
8 mars 2013 par Julien Alexandre |
Billet invité
Dans mon dernier billet (ici) évoquant le cas de la rentabilité des exploitations laitière inscrites dans un rapport de force de filière, j’évoquais par quel mécanisme de la pensée économique, les chefs d’exploitation et les financiers ont cherché à augmenter le flux de liquidité par l’argument de la productivité du travail, facteur de rentabilité face à une déflation du prix du lait, une hausse de charge et une confiscation de la valeur ajoutée le long de la chaine de valeur.
J’évoquais notamment comment les évolutions de la démographie agricole continuaient d’alimenter cette logique :
« la démographie de la population agricole bascule et [il] sera « possible » d’envisager une restructuration comme celle amorcée depuis plusieurs années dans les pays du nord de l’Europe. Il existe en effet un fort enjeu de renouvellement des générations en agriculture permettant d’alimenter l’augmentation de productivité sur une ressource « terre » constante, voire, en diminution : le manque de renouvellement des actifs partant à la retraite continuant d’assurer l’augmentation des volumes de production par exploitation et la présence de capitaux permettant de substituer la force de travail (robot de traite et autres automatismes de pointes). On ne change pas une formule qui gagne ! »
Dit comme ça, on pourrait effectivement penser que cette « formule qui gagne » est une loi fondamentale et qu’il n’y a pas lieu de vouloir changer de stratégie. La vraie question est alors de savoir s’il existe une limite à cette règle.
De récentes études viennent confirmer cette possibilité : à la confiscation croissante de la valeur ajoutée que chaque travailleur du lait a permit de dégager par le biais de sa productivité résulte le risque d’une dévalorisation massive de cet effort rendant, à terme, réel et critique la sécurité d’approvisionnement régionale de chaque industriel du lait. Démonstration.
Déflation du lait cru, sur-inflation des dérivés : un moindre partage de la valeur ajoutée…
De 1995 à 2011, selon les indices INSEE, l’évolution en absolu des prix du lait cru (IPAPP) a été de +11%, soit +1% par an pendant que l’inflation moyenne annuelle était de +2,7% (+28% sur la période).
Sur la même période toujours, les principales valorisations des produits laitiers finis ont augmenté au-delà de ce chiffre (+17% pour l’emmental, +20% pour le camembert), voire, au dessus de l’inflation cumulée de 28% (ex: + 47% pour le lait pasteurisé ½ écrémé).
Pour confirmer cette tendance de quelques produits, observons de 1995 à 2008 l’indice de chiffres d’affaires INSEE pour l’industrie laitière : il progresse de +33,7%.
Il diminuera entre 2008 et 2009 suite à la crise du lait pour progresser à nouveau de 2009 à 2011 : sur 3 ans, le chiffre d’affaires en valeur des IAA laitières a progressé en moyenne de +4% par an, +13% sur cette courte période.
Il y a donc eu non seulement déflation de la matière première, mais également un creusement de l’écart entre la progression en valeur du prix du lait cru et celle de ses dérivés à la sortie des usines.
Pis encore ! Entre 2005 et 2012, l’indice des prix d’achats des moyens de production agricole (IPAMPA) pour l’industrie du lait a progressé de 6% en moyenne par an, +40% environ sur la période ! Parallèlement, la production laitière totale est quant à elle restée quasiment inchangée.
Conclusion : sur une quantité de matières premières constante, le prix du lait ne suit pas l’inflation, il a décroché de ses valorisations finales qui sont bien au dessus de l’inflation, en parallèle d’une augmentation des charges de production. La valeur ajoutée par unité produite a donc diminué dans le secteur de la production. Comment une telle évolution a-t-elle pu être supportée par les exploitations laitières ?
Les conséquences ont été atténuées par la hausse continue de la productivité…
Au cours des 15 dernières années, le nombre de livreurs a fortement diminué parallèlement à la hausse régulière de leur référence moyenne. En effet, les livreurs ont perdu la moitié de leurs effectifs entre 1995 et 2010 avec une baisse en moyenne de 5 000 exploitations laitières par an. Ils n’étaient plus que 75 854 en 2010.
Mais l’évolution moyenne de la référence en 15 ans a effectué un bond : +116% !
