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1917: La révolution russe et les PAYSANS
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AGRICULTURE - CONVIVIALITÉ - ENVIRONNEMENT (A.C.E) :: temps libre , loisirs culture :: Rubrique Historique
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1917: La révolution russe et les PAYSANS
Avec les deux guerres mondiales, la révolution bolchévique en Russie est très certainement l'évènement qui a eu le plus de retentissement dans le monde et qui a façonné durablement le XXème siècle. On estime même que la pire des guerres, celle de 39-45 en est la conséquence, par le rejet violent qu'elle suscita comme nous avons tenté de le démontrer sur ce forum dans un autre topic*.
La révolution bolchévique s'est établie dans un pays immense alors dirigé par un despote chrétien, le Tsar Nicolas II. La révolution russe s'appuyait sur les théories d'un juif allemand, Karl Marx, qui voulait mettre fin à l'exploitation de ce qu'il désignait être le prolétariat par les possédants: les capitalistes. Afin d'arriver à une égalité parfaite, le capitalisme était censé mourrir de ses propres contradictions, contradictions qui se résolveraient dans une société sans classes. En effet, quand Marx rédigea Le capital, la société "capitaliste" engendrée par la révolution technique et industrielle, avait une structure politique fort différente de nos sociétés démocratiques contemporaines: capitalistes, les classes dirigeantes, classe ouvrière et paysannerie, cette dernière considérée par les socialistes comme figée dans le passé et par conséquent sans rôle historique à l'avenir. La paysannerie faisait - et fait toujours - figure de milieu sociologique fixé sur sa glèbe, ersatz d'un passé révolu, à la (les) nation(s) et à sa mystique du fond des âges, celle du Prince (le guerrier), du Prêtre (celui qui légitime le pouvoir du précédent) et du peuple, dont la pérennité est assurée par la force (le Prince).
En tant que classe la plus oppressée du capitalisme naissant, le prolétariat apparaissait alors comme le vecteur tout désigné du mouvement révolutionnaire.
En 1928, soit onze années après la révolution d'Octobre, Elie Eberlin écrit dans "Les juifs d'aujourd'hui" en relatant l'Histoire du peuple hébreu: " (...) ni la dictature paternelle du grand Moïse, ni le pouvoir des rois régit par une constitution religieuse, ni le despotisme des derniers roitelets s'appuyant sur Rome n'ont été agrées par ce peuple rêveur. Les Juifs ont toujours eu un gouvernement mais ils n'ont toujours fait que le subir. (...) De ce fait, les Juifs n'ont pu maintenir leur Etat parmi les Etats de l'Antiquité et ont dû fatalement devenir le ferment révolutionnaire de l'univers. (...)
Ce qu'il y a encore de juif dans le blochévisme, c'est la renonciation aux récompenses de l'au-delà, dans l'autre monde, et la recherche du bonheur sur Terre.
Cette idée qui marque le triomphe des valeurs juives sur les valeurs mystico-chrétiennes est aujourd'hui commune à tous les peuples."
Si Eberlin s'est trompé visiblement sur le destin de la révolution bolchévique, il n'en reste, c'est même l'essentiel, que ces idées d'égalité et de bonheur ont effectivement triomphées ou sont en voie de le faire, du moins en apparence.
* Il s'agit du topic "Hitler et l'avènement du IIIème Reich".
La révolution bolchévique s'est établie dans un pays immense alors dirigé par un despote chrétien, le Tsar Nicolas II. La révolution russe s'appuyait sur les théories d'un juif allemand, Karl Marx, qui voulait mettre fin à l'exploitation de ce qu'il désignait être le prolétariat par les possédants: les capitalistes. Afin d'arriver à une égalité parfaite, le capitalisme était censé mourrir de ses propres contradictions, contradictions qui se résolveraient dans une société sans classes. En effet, quand Marx rédigea Le capital, la société "capitaliste" engendrée par la révolution technique et industrielle, avait une structure politique fort différente de nos sociétés démocratiques contemporaines: capitalistes, les classes dirigeantes, classe ouvrière et paysannerie, cette dernière considérée par les socialistes comme figée dans le passé et par conséquent sans rôle historique à l'avenir. La paysannerie faisait - et fait toujours - figure de milieu sociologique fixé sur sa glèbe, ersatz d'un passé révolu, à la (les) nation(s) et à sa mystique du fond des âges, celle du Prince (le guerrier), du Prêtre (celui qui légitime le pouvoir du précédent) et du peuple, dont la pérennité est assurée par la force (le Prince).
En tant que classe la plus oppressée du capitalisme naissant, le prolétariat apparaissait alors comme le vecteur tout désigné du mouvement révolutionnaire.
En 1928, soit onze années après la révolution d'Octobre, Elie Eberlin écrit dans "Les juifs d'aujourd'hui" en relatant l'Histoire du peuple hébreu: " (...) ni la dictature paternelle du grand Moïse, ni le pouvoir des rois régit par une constitution religieuse, ni le despotisme des derniers roitelets s'appuyant sur Rome n'ont été agrées par ce peuple rêveur. Les Juifs ont toujours eu un gouvernement mais ils n'ont toujours fait que le subir. (...) De ce fait, les Juifs n'ont pu maintenir leur Etat parmi les Etats de l'Antiquité et ont dû fatalement devenir le ferment révolutionnaire de l'univers. (...)
Ce qu'il y a encore de juif dans le blochévisme, c'est la renonciation aux récompenses de l'au-delà, dans l'autre monde, et la recherche du bonheur sur Terre.
Cette idée qui marque le triomphe des valeurs juives sur les valeurs mystico-chrétiennes est aujourd'hui commune à tous les peuples."
Si Eberlin s'est trompé visiblement sur le destin de la révolution bolchévique, il n'en reste, c'est même l'essentiel, que ces idées d'égalité et de bonheur ont effectivement triomphées ou sont en voie de le faire, du moins en apparence.
* Il s'agit du topic "Hitler et l'avènement du IIIème Reich".
Dernière édition par Béret vert le Ven 25 Mai 2018 - 20:57, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
c'est du lourd cette révolution et encore plus ce qui a suivit
les goulags qui ont suivit était surtout une bonne occasion d'avoir de la m-o gratuite en sibérie
les ukrainiens et bien d'autres nations ont payé ,juste pour être né au mauvais endroits ,une région de roumanie annexée a l'ukraine par les russes a également payé chère ,il voulait juste fuire et retourner dans leurs patries
les goulags qui ont suivit était surtout une bonne occasion d'avoir de la m-o gratuite en sibérie
les ukrainiens et bien d'autres nations ont payé ,juste pour être né au mauvais endroits ,une région de roumanie annexée a l'ukraine par les russes a également payé chère ,il voulait juste fuire et retourner dans leurs patries
hermine 22- + membre techno +
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bretagne
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Bonjour les amis. Dans un instant ça va commencer. 99% de ce que j'écris l'est en direct. Parfois, il y aura une préparation, souvent non. J'ai étudié la révolution russe il y a quarante ans (déjà !), m'y suis replongé en amateur il y a vingt ans et je vais essayer de m'y plonger à nouveau. Comme l'a fait remarqué Hermine:
Donc comme je le disais on va aborder directement la révolution en évitant les préparatifs. Juste un exemple pour les curieux:
Et oui, la révolution ça se prépare
- Deux thèmes seulement:
J'aborde principalement le destin de la PAYSANNERIE RUSSE, dédaignant les autres thèmes sauf pour établir le contexte ou souligner quelques faits saillants si nécessaire. Comme ça, ça ne sera pas trop long mais un peu lacunaire, certes.
Un autre sujet que je trouve utile d'aborder ici est le rapport entre les Français et la révolution bolchévique. Il y a des choses que vous serez intéressé de connaître, je pense.
Juste un mot pour finir: le fait que cette révolution a mûrie de longue date. Elle a principalement éclot dans les milieux juifs et fit l'effet d'un coup de tonnerre qu'on a du mal à imaginer aujourd'hui. La Russie sous les Tsars, vous le savez, était pourtant un pays rural, voire passablement arriéré, notamment à cause de son gigantisme et de son exentricité géographique si l'on peut dire. Pour les communistes, ce n'était pas le terreau idéal, le prolétariat était en nombre très inférieur par rapport à la paysannerie.
Cette dernière en paiera le prix le plus lourd.
Donc je vais élaguer, sinon je me noie sans préparation. Peut-être que dans vingt ans je ferais quelque chose de plus abouti. Quoiqu'il en soit, même en me tenant à seulement quelques aspects, c'est tellement lourd que je suis étonné qu'il y ait si peu d'émissions voire d'ouvrages francophones sur le sujet, alors que sur bien d'autres… si vous croisez un responsable des programmes, posez-lui cette question: pourquoi tant d'émissions sur les Camps (même pas besoin de préciser lesquels) et jamais sur les camps soviétiques ? Sur la terreur Rouge ? Sur la bienveillance incroyable dont a bénéficiée la révolution bolchevique à l'étranger ? La réponse n'est pas unique, mais certaines mériteraient d'être dites.hermine 22 a écrit:c'est du lourd cette révolution et encore plus ce qui a suivit
Donc comme je le disais on va aborder directement la révolution en évitant les préparatifs. Juste un exemple pour les curieux:
Et oui, la révolution ça se prépare
- Deux thèmes seulement:
J'aborde principalement le destin de la PAYSANNERIE RUSSE, dédaignant les autres thèmes sauf pour établir le contexte ou souligner quelques faits saillants si nécessaire. Comme ça, ça ne sera pas trop long mais un peu lacunaire, certes.
Un autre sujet que je trouve utile d'aborder ici est le rapport entre les Français et la révolution bolchévique. Il y a des choses que vous serez intéressé de connaître, je pense.
Juste un mot pour finir: le fait que cette révolution a mûrie de longue date. Elle a principalement éclot dans les milieux juifs et fit l'effet d'un coup de tonnerre qu'on a du mal à imaginer aujourd'hui. La Russie sous les Tsars, vous le savez, était pourtant un pays rural, voire passablement arriéré, notamment à cause de son gigantisme et de son exentricité géographique si l'on peut dire. Pour les communistes, ce n'était pas le terreau idéal, le prolétariat était en nombre très inférieur par rapport à la paysannerie.
Cette dernière en paiera le prix le plus lourd.
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
tu es courageux, mes vœux t'accompagnent,
si tu as le cœur à l'ouvrage, n'oublie pas les liens entre aristocratie et manants , les bourgeois étaient les courroies de transmission, sinon les moteurs, sans qui rien ne pouvait exister, en Russie comme en France.
si tu as le cœur à l'ouvrage, n'oublie pas les liens entre aristocratie et manants , les bourgeois étaient les courroies de transmission, sinon les moteurs, sans qui rien ne pouvait exister, en Russie comme en France.
EtienneCH4- + membre techno +
- département : sud Manche et centre Chine
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Age : 83
Lapenty et Wuhan
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
effectivement ,avec le temps je suis devenu aterré par ce que le corps enseignants me faisait ingurgiter dans son manuel d'histoire
ce serait maintenant ce serait au feu directe
sur l'histoire en général ,les huns et attila avait la faveur des historiens
rien ,pas un mot sur l'union des républiques socialistes soviétiques ,l'ukraine et ses 5 millions de morts de faims etc etc
plus près de nous ,en bzh ,duguesclin était présenté comme un sauveur
ce qui m'intriguait ,c'est que ca stèle sur le bord de la 4 voies a broons volait en éclat a chaque reconstruction
en fait ,c'était lui qui avait vendu la bretagne a la france
bref ,c'est du passé
mais ,de quel obédience était donc ces historiens pour nous enfariner de la sorte
l'histoire récente en urss aurait été autrement plus captivante que les percées des mongols en europe et leurs légendaires steacks tartares
depuis je sait
ces historiens était avant tout des vieux restes de bolchévique qui avait la main mise sur l'éducation nationale ,c'est aussi simple ,et méfiance ils rodent encore
depuis je suis un peu en froid avec le corps enseignants très accaparateurs des chose publiques dont les municipalités
je n'aime pas être manipulé et 50 ans après ,certains ont encore intéret a faire profil bas dans mon entourage
en tout cas dans ma commune ,on a fait le ménage après un siècle sans partage
deouis ,je pense en avoir déniché un exemplairehttp://www.lemonde.fr/societe/article/2008/05/16/virginie-linhart-mon-pere-ce-mao_1045900_3224.html
ce serait maintenant ce serait au feu directe
sur l'histoire en général ,les huns et attila avait la faveur des historiens
rien ,pas un mot sur l'union des républiques socialistes soviétiques ,l'ukraine et ses 5 millions de morts de faims etc etc
plus près de nous ,en bzh ,duguesclin était présenté comme un sauveur
ce qui m'intriguait ,c'est que ca stèle sur le bord de la 4 voies a broons volait en éclat a chaque reconstruction
en fait ,c'était lui qui avait vendu la bretagne a la france
bref ,c'est du passé
mais ,de quel obédience était donc ces historiens pour nous enfariner de la sorte
l'histoire récente en urss aurait été autrement plus captivante que les percées des mongols en europe et leurs légendaires steacks tartares
depuis je sait
ces historiens était avant tout des vieux restes de bolchévique qui avait la main mise sur l'éducation nationale ,c'est aussi simple ,et méfiance ils rodent encore
depuis je suis un peu en froid avec le corps enseignants très accaparateurs des chose publiques dont les municipalités
je n'aime pas être manipulé et 50 ans après ,certains ont encore intéret a faire profil bas dans mon entourage
en tout cas dans ma commune ,on a fait le ménage après un siècle sans partage
deouis ,je pense en avoir déniché un exemplairehttp://www.lemonde.fr/societe/article/2008/05/16/virginie-linhart-mon-pere-ce-mao_1045900_3224.html
hermine 22- + membre techno +
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Age : 74
bretagne
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Oui, vos suggestions sont plus que justifiées mais il faut que je vous fasse une confidence. En me concentrant sur le sort des paysans russes, quand je vous en aurai révélé certains aspects méconnus, volontairement (?) mis sous le manteau, vous aurez le cœur retourné que vous me pardonnerez volontiers mes impasses…EtienneCH4 a écrit:tu es courageux, mes vœux t'accompagnent,
si tu as le cœur à l'ouvrage, n'oublie pas les liens entre aristocratie et manants , les bourgeois étaient les courroies de transmission, sinon les moteurs, sans qui rien ne pouvait exister, en Russie comme en France.
