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Les forêts du Grand Est se vendent à la Chine
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AGRICULTURE - CONVIVIALITÉ - ENVIRONNEMENT (A.C.E) :: Parlons de tout et de rien :: Sujets "à la con " par gingko
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Les forêts du Grand Est se vendent à la Chine
Les forêts du Grand Est se vendent à la Chine
À l’heure de la fusion des deux unions régionales de propriétaires forestiers, aujourd’hui à Metz, l’appétit du marché asiatique fait peser de lourdes menaces sur la filière de la transformation.
Un besoin de 200 000 m³ de bois par an, ça fait vivre, au choix, deux cents salariés dans une entreprise comme celle où je travaille, ou deux traders dans une salle de marché », explique Didier Daclin, président de l’Union forestière de l’Est . Photo RL/Pascal BROCARD
Ce matin, l’Union forestière du Grand Est verra le jour à Metz. Regroupant les propriétaires de parcelles, la structure fusionnera l’Union forestière de l’Est (Lorraine-Alsace) et l’Union de la forêt privée de Champagne-Ardenne. Un brin tardive, cette mise à la page s’effectue dans un contexte de tension sur l’approvisionnement au sein de la filière régionale, sous la pression de la demande chinoise. « On est en train de casser la première et la deuxième transformation en mettant les scieries en péril », s’alarme Didier Daclin.
Président de l’Union forestière de l’Est, le Lorrain laissera le pilotage de la nouvelle structure à Patrice Bonhomme, son homologue de Champagne-Ardenne, conformément au gentleman agreement conclu entre les deux organismes. Didier Daclin ne mettra pas pour autant sous le boisseau son credo en faveur d’une réorganisation de la filière. « En 25 ans, on est passé d’un marché local – les fabricants de Liffol-le-Grand s’approvisionnaient directement chez les scieurs – à un marché globalisé. »
« 55 000 emplois à la clé »
En générant une forte inflation de la ressource, la tempête de 1999 a entraîné un juteux business dont la Chine tire les ficelles, dictant sa loi et ses prix. À travers l’irruption de ce poids lourd dans un jeu jusque-là plutôt convenu, certains propriétaires ont découvert les incroyables profits qu’ils pouvaient tirer de l’export de grumes. Toujours plus voraces, les marchés asiatiques dépouillent nos forêts et privent, in fine, le marché intérieur des investissements qui lui sont nécessaires. « Le gisement n’a pas le temps de se renouveler et le temps nécessaire s’évalue en décennies », confirme le forestier.
« En France, on fait de la gestion depuis 1340. On est en train de piller la ressource pour alimenter un marché de traders. » Le message s’adresse à ceux qu’on accuse de scier la branche sur laquelle ils sont assis. « Un besoin de 200 000 m³ de bois par an, ça fait vivre, au choix, deux cents salariés dans une entreprise comme celle où je travaille, ou deux traders dans une salle de marché. »
D’aucuns, conscients de l’enjeu, plaident pour l’instauration de quotas à l’export « de manière à alimenter prioritairement l’industrie de proximité ». Mais face aux réticences de Bruxelles, Didier Daclin milite en faveur d’une contractualisation entre producteurs et industriels : « L’idée c’est d’assurer un approvisionnement en continu de la filière. Aujourd’hui, une scierie qui ferme n’est pas remplacée. Les investissements sont trop lourds et nécessitent de la visibilité que n’offre pas un marché en dents de scie. »
De bon sens, le message infuse pourtant péniblement. Voilà pourquoi les acteurs de la forêt privée en appellent à un petit coup de pouce des pouvoirs publics. « Dans notre nouvelle région, c’est tout de même 55 000 emplois à la clé », martèle comme un ultime argument Didier Daclin.
Avec plus de 1,9 million d’hectares, la surface forestière du Grand Est couvre un tiers du territoire régional. Des Ardennes à la plaine rhénane, en passant par les plateaux calcaires et les Vosges, la variété des reliefs, des sols et des climats se traduit par une importante diversité des peuplements forestiers. Les peuplements de feuillus et résineux représentent respectivement 79 % et 21 % de la surface totale.
Le volume de bois sur pied atteint 381 millions de mètres cubes. Soit 15 % du stock national. L’accroissement biologique de nos forêts représente quant à lui 13,7 millions de mètres cubes par an. La récolte annuelle se chiffre à 7,6 millions de mètres cubes, soit 19 % des prélèvements au niveau de l’Hexagone. Ce qui fait du Grand Est la région la plus productive du pays.
D’ici à 2035, 2,7 millions de mètres cubes de bois supplémentaires pourraient être disponibles pour la récolte. Les 9 870 entreprises de la filière bois emploient dans les dix départements 55 000 personnes. Pour un chiffre d’affaires estimé à 11 milliards d’euros par an. Les 333 scieries produisent chaque année 1,37 million de mètres cubes de sciages (17 % de la production française).
La part de la forêt privée représente 42 % de la couverture forestière. Sur les 329 000 propriétaires 78 000 possèdent plus d’un hectare.
La scierie Vosges Bois Développement (VBD), sise à Bazoilles-sur-Meuse, dans l’Ouest vosgien, se concentre à 90 % sur l’essence de hêtre, les 10 % restants concernant le frêne. Créée en 2012, à la suite d’une liquidation de l’entreprise Renaud, VBD a retrouvé un volume d’activités comparable à l’exploitation de l’ancienne société avant la tempête de 1999, en passant de 13 salariés à 39. « Notre activité sciage représente un volume de 23 000 m³ avec deux destinations principales : 1/3 vers la Chine et 2/3 à destination du Maghreb. Les fabricants de meuble constituent l’essentiel de nos clients. La construction de maisons en hêtre n’est toujours pas un débouché, il faudra encore attendre quelques années avant d’obtenir un process satisfaisant. Mais nous conservons un bon espoir : cette option paiera lorsque le BTP souhaitera vraiment s’engager dans cette direction », confie Thierry Deslauriers, PDG de VBD.
Pas de recours au chômage partiel
À l’instar de ses collègues scieurs européens, le patron souffre d’une concurrence asiatique effrénée. « L’emprise des négociants chinois est moins importante pour les achats de hêtre que pour le chêne. Les scieurs produisant du chêne sont parfois dans des situations très délicates, obligés de faire appel au chômage partiel. Sans atteindre ce niveau de difficultés, nous rencontrons cependant un manque chronique de matière première. L’outil de production actuelle pourrait permettre d’absorber des commandes supplémentaires. Ce manque de grumes, estimé à 20 %, pénalise la scierie. »
Pour l’instant, aucune solution économique n’a été mise en place par l’Europe pour éviter cette fuite des richesses. Néanmoins, une gestion rigoureuse permet à VBD d’optimiser ses dépenses. « Avec la production de pellets, obtenus avec les chutes de bois, nous parvenons à chauffer la scierie. Des investissements prochains sur la mécanisation devraient augmenter notre potentiel de production, si nous parvenons à acheter suffisamment de billes de hêtre », espère le chef d’entreprise qui vit difficilement ce scénario d’approvisionnement en hêtre. Une situation d’autant plus paradoxale que les négociants en bois chinois pénalisent la fourniture de planches pour des fabricants, eux-mêmes chinois.
Xavier BROUET Eric NURDIN
À l’heure de la fusion des deux unions régionales de propriétaires forestiers, aujourd’hui à Metz, l’appétit du marché asiatique fait peser de lourdes menaces sur la filière de la transformation.
Un besoin de 200 000 m³ de bois par an, ça fait vivre, au choix, deux cents salariés dans une entreprise comme celle où je travaille, ou deux traders dans une salle de marché », explique Didier Daclin, président de l’Union forestière de l’Est . Photo RL/Pascal BROCARD
Ce matin, l’Union forestière du Grand Est verra le jour à Metz. Regroupant les propriétaires de parcelles, la structure fusionnera l’Union forestière de l’Est (Lorraine-Alsace) et l’Union de la forêt privée de Champagne-Ardenne. Un brin tardive, cette mise à la page s’effectue dans un contexte de tension sur l’approvisionnement au sein de la filière régionale, sous la pression de la demande chinoise. « On est en train de casser la première et la deuxième transformation en mettant les scieries en péril », s’alarme Didier Daclin.
Président de l’Union forestière de l’Est, le Lorrain laissera le pilotage de la nouvelle structure à Patrice Bonhomme, son homologue de Champagne-Ardenne, conformément au gentleman agreement conclu entre les deux organismes. Didier Daclin ne mettra pas pour autant sous le boisseau son credo en faveur d’une réorganisation de la filière. « En 25 ans, on est passé d’un marché local – les fabricants de Liffol-le-Grand s’approvisionnaient directement chez les scieurs – à un marché globalisé. »
« 55 000 emplois à la clé »
En générant une forte inflation de la ressource, la tempête de 1999 a entraîné un juteux business dont la Chine tire les ficelles, dictant sa loi et ses prix. À travers l’irruption de ce poids lourd dans un jeu jusque-là plutôt convenu, certains propriétaires ont découvert les incroyables profits qu’ils pouvaient tirer de l’export de grumes. Toujours plus voraces, les marchés asiatiques dépouillent nos forêts et privent, in fine, le marché intérieur des investissements qui lui sont nécessaires. « Le gisement n’a pas le temps de se renouveler et le temps nécessaire s’évalue en décennies », confirme le forestier.
« En France, on fait de la gestion depuis 1340. On est en train de piller la ressource pour alimenter un marché de traders. » Le message s’adresse à ceux qu’on accuse de scier la branche sur laquelle ils sont assis. « Un besoin de 200 000 m³ de bois par an, ça fait vivre, au choix, deux cents salariés dans une entreprise comme celle où je travaille, ou deux traders dans une salle de marché. »
D’aucuns, conscients de l’enjeu, plaident pour l’instauration de quotas à l’export « de manière à alimenter prioritairement l’industrie de proximité ». Mais face aux réticences de Bruxelles, Didier Daclin milite en faveur d’une contractualisation entre producteurs et industriels : « L’idée c’est d’assurer un approvisionnement en continu de la filière. Aujourd’hui, une scierie qui ferme n’est pas remplacée. Les investissements sont trop lourds et nécessitent de la visibilité que n’offre pas un marché en dents de scie. »
De bon sens, le message infuse pourtant péniblement. Voilà pourquoi les acteurs de la forêt privée en appellent à un petit coup de pouce des pouvoirs publics. « Dans notre nouvelle région, c’est tout de même 55 000 emplois à la clé », martèle comme un ultime argument Didier Daclin.
Avec plus de 1,9 million d’hectares, la surface forestière du Grand Est couvre un tiers du territoire régional. Des Ardennes à la plaine rhénane, en passant par les plateaux calcaires et les Vosges, la variété des reliefs, des sols et des climats se traduit par une importante diversité des peuplements forestiers. Les peuplements de feuillus et résineux représentent respectivement 79 % et 21 % de la surface totale.
Le volume de bois sur pied atteint 381 millions de mètres cubes. Soit 15 % du stock national. L’accroissement biologique de nos forêts représente quant à lui 13,7 millions de mètres cubes par an. La récolte annuelle se chiffre à 7,6 millions de mètres cubes, soit 19 % des prélèvements au niveau de l’Hexagone. Ce qui fait du Grand Est la région la plus productive du pays.
D’ici à 2035, 2,7 millions de mètres cubes de bois supplémentaires pourraient être disponibles pour la récolte. Les 9 870 entreprises de la filière bois emploient dans les dix départements 55 000 personnes. Pour un chiffre d’affaires estimé à 11 milliards d’euros par an. Les 333 scieries produisent chaque année 1,37 million de mètres cubes de sciages (17 % de la production française).
La part de la forêt privée représente 42 % de la couverture forestière. Sur les 329 000 propriétaires 78 000 possèdent plus d’un hectare.
La scierie Vosges Bois Développement (VBD), sise à Bazoilles-sur-Meuse, dans l’Ouest vosgien, se concentre à 90 % sur l’essence de hêtre, les 10 % restants concernant le frêne. Créée en 2012, à la suite d’une liquidation de l’entreprise Renaud, VBD a retrouvé un volume d’activités comparable à l’exploitation de l’ancienne société avant la tempête de 1999, en passant de 13 salariés à 39. « Notre activité sciage représente un volume de 23 000 m³ avec deux destinations principales : 1/3 vers la Chine et 2/3 à destination du Maghreb. Les fabricants de meuble constituent l’essentiel de nos clients. La construction de maisons en hêtre n’est toujours pas un débouché, il faudra encore attendre quelques années avant d’obtenir un process satisfaisant. Mais nous conservons un bon espoir : cette option paiera lorsque le BTP souhaitera vraiment s’engager dans cette direction », confie Thierry Deslauriers, PDG de VBD.
Pas de recours au chômage partiel
À l’instar de ses collègues scieurs européens, le patron souffre d’une concurrence asiatique effrénée. « L’emprise des négociants chinois est moins importante pour les achats de hêtre que pour le chêne. Les scieurs produisant du chêne sont parfois dans des situations très délicates, obligés de faire appel au chômage partiel. Sans atteindre ce niveau de difficultés, nous rencontrons cependant un manque chronique de matière première. L’outil de production actuelle pourrait permettre d’absorber des commandes supplémentaires. Ce manque de grumes, estimé à 20 %, pénalise la scierie. »
Pour l’instant, aucune solution économique n’a été mise en place par l’Europe pour éviter cette fuite des richesses. Néanmoins, une gestion rigoureuse permet à VBD d’optimiser ses dépenses. « Avec la production de pellets, obtenus avec les chutes de bois, nous parvenons à chauffer la scierie. Des investissements prochains sur la mécanisation devraient augmenter notre potentiel de production, si nous parvenons à acheter suffisamment de billes de hêtre », espère le chef d’entreprise qui vit difficilement ce scénario d’approvisionnement en hêtre. Une situation d’autant plus paradoxale que les négociants en bois chinois pénalisent la fourniture de planches pour des fabricants, eux-mêmes chinois.
Xavier BROUET Eric NURDIN
Re: Les forêts du Grand Est se vendent à la Chine
Ce forum est composé d'êtres doués de la vue (enfin presque tous je suppose) il n'est pas nécessaire de coller tous tes messages en gras et de taille supérieure à la normale.
J'ai édité ton message dans ce sens.
Merci
J'ai édité ton message dans ce sens.
Merci
Invité- Invité
Re: Les forêts du Grand Est se vendent à la Chine
C'est pas un scoop ton histoire et pas que dans l'Est.
Y-a pas de rentabilité à scier, clouer bref faire de la VA sans parler des contraintes MO, inspection du travail, problème de voisinage...
C'est si simple de faire du négoce de palettes des pays de l'Est ou de charger des containers. Trop dur de travailler (ou faire travailler) en France.
Y-a pas de rentabilité à scier, clouer bref faire de la VA sans parler des contraintes MO, inspection du travail, problème de voisinage...
C'est si simple de faire du négoce de palettes des pays de l'Est ou de charger des containers. Trop dur de travailler (ou faire travailler) en France.
dan 80- + membre techno +
- Messages : 1833
Date d'inscription : 11/09/2009
Age : 48
Somme Est
Re: Les forêts du Grand Est se vendent à la Chine
Peut on blâmer les propriétaires forestiers de vendre leur bois au meilleur prix ??????????
iris- + Admin +
- Messages : 12086
Date d'inscription : 09/09/2009
Age : 70
France de l'extérieur 57
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