Il s’opère bien une disparition des exploitations de moins de 250 000 litres de lait produits par an et une progression du nombre d’exploitation dans les classes de volume supérieures alors que la main d’œuvre continue de diminuer.
La moitié des chefs d’exploitation partiront à la retraite d’ici 10 ans. Comme le renouvellement n’est pas assuré par un ratio « une installation pour un départ », combien d’élevages ayant déjà atteint la saturation de leur bâtiment d’élevage pourront-ils se projeter dans le regroupement d’autres fermes sachant que la robotisation connait une fulgurante percée dans le domaine de la traite ou de l’affouragement des troupeaux ?
… mais pour combien de temps ?
La donne démographique combinée à la fin des quotas laitiers représente une opportunité de développer le volume de lait produit par travailleur, avec le risque d’arriver en situation de surproduction, mais que diable… voyons ce que cela peut donner.
Une première tentative d’approche est intuitive. Dimanche dernier, lors de la fête des grands-mères, ma mamie m’a dit : « Si tu ne peux pas vivre avec 50 vaches, tu ne pourras pas vivre avec 100 ». Autre remarque faite récemment par mon pédicure bovin : « 1000 fois zéro, ça fait toujours zéro ». Je dois admettre que ces raisonnements tout à fait intuitifs m’ont pas mal fait réfléchir.
Une deuxième approche est experte : c’est le travail récent qui vient d’être publié par les réseaux d’élevage de l’Est de la France, piloté par l’Institut de l’Élevage, qui viennent apporter une réponse cinglante. Les résultats de 3 simulations sur 5 systèmes de production laitiers types de l’Est de la France montrent que c’est la combinaison de l’intensification de la production laitière par vache, associée à une bonne valorisation des concentrés, des coproduits et/ou à une extension marginale des bâtiments d’élevage qui constitueront les choix tactiques gagnants d’augmentation de la productivité.
Quant à ceux qui ne peuvent plus intensifier davantage ou réaliser des extensions de bâtiment pour produire le lait d’exploitants partis à la retraite, ils n’auront pas d’autres choix que de construire à neuf. Mais pour ce faire, beaucoup d’experts estiment qu’il faut doubler sa production pour amortir l’investissement.
Or, l’élément nouveau, approché par ces simulations chiffrées, c‘est que la faisabilité économique de la construction de nouvelles étables est devenue quasi nulle !
Source: Fin des quotas dans les systèmes laitiers de l’Est de la France. Comment produire plus de lait et pour quels résultats. Réseaux d’élevage, Institut de l’élevage, Chambres d’Agricultures, Décembre 2012.
Tout les systèmes laitiers de l’Est auront des écarts de revenus négatifs pour avoir choisi de produire des volumes nouveaux ou provenant d’un fonds de cessation, alors même que les hypothèses de la simulation proposent une progression de +100% de la référence moyenne en polyculture élevage, une automatisation de la traite, des emprunts sur 15 ans et des actifs circulants supplémentaires financés sur 7 ans.
Les ingénieurs des chambres d’agriculture concluent : « Il apparaît dans tous les cas que ce scénario se solde par une perte significative de revenu et cela même si la conjoncture devenait très favorable (360€/1000l…) La viabilité de ce genre de projet apparaît incertaine, Elle supposerait un faible endettement en situation de départ. Et même dans ces conditions, le revenu des éleveurs serait assez fortement amputé par rapport à la situation initiale. »
La fin d’une « orgie » ? Vers une conception revalorisante du travail ?
On peut alors se poser la question d’une généralisation ou non de ce constat aux autres secteurs de l’économie : avec le remplacement du travail par le capital, la moindre action de partage de la valeur ajoutée – entre patrons, détenteurs de capitaux et travailleurs -, associée à un coût croissant des technologies et des installations autorisant la hausse de la productivité, aurons-nous encore les moyens de faire évoluer positivement la compétitivité des entreprises productrices de denrées de base ? Dans le cas du lait, les chefs d’exploitation étant à la fois leur propre salarié et leur propre patron (du moins, c’est ce qu’on laisse croire, car les vrais patrons, ce ne sont pas eux), tous les ingrédients sont présents pour laisser l’agriculteur assumer seul ce choix, en lui faisant globalement croire qu’il n’en a jamais été autrement « de la formule » .
Cet exemple laisse penser que l’accroissement de la productivité finit par desservir la compétitivité car il y a un effet de « siphonage » organisé sur le dos de la valeur travail rendant non viable les changements structurels rendus nécessaires par les évolutions démographiques. Dans l’hypothèse où seul le capital est rémunéré, le travail n’a plus lieu d’être ! Or, il s’agit là d’un non sens puisque les deux sont encore liés, aussi rare que soit le travail.
Si ce développement a permis à l’industrie de garantir son volume et sa croissance de valeur en profitant d’un prix du lait évoluant moins vite que l’inflation, il n’est plus garanti que la formule concentrationnaire du secteur productif soit gagnante : si l’objectif à terme est de garantir des volumes d’approvisionnement constants et/ou en hausse, il faudra un jour ou l’autre accepter de prendre en charge le coût de ce modèle de développement… ou le renier.
Dans ce dernier cas, l’industrie aura à s’approvisionner davantage sur le marché mondial – marché plus étroit et plus volatil car peu élastique – et laisser les fermiers démotivés par manque de perspectives fermer leurs étables. Pour ceux qui y croient encore, les aides publiques à l’investissement devenant trop faibles pour venir compenser le coût d’une restructuration, c’est vers les banques que la demande des professionnels s’orientera et les besoins en financement seront très importants.
Or, dans l’exemple danois – que j’évoquais dans mon article précédent – la restructuration a permis de faire de ces fermes les championnes de la productivité… mais aussi les championnes en Europe de résultats d’exploitation les plus faibles en cas de crise : jusqu’à -300 000 € de revenu en 2009 sur une exploitation de 300 vaches. Ce contexte avait d’ailleurs conduit les banques régionales danoises à organiser des reprises de « canards boiteux » par des « canards moins boiteux » pour éviter la faillite pure et simple des fermes et donc des banques créancières. En effet, les mécanismes financiers employés pour financer la restructuration ont fait peser des charges d’intérêts insupportables, représentant jusqu’à la moitié du chiffre d’affaires des ateliers laitiers (150 €/1000 L d’intérêts alors qu’en France, les centres de gestion préconisent un montant d’annuités, capital + intérêts, de 70 €/1000 L).
Ce problème nous concerne tous. Or, de l’argent mal investi ici peut très bien disparaitre, de la même manière qu’il a pu disparaître sur les marchés financiers. Cette responsabilité ne s’arrête pas aux portes des étables ou des usines, elle est collective. Dans les caisses régionales du Crédit Agricole, les exploitants représentent souvent moins de 5% des clients mais plus de 25% des encours !
L’ombre de l’heure d’un choix inévitable plane donc sur les acteurs économiques de la filière.
Avec le scandale de la viande chevaline, le fait de devoir préserver sa souveraineté alimentaire est plus que jamais d’actualité. Mais pas au détriment de ceux qui acceptent de travailler toujours plus, de mettre toujours plus en jeu l’héritage d’une valeur travail « ancestrale », car le retour de bâton d’une telle valeur est un puissant vecteur suicidaire, au sens propre comme au sens figuré.
Un modèle économique qui exploite de manière abusive cette valeur est un système qui nie l’Homme. Et je ne pense pas abuser en disant cela car, dans bien des débats avec ceux qui défendent l’aval de la filière, parler de rémunération du travail est souvent ringard sous prétexte « que l’on ne tient pas compte du marché ». Pourtant, les chiffres exposés ci-dessus montrent bien qu’il y a croissance des volumes d’affaires dans la filière.
Souvent, c’est l’éleveur lui même qui se nie ; il lui arrive de ne pas compter son salaire lorsqu’il approche son prix de revient ; il regarde d’abord comment rembourser ses créanciers, l’amenant à devoir régulièrement bénéficier de la solidarité de ses parents, amis et conjoints, tant qu’ils peuvent encore la fournir…
Dans l’actualité : la grande distribution, hormis Système U, a refusé de négocier toute hausse tarifaire sur les produits laitiers. Bel argument qui nous sera resservi sur un plateau pour continuer de faire pression. Jusqu’à quand le supporterons-nous en l’absence de perspective ? La réorganisation des aides de la PAC des filières céréalières en direction des filières d’élevage ne sera pas de nature à nous pousser dans le sens d’une revendication d’une hausse des prix, du moins jusqu’au prochain creux du prochain cycle déflationniste. À suivre…
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