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Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
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escrito17
cricky16
nonord
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eta un autre
dgé
sevi
13 participants
Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
Selon la FAO, la planète n’a jamais produit autant de nourriture qu’en 2022. Chiffres à l’appui, nous assistons à un accroissement constant depuis les premières mesures globales des années 1960. Dès lors, comment expliquer cette étonnante productivité des systèmes agricoles? Quand s’arrêtera-t-elle? Vincent Chaplot, docteur en sciences de l’environnement, propose son analyse.
L’agriculture mondiale qui produisait pour un trilliard de dollars de denrées agricoles en 1960 en a produit, corrigé de l’inflation, pour 2,5 trilliards en 2000 et pour plus de 4 trilliards en 2022. L’accroissement exponentiel de la production agricole pourrait s’expliquer par deux raisons majeures que sont l’augmentation des surfaces cultivées et la hausse des rendements. Il y a certes plus de terres cultivées en 2022 qu’en 1960, mais de grands pays comme les États-Unis, qui ne voient pas leur surface évoluer depuis 40 ans, constatent une augmentation de la production.
À l’échelle régionale, certains pays voient pourtant leur production baisser ou stagner: c’est le cas de la France, seul pays européen connaissant cette tendance
ttps://www.cultivar.fr/sinformer/quand-sarretera-la-hausse-de-la-production-mondiale-de-nourriture?utm_sourc
sevi- + membre techno +
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basse normandie
dgé aime ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
normal chez nous, merci la politique agricole dite européenne, mais que français de son coté emmerdes et escrolos
dgé- schtroumpf grognon du forum
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000
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Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
ok mais ils quantifient la quantité de nourriture en dollars et pas en tonnes, ça n'est pas représentatif
eta un autre- + membre techno +
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Taintignies belgique
la cigogne, cricky16 et gaston02 aiment ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
dgé a écrit:normal chez nous, merci la politique agricole dite européenne, mais que français de son coté emmerdes et escrolos
C'est peut être les écolos qui ont fait baisser d'un point le taux de matière organique ?.
Quand après un semis de betteraves et un orage de 10 mm, tu retrouve des ravines dans le champs, c'est quoi ?.
Il y a 5 ans, chez moi, on a retourner le quart des surfaces de colza en Mai ( tous les intrants étaient dans le champs ), en pleine fleur à cause des méligèthes. Quand mes voisins sortaient du champs avec de l'insecticide, les bestioles étaient revenues par l'autre bout. Ces ravageurs avaient synthétisé la fréquence de la pyréthrinoïdes et mettaient en place les contre mesures avant l'effet neurotoxique de la molécule.
C'est vrai que le DDT en serait peut être venu à bout.
Olivier Husson dit " Quand on va en zone tropicale les choses vont 10 fois plus vite qu chez nous. "
Ici c'est le Laos :
https://youtu.be/zjB0AoqwK6g?feature=shared&t=457
C'est sûr qu'ils n'ont pas d'écologistes là bas.
Le désherbant, c'est du gramoxone :
GL- + membre techno +
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Assis
escrito17 aime ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
la France a choisi l écologie a l agriculture comme les services a la place de l industrie , aidée par la commission zéropéenne qui veut par la même occasion effacer les nations en détruisant ces racines .
choix de nos politiques sans carrure .
les nouveaux pays émergent avec une idée de la nation produisent de plus en plus et pas des moindres
choix de nos politiques sans carrure .
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B1 bis- + membre techno +
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DUNOIS
dgé, sevi, la cigogne, escrito17, cricky16 et vtr86 aiment ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
Il n'y a pas qu'en agriculture qu'on sacrifie la production française : En automobile, l'interdiction du moteur thermique, c'est détruire des emplois en France, et importer d'Asie des voitures toutes faites (ou plus qu'à assembler)... Le petit papillon ou la grenouille sont plus importants qu'un être humain.B1 bis a écrit:la France a choisi l écologie a l agriculture comme les services a la place de l industrie , aidée par la commission zéropéenne qui veut par la même occasion effacer les nations en détruisant ces racines .
choix de nos politiques sans carrure .
les nouveaux pays émergent avec une idée de la nation produisent de plus en plus et pas des moindres
Chaource- + membre techno +
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Aube
dgé, troll, B1 bis, escrito17, cricky16, vtr86, gaston02 et aiment ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
il n'y a déjà plus grand chose dans ce pays,on approche du bout,ils pourront bien chialer quand il sera trop tard.....
nonord- + membre techno +
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dunkerque est
dgé, escrito17 et cricky16 aiment ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
Le formatage a commencé depuis bien longtemps.
Au collège, je me rappelle très bien des profs qui disaient que la France, l'avenir c'est le tertiaire...
Ils ont juste oublié que sans production...sans valeur ajoutée...personne ne peut payer une société de service...
Nos très chers politiques, leurs études leur servent pour eux et non pas pour la nation...et ils ont bien compris que mettre une population dans la peur et dépendante de toutes les aides leur assure leur électorat pour piller la nation à leurs avantages.
Au collège, je me rappelle très bien des profs qui disaient que la France, l'avenir c'est le tertiaire...
Ils ont juste oublié que sans production...sans valeur ajoutée...personne ne peut payer une société de service...
Nos très chers politiques, leurs études leur servent pour eux et non pas pour la nation...et ils ont bien compris que mettre une population dans la peur et dépendante de toutes les aides leur assure leur électorat pour piller la nation à leurs avantages.
cricky16- + membre techno +
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sud charente
dgé, baloud, philaubers, escrito17, nl80 et M 201 aiment ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
sauf que tous ceux qui nous ont conduit à la débâcle n'en subiront pas les conséquences et qu'ils auront le culot de dire qu'ils ont fait du bon boulot...nonord a écrit:il n'y a déjà plus grand chose dans ce pays,on approche du bout,ils pourront bien chialer quand il sera trop tard.....
escrito17- + membre techno +
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charente maritime 17
dgé, la cigogne et cricky16 aiment ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
Je me pose une question fondamentale : Si demain 90 % de la population française mange BIO et roule en électrique : Que vont manger et comment vont rouler les bobos? Le BIO et l'électrique, coutant bien plus chers, était un moyen pour les bobos de se différencier de la masse et montrer leur argent ! (Les bobo ne vont quand même pas se mêler au peuple... On intersession aux pauvres, car ça fait bien, mais de loin disent ils)
Chaource- + membre techno +
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Aube
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
La planète n'a jamais produit autant de nourriture qu'en 2022 et pourtant ...
La situation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition est restée préoccupante en 2022. Le rapport indique qu’environ 29,6% de la population mondiale, soit 2,4 milliards de personnes, ne bénéficiait pas d’un accès constant à des aliments, tel que mesuré par la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave. Parmi ces personnes, quelque 900 millions étaient en situation d’insécurité alimentaire grave.
https://news.un.org/fr/story/2023/07/1136787
La situation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition est restée préoccupante en 2022. Le rapport indique qu’environ 29,6% de la population mondiale, soit 2,4 milliards de personnes, ne bénéficiait pas d’un accès constant à des aliments, tel que mesuré par la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave. Parmi ces personnes, quelque 900 millions étaient en situation d’insécurité alimentaire grave.
https://news.un.org/fr/story/2023/07/1136787
Medard86- + membre techno +
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le pays de Rabelais
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
t'inquiètes pas,le BIO n'est pas la nourriture de demain.Les français mangeront de plus en plus de produits issus de l'importation car on sait tous que l'agriculture conventionnelle française est sur le déclin et que le BIO tout le monde en veut mais une minorité seulement et prete à y mettre le prixChaource a écrit:Je me pose une question fondamentale : Si demain 90 % de la population française mange BIO et roule en électrique : Que vont manger et comment vont rouler les bobos? Le BIO et l'électrique, coutant bien plus chers, était un moyen pour les bobos de se différencier de la masse et montrer leur argent ! (Les bobo ne vont quand même pas se mêler au peuple... On intersession aux pauvres, car ça fait bien, mais de loin disent ils)
nl80- + membre techno +
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cher 18
dgé, escrito17, TRD et Mick040 aiment ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
oui,Bio,déclin de la production et les producteurs jettent l'épongenl80 a écrit:t'inquiètes pas,le BIO n'est pas la nourriture de demain.Les français mangeront de plus en plus de produits issus de l'importation car on sait tous que l'agriculture conventionnelle française est sur le déclin et que le BIO tout le monde en veut mais une minorité seulement et prete à y mettre le prixChaource a écrit:Je me pose une question fondamentale : Si demain 90 % de la population française mange BIO et roule en électrique : Que vont manger et comment vont rouler les bobos? Le BIO et l'électrique, coutant bien plus chers, était un moyen pour les bobos de se différencier de la masse et montrer leur argent ! (Les bobo ne vont quand même pas se mêler au peuple... On intersession aux pauvres, car ça fait bien, mais de loin disent ils)
sevi- + membre techno +
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basse normandie
Mick040 aime ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
J'ai un copain qui a 120 Ha en Cote d'Ivoire avec un lac au milieu.
Dans cette zone équatoriale , c'est deux récoltes par an. Aujourd'hui c'est envahi d'herbe.
Cherchez pourquoi ce sont le agronomes chinois qui sont sur place ?.
https://www.youtube.com/watch?v=a-KbiVXjUXