Sujets similaires
Statistiques
Nous avons 4382 membres enregistrésL'utilisateur enregistré le plus récent est jerome74
Nos membres ont posté un total de 3170494 messages dans 88300 sujets
Petites annonces
Pas d'annonces disponibles.
Discours de la servitude volontaire
Discours de la servitude volontaire
...............Pour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que
tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations
supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle
qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils
veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils
n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose
vraiment étonnante - et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir
que s’en ébahir -, de voir un million d’hommes misérablement asservis,
la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force
majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés
par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter - puisqu’il est
seul - ni aimer - puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel.
Telle est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l’obéissance,
obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts................
.............Mais, ô grand Dieu, qu’est donc cela ? Comment appellerons-nous ce
malheur ? Quel est ce vice, ce vice horrible, de voir un nombre infini
d’hommes, non seulement obéir, mais servir, non pas être gouvernés,
mais être tyrannisés, n’ayant ni biens, ni parents, ni enfants, ni leur
vie même qui soient à eux...................
............Qu’on mette face à face cinquante mille hommes en armes ; qu’on les
range en bataille, qu’ils en viennent aux mains ; les uns, libres,
combattent pour leur liberté, les autres combattent pour la leur ravir.
Auxquels promettrez-vous la victoire ? Lesquels iront le plus
courageusement au combat : ceux qui espèrent pour récompense le
maintien de leur liberté, ou ceux qui n’attendent pour salaire des
coups qu’il donnent et qu’ils reçoivent que la servitude d’autrui ? Les
uns ont toujours devant les yeux le bonheur de leur vie passée et
l’attente d’un bien-être égal pour l’avenir. Ils pensent moins à ce
qu’ils endurent le temps d’une bataille qu’à ce qu’ils endureraient,
vaincus, eux, leurs enfants et toute leur postérité. Les autres n’ont
pour aiguillon qu’une petite pointe de convoitise qui s’émousse soudain
contre le danger, et dont l’ardeur s’éteint dans le sang de leur
première blessure...........
............Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre.
Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa
servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien
lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour
soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont donc les peuples
eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener, puisqu’ils
en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui
s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être
soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui
consent à son mal, ou plutôt qui le recherche...
...........
Pour acquérir le bien qu’il souhaite, l’homme hardi ne redoute aucun
danger, l’homme avisé n’est rebuté par aucune peine. Seuls les lâches
et les engourdis ne savent ni endurer le mal, ni recouvrer le bien
qu’ils se bornent à convoiter. L’énergie d’y prétendre leur est ravie
par leur propre lâcheté ; il ne leur reste que le désir naturel de le
posséder. Ce désir, cette volonté commune aux sages et aux imprudents,
aux courageux et aux couards, leur fait souhaiter toutes les choses
dont la possession les rendrait heureux et contents. il en est une
seule que les hommes, je ne sais pourquoi, n’ont pas la force de
désirer : c’est la liberté, bien si grand et si doux ! Dès qu’elle est
perdue, tous les maux s’ensuivent, et sans elle tous les autres biens,
corrompus par la servitude, perdent entièrement leur goût et leur
saveur. La liberté, les hommes la dédaignent uniquement, semble-t-il,
parce que s’ils la désiraient, ils l’auraient ; comme s’ils refusaient
de faire cette précieuse acquisition parce qu’elle est trop aisée.
Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à
votre mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos
yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller
vos champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos
ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous. Il
semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous
laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies.
Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des
ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez
fait ce qu’il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la
guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir
vous-mêmes à la mort. Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains,
un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre
infini de nos villes.......
la suite ici :http://www.wikilivres.info/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire
tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations
supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle
qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils
veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils
n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose
vraiment étonnante - et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir
que s’en ébahir -, de voir un million d’hommes misérablement asservis,
la tête sous le joug, non qu’ils y soient contraints par une force
majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés
par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter - puisqu’il est
seul - ni aimer - puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel.
Telle est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l’obéissance,
obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts................
.............Mais, ô grand Dieu, qu’est donc cela ? Comment appellerons-nous ce
malheur ? Quel est ce vice, ce vice horrible, de voir un nombre infini
d’hommes, non seulement obéir, mais servir, non pas être gouvernés,
mais être tyrannisés, n’ayant ni biens, ni parents, ni enfants, ni leur
vie même qui soient à eux...................
............Qu’on mette face à face cinquante mille hommes en armes ; qu’on les
range en bataille, qu’ils en viennent aux mains ; les uns, libres,
combattent pour leur liberté, les autres combattent pour la leur ravir.
Auxquels promettrez-vous la victoire ? Lesquels iront le plus
courageusement au combat : ceux qui espèrent pour récompense le
maintien de leur liberté, ou ceux qui n’attendent pour salaire des
coups qu’il donnent et qu’ils reçoivent que la servitude d’autrui ? Les
uns ont toujours devant les yeux le bonheur de leur vie passée et
l’attente d’un bien-être égal pour l’avenir. Ils pensent moins à ce
qu’ils endurent le temps d’une bataille qu’à ce qu’ils endureraient,
vaincus, eux, leurs enfants et toute leur postérité. Les autres n’ont
pour aiguillon qu’une petite pointe de convoitise qui s’émousse soudain
contre le danger, et dont l’ardeur s’éteint dans le sang de leur
première blessure...........
............Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre.
Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa
servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien
lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour
soi, pourvu qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont donc les peuples
eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener, puisqu’ils
en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui
s’asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être
soumis ou d’être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui
consent à son mal, ou plutôt qui le recherche...
...........
Pour acquérir le bien qu’il souhaite, l’homme hardi ne redoute aucun
danger, l’homme avisé n’est rebuté par aucune peine. Seuls les lâches
et les engourdis ne savent ni endurer le mal, ni recouvrer le bien
qu’ils se bornent à convoiter. L’énergie d’y prétendre leur est ravie
par leur propre lâcheté ; il ne leur reste que le désir naturel de le
posséder. Ce désir, cette volonté commune aux sages et aux imprudents,
aux courageux et aux couards, leur fait souhaiter toutes les choses
dont la possession les rendrait heureux et contents. il en est une
seule que les hommes, je ne sais pourquoi, n’ont pas la force de
désirer : c’est la liberté, bien si grand et si doux ! Dès qu’elle est
perdue, tous les maux s’ensuivent, et sans elle tous les autres biens,
corrompus par la servitude, perdent entièrement leur goût et leur
saveur. La liberté, les hommes la dédaignent uniquement, semble-t-il,
parce que s’ils la désiraient, ils l’auraient ; comme s’ils refusaient
de faire cette précieuse acquisition parce qu’elle est trop aisée.
Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à
votre mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos
yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller
vos champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos
ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous. Il
semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous
laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies.
Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des
ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez
fait ce qu’il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la
guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir
vous-mêmes à la mort. Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains,
un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre
infini de nos villes.......
la suite ici :http://www.wikilivres.info/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire
Invité- Invité
Sujets similaires
» les chemins de servitude !!
» THE ROAD TO SERFDOM
» Pompier volontaire et retraite complementaire PFR
» THE ROAD TO SERFDOM
» Pompier volontaire et retraite complementaire PFR
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum