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    Pourquoi l'hémisphère Nord subit des vagues de froid

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    Pourquoi l'hémisphère Nord subit des vagues de froid Empty Pourquoi l'hémisphère Nord subit des vagues de froid

    Message par Invité Dim 10 Jan 2010 - 11:54

    Europe, Etats-Unis, Asie : l'hémisphère Nord grelotte. Plus que d'une seule vague de froid, il convient de parler de vagues de froid au pluriel, c'est-à-dire de flux d'air polaire déferlant sur les continents sans être forcément reliés entre eux, précise Christophe Cassou, du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). La faute à deux phénomènes météorologiques bien distincts mais qui, dans le cas présent, sont tous deux à l'œuvre : l'oscillation nord-atlantique (NAO) et El Niño.

    La circulation atmosphérique au-dessus de l'Atlantique nord est régie par la variation (l'oscillation) de la position et de l'intensité, d'une part de la zone de dépression située sur l'Islande, de l'autre de la zone de haute pression (anticyclone) positionnée sur les Açores. "Depuis la mi-décembre, nous sommes dans une phase d'oscillation nord-atlantique négative, du fait d'une dépression sur l'Islande et d'un anticyclone sur les Açores l'un et l'autre plus mous que d'habitude", décrit Christophe Cassou. Conséquence pour l'Europe : les vents océaniques qui, d'ordinaire, tempèrent le climat continental, sont plus faibles, ce qui donne un hiver plus rigoureux.

    "Une oscillation nord-atlantique négative n'est pas nécessairement synonyme de vague de froid, souligne le chercheur, mais plutôt d'occurrence accrue de vague de froid." Et donc d'hiver contrasté, où phases de redoux et de rafraîchissement alternent, comme c'est le cas cette année.

    POUR LES MÉTÉOROLOGUES, LA FROIDURE DE CET HIVER N'A RIEN D'EXCEPTIONNEL

    Au cours des trente dernières années, les hivers à NAO positive (donc plus chauds) ont été plus nombreux que ceux à NAO négative. Les climatologues hésitent à y voir un effet du réchauffement global. Mais leurs modèles prévoient, pour la fin du siècle, des oscillations plus souvent positives que négatives. Et donc des hivers généralement plus doux.

    Les effets de l'oscillation nord-atlantique négative se font sentir, actuellement, jusqu'en Europe de l'Est et en Asie. Ils expliquent aussi, en partie, pourquoi l'Amérique du nord est frigorifiée. Mais un autre phénomène entre ici en jeu : El Niño. Cette élévation anormale de la température des eaux de surface, dans la bande équatoriale et tropicale de l'océan Pacifique, est associée à des anomalies de circulation atmosphérique au-dessus du Pacifique nord et de l'Amérique du nord. Anomalies qui provoquent des températures plus froides. "L'épisode El Niño actuel, qui a commencé l'été dernier et s'est renforcé à l'automne, est atypique, indique M. Cassou. Le réchauffement des eaux se produit au centre du Pacifique, et non près des côtes du Pérou et de l'Equateur, comme on l'observe habituellement." D'où un impact plus marqué sur les Etats-Unis. Cet épisode pourrait se poursuivre jusqu'au printemps, ce qui accroît la probabilité de nouvelles vagues de froid.

    Reste que, pour les météorologues, la froidure de cet hiver n'a rien d'exceptionnel, en Europe du moins. Pas plus que les chutes de neige sur les régions méditerranéennes. Météo-France rappelle qu'au cours des 39 derniers hivers, des hauteurs de neige supérieures à 10 cm à basse altitude - considérées comme des "phénomènes majeurs" - ont été enregistrées à 34 reprises, soit, en moyenne, quasiment une fois par an. D'ailleurs, les prévisions saisonnières de Météo-France - dont le niveau de fiabilité est par nature assez faible - annoncent, pour la métropole, un premier trimestre 2010 "plus chaud" que la normale.

    En attendant, cinq régions et vingt-neuf départements français ont été placés en vigilance orange, en raison de la neige et du verglas. Dans le Sud-Est, les TGV accusaient, vendredi 8 janvier, plusieurs heures de retard. A Lyon, 60 % des vols ont été supprimés et la direction générale de l'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d'annuler 25 % des vols prévus, samedi 9 janvier, sur Roissy-Charles-de-Gaulle.

    La Grande-Bretagne, où 22 personnes sont mortes du froid depuis le mois de décembre 2009, connaît son hiver le plus rigoureux depuis trente ans. L'Espagne, l'Allemagne ou les Pays-Bas, sont, eux aussi, transis.

    Outre-Atlantique, les Etats-Unis subissent les rigueurs d'un hiver polaire. Dans certains Etats, la colonne de mercure a dégringolé jusqu'à - 45°C. Fait exceptionnel, la Floride, habituée à la douceur hivernale, connaît les affres du gel. Jeudi 7 janvier, la température est tombée à 0°C à Miami, et les producteurs d'agrumes craignent des pertes de récolte record.

    L'Asie frissonne aussi. En Chine, des chutes de neige et un vent glacé en provenance du désert de Gobi et des plaines de Sibérie paralyse la circulation à Pékin. Selon les services météorologiques, les températures enregistrées dans la capitale sont les plus basses depuis un demi-siècle.
    Pierre Le Hir
    Article paru dans l'édition du 10.01.10
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