Retenez dés à présent une chose: le massacre des paysans par les communistes en Russie, durant la guerre civile et dans les goulags a fait autant si ce n'est plus de morts que tout le conflit de la première guerre mondiale, tous pays confondus, estimé proche de 18 millions. La dfifférence était qu'un seul camp était armé.
Le record des six (?) millions de juifs exterminés par les Nazis durant la seconde guerre mondiale est donc explosé. Le traitement des prisonniers, pour l'essentiel des paysans aussi innocents que les Juifs en Allemagne ou en Pologne était semblable dans la souffrance. La différence réside dans le systématisme allemand et les moyens scientifiques d'extermination appliqués par eux (chambres à gaz par exemple) quand les Bolcheviques se contentaient le plus souvent de laisser hommes, femmes et enfants mourir de faim ou de maladie.
Afin de ne pas assombrir un tableau déjà noir qui n'a nullement besoin de l'être, il faut savoir que les conditions d'existence dans les goulags et autres types de camp étaient très variables, suivant les lieux et les tâches assignées. Le bilan n'en est pas moins extraordinaire.
Ajoutons que ni les soviétiques, ni les Nazis n'ont eu le monopole de la violence au cours de l'Histoire. La Russie tsariste était déjà connue pour sa dureté et le peuple slave pour son accoutumance aux comportements violents, même dans un cadre civil. Les communistes chinois ont provoqué la mort de plus de 60 millions d'individus. Les révolutionnaires français ont massacré les Vendéens, entre autres, Napoléon était un boucher dans son genre, les Aztèques éventraient rituellement des centaines et des milliers d'enfants, ensanglantant les pierres de leurs édifices de rivières de sang, les Croisés massacrèrent les Albigeois… et même les Juifs, éternellement présentés sous le trait de victimes ont leur part de responsabilité, quand ils dirigeaient les principales instances du pouvoir soviétique.
En 1953, Nikita Khrouchtchev va assouplir les conditions de vie dans les camps de "travail" et supprimer les camps "spéciaux", libérant plus d'un million de prisonniers.
C'est Mikhaïl Gorbatchev qui, à la fin des années 1980 à la faveur de la Glassnost va fermer les derniers camps de prisonniers "politiques".
L'enfer a donc duré 70 ans. Je vais vous en ouvrir les portes et faire parler les paysans.
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
LA PRISE DE POUVOIR PAR LES BOLCHEVIKS
Il est d’usage de définir la prise de pouvoir en Russie par les bolcheviques comme l’issue d’une révolution, l’ultra-fameuse révolution d’Octobre 17, ce qui la laisse supposée être portée par le peuple. La prise de pouvoir par Lénine et ses bolcheviques n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État, le coup de force d’une minorité agissante contre la décision du peuple. La révolution d’Octobre par les soviets est une blague, comme le sera en 1933 la prise du pouvoir en Allemagne d’Hitler :
« Le fait que la démocratie ait elle-même livrée les moyens de sa destruction à ses ennemis mortels restera toujours la meilleure blague de l’Histoire » Joseph Goebbels, au sujet des mesures qui permirent aux nazis de s’emparer du pouvoir entre janvier et juillet 1933.
La différence avec les bolcheviques est que Hitler, en dépit de ses succès électoraux, opéra une « révolution légale », c’est-à-dire ayant quelques apparences de la légalité. Lénine, seize ans tôt, gagna le pouvoir par un coup de force en trois temps, le troisième qui parachève le processus totalement occulté et par là ignoré des livres de classe et du grand public :
Le premier épisode eut lieu en février, quand l’armée faisant défaut au Tsar lors de troubles, provoquant sa chute et la création d’un parlement, l’un légal, composé de députés, l’autre qui prend le titre de Soviet des ouvriers et des paysans, composé de socialistes dont les bolcheviques, qui ont essaimé dans les villes du pays à la faveur du désordre causé par la guerre et les privations. Députés et soviets se mettent d’accord pour constituer un gouvernement provisoire à Petrograd. C’est la « révolution bourgeoise ».
C’est alors que Lénine, exilé, rentre en Russie. Il déclare à la foule que « l’aube de la révolution mondiale s’est levée, qu’il faut cesser de soutenir le gouvernement provisoire et mettre un terme immédiat à la guerre impérialiste. »
Tout cela est un peu trop extrémiste, même pour les bolcheviques et totalement inacceptable pour les Mencheviks et les Socialistes-révolutionnaires, bien entendu.
Les villes, les unes après les autres, voient se constituer des « soviets ». Par ailleurs, l’armée n’est guère en position de sévir, elle-même étant agité de soubresauts alimentés par ses défaites notamment contre l’Autriche, toujours en guerre. Les marins casernés à Kronstadt soutiennent le mouvement bolchevique et créent leur propre soviet.
Le slogan des bolcheviques devient : « Tout le pouvoir aux soviets »
Le 17 juillet, les bolcheviques décident d’agir mais leur soulèvement échoue, les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires s’y opposent, Trotski est arrêté et Lénine doit s’enfuir.
Les Bolcheviques sont en position de faiblesse. Mais le peuple adhère au slogan bolchevique : « La paix, la terre et le pain », quand mencheviks et SR voulaient la poursuite de la guerre : grave erreur…
Les désordres s’amplifient, notamment à Petrograd et Moscou.
En septembre un général, Korlinov, tente de rétablir l’ordre en évinçant le chef du gouvernement provisoire, un socialiste du nom de Kerensky. Du coup celui-ci fait appel aux ouvriers de Petrograd, ce qui redonne indirectement la main aux bolcheviques. Ils sauront la saisir. Les militants bolcheviks (dont Trotski et Kamenev ) arrêtés deux mois plus tôt sont relâchés. Lénine, réfugié en Finlande cette fois, peut rentrer à nouveau. Les manifestations et les grèves entravent l’action de Korlinov.
Le deuxième temps
Même les bolcheviques sont divisé sur la suite à donner aux évènements. Lénine attise les feux, hostile à partager le pouvoir avec une coalition de socialistes. Il réunit le Comité central du Parti bolchevique et parvint à convaincre par dix voix contre deux le principe d’une insurrection armée dans les plus brefs délais, AVANT la convocation du II-ème Congrès panrusse des soviets (assemblées d’ouvriers, de paysans, de soldats).
Comme le souhaitait Lénine, le nombre de participants directs à la Grande Révolution Bolchevique fut donc très limité. Quelques milliers de soldats de la garnison de Petrograd, des marins de Kronstadt, quelques centaines de militants ouvriers. De rares accrochages et un nombre de victimes limité attestent de la facilité du coup d’État.
A Petrograd, les bolcheviques prennent le contrôle de la banque d’État, du central téléphonique, de la gare centrale, des ponts. C’est le deuxième temps de la révolution, le plus célébré, et pour cause:
Dans la nuit du 6 novembre (24 octobre du calendrier russe) les Bolcheviques ont verrouillé Petrograd. Le lendemain soir les soviets, réunis en congrès, mis devant le fait accomplit, confient le pouvoir à un Conseil des commissaires du peuple qui élit Lénine. Cette résolution, purement formelle, allait créditer cette FICTION de gouvernement du peuple dans « le pays des Soviets » (Ref : Stéphane Courtois).
Immédiatement, Lénine fait voter des décrets :
- Paix immédiate et sans concessions
- Suppression de la grande propriété foncière
- Contrôle ouvrier dans les usines
« Premier malentendu, à propos de la révolution agraire. Les Bolcheviques, qui avaient toujours prôné la nationalisation des terres durent, dans un rapport de force qui ne leur était pas favorable, reprendre le programme socialiste-révolutionnaire et approuver la redistribution des terres aux paysans. » (Ref : S.Courtois)
[BV : en 1917, si le servage avait disparu, abolit en 1861, 40 % du sol appartenait encore à la noblesse et la Couronne, la grande propriété foncière dont il est question]
Quelques heures plus tard, le Conseil des commissaires du peuple annonce son gouvernement : Léon Trotski est nommé commissaire du peuple aux affaires étrangères, Joseph Staline commissaire du peuple aux nationalités…
Mais le nouveau Conseil des commissaires du peuple se heurte aussitôt à des grèves d’ouvriers, à la résistance passive des fonctionnaires et aux désertions massives des soldats du front. Le pays est paralysé. De plus les élections à l’Assemblée constituante montreront clairement la faiblesse des bolcheviques, puisqu’ils n’obtiendront que 168 sièges contre 419 pour les socialistes-révolutionnaires, massivement soutenus par la paysannerie, sur un total de 703 sièges. La révolution d’Octobre n’est pas encore victorieuse. Qu’à cela ne tienne…
Le troisième temps : le coup d'Etat du 19 janvier 1918
La réponse immédiate des bolcheviques est de dissoudre l’Assemblée constituante (élue le 12 novembre 1917!) au lendemain de sa première séance, le 19 janvier 1918, d’interdire les grèves, de créer une police politique (Tcheka) puis la création de l’Armée rouge dix jours plus tard.
La révolution d’Octobre 1917 n’est pas l’achèvement du processus révolutionnaire de prise de pouvoir par les Bolcheviques, il eut lieu le 19 Janvier 1918 par la dissolution de l’Assemblée fraîchement élue, Lénine faisant tirer sur ses partisans qui manifestaient dans la rue. Une date un tout petit peu moins glorieuse à fêter…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Assemblée_constituante_russe_de_1918
Le 23 janvier 1918, le IIIème Congrès des soviets donnent une légitimité à ce coup d’État.
Les bolcheviques ont enfin les mains libres.
«Dés les premiers jours où ils parvinrent au pouvoir, et bien qu’ayant pourtant déclaré la peine de mort abolie, les bolcheviks commencèrent à tuer. »
Youri Martov, chef des Mencheviks (socialistes), août 1018.
Il est d’usage de définir la prise de pouvoir en Russie par les bolcheviques comme l’issue d’une révolution, l’ultra-fameuse révolution d’Octobre 17, ce qui la laisse supposée être portée par le peuple. La prise de pouvoir par Lénine et ses bolcheviques n’est ni plus ni moins qu’un coup d’État, le coup de force d’une minorité agissante contre la décision du peuple. La révolution d’Octobre par les soviets est une blague, comme le sera en 1933 la prise du pouvoir en Allemagne d’Hitler :
« Le fait que la démocratie ait elle-même livrée les moyens de sa destruction à ses ennemis mortels restera toujours la meilleure blague de l’Histoire » Joseph Goebbels, au sujet des mesures qui permirent aux nazis de s’emparer du pouvoir entre janvier et juillet 1933.
La différence avec les bolcheviques est que Hitler, en dépit de ses succès électoraux, opéra une « révolution légale », c’est-à-dire ayant quelques apparences de la légalité. Lénine, seize ans tôt, gagna le pouvoir par un coup de force en trois temps, le troisième qui parachève le processus totalement occulté et par là ignoré des livres de classe et du grand public :
Le premier épisode eut lieu en février, quand l’armée faisant défaut au Tsar lors de troubles, provoquant sa chute et la création d’un parlement, l’un légal, composé de députés, l’autre qui prend le titre de Soviet des ouvriers et des paysans, composé de socialistes dont les bolcheviques, qui ont essaimé dans les villes du pays à la faveur du désordre causé par la guerre et les privations. Députés et soviets se mettent d’accord pour constituer un gouvernement provisoire à Petrograd. C’est la « révolution bourgeoise ».
C’est alors que Lénine, exilé, rentre en Russie. Il déclare à la foule que « l’aube de la révolution mondiale s’est levée, qu’il faut cesser de soutenir le gouvernement provisoire et mettre un terme immédiat à la guerre impérialiste. »
Tout cela est un peu trop extrémiste, même pour les bolcheviques et totalement inacceptable pour les Mencheviks et les Socialistes-révolutionnaires, bien entendu.
Les villes, les unes après les autres, voient se constituer des « soviets ». Par ailleurs, l’armée n’est guère en position de sévir, elle-même étant agité de soubresauts alimentés par ses défaites notamment contre l’Autriche, toujours en guerre. Les marins casernés à Kronstadt soutiennent le mouvement bolchevique et créent leur propre soviet.
Le slogan des bolcheviques devient : « Tout le pouvoir aux soviets »
Le 17 juillet, les bolcheviques décident d’agir mais leur soulèvement échoue, les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires s’y opposent, Trotski est arrêté et Lénine doit s’enfuir.
Les Bolcheviques sont en position de faiblesse. Mais le peuple adhère au slogan bolchevique : « La paix, la terre et le pain », quand mencheviks et SR voulaient la poursuite de la guerre : grave erreur…
Les désordres s’amplifient, notamment à Petrograd et Moscou.
En septembre un général, Korlinov, tente de rétablir l’ordre en évinçant le chef du gouvernement provisoire, un socialiste du nom de Kerensky. Du coup celui-ci fait appel aux ouvriers de Petrograd, ce qui redonne indirectement la main aux bolcheviques. Ils sauront la saisir. Les militants bolcheviks (dont Trotski et Kamenev ) arrêtés deux mois plus tôt sont relâchés. Lénine, réfugié en Finlande cette fois, peut rentrer à nouveau. Les manifestations et les grèves entravent l’action de Korlinov.
Le deuxième temps
Même les bolcheviques sont divisé sur la suite à donner aux évènements. Lénine attise les feux, hostile à partager le pouvoir avec une coalition de socialistes. Il réunit le Comité central du Parti bolchevique et parvint à convaincre par dix voix contre deux le principe d’une insurrection armée dans les plus brefs délais, AVANT la convocation du II-ème Congrès panrusse des soviets (assemblées d’ouvriers, de paysans, de soldats).
Comme le souhaitait Lénine, le nombre de participants directs à la Grande Révolution Bolchevique fut donc très limité. Quelques milliers de soldats de la garnison de Petrograd, des marins de Kronstadt, quelques centaines de militants ouvriers. De rares accrochages et un nombre de victimes limité attestent de la facilité du coup d’État.
A Petrograd, les bolcheviques prennent le contrôle de la banque d’État, du central téléphonique, de la gare centrale, des ponts. C’est le deuxième temps de la révolution, le plus célébré, et pour cause:
Dans la nuit du 6 novembre (24 octobre du calendrier russe) les Bolcheviques ont verrouillé Petrograd. Le lendemain soir les soviets, réunis en congrès, mis devant le fait accomplit, confient le pouvoir à un Conseil des commissaires du peuple qui élit Lénine. Cette résolution, purement formelle, allait créditer cette FICTION de gouvernement du peuple dans « le pays des Soviets » (Ref : Stéphane Courtois).
Immédiatement, Lénine fait voter des décrets :
- Paix immédiate et sans concessions
- Suppression de la grande propriété foncière
- Contrôle ouvrier dans les usines
« Premier malentendu, à propos de la révolution agraire. Les Bolcheviques, qui avaient toujours prôné la nationalisation des terres durent, dans un rapport de force qui ne leur était pas favorable, reprendre le programme socialiste-révolutionnaire et approuver la redistribution des terres aux paysans. » (Ref : S.Courtois)
[BV : en 1917, si le servage avait disparu, abolit en 1861, 40 % du sol appartenait encore à la noblesse et la Couronne, la grande propriété foncière dont il est question]
Quelques heures plus tard, le Conseil des commissaires du peuple annonce son gouvernement : Léon Trotski est nommé commissaire du peuple aux affaires étrangères, Joseph Staline commissaire du peuple aux nationalités…
Mais le nouveau Conseil des commissaires du peuple se heurte aussitôt à des grèves d’ouvriers, à la résistance passive des fonctionnaires et aux désertions massives des soldats du front. Le pays est paralysé. De plus les élections à l’Assemblée constituante montreront clairement la faiblesse des bolcheviques, puisqu’ils n’obtiendront que 168 sièges contre 419 pour les socialistes-révolutionnaires, massivement soutenus par la paysannerie, sur un total de 703 sièges. La révolution d’Octobre n’est pas encore victorieuse. Qu’à cela ne tienne…
Le troisième temps : le coup d'Etat du 19 janvier 1918
La réponse immédiate des bolcheviques est de dissoudre l’Assemblée constituante (élue le 12 novembre 1917!) au lendemain de sa première séance, le 19 janvier 1918, d’interdire les grèves, de créer une police politique (Tcheka) puis la création de l’Armée rouge dix jours plus tard.
La révolution d’Octobre 1917 n’est pas l’achèvement du processus révolutionnaire de prise de pouvoir par les Bolcheviques, il eut lieu le 19 Janvier 1918 par la dissolution de l’Assemblée fraîchement élue, Lénine faisant tirer sur ses partisans qui manifestaient dans la rue. Une date un tout petit peu moins glorieuse à fêter…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Assemblée_constituante_russe_de_1918
Le 23 janvier 1918, le IIIème Congrès des soviets donnent une légitimité à ce coup d’État.
Les bolcheviques ont enfin les mains libres.
«Dés les premiers jours où ils parvinrent au pouvoir, et bien qu’ayant pourtant déclaré la peine de mort abolie, les bolcheviks commencèrent à tuer. »
Youri Martov, chef des Mencheviks (socialistes), août 1018.
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
« Quiconque reconnaît la guerre des classes, doit reconnaître la guerre civile, qui dans toute société de classes représente la continuation, le développement et l’accentuation naturelle de la guerre des classes » Lénine, septembre 1916.
LA REDISTRIBUTION DE LA TERRE AUX PAYSANS préalable à la collectivisation
Depuis l’été 1917, des détachements spéciaux, composés de soldats, d’ouvriers, de Gardes rouges sillonnèrent les régions productrices de céréales afin de se procurer les produits alimentaires pour Petrograd et le front. Les Russes signèrent par la main de Trotski une armistice en décembre mais les Allemands firent durer le plaisir jusqu’en mars 1918, aboutissant au traité de Brest-litovsk, défavorable à la Russie.
Un des autres problèmes que le ravitaillement auquel le gouvernement issu de la révolution de février avait dû faire face avait été l’extrême agitation régnant dans les villes et dans les campagnes. Le peuple russe était littéralement épuisé par la guerre et n’entendait qu’un slogan : la paix, le pain.
Initialement, le projet communiste, comme son nom l’indique, envisage la nationalisation (collectivisation) des terres. La révolution agraire enclenchée en 1918 dut s’en tenir à sa seule « redistribution » et la collectivisation ajournée. La principale disposition du Décret sur la terre proclame :
« La propriété privée de la terre est abolie sans indemnités, toutes les terres sont mises à disposition des comités agraires locaux, pour redistribution. »
Cette idée de redistribution des terres était un compromis de la part des bolcheviques, prenant en compte l’agitation dans les campagnes qui s’était déclenchée à l’annonce de l’abdication du Tsar en février. Peu à peu, les paysans s’étaient organisés et avaient porté des cahiers de doléances, quand ils ne se mettaient pas à saisir le matériel agricole et le cheptel des grands propriétaires, nobles pour la plupart mais aussi aux dépends des « Koulaks », ces paysans aisés qui, à la faveur des réformes engagées précédemment par le tsar, avaient quitté la communauté rurale et acquis des lopins de terre en propriété, libérés de toutes servitudes communautaires.
Aussi, dans les mois qui avaient précédé la révolution d’Octobre, le Koulak, croque-mitaine de tous les discours bolcheviques stigmatisant le « paysan riche rapace », le « bourgeois rural », le « Koulak buveur de sang » n’était déjà plus que l’ombre de lui-même.
En effet, au cours de l’été 1917, les troubles agraires, attisés par le retour de centaines de milliers de déserteurs chauffés à blanc par les révolutionnaires socialistes et communistes, devinrent de plus en plus violent. Des milliers de domaines et propriétés seigneuriales furent brûlés, les propriétaires chassés sinon massacrés.
Les socialistes-révolutionnaires, les mieux implantés en milieu rural, s’étaient révélés incapables, car soucieux d’ordre et de légalité, à mettre en œuvre avec célérité la réforme agraire promise. Trop modérés, ils laissèrent le champ libre aux bolcheviques. Pourtant, les paysans russes adhéraient-ils à leur rhétorique ? Aspiraient-ils à la constitution de grandes unités collectives ? Dans le vide institutionnel de l’automne 1917, où toute autorité étatique avait disparue pour céder la place à une pléiade de comités, soviets et autres groupuscules, il suffisait d’un noyau bien organisé et déterminé pour exercer aussitôt une autorité disproportionnée à sa force réelle. C’est ce que fit le Parti bolchevique. En annonçant la « redistribution » des terres, les bolcheviques sonnaient non seulement le glas de la grande propriété nobiliaire mais également celle des Koulaks. Pour la collectivisation, on verrait plus tard.
Les bolcheviques n’eurent alors qu’à laisser la situation se radicaliser et la violence se répandre dans les campagnes. Lénine : « En proposant une paix immédiate et en donnant la terre aux paysans, les bolcheviks établiront un pouvoir que personne ne renversera. »
Ce qui fut fait.
LA REDISTRIBUTION DE LA TERRE AUX PAYSANS préalable à la collectivisation
Depuis l’été 1917, des détachements spéciaux, composés de soldats, d’ouvriers, de Gardes rouges sillonnèrent les régions productrices de céréales afin de se procurer les produits alimentaires pour Petrograd et le front. Les Russes signèrent par la main de Trotski une armistice en décembre mais les Allemands firent durer le plaisir jusqu’en mars 1918, aboutissant au traité de Brest-litovsk, défavorable à la Russie.
Un des autres problèmes que le ravitaillement auquel le gouvernement issu de la révolution de février avait dû faire face avait été l’extrême agitation régnant dans les villes et dans les campagnes. Le peuple russe était littéralement épuisé par la guerre et n’entendait qu’un slogan : la paix, le pain.
Initialement, le projet communiste, comme son nom l’indique, envisage la nationalisation (collectivisation) des terres. La révolution agraire enclenchée en 1918 dut s’en tenir à sa seule « redistribution » et la collectivisation ajournée. La principale disposition du Décret sur la terre proclame :
« La propriété privée de la terre est abolie sans indemnités, toutes les terres sont mises à disposition des comités agraires locaux, pour redistribution. »
Cette idée de redistribution des terres était un compromis de la part des bolcheviques, prenant en compte l’agitation dans les campagnes qui s’était déclenchée à l’annonce de l’abdication du Tsar en février. Peu à peu, les paysans s’étaient organisés et avaient porté des cahiers de doléances, quand ils ne se mettaient pas à saisir le matériel agricole et le cheptel des grands propriétaires, nobles pour la plupart mais aussi aux dépends des « Koulaks », ces paysans aisés qui, à la faveur des réformes engagées précédemment par le tsar, avaient quitté la communauté rurale et acquis des lopins de terre en propriété, libérés de toutes servitudes communautaires.
Aussi, dans les mois qui avaient précédé la révolution d’Octobre, le Koulak, croque-mitaine de tous les discours bolcheviques stigmatisant le « paysan riche rapace », le « bourgeois rural », le « Koulak buveur de sang » n’était déjà plus que l’ombre de lui-même.
En effet, au cours de l’été 1917, les troubles agraires, attisés par le retour de centaines de milliers de déserteurs chauffés à blanc par les révolutionnaires socialistes et communistes, devinrent de plus en plus violent. Des milliers de domaines et propriétés seigneuriales furent brûlés, les propriétaires chassés sinon massacrés.
Les socialistes-révolutionnaires, les mieux implantés en milieu rural, s’étaient révélés incapables, car soucieux d’ordre et de légalité, à mettre en œuvre avec célérité la réforme agraire promise. Trop modérés, ils laissèrent le champ libre aux bolcheviques. Pourtant, les paysans russes adhéraient-ils à leur rhétorique ? Aspiraient-ils à la constitution de grandes unités collectives ? Dans le vide institutionnel de l’automne 1917, où toute autorité étatique avait disparue pour céder la place à une pléiade de comités, soviets et autres groupuscules, il suffisait d’un noyau bien organisé et déterminé pour exercer aussitôt une autorité disproportionnée à sa force réelle. C’est ce que fit le Parti bolchevique. En annonçant la « redistribution » des terres, les bolcheviques sonnaient non seulement le glas de la grande propriété nobiliaire mais également celle des Koulaks. Pour la collectivisation, on verrait plus tard.
Les bolcheviques n’eurent alors qu’à laisser la situation se radicaliser et la violence se répandre dans les campagnes. Lénine : « En proposant une paix immédiate et en donnant la terre aux paysans, les bolcheviks établiront un pouvoir que personne ne renversera. »
Ce qui fut fait.
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Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Les paysans, dindons de la farce
La proposition de paix immédiate avec l’Allemagne ayant fini par aboutir, Lénine et les soviets entreprirent leur immense œuvre de réorganisation de la Russie. Ce long travail qui s’annonçait fut rendu plus difficile par l’hostilité qu’elle rencontrait, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur. Les trois premières années du régime soviétique sont des années de guerre. Guerre contre l’ennemi intérieur, par exemple contre les Socialistes Révolutionnaires de la Volga, plus modérés que les bolcheviques, guerre à l’extérieur contre des soulèvements soutenus à la périphérie de la Russie par les « Alliés ». En effet, lors de l’effondrement des empires centraux d’Europe, suite à la première guerre mondiale, des soviets s’étaient constitués partout, notamment en Allemagne, et la Révolution sembla sur le point de s’étendre dans toute l’Europe. Une fois le danger écarté, les gouvernements libéraux voulurent éliminer cette menace de subversion, et tentèrent de renverser les bolcheviques qui s’aventuraient en Pologne, en Ukraine, etc, aidés en cela par les armées « blanches », constitués par des officiers tsaristes pour l’essentiel.
C’est ainsi que l’Ukraine, perdue en 1918 et la Biélorussie vont entrer dans l’URSS en 1922. A vrai dire, la réaction « blanche » soutenue par les occidentaux ne fut jamais assez puissante pour mettre en danger la Révolution dite d’Octobre.
Les conséquences de ces évènements, appelé « le communisme de guerre » furent importantes sur la paysannerie.
La population paysanne préférait les bolcheviques, qui promettaient la terre, aux Blancs qui menaçaient de la reprendre. Quand je parle de paysans, il s’agit du sens large, de cette société rurale composée de nationalités diverses et de paysans ne possédant pas pour la majorité d’entre eux de terre.
Au milieu de ces luttes incessantes, les Soviets commencèrent une première transformation de la Russie, au pas de charge selon les vœux de Lénine. En mai 1918, dans le cadre de la défense révolutionnaire, toutes les céréales furent réquisitionnées, tâche dans laquelle le camarade Staline s’illustra par sa poigne de fer. Les villages considérés peu sûrs furent rasés, l’atmosphère étant au règlement de compte, Moscou laissa faire.
Mais ce sont moins les violences que les piètres résultats militaires de Staline qui avait la main sur le ravitaillement par la force, alors que Trotski régnait au sommet de l’Armée Rouge, qui poussèrent Trotski à exiger et obtenir le rappel de Staline à Moscou, mais ce dernier conserve la toute confiance de Lénine, et obtint de siéger dans les plus hauts comités du pouvoir :
- Conseil des commissaires du peuple, où il retrouve sa place
- Comité militaire de la République
- Comité exécutif central des Soviets
- Conseil du travail et de la défense, dont il obtient la vice-présidence. C’est un comité important qui ne compte que cinq membres, dont Lénine et Trotski.
- et à l’issu du VIIème Congrès du Parti, il devient l’un des cinq membres du Politburo, avec Lénine, Trotski, Kamenev et Krestinski.
Vous aurez noté la multiplication des Comités centraux et l’extrême concentration du pouvoir dans quelques mains.
Dans le domaine industriel, le pragmatique Lénine aurait voulu laisser provisoirement la direction à des patrons non-hostiles, le temps de régler les affaires militaires et d’écraser la rébellion, bref, ayant d’autres chats à fouetter, mais les exigences des comités ouvriers et la mauvaise volonté de certains directeurs décidèrent le Politburo à regrouper les différentes branches de l’industrie sous une direction unifiée, c’est-à-dire tout bonnement à nationaliser.
Les résultats ne furent pas toujours probants… Le ravitaillement des villes laissait à désirer, dans l’industrie, la gestion ouvrière se révéla souvent un échec : le pays manque de charbon, de fonte, de pétrole. La monnaie se détériorait, le commerce était à l’arrêt.
« Oui, les petits propriétaires, les petits possédants ont été à nos côtés, nous autres prolétaires, lorsqu’il s’est agit de renverser les propriétaires fonciers et les capitalistes. Mais maintenant nos voies divergent. Les petits propriétaires ont horreur de l’organisation, de la discipline. Le temps est venu pour nous de mener une lutte impitoyable,sans merci, contre ces petits propriétaires, ces petits possédants. »( Lénine, le 29 avril 1918
Et Trotski de renchérir:
" Notre parti est pour la guerre civile. La guerre civile, c'est la lutte pour le pain… Vive la guerre civile !"
Entre 1918 et 1922, des centaines de milliers de paysans seront massacrés.
La proposition de paix immédiate avec l’Allemagne ayant fini par aboutir, Lénine et les soviets entreprirent leur immense œuvre de réorganisation de la Russie. Ce long travail qui s’annonçait fut rendu plus difficile par l’hostilité qu’elle rencontrait, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur. Les trois premières années du régime soviétique sont des années de guerre. Guerre contre l’ennemi intérieur, par exemple contre les Socialistes Révolutionnaires de la Volga, plus modérés que les bolcheviques, guerre à l’extérieur contre des soulèvements soutenus à la périphérie de la Russie par les « Alliés ». En effet, lors de l’effondrement des empires centraux d’Europe, suite à la première guerre mondiale, des soviets s’étaient constitués partout, notamment en Allemagne, et la Révolution sembla sur le point de s’étendre dans toute l’Europe. Une fois le danger écarté, les gouvernements libéraux voulurent éliminer cette menace de subversion, et tentèrent de renverser les bolcheviques qui s’aventuraient en Pologne, en Ukraine, etc, aidés en cela par les armées « blanches », constitués par des officiers tsaristes pour l’essentiel.
C’est ainsi que l’Ukraine, perdue en 1918 et la Biélorussie vont entrer dans l’URSS en 1922. A vrai dire, la réaction « blanche » soutenue par les occidentaux ne fut jamais assez puissante pour mettre en danger la Révolution dite d’Octobre.
Les conséquences de ces évènements, appelé « le communisme de guerre » furent importantes sur la paysannerie.
La population paysanne préférait les bolcheviques, qui promettaient la terre, aux Blancs qui menaçaient de la reprendre. Quand je parle de paysans, il s’agit du sens large, de cette société rurale composée de nationalités diverses et de paysans ne possédant pas pour la majorité d’entre eux de terre.
Au milieu de ces luttes incessantes, les Soviets commencèrent une première transformation de la Russie, au pas de charge selon les vœux de Lénine. En mai 1918, dans le cadre de la défense révolutionnaire, toutes les céréales furent réquisitionnées, tâche dans laquelle le camarade Staline s’illustra par sa poigne de fer. Les villages considérés peu sûrs furent rasés, l’atmosphère étant au règlement de compte, Moscou laissa faire.
Mais ce sont moins les violences que les piètres résultats militaires de Staline qui avait la main sur le ravitaillement par la force, alors que Trotski régnait au sommet de l’Armée Rouge, qui poussèrent Trotski à exiger et obtenir le rappel de Staline à Moscou, mais ce dernier conserve la toute confiance de Lénine, et obtint de siéger dans les plus hauts comités du pouvoir :
- Conseil des commissaires du peuple, où il retrouve sa place
- Comité militaire de la République
- Comité exécutif central des Soviets
- Conseil du travail et de la défense, dont il obtient la vice-présidence. C’est un comité important qui ne compte que cinq membres, dont Lénine et Trotski.
- et à l’issu du VIIème Congrès du Parti, il devient l’un des cinq membres du Politburo, avec Lénine, Trotski, Kamenev et Krestinski.
Vous aurez noté la multiplication des Comités centraux et l’extrême concentration du pouvoir dans quelques mains.
Dans le domaine industriel, le pragmatique Lénine aurait voulu laisser provisoirement la direction à des patrons non-hostiles, le temps de régler les affaires militaires et d’écraser la rébellion, bref, ayant d’autres chats à fouetter, mais les exigences des comités ouvriers et la mauvaise volonté de certains directeurs décidèrent le Politburo à regrouper les différentes branches de l’industrie sous une direction unifiée, c’est-à-dire tout bonnement à nationaliser.
Les résultats ne furent pas toujours probants… Le ravitaillement des villes laissait à désirer, dans l’industrie, la gestion ouvrière se révéla souvent un échec : le pays manque de charbon, de fonte, de pétrole. La monnaie se détériorait, le commerce était à l’arrêt.
« Oui, les petits propriétaires, les petits possédants ont été à nos côtés, nous autres prolétaires, lorsqu’il s’est agit de renverser les propriétaires fonciers et les capitalistes. Mais maintenant nos voies divergent. Les petits propriétaires ont horreur de l’organisation, de la discipline. Le temps est venu pour nous de mener une lutte impitoyable,sans merci, contre ces petits propriétaires, ces petits possédants. »( Lénine, le 29 avril 1918
Et Trotski de renchérir:
" Notre parti est pour la guerre civile. La guerre civile, c'est la lutte pour le pain… Vive la guerre civile !"
Entre 1918 et 1922, des centaines de milliers de paysans seront massacrés.
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Dans ma jeunesse, j'ai lu Tintin au pays des soviets...
Je crois me souvenir de certaines planches qui relatent bien la réquisition des récoltes laissant les paysans sans rien , de la propagande avec de fausses usines fumant , de la tchéka, des élections avec des armes pointées sur les électeurs....à relire.
Je crois me souvenir de certaines planches qui relatent bien la réquisition des récoltes laissant les paysans sans rien , de la propagande avec de fausses usines fumant , de la tchéka, des élections avec des armes pointées sur les électeurs....à relire.
charly49- + Membre Accro +
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Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
mieux que les planches de tintincharly49 a écrit:Dans ma jeunesse, j'ai lu Tintin au pays des soviets...
Je crois me souvenir de certaines planches qui relatent bien la réquisition des récoltes laissant les paysans sans rien , de la propagande avec de fausses usines fumant , de la tchéka, des élections avec des armes pointées sur les électeurs....à relire.
les témoignages encore vivants des citotyens des ex pays annexé
la propagande était vraiment le cheval de bataille des rouges
avant la chute du mur ,on a même connu les grandes manifestations dites pacifiques pour le désarmement , qui ont bizarrement cessé a sa chute
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Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
il y a un livre de stephane courtois qui est a base des archives sovietiques de moscou ouvertes a partir de 1990.700pages .tout est explique et ca se lit facilement .s courtois est sur you tube aussi et ca donne une idee du systeme .
tout paysan et syndicaliste devrait lire ce livre.
tout paysan et syndicaliste devrait lire ce livre.
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Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
https://www.youtube.com/watch?v=1mf8WqHWiwo
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Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
+1. C'est un des livres qui a bouleversé la vision du soviétisme entretenue par les merdias, la TV et l'Education, qui font peser toutes les responsabilités du "génocide" des paysans sur les seules épaules de Staline.gingko a écrit:il y a un livre de stephane courtois qui est a base des archives sovietiques de moscou ouvertes a partir de 1990.700pages .tout est explique et ca se lit facilement .s courtois est sur you tube aussi et ca donne une idee du systeme .
tout paysan et syndicaliste devrait lire ce livre.
La première édition date de 1998. C'est ce livre qui me sert le plus dans ce topic, et j'en ai également huit autres empilés à côté de mon ordinateur, dans lesquels je glâne toutes ces infos. D'ailleurs je vous réserve quelques belles surprises.
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
a ce propos fort lointain j'ai vu sur le panneau d'affichage de la Mairie un arrété ministériel affiché autorisant de pénétrer dans les propriétés privées cloturées ou non et cela sans autorisation préalable pour compter les...papillons.........
après ils se plaignent qu'on prenne la mouche....
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vraiment tout près de chez moi, c'est pour direre sinon Barzac parce que Balzac, écrivaillon avait déjà pris ce pseudo..
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
pour approvisionner les goulags en m-o
c'était avant tout des mines ou des carrières ou de vaste chantiers en sibérie
les russes avait commencer par payer des volontaires ,voir même donner une seconde chance a des taulards
les lieux peu avenants ont eu vite fait de ne plus interesser personne
l'idée lumineuse de passer aux travaux forcés était devenue sans fin
les ukrainiens et même les roumains en 44 ont payé chère et bien d'autres
et pas un rouble a verser
gare aux fuyards ,ils n'allait pas loin
rattrapé en été ,ils étaient attaché nu a des poteaux et dévoré par les insectes
l'hiver ,au printemps ,on les appelait les perces neiges ,les corps réapparaissait
ca va ,les derniers encartés ne se sont pas évanouis
c'était avant tout des mines ou des carrières ou de vaste chantiers en sibérie
les russes avait commencer par payer des volontaires ,voir même donner une seconde chance a des taulards
les lieux peu avenants ont eu vite fait de ne plus interesser personne
l'idée lumineuse de passer aux travaux forcés était devenue sans fin
les ukrainiens et même les roumains en 44 ont payé chère et bien d'autres
et pas un rouble a verser
gare aux fuyards ,ils n'allait pas loin
rattrapé en été ,ils étaient attaché nu a des poteaux et dévoré par les insectes
l'hiver ,au printemps ,on les appelait les perces neiges ,les corps réapparaissait
ca va ,les derniers encartés ne se sont pas évanouis
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Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
En Sibérie, à la fonte des glaces, on trouve de tout: des mammouths, des anticommunistes, etc.
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
et pendant ce temps la ,25 %de francais était en pleine rêverieBéret vert a écrit:En Sibérie, à la fonte des glaces, on trouve de tout: des mammouths, des anticommunistes, etc.
les prédicateurs du moment était excellents
le communisme finira par arriver entendait t'on ici et la
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bretagne
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Béret vert a écrit:
http://www.cheraute.fr/fileadmin/commune_cheraute/uploads/1_accueil/1_actualites/AP_accespropriete_16032018.pdf
Honoré de Barzac- + membre techno +
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vraiment tout près de chez moi, c'est pour direre sinon Barzac parce que Balzac, écrivaillon avait déjà pris ce pseudo..
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
N’oublions pas non plus la violence des « autres »
A la violence assumée des Rouges, institutionnalisée parce que théorisée dans la lutte des classes et la révolution prolétarienne, fait face la violence de la Réaction blanche. Cette violence-là, au demeurant parfaitement légitime, il s’agit d’une réaction, se distingue de la première en ce qu’elle ne fut en aucun cas justifiée par ses meneurs pour des raisons idéologiques.
Il n’en demeure pas moins que vous aurez beau l’expliquer à ses victimes, le résultat est similaire à leurs yeux. On s’étonnerait du contraire.
L’essentiel des combats des forces contre-révolutionnaires se tint dans les environs des « zones de Résidences », où les habitants ethniquement russes étaient en minorité et où les Juifs constituaient une proportion substantielle de la population urbaine. Pour les nationalistes polonais et ukrainiens (opposés aux bolcheviques), et pour les milices autonomes de rebelles paysans (les « Verts »), les juifs qui incarnèrent à leurs yeux le capitalisme nouveau (pour différentes raisons que nous avons abordé dans le topic « Hitler et l’avènement du III° Reich ») incarnent désormais le bolchevisme.
Nous avions vu brièvement dans le topic sur Hitler, combien les Juifs étaient massivement présents dans les principales instances dirigeantes bolcheviques. Pour les groupes contre-révolutionnaires, nationalistes polonais, ukrainiens, Cosaques, partisans russes de l’Empire des tsars, les Juifs constituèrent un ennemi facile à définir et à identifier. Leur rôle voire leur monopole, d’abord de commerçants au sein de l’Empire Tsariste, faisant le lien entre le monde rural et la ville, ensuite de propagandistes du bolchevisme les feront haïr par une bonne partie de la population hostile au communisme.
Cependant, les Blancs, les Verts et les nationalistes ukrainiens n’ont jamais eu pour objectif l’extermination totale des Juifs. Certes, leurs détachements ont assassiné et dépossédé de leurs biens des dizaines de milliers de civils juifs, mais du point de vue politique, leurs états-majors assumaient une position ambiguë et défensive par rapport aux persécutions antijuives et manifestaient même à l’occasion leur indignation véhémente à l’égard des pogroms.
La pratique des bolcheviques était elle beaucoup moins ambiguë. La « bourgeoisie » était peut-être une catégorie élusive, mais personne ne nourrissait de doute sur le principe de sa « liquidation » sur la base de « critères objectifs » [Yuri Slezkine]
Le statut de propriétaire, l’appartenance à la hiérarchie impériale, un niveau d’éducation non rédimé par des convictions marxistes étaient autant de caractéristiques punissables par la peine de mort, en tant que « éléments hostiles ».
Quant aux Juifs, ils ne représentaient qu’une fraction modeste des adhérents du Parti : 5 % en 1922. Mais ils représentaient 40 % des postes d’officiers élus dans l’armée Rouge. Au premier Congrès des Soviets, en 1917, 30 % des délégués bolcheviques, et 37 % des sociaux-démocrates étaient juifs. 3 des 7 membres du Politburo chargé du soulèvement d’octobre 1917 l’étaient. Entre 1919 et 1921 , le Comité central du Parti comptait 25 % de Juifs. Leur proportion dans la police politique, la fameuse Tcheka était faible, mais la plupart d’entre eux occupaient les plus hauts postes :
« Quiconque avait le malheur de tomber entre les mains de la Tcheka avait une forte chance de se retrouver confronté à un interrogateur juif et éventuellement d’être exécuté par lui. » [Leonardo Shapiro]. Les Juifs étaient également bien représentés parmi les prisonniers de la Tcheka et du Guepeou…
Plus spécifiquement, les noms juifs furent associés à deux des épisodes les plus dramatiques de la Terreur rouge. L’assassinat des Romanov, la famille régnante, une opération censée rester secrète mais qui fut dévoilée par les Blancs, dont les résultats de leur propre investigation firent apparaître l’identité juive des principaux exécutants et furent ainsi publiés à Berlin en 1925. L’autre épisode, le massacre de milliers de prisonniers de guerre en Crimée, fut l’oeuvre de Bela Kun et de Rozalia Zalkind, qui reçut pour l’occasion la plus haute distinction soviétique : « L’Ordre du Drapeau Rouge ».
Mais la forte proportion de Juifs dans leurs rangs embarrassait quelque peu les Bolcheviques. Comme l’explique ultérieurement Lounatcharski :
« Les Juifs jouaient un rôle tellement essentiel dans notre mouvement révolutionnaire (…) c’est ce qui permet aux contre-révolutionnaires de parler de domination juive, même si l’explication de tout cela est très simple : notre Révolution a été menée par la population urbaine, qui tend à occuper de façon prédominante les positions dirigeantes et dont les Juifs constituent un pourcentage significatif. »
A la violence assumée des Rouges, institutionnalisée parce que théorisée dans la lutte des classes et la révolution prolétarienne, fait face la violence de la Réaction blanche. Cette violence-là, au demeurant parfaitement légitime, il s’agit d’une réaction, se distingue de la première en ce qu’elle ne fut en aucun cas justifiée par ses meneurs pour des raisons idéologiques.
Il n’en demeure pas moins que vous aurez beau l’expliquer à ses victimes, le résultat est similaire à leurs yeux. On s’étonnerait du contraire.
L’essentiel des combats des forces contre-révolutionnaires se tint dans les environs des « zones de Résidences », où les habitants ethniquement russes étaient en minorité et où les Juifs constituaient une proportion substantielle de la population urbaine. Pour les nationalistes polonais et ukrainiens (opposés aux bolcheviques), et pour les milices autonomes de rebelles paysans (les « Verts »), les juifs qui incarnèrent à leurs yeux le capitalisme nouveau (pour différentes raisons que nous avons abordé dans le topic « Hitler et l’avènement du III° Reich ») incarnent désormais le bolchevisme.
Nous avions vu brièvement dans le topic sur Hitler, combien les Juifs étaient massivement présents dans les principales instances dirigeantes bolcheviques. Pour les groupes contre-révolutionnaires, nationalistes polonais, ukrainiens, Cosaques, partisans russes de l’Empire des tsars, les Juifs constituèrent un ennemi facile à définir et à identifier. Leur rôle voire leur monopole, d’abord de commerçants au sein de l’Empire Tsariste, faisant le lien entre le monde rural et la ville, ensuite de propagandistes du bolchevisme les feront haïr par une bonne partie de la population hostile au communisme.
Cependant, les Blancs, les Verts et les nationalistes ukrainiens n’ont jamais eu pour objectif l’extermination totale des Juifs. Certes, leurs détachements ont assassiné et dépossédé de leurs biens des dizaines de milliers de civils juifs, mais du point de vue politique, leurs états-majors assumaient une position ambiguë et défensive par rapport aux persécutions antijuives et manifestaient même à l’occasion leur indignation véhémente à l’égard des pogroms.
La pratique des bolcheviques était elle beaucoup moins ambiguë. La « bourgeoisie » était peut-être une catégorie élusive, mais personne ne nourrissait de doute sur le principe de sa « liquidation » sur la base de « critères objectifs » [Yuri Slezkine]
Le statut de propriétaire, l’appartenance à la hiérarchie impériale, un niveau d’éducation non rédimé par des convictions marxistes étaient autant de caractéristiques punissables par la peine de mort, en tant que « éléments hostiles ».
Quant aux Juifs, ils ne représentaient qu’une fraction modeste des adhérents du Parti : 5 % en 1922. Mais ils représentaient 40 % des postes d’officiers élus dans l’armée Rouge. Au premier Congrès des Soviets, en 1917, 30 % des délégués bolcheviques, et 37 % des sociaux-démocrates étaient juifs. 3 des 7 membres du Politburo chargé du soulèvement d’octobre 1917 l’étaient. Entre 1919 et 1921 , le Comité central du Parti comptait 25 % de Juifs. Leur proportion dans la police politique, la fameuse Tcheka était faible, mais la plupart d’entre eux occupaient les plus hauts postes :
« Quiconque avait le malheur de tomber entre les mains de la Tcheka avait une forte chance de se retrouver confronté à un interrogateur juif et éventuellement d’être exécuté par lui. » [Leonardo Shapiro]. Les Juifs étaient également bien représentés parmi les prisonniers de la Tcheka et du Guepeou…
Plus spécifiquement, les noms juifs furent associés à deux des épisodes les plus dramatiques de la Terreur rouge. L’assassinat des Romanov, la famille régnante, une opération censée rester secrète mais qui fut dévoilée par les Blancs, dont les résultats de leur propre investigation firent apparaître l’identité juive des principaux exécutants et furent ainsi publiés à Berlin en 1925. L’autre épisode, le massacre de milliers de prisonniers de guerre en Crimée, fut l’oeuvre de Bela Kun et de Rozalia Zalkind, qui reçut pour l’occasion la plus haute distinction soviétique : « L’Ordre du Drapeau Rouge ».
Mais la forte proportion de Juifs dans leurs rangs embarrassait quelque peu les Bolcheviques. Comme l’explique ultérieurement Lounatcharski :
« Les Juifs jouaient un rôle tellement essentiel dans notre mouvement révolutionnaire (…) c’est ce qui permet aux contre-révolutionnaires de parler de domination juive, même si l’explication de tout cela est très simple : notre Révolution a été menée par la population urbaine, qui tend à occuper de façon prédominante les positions dirigeantes et dont les Juifs constituent un pourcentage significatif. »
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Guerres paysannes et insurrections ouvrières contre les bolcheviques
Les Bolcheviques avaient cru qu’en renonçant provisoirement à la collectivisation forcée des terres agricoles et en déclarant la redistribution des terres appartenant aux grands domaines aux paysans, bref en cédant aux revendications paysannes ils s’attireraient leur concours. En juin 1918 ils prirent deux mesures décisives :
La première, consistant à organiser le ravitaillement des villes, nécessitait comme je l’ai dit plus haut la création d’une véritable et gigantesque armée dédiée à cette tâche et composée de soldats revenus du front et d’ouvriers au chômage. L’autre mesure fut la création de comités de paysans pauvres, une sorte d’équivalent des soviets ruraux (assemblées locales), ceux-là étant à peine nés et déjà démantelés car infestés d’éléments hostiles, c’est-à-dire de paysans moins pauvres… Certes, ces derniers étaient la plupart du temps favorables eux aussi au démantèlement des domaines féodaux entre guillemets (le servage était aboli depuis 30 ou 40 ans), mais leur coopération s’arrêtait là bien souvent. La décision fut prise de les mettre hors jeu avec la création des comités de paysans pauvres, appelés à exécuter, par la force s’il le faut, les réquisitions en coordination avec les détachements armés de ravitaillement. En considération de leurs motivations, on peut imaginer ce que furent ces premiers représentants du pouvoir bolchevique dans les campagnes :
Qu’est-ce qu’un paysan pauvre ?
Analphabètes, alcooliques, envieux des « riches », frustrés de pouvoir et attirés par une promesse de butin, l’idée de mettre en avant la partie la plus pauvre de la paysannerie reflétait la méconnaissance profonde qu’avaient les bolcheviques de la société rurale. L’idée marxiste ultra-simpliste selon laquelle la société paysanne serait divisée en classes antagonistes, les riches d’un côté, les pauvres de l’autre, alors qu’elle était avant tout solidaire face au monde extérieur et face une nature et un climat difficile à dompter, est déjà ridicule dans ses prémisses. Le paysan pauvre, souvent mal loti, était ici comme ailleurs inclus dans un cadre économique fait de coopération. Quand il avait fini ses foins, il allait « donner un coup de main » à son voisin, le paysan « moyen », qui avait besoin de bras durant les récoltes. Ailleurs il participait à la mise en valeur du grand domaine, louant ses bras, se faisant prêter une charrette… Aussi, dés qu’il fallut livrer des surplus, le réflexe égalitaire et communautaire l’emporta souvent, et les réquisitions, au lieu de tomber uniquement sur les très aisés, furent réparties proportionnellement, ayant pour conséquence de toucher aussi la masse des paysans moyens. Seuls les paysans dont l’essentiel de la subsistance ne venait pas de leur propre lopin mais de leur force de travail en tant que main-d’œuvre saisonnière ne fut pas concernée. En gros, ceux que nous appelons chez nous l’ouvrier agricole. Et le paysan selon notre définition, qu’il soit pauvre ou moyen, qui revenait tout juste du front, qui avait gardé ses armes, n’était pas disposé à payer un impôt en nature pour « les gens de la ville ».
Devant la brutalité des détachements de ravitaillement épaulés par la Tcheka ou l’armée, une véritable guerilla de paysans pris forme, provoquant des milliers de soulèvements, d’émeutes qui dégénérèrent en véritables guerres paysannes, qualifiées par le pouvoir de « rebellions koulaks ».
En ville, la situation politique se durcit. Les bolcheviques interdisent la presse, la radio étant déjà sous contrôle, instituent des tribunaux révolutionnaires et font placarder dans toutes les villes qu’ils feraient exécuter tout voleur, spéculateur ou contre-révolutionnaire :
« Les ouvriers, influencés par les menchevicks, Socialistes-révolutionnaires et autres salauds contre-révolutionnaires ont fait grève et ont manifesté en faveur de la constitution d’un gouvernement rassemblant tous les « socialistes ». (…) L’expérience m’a appris qu’un petit nombre de gens décidés peuvent faire basculer une situation. Prends des gens résolus qui savent qu’il n’y a qu’une balle pour faire taire quelqu’un. »
Dzerjinski, dans une directive adressée à son plénipotentiaire en mission à Tver, le 31 mai 1918.
Le 5 septembre 1918, le gouvernement soviétique légalisa la terreur par le fameux (mais ignoré des manuels d’Histoire franchouilles) décret instaurant « le droit d’en finir sur le champ, sans en référer à quiconque, avec la racaille anti-révolutionnaire », selon les termes employés par Dzerjinski lui-même pour le décrire.
En 1921, 70,000 prisonniers moisiront dans les camps de travail et de concentration créés deux ans auparavant, sans compter les « bandits » et « familles de bandits » internés dans des camps mis en place à la suite des soulèvements paysans dans les régions insurgées, que l’on estime à 50,000 pour la seule province de Tambov.
NOTES :
Dzerjinski :
Les noms de Himmler ou de Eichman sont connus du monde entier comme les symboles de la barbarie contemporaine. Ceux de Dzerjinski ou de Iejov sont ignorés du plus grand nombre. D’abord membre éminent du Comité Militaire Révolutionnaire de Pétrograd, bras armé du bolchevisme dédié à l’extermination de tous les « ennemis du peuple » et des « suspects », selon les directives de Lénine (décret du 10 décembre 1917, calendrier russe) et selon ses propres mots, de « mater toute la racaille contre-révolutionnaire », Dzjerjinski encouragea, dans un appel à tous les soviets, à organiser des Tcheka. Le résultat fut un foisonnement de « commissions », « détachements », « organes extraordinaires » destinés à réduire toute opposition, en procédant par exemple à l’arrestation des « meneurs » lors des grèves ouvrières, la plupart spontanées, contre les bolcheviques au printemps et durant l’été 1918.
Zinoviev :
Révolutionnaire juif. Avant la Révolution, est rentré en Russie avec Lénine. Membre du Politburo, il se fait notamment remarquer en 1923 en organisant un procès à grand spectacle contre l’Église catholique, à l’issue duquel des évêques seront condamnés à mort. Devenu son concurrent, il sera condamné à mort par Staline en 1936.
« Pour défaire nos ennemis, nous devons avoir notre propre terreur socialiste. Nous devons entraîner à nos côtés disons, quatre-vingt dix des cent millions d’habitants de la Russie soviétique. Quant aux autres, nous n’avons rien à leur dire. Ils doivent être anéantis. » Zinoviev. Septembre 1918.
« Camarade Zinoviev ! Il est indispensable d’encourager l’énergie et le caractère de masse de la terreur dirigée contre les contre-révolutionnaires. Salutations. Lénine. »
Lénine, dans une lettre à Zinoviev.
Mencheviks :
Courant socialiste minoritaire de marxistes russes, partisans d’une transformation progressive de la société russe en paradis communiste. Décrit comme un parti bourgeois dans les manuels officiels d'Histoire franchouilles que j'ai eu entre les mains. Le 25 octobre 1917, ils dénoncent le coup d’État bolchevique (Révolution d’octobre). Ils seront poursuivis, emprisonnés puis exécutés par les bolcheviques chers à Olivier Besancennot.
Socialistes-Révolutionnaires :
Les SR mettent en avant la classe paysanne plutôt que la classe ouvrière. Ils se scindent en deux factions, l’une dite de droite, l’autre favorable à la révolution d’octobre. Cependant, les SR de gauche s’opposeront très violemment aux bolcheviques à propos du Traité de Brest-Litovsk. Une petite minorité ira finalement rejoindre les bolcheviques, les autres « disparaîtront » du paysage politique…
Autres ennemis du peuple :
Aristocrates, monarchistes, « cadets », ressortissants étrangers, bourgeoisie et « gens d’église », Koulaks, etc. etc.
Les Bolcheviques avaient cru qu’en renonçant provisoirement à la collectivisation forcée des terres agricoles et en déclarant la redistribution des terres appartenant aux grands domaines aux paysans, bref en cédant aux revendications paysannes ils s’attireraient leur concours. En juin 1918 ils prirent deux mesures décisives :
La première, consistant à organiser le ravitaillement des villes, nécessitait comme je l’ai dit plus haut la création d’une véritable et gigantesque armée dédiée à cette tâche et composée de soldats revenus du front et d’ouvriers au chômage. L’autre mesure fut la création de comités de paysans pauvres, une sorte d’équivalent des soviets ruraux (assemblées locales), ceux-là étant à peine nés et déjà démantelés car infestés d’éléments hostiles, c’est-à-dire de paysans moins pauvres… Certes, ces derniers étaient la plupart du temps favorables eux aussi au démantèlement des domaines féodaux entre guillemets (le servage était aboli depuis 30 ou 40 ans), mais leur coopération s’arrêtait là bien souvent. La décision fut prise de les mettre hors jeu avec la création des comités de paysans pauvres, appelés à exécuter, par la force s’il le faut, les réquisitions en coordination avec les détachements armés de ravitaillement. En considération de leurs motivations, on peut imaginer ce que furent ces premiers représentants du pouvoir bolchevique dans les campagnes :
Qu’est-ce qu’un paysan pauvre ?
Analphabètes, alcooliques, envieux des « riches », frustrés de pouvoir et attirés par une promesse de butin, l’idée de mettre en avant la partie la plus pauvre de la paysannerie reflétait la méconnaissance profonde qu’avaient les bolcheviques de la société rurale. L’idée marxiste ultra-simpliste selon laquelle la société paysanne serait divisée en classes antagonistes, les riches d’un côté, les pauvres de l’autre, alors qu’elle était avant tout solidaire face au monde extérieur et face une nature et un climat difficile à dompter, est déjà ridicule dans ses prémisses. Le paysan pauvre, souvent mal loti, était ici comme ailleurs inclus dans un cadre économique fait de coopération. Quand il avait fini ses foins, il allait « donner un coup de main » à son voisin, le paysan « moyen », qui avait besoin de bras durant les récoltes. Ailleurs il participait à la mise en valeur du grand domaine, louant ses bras, se faisant prêter une charrette… Aussi, dés qu’il fallut livrer des surplus, le réflexe égalitaire et communautaire l’emporta souvent, et les réquisitions, au lieu de tomber uniquement sur les très aisés, furent réparties proportionnellement, ayant pour conséquence de toucher aussi la masse des paysans moyens. Seuls les paysans dont l’essentiel de la subsistance ne venait pas de leur propre lopin mais de leur force de travail en tant que main-d’œuvre saisonnière ne fut pas concernée. En gros, ceux que nous appelons chez nous l’ouvrier agricole. Et le paysan selon notre définition, qu’il soit pauvre ou moyen, qui revenait tout juste du front, qui avait gardé ses armes, n’était pas disposé à payer un impôt en nature pour « les gens de la ville ».
Devant la brutalité des détachements de ravitaillement épaulés par la Tcheka ou l’armée, une véritable guerilla de paysans pris forme, provoquant des milliers de soulèvements, d’émeutes qui dégénérèrent en véritables guerres paysannes, qualifiées par le pouvoir de « rebellions koulaks ».
En ville, la situation politique se durcit. Les bolcheviques interdisent la presse, la radio étant déjà sous contrôle, instituent des tribunaux révolutionnaires et font placarder dans toutes les villes qu’ils feraient exécuter tout voleur, spéculateur ou contre-révolutionnaire :
« Les ouvriers, influencés par les menchevicks, Socialistes-révolutionnaires et autres salauds contre-révolutionnaires ont fait grève et ont manifesté en faveur de la constitution d’un gouvernement rassemblant tous les « socialistes ». (…) L’expérience m’a appris qu’un petit nombre de gens décidés peuvent faire basculer une situation. Prends des gens résolus qui savent qu’il n’y a qu’une balle pour faire taire quelqu’un. »
Dzerjinski, dans une directive adressée à son plénipotentiaire en mission à Tver, le 31 mai 1918.
Le 5 septembre 1918, le gouvernement soviétique légalisa la terreur par le fameux (mais ignoré des manuels d’Histoire franchouilles) décret instaurant « le droit d’en finir sur le champ, sans en référer à quiconque, avec la racaille anti-révolutionnaire », selon les termes employés par Dzerjinski lui-même pour le décrire.
En 1921, 70,000 prisonniers moisiront dans les camps de travail et de concentration créés deux ans auparavant, sans compter les « bandits » et « familles de bandits » internés dans des camps mis en place à la suite des soulèvements paysans dans les régions insurgées, que l’on estime à 50,000 pour la seule province de Tambov.
NOTES :
Dzerjinski :
Les noms de Himmler ou de Eichman sont connus du monde entier comme les symboles de la barbarie contemporaine. Ceux de Dzerjinski ou de Iejov sont ignorés du plus grand nombre. D’abord membre éminent du Comité Militaire Révolutionnaire de Pétrograd, bras armé du bolchevisme dédié à l’extermination de tous les « ennemis du peuple » et des « suspects », selon les directives de Lénine (décret du 10 décembre 1917, calendrier russe) et selon ses propres mots, de « mater toute la racaille contre-révolutionnaire », Dzjerjinski encouragea, dans un appel à tous les soviets, à organiser des Tcheka. Le résultat fut un foisonnement de « commissions », « détachements », « organes extraordinaires » destinés à réduire toute opposition, en procédant par exemple à l’arrestation des « meneurs » lors des grèves ouvrières, la plupart spontanées, contre les bolcheviques au printemps et durant l’été 1918.
Zinoviev :
Révolutionnaire juif. Avant la Révolution, est rentré en Russie avec Lénine. Membre du Politburo, il se fait notamment remarquer en 1923 en organisant un procès à grand spectacle contre l’Église catholique, à l’issue duquel des évêques seront condamnés à mort. Devenu son concurrent, il sera condamné à mort par Staline en 1936.
« Pour défaire nos ennemis, nous devons avoir notre propre terreur socialiste. Nous devons entraîner à nos côtés disons, quatre-vingt dix des cent millions d’habitants de la Russie soviétique. Quant aux autres, nous n’avons rien à leur dire. Ils doivent être anéantis. » Zinoviev. Septembre 1918.
« Camarade Zinoviev ! Il est indispensable d’encourager l’énergie et le caractère de masse de la terreur dirigée contre les contre-révolutionnaires. Salutations. Lénine. »
Lénine, dans une lettre à Zinoviev.
Mencheviks :
Courant socialiste minoritaire de marxistes russes, partisans d’une transformation progressive de la société russe en paradis communiste. Décrit comme un parti bourgeois dans les manuels officiels d'Histoire franchouilles que j'ai eu entre les mains. Le 25 octobre 1917, ils dénoncent le coup d’État bolchevique (Révolution d’octobre). Ils seront poursuivis, emprisonnés puis exécutés par les bolcheviques chers à Olivier Besancennot.
Socialistes-Révolutionnaires :
Les SR mettent en avant la classe paysanne plutôt que la classe ouvrière. Ils se scindent en deux factions, l’une dite de droite, l’autre favorable à la révolution d’octobre. Cependant, les SR de gauche s’opposeront très violemment aux bolcheviques à propos du Traité de Brest-Litovsk. Une petite minorité ira finalement rejoindre les bolcheviques, les autres « disparaîtront » du paysage politique…
Autres ennemis du peuple :
Aristocrates, monarchistes, « cadets », ressortissants étrangers, bourgeoisie et « gens d’église », Koulaks, etc. etc.
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Le communisme de guerre
Passons rapidement sur la guerre civile et l’épisode intitulé par les historiens terreur rouge. Pour les détails, je vous renvoie à l’ouvrage de Stéphane Courtois, parmi d’autres, afin d’en étudier les particularités : Guerres contre les ennemis du régime soviétique (régiments français et anglais jusqu’en 1919, tentant d’endiguer la révolution bolchevique à ses frontières, guerre contre les Blancs, les Cosaques, [ « Nous, cosaques, ne sommes pas contre les soviets, nous sommes pour des élections libres, nous sommes contre les communistes, contre les exploitations collectives, contre les juifs. Nous sommes contre les réquisitions, les vols et les exécutions », les paysans, les brigands, les Verts (paysans déserteurs), agrémenté de massacres de détenus, suspects et otages, de l’extermination théorisée de la bourgeoisie « en tant que classe », et même de l’élimination des meneurs des ouvriers grévistes non bolcheviques.
En résumé, à partir de 1918 Lénine et les bolcheviques durent lutter contre la passivité de la vieille Russie et contre les attaques de l’extérieur de ceux qui redoutaient, à juste titre, la contagion révolutionnaire. Le communisme et son pseudo-pacifisme avait gagné à sa cause nombre de soldats démobilisés à travers toute l’Europe, et des tentatives de coup d’État par des communistes s’étaient multipliés en Europe centrale.
La menace contre-révolutionnaire menée par les Blancs (réactionnaires) et les puissances étrangères fut rapidement annihilée, au plus tard début 1920. Jamais leurs maigres troupes n’ébranlèrent le nouveau régime. L’ennemi intérieur dont j’ai dressé la liste résista plus longtemps.
Enfin, c’est au début de l’été 1921 que les hostilités ont cessé dans l’ancien empire mais le communisme de guerre reste toutefois en vigueur :
Au mécontentement du monde du travail suscité par la militarisation s’ajoutait les difficultés de la vie quotidienne : La faim, les difficultés d’approvisionnement, le froid, le rationnement. En ville, chaque travailleur avait droit à un certain nombre de produits, en fonction de la catégorie dans laquelle il est classé. Rien qu’à Petrograd, on comptait trente-trois catégories de cartes… Faire grève, c’était l’assurance de ne plus avoir sa carte… « La meilleure place pour un gréviste, ce moustique jaune, c’est le camp de concentration » [La Pravda. 12 février 1920]. Les secteurs les plus perturbés étaient l’industrie lourde, les mines, les chemins de fer, bref, les plus concernés par la militarisation. Dans ces secteurs, la direction était assurée par les plus hautes instances soviétiques, les petites entreprises par des soviets et comités d’ouvriers.
L’imposition de la dictature du prolétariat ( en tant que passage obligé dans l’édification du socialisme avant le paradis communiste, ouais, faut arriver à suivre la pensée léniniste) passait par un certain nombre de mesures radicales qui eurent un effet catastrophique sur l’économie. L’interdiction de tout commerce avait provoqué un renchérissement des denrées, voire leur disparition pure et simple. Des confiscations d’entreprises, nationalisées ou municipalisées, des impôts fonciers massifs, et finalement des expropriations massives furent décrétés. Tous ceux qui étaient considérés comme faisant partie de la bourgeoisie devaient déclarer leurs biens et soumettre la liste à des commissions chargées de les examiner. Draps, vaisselles, bijoux, produits alimentaires, vélos… Bien entendu, ces biens finissaient dans la besace des commissaires. Ensuite on s’intéressa aux appartements…
Il n’est pas surprenant dans ces conditions que le mécontentement ne pouvait cesser. Les ouvriers se décourageaient, les paysans, obligés de fournir des quotas de récolte craignaient que ce fut le prélude à une confiscation des terres. Des troubles avaient éclaté dans l’armée, la production industrielle effondrée, de même que la monnaie, le Rouble.
Lénine comprit qu’il y avait nécessité d’une détente, qu’il nomma la « Nouvelle Politique Economique ». La fameuse NEP, une réussite, selon nos Léninolâtres de la France insoumise ( Alexis Corbiere possède un portrait de Lénine dans sa cabane parisienne) ou du Nouveau Parti Anticapitaliste du Grand timonier, heu non, Postier. C’est cette NEP que nous allons examiner maintenant.
Le léniniste robespierriste Corbière
Passons rapidement sur la guerre civile et l’épisode intitulé par les historiens terreur rouge. Pour les détails, je vous renvoie à l’ouvrage de Stéphane Courtois, parmi d’autres, afin d’en étudier les particularités : Guerres contre les ennemis du régime soviétique (régiments français et anglais jusqu’en 1919, tentant d’endiguer la révolution bolchevique à ses frontières, guerre contre les Blancs, les Cosaques, [ « Nous, cosaques, ne sommes pas contre les soviets, nous sommes pour des élections libres, nous sommes contre les communistes, contre les exploitations collectives, contre les juifs. Nous sommes contre les réquisitions, les vols et les exécutions », les paysans, les brigands, les Verts (paysans déserteurs), agrémenté de massacres de détenus, suspects et otages, de l’extermination théorisée de la bourgeoisie « en tant que classe », et même de l’élimination des meneurs des ouvriers grévistes non bolcheviques.
En résumé, à partir de 1918 Lénine et les bolcheviques durent lutter contre la passivité de la vieille Russie et contre les attaques de l’extérieur de ceux qui redoutaient, à juste titre, la contagion révolutionnaire. Le communisme et son pseudo-pacifisme avait gagné à sa cause nombre de soldats démobilisés à travers toute l’Europe, et des tentatives de coup d’État par des communistes s’étaient multipliés en Europe centrale.
La menace contre-révolutionnaire menée par les Blancs (réactionnaires) et les puissances étrangères fut rapidement annihilée, au plus tard début 1920. Jamais leurs maigres troupes n’ébranlèrent le nouveau régime. L’ennemi intérieur dont j’ai dressé la liste résista plus longtemps.
Enfin, c’est au début de l’été 1921 que les hostilités ont cessé dans l’ancien empire mais le communisme de guerre reste toutefois en vigueur :
Au mécontentement du monde du travail suscité par la militarisation s’ajoutait les difficultés de la vie quotidienne : La faim, les difficultés d’approvisionnement, le froid, le rationnement. En ville, chaque travailleur avait droit à un certain nombre de produits, en fonction de la catégorie dans laquelle il est classé. Rien qu’à Petrograd, on comptait trente-trois catégories de cartes… Faire grève, c’était l’assurance de ne plus avoir sa carte… « La meilleure place pour un gréviste, ce moustique jaune, c’est le camp de concentration » [La Pravda. 12 février 1920]. Les secteurs les plus perturbés étaient l’industrie lourde, les mines, les chemins de fer, bref, les plus concernés par la militarisation. Dans ces secteurs, la direction était assurée par les plus hautes instances soviétiques, les petites entreprises par des soviets et comités d’ouvriers.
L’imposition de la dictature du prolétariat ( en tant que passage obligé dans l’édification du socialisme avant le paradis communiste, ouais, faut arriver à suivre la pensée léniniste) passait par un certain nombre de mesures radicales qui eurent un effet catastrophique sur l’économie. L’interdiction de tout commerce avait provoqué un renchérissement des denrées, voire leur disparition pure et simple. Des confiscations d’entreprises, nationalisées ou municipalisées, des impôts fonciers massifs, et finalement des expropriations massives furent décrétés. Tous ceux qui étaient considérés comme faisant partie de la bourgeoisie devaient déclarer leurs biens et soumettre la liste à des commissions chargées de les examiner. Draps, vaisselles, bijoux, produits alimentaires, vélos… Bien entendu, ces biens finissaient dans la besace des commissaires. Ensuite on s’intéressa aux appartements…
Il n’est pas surprenant dans ces conditions que le mécontentement ne pouvait cesser. Les ouvriers se décourageaient, les paysans, obligés de fournir des quotas de récolte craignaient que ce fut le prélude à une confiscation des terres. Des troubles avaient éclaté dans l’armée, la production industrielle effondrée, de même que la monnaie, le Rouble.
Lénine comprit qu’il y avait nécessité d’une détente, qu’il nomma la « Nouvelle Politique Economique ». La fameuse NEP, une réussite, selon nos Léninolâtres de la France insoumise ( Alexis Corbiere possède un portrait de Lénine dans sa cabane parisienne) ou du Nouveau Parti Anticapitaliste du Grand timonier, heu non, Postier. C’est cette NEP que nous allons examiner maintenant.
Le léniniste robespierriste Corbière
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Les débuts de la NEP
La Nouvelle économie Politique de Lénine devait marquer une phase de transition capitaliste comme une étape nécessaire, mais un capitalisme très contrôlé et endigué.
C'est une décision imposée par les circonstances, un « repli stratégique » dans la construction du socialisme justifié par le retard économique de la Russie. Elle remplace la politique dite du communisme de guerre.
Nous allons voir comment cette nouvelle orientation n’aura pas profité à tout le monde :
D’abord politiquement, l’introduction de la NEP, à partir de mars 1921, s’accompagna d’une recrudescence de la répression contre les « socialistes modérés », c’est-à-dire contre la seul opposition encore tolérée. Cette répression n’était pas fondée sur le danger de les voir s’opposer à la nouvelle politique, ils l’avaient réclamé depuis longtemps, elle était dictée justement parce qu’ils avaient montré leur perspicacité et leur justesse d’analyse, ce qui enquiquinait les bolcheviques (le marxisme-léninisme est une religion). « La seule place des mencheviks et des Socialistes-révolutionnaires, qu’ils soient déclarés ou camouflés » dit Lénine, « c’est la prison. »
Fin 1921, Lénine envoie un long memorandum à Staline, sur la nécessité d’opérer un « nettoyage définitif » de tous les socialistes, intellectuels, libéraux et « autres messieurs ». « Nous nettoieront la Russie une fois pour toutes. »
Ensuite sur un plan économique, afin de relancer la production industrielle dans les secteurs considérés comme stratégiques, la politique bolchevique ne consista pas à libéraliser comme le prétend la légende mais à militariser encore plus. La production va augmenter au prix d’une politique d’exploitation et de répression sans précédent de la classe ouvrière. Travail le dimanche, chantage à la carte de rationnement, absences assimilées à des actes de sabotage et passibles de la peine de mort, faisant ressembler certaines mines et usines à des pénitenciers, tel est le lot du prolétaire dans certains secteurs stratégiques de la nouvelle économie.
La raison est que les industries d’État étaient la priorité du gouvernement. Afin de relancer l’investissement dans les autres secteurs qui en avaient grand besoin eux aussi, il n’y avait pas d’autre alternative que de solliciter l’aide technique et financière de pays étrangers. Les bolcheviques firent miroiter une politique économique nouvelle, plus souple,« d’abandonner la construction immédiate du socialisme pour se replier dans bien des domaines économiques vers un capitalisme d’Etat », selon l’explication fournie par Lénine lui-même.
Des mines furent confiées à des entreprises étrangères, Henri Ford construisit une usine automobile à Gorki et un fameux banquier américain finança l’achat de terres à destination de fermes géantes composées entièrement de paysans juifs, auxquelles il fit livrer des centaines de tracteurs et du bétail. Ce projet, mené en 1924 est ambitieux. Il consiste à regrouper, avec l’accord des autorités bien entendu, des centaines de milliers de Juifs dans 215 exploitations agricoles et sur 2 millions et demi d’acres, alors que dés 1920, il était (officiellement tout du moins) impossible à un juif de fuir l’enfer russe...
C’est dire si les Occidentaux tombèrent dans le panneau. D’un autre côté, afin de faire avaler la pilule aux plus gauchistes et extrémistes du parti bolchevique, l’internationaliste Lénine se justifia devant eux en déclarant : « la victoire totale de la révolution socialiste est impensable dans un seul pays » et « elle exige la collaboration la plus active d’au moins quelques pays avancés, au nombre desquels nous ne pouvons pas ranger la Russie ».
Dans le Bordas des années 70 qui me sert encore à caler les pieds de mon bureau, on peut lire que « La NEP, d’un point de vue strictement économique fut un succès (…) mais elle eut des conséquences moins heureuses : elle contribua à la formation d’une catégorie de profiteurs, paysans ou trafiquants trop vite enrichis, peu disposés à épauler la socialisation ».
Et oui, si le communisme a échoué c’est à l’évidence qu’il a été trop magnanime.
La Nouvelle économie Politique de Lénine devait marquer une phase de transition capitaliste comme une étape nécessaire, mais un capitalisme très contrôlé et endigué.
C'est une décision imposée par les circonstances, un « repli stratégique » dans la construction du socialisme justifié par le retard économique de la Russie. Elle remplace la politique dite du communisme de guerre.
Nous allons voir comment cette nouvelle orientation n’aura pas profité à tout le monde :
D’abord politiquement, l’introduction de la NEP, à partir de mars 1921, s’accompagna d’une recrudescence de la répression contre les « socialistes modérés », c’est-à-dire contre la seul opposition encore tolérée. Cette répression n’était pas fondée sur le danger de les voir s’opposer à la nouvelle politique, ils l’avaient réclamé depuis longtemps, elle était dictée justement parce qu’ils avaient montré leur perspicacité et leur justesse d’analyse, ce qui enquiquinait les bolcheviques (le marxisme-léninisme est une religion). « La seule place des mencheviks et des Socialistes-révolutionnaires, qu’ils soient déclarés ou camouflés » dit Lénine, « c’est la prison. »
Fin 1921, Lénine envoie un long memorandum à Staline, sur la nécessité d’opérer un « nettoyage définitif » de tous les socialistes, intellectuels, libéraux et « autres messieurs ». « Nous nettoieront la Russie une fois pour toutes. »
Ensuite sur un plan économique, afin de relancer la production industrielle dans les secteurs considérés comme stratégiques, la politique bolchevique ne consista pas à libéraliser comme le prétend la légende mais à militariser encore plus. La production va augmenter au prix d’une politique d’exploitation et de répression sans précédent de la classe ouvrière. Travail le dimanche, chantage à la carte de rationnement, absences assimilées à des actes de sabotage et passibles de la peine de mort, faisant ressembler certaines mines et usines à des pénitenciers, tel est le lot du prolétaire dans certains secteurs stratégiques de la nouvelle économie.
La raison est que les industries d’État étaient la priorité du gouvernement. Afin de relancer l’investissement dans les autres secteurs qui en avaient grand besoin eux aussi, il n’y avait pas d’autre alternative que de solliciter l’aide technique et financière de pays étrangers. Les bolcheviques firent miroiter une politique économique nouvelle, plus souple,« d’abandonner la construction immédiate du socialisme pour se replier dans bien des domaines économiques vers un capitalisme d’Etat », selon l’explication fournie par Lénine lui-même.
Des mines furent confiées à des entreprises étrangères, Henri Ford construisit une usine automobile à Gorki et un fameux banquier américain finança l’achat de terres à destination de fermes géantes composées entièrement de paysans juifs, auxquelles il fit livrer des centaines de tracteurs et du bétail. Ce projet, mené en 1924 est ambitieux. Il consiste à regrouper, avec l’accord des autorités bien entendu, des centaines de milliers de Juifs dans 215 exploitations agricoles et sur 2 millions et demi d’acres, alors que dés 1920, il était (officiellement tout du moins) impossible à un juif de fuir l’enfer russe...
C’est dire si les Occidentaux tombèrent dans le panneau. D’un autre côté, afin de faire avaler la pilule aux plus gauchistes et extrémistes du parti bolchevique, l’internationaliste Lénine se justifia devant eux en déclarant : « la victoire totale de la révolution socialiste est impensable dans un seul pays » et « elle exige la collaboration la plus active d’au moins quelques pays avancés, au nombre desquels nous ne pouvons pas ranger la Russie ».
Dans le Bordas des années 70 qui me sert encore à caler les pieds de mon bureau, on peut lire que « La NEP, d’un point de vue strictement économique fut un succès (…) mais elle eut des conséquences moins heureuses : elle contribua à la formation d’une catégorie de profiteurs, paysans ou trafiquants trop vite enrichis, peu disposés à épauler la socialisation ».
Et oui, si le communisme a échoué c’est à l’évidence qu’il a été trop magnanime.
Invité- Invité
Re: 1917: La révolution russe et les PAYSANS
Le chien communiste se mord la queue
Grandeur et décadence de la politique léniniste, la NEP transitoire : Les petites entreprises et les paysans peu disposés à construire le socialisme, pendant que les communistes ont d’autres chats à fouetter : eux-mêmes.
1 – Les petites entreprises ne connaissent plus la crise : Merci la NEP
2 - Mort de Lénine et règlements de compte tous azimuts
3 – Le Trotskisme : what is it ?
4 – Les bolcheviques s’attaquent aux paysans
1 : Merci la NEP
Reconnaissons un avantage à la Nouvelle Economie Politique, voire plusieurs :
Un, il a apporté un peu d’air à ces catégories que sont les paysans et les petits entrepreneurs et commerçants.
Deux, il a insufflé un vent de modernisation dans l’appareil industriel en drainant des capitaux extérieurs et en faisant appel à des techniciens étrangers.
Trois, les bolchevik ayant relâché quelque peu leur attention sur le monde productif, se mirent à dépenser leur énergie à ce qu’ils savaient faire le mieux, les manœuvres d’appareil. Pour parler trivialement, ils retournèrent leur hargne contre eux-mêmes, car tel est le destin de toute bureaucratie, celui de susciter en son sein une lutte sans merci pour le pouvoir, et à ce jeu-là les communistes sont les maîtres incontestés. Aucun autre régime totalitaire, même le Parti nazi, n’égalera les bolcheviques dans cet impitoyable jeu d’échecs interne et sanglant qui ne fera à terme qu’un seul vainqueur, le « Grand » Staline, pour reprendre le mot choisi pour sa Une par le journal l’Humanité en 1953, lors de sa mort.
Les petites entreprises ne connaissent plus la crise
Ceux qui profitèrent entre 1921 et 1924 de la nouvelle donne furent ces entrepreneurs et les commerçants, appelés les « Nepmen ». La destruction presque totale de la classe entrepreneuriale durant le communisme de guerre et l’interdiction du commerce privé avaient laissé un grand vide que la NEP allait permettre de combler rapidement : Sur ce champ de ruine, de nouvelles opportunités allaient apparaître, et ceux qui avaient acquis une expertise supérieure dans le domaine commercial au temps des tsars allaient se précipiter dans l’ouverture : les Juifs.
Concrètement, dans la NEP, les petites entreprises de moins de 20 salariés reçurent le droit de fonctionner sans contrôle. Les usines sont toujours contrôlées par les bolcheviques, mais certains secteurs, biens manufacturés, certaines mines, transports maritimes voient resurgir le secteur privé.
Puisque de nombreux Juifs russes avaient vu les portes de sortie se refermer lors de la guerre civile, que d’autres avaient soit émigrés précipitamment, fuyant les pogroms ukrainiens, fuyant les nationalisations, les réquisitions, soit fait le choix du bolchevisme par conviction, une des possibilités existante était tout naturellement de reprendre les activités commerciales interrompues et les développer, puisqu’ils n’étaient plus assignés à résidence comme au temps du tsar (cette assignation avait d’ailleurs eu au fil du temps des assouplissements) ou confinés à certaines professions. Comme nous l’avons vu dans un autre topic, le peuple juif avait apporté la preuve par le passé de son talent en étant le principal voire le seul intermédiaire entre monde paysan et les citadins. Aux uns et aux autres il servait d’intermédiaire. Forts de leur expérience et de leurs réseaux, en 1924 les Nepmen juifs moscovites possèdent déjà la moitié des commerces et dans toute la Russie 20 % de tous les commerces privés alors qu’ils ne représentent pas 2 % de la population. Surtout, ils possédaient les commerces de loin les plus florissants, nous le savons par la proportion de salariés très supérieure à celle des entreprises commerciales des russes.
De même que, grâce à leur taux d’alphabétisation remarquable, ils constituaient la colonne vertébrale de la nouvelle bureaucratie soviétique, détenant les postes de clé dans l’administration.
Un bilan d’autant plus impressionnant qu’en 1920, à l’instar des commerçants russes il est important de le souligner, ils avaient été conviés (poliment mais fermement) d’abandonner toute activité commerciale :
Le gouvernement soviétique s’adressa en 1920 aux commerçants juifs dont on vient de nationaliser les magasins. Chaque mot est pesé, chaque tournure de phrase suinte le mépris et la suffisance : « Le pouvoir soviétique lutte obstinément contre la spéculation et le commerce libre. Il inflige ainsi, contre son gré, un coup dur aux masses juives qui, en raison de la politique tsariste, ont été forcées jusqu’à présent de vivre de petit commerce et d’autres occupations précaires. Mais, tout en vous privant de vos affaires honteuses et non profitables, il vous donne en même temps le droit et l’occasion de vous engager dans un travail sain, honnête et productif (...) »
Tout change dés 1921 avec la NEP, comme la rue en témoigne :
« La NEP, c’était des magasins privés et des petites boutiques beaucoup mieux approvisionnés et plus richement décorés que les tristes coopératives des travailleurs.
La NEP c’était les marchés paysans grouillant d’une foule sale et bigarrée : les chariots des Koulaks tirés par des chevaux trop bien nourris, les vendeuses criardes, les spéculateurs onctueux et les enfants des rues noirs de crasse.
La NEP, c’était les dépêches de journaux sur les correspondants de village assassinés par les Koulaks, les tribunaux jugeant des affaires d’escroquerie, des pots-de-vin et de charlatanisme, les récits satiriques sur la corruption morale, l’embourgeoisement et les braves ouvriers communistes jadis honnêtes transformés en bureaucrates et opportunistes enlisés dans le marais du philistinisme » Lev Kopelev, « The education of a true believer » 1978.
Et un Russe de Leningrad d’écrire à son correspondant en Yougoslavie :
« Les trottoirs grouillent d’individus en veste de cuir et en imperméable gris qui vous crachent des graines de tournesol à la figure, et il y a tellement de Juifs à longues tresses qui se sentent absolument comme chez eux qu’on se croirait à Gomel, à Dvinsk ou à Berditchev. » et un autre, moscovite : « Je ne fréquente plus aucun lieu public et j’essaye de ne pas trop me déplacer à pied à cause de l’exaspération d’avoir à contempler partout des visages juifs et des enseignes de magasins juifs. »
L’association des Juifs avec l’État soviétique était un thème commun des lettres qualifiées antisémites interceptées par la police secrète de Leningrad au milieu des années 20. Cet antisémitisme ne se reflétait pas ou peu dans la presse ou la littérature, même quand celle-ci fustigeait les Nepmen ou les caricaturait.
En fait, ce que mon manuel scolaire des années 70 a décrit comme « une conséquence de la NEP moins heureuse, la formation d’une catégorie de profiteurs, paysans ou trafiquants trop vite enrichis », n’est qu’une grotesque supercherie d’historien scolaire : Ces profiteurs, qu’ils soient juifs ou des koulaks, n’étaient aucunement responsables de la paupérisation ouvrière consécutive à la mauvaise gestion communiste de l’appareil productif, à l’effondrement de la monnaie et à l’atmosphère de guerre civile qui avait régné les années suivant la Révolution d’Octobre. Simplement, les affaires reprenaient. Il n’en demeure pas moins que les faibles moyens des ouvriers des villes (et des chômeurs) à peine sortis de la disette dresse un tableau contrasté. Tout était cher, à commencer par les produits agricoles. L’industrie appartenait à l’État, dans les mains des organes bolcheviques, et négligeait les biens de consommation. Les produits agricoles étaient chers MAIS les paysans se plaignaient des prix bas. Ce paradoxe est simple à expliquer. Certes, les paysans remangeaient à leur faim, mais les produits manufacturés étant rares et les impôts bien lourds, le prix qu’ils obtenaient de leurs productions ne leur permettait donc pas l’acquisition d’outils pour leur ferme ou de biens de première nécessité.
L’économie de la NEP est comme un chien qui se mord la queue. Le calme apparent de ces quelques années plus profitables aux paysans que les précédentes ne saurait masquer les tensions profondes avec le régime. En témoigne les documents du Guépeou (espionnage, le GPU qui a succédé à la redoutable Tcheka), les paysans étaient encore et toujours considérés comme des suspects. Comme le rapporte un long rapport de la police politique en 1925, les campagnes aux yeux des bolcheviques, représentaient « un milieu grouillant d’éléments koulaks, de socialistes-révolutionnaires, de popes, d’anciens propriétaires fonciers qui n’étaient pas encore éliminés ». Etrange marigot.
Pendant ce temps, un autre marigot émerge du décor. Puisque les communistes ont laissé la bride sur le cou des paysans et des petits entrepreneurs, les bolcheviques se consacrent à ce qu’ils savent faire le mieux : De la politique en vase clos. Les couteaux sont de sortie, et ça va saigner.
A suivre : Mort de Lénine et règlements de comptes tous azimuts
Grandeur et décadence de la politique léniniste, la NEP transitoire : Les petites entreprises et les paysans peu disposés à construire le socialisme, pendant que les communistes ont d’autres chats à fouetter : eux-mêmes.
1 – Les petites entreprises ne connaissent plus la crise : Merci la NEP
2 - Mort de Lénine et règlements de compte tous azimuts
3 – Le Trotskisme : what is it ?
4 – Les bolcheviques s’attaquent aux paysans
1 : Merci la NEP
Reconnaissons un avantage à la Nouvelle Economie Politique, voire plusieurs :
Un, il a apporté un peu d’air à ces catégories que sont les paysans et les petits entrepreneurs et commerçants.
Deux, il a insufflé un vent de modernisation dans l’appareil industriel en drainant des capitaux extérieurs et en faisant appel à des techniciens étrangers.
Trois, les bolchevik ayant relâché quelque peu leur attention sur le monde productif, se mirent à dépenser leur énergie à ce qu’ils savaient faire le mieux, les manœuvres d’appareil. Pour parler trivialement, ils retournèrent leur hargne contre eux-mêmes, car tel est le destin de toute bureaucratie, celui de susciter en son sein une lutte sans merci pour le pouvoir, et à ce jeu-là les communistes sont les maîtres incontestés. Aucun autre régime totalitaire, même le Parti nazi, n’égalera les bolcheviques dans cet impitoyable jeu d’échecs interne et sanglant qui ne fera à terme qu’un seul vainqueur, le « Grand » Staline, pour reprendre le mot choisi pour sa Une par le journal l’Humanité en 1953, lors de sa mort.
Les petites entreprises ne connaissent plus la crise
Ceux qui profitèrent entre 1921 et 1924 de la nouvelle donne furent ces entrepreneurs et les commerçants, appelés les « Nepmen ». La destruction presque totale de la classe entrepreneuriale durant le communisme de guerre et l’interdiction du commerce privé avaient laissé un grand vide que la NEP allait permettre de combler rapidement : Sur ce champ de ruine, de nouvelles opportunités allaient apparaître, et ceux qui avaient acquis une expertise supérieure dans le domaine commercial au temps des tsars allaient se précipiter dans l’ouverture : les Juifs.
Concrètement, dans la NEP, les petites entreprises de moins de 20 salariés reçurent le droit de fonctionner sans contrôle. Les usines sont toujours contrôlées par les bolcheviques, mais certains secteurs, biens manufacturés, certaines mines, transports maritimes voient resurgir le secteur privé.
Puisque de nombreux Juifs russes avaient vu les portes de sortie se refermer lors de la guerre civile, que d’autres avaient soit émigrés précipitamment, fuyant les pogroms ukrainiens, fuyant les nationalisations, les réquisitions, soit fait le choix du bolchevisme par conviction, une des possibilités existante était tout naturellement de reprendre les activités commerciales interrompues et les développer, puisqu’ils n’étaient plus assignés à résidence comme au temps du tsar (cette assignation avait d’ailleurs eu au fil du temps des assouplissements) ou confinés à certaines professions. Comme nous l’avons vu dans un autre topic, le peuple juif avait apporté la preuve par le passé de son talent en étant le principal voire le seul intermédiaire entre monde paysan et les citadins. Aux uns et aux autres il servait d’intermédiaire. Forts de leur expérience et de leurs réseaux, en 1924 les Nepmen juifs moscovites possèdent déjà la moitié des commerces et dans toute la Russie 20 % de tous les commerces privés alors qu’ils ne représentent pas 2 % de la population. Surtout, ils possédaient les commerces de loin les plus florissants, nous le savons par la proportion de salariés très supérieure à celle des entreprises commerciales des russes.
De même que, grâce à leur taux d’alphabétisation remarquable, ils constituaient la colonne vertébrale de la nouvelle bureaucratie soviétique, détenant les postes de clé dans l’administration.
Un bilan d’autant plus impressionnant qu’en 1920, à l’instar des commerçants russes il est important de le souligner, ils avaient été conviés (poliment mais fermement) d’abandonner toute activité commerciale :
Le gouvernement soviétique s’adressa en 1920 aux commerçants juifs dont on vient de nationaliser les magasins. Chaque mot est pesé, chaque tournure de phrase suinte le mépris et la suffisance : « Le pouvoir soviétique lutte obstinément contre la spéculation et le commerce libre. Il inflige ainsi, contre son gré, un coup dur aux masses juives qui, en raison de la politique tsariste, ont été forcées jusqu’à présent de vivre de petit commerce et d’autres occupations précaires. Mais, tout en vous privant de vos affaires honteuses et non profitables, il vous donne en même temps le droit et l’occasion de vous engager dans un travail sain, honnête et productif (...) »
Tout change dés 1921 avec la NEP, comme la rue en témoigne :
« La NEP, c’était des magasins privés et des petites boutiques beaucoup mieux approvisionnés et plus richement décorés que les tristes coopératives des travailleurs.
La NEP c’était les marchés paysans grouillant d’une foule sale et bigarrée : les chariots des Koulaks tirés par des chevaux trop bien nourris, les vendeuses criardes, les spéculateurs onctueux et les enfants des rues noirs de crasse.
La NEP, c’était les dépêches de journaux sur les correspondants de village assassinés par les Koulaks, les tribunaux jugeant des affaires d’escroquerie, des pots-de-vin et de charlatanisme, les récits satiriques sur la corruption morale, l’embourgeoisement et les braves ouvriers communistes jadis honnêtes transformés en bureaucrates et opportunistes enlisés dans le marais du philistinisme » Lev Kopelev, « The education of a true believer » 1978.
Et un Russe de Leningrad d’écrire à son correspondant en Yougoslavie :
« Les trottoirs grouillent d’individus en veste de cuir et en imperméable gris qui vous crachent des graines de tournesol à la figure, et il y a tellement de Juifs à longues tresses qui se sentent absolument comme chez eux qu’on se croirait à Gomel, à Dvinsk ou à Berditchev. » et un autre, moscovite : « Je ne fréquente plus aucun lieu public et j’essaye de ne pas trop me déplacer à pied à cause de l’exaspération d’avoir à contempler partout des visages juifs et des enseignes de magasins juifs. »
L’association des Juifs avec l’État soviétique était un thème commun des lettres qualifiées antisémites interceptées par la police secrète de Leningrad au milieu des années 20. Cet antisémitisme ne se reflétait pas ou peu dans la presse ou la littérature, même quand celle-ci fustigeait les Nepmen ou les caricaturait.
En fait, ce que mon manuel scolaire des années 70 a décrit comme « une conséquence de la NEP moins heureuse, la formation d’une catégorie de profiteurs, paysans ou trafiquants trop vite enrichis », n’est qu’une grotesque supercherie d’historien scolaire : Ces profiteurs, qu’ils soient juifs ou des koulaks, n’étaient aucunement responsables de la paupérisation ouvrière consécutive à la mauvaise gestion communiste de l’appareil productif, à l’effondrement de la monnaie et à l’atmosphère de guerre civile qui avait régné les années suivant la Révolution d’Octobre. Simplement, les affaires reprenaient. Il n’en demeure pas moins que les faibles moyens des ouvriers des villes (et des chômeurs) à peine sortis de la disette dresse un tableau contrasté. Tout était cher, à commencer par les produits agricoles. L’industrie appartenait à l’État, dans les mains des organes bolcheviques, et négligeait les biens de consommation. Les produits agricoles étaient chers MAIS les paysans se plaignaient des prix bas. Ce paradoxe est simple à expliquer. Certes, les paysans remangeaient à leur faim, mais les produits manufacturés étant rares et les impôts bien lourds, le prix qu’ils obtenaient de leurs productions ne leur permettait donc pas l’acquisition d’outils pour leur ferme ou de biens de première nécessité.
L’économie de la NEP est comme un chien qui se mord la queue. Le calme apparent de ces quelques années plus profitables aux paysans que les précédentes ne saurait masquer les tensions profondes avec le régime. En témoigne les documents du Guépeou (espionnage, le GPU qui a succédé à la redoutable Tcheka), les paysans étaient encore et toujours considérés comme des suspects. Comme le rapporte un long rapport de la police politique en 1925, les campagnes aux yeux des bolcheviques, représentaient « un milieu grouillant d’éléments koulaks, de socialistes-révolutionnaires, de popes, d’anciens propriétaires fonciers qui n’étaient pas encore éliminés ». Etrange marigot.
Pendant ce temps, un autre marigot émerge du décor. Puisque les communistes ont laissé la bride sur le cou des paysans et des petits entrepreneurs, les bolcheviques se consacrent à ce qu’ils savent faire le mieux : De la politique en vase clos. Les couteaux sont de sortie, et ça va saigner.
A suivre : Mort de Lénine et règlements de comptes tous azimuts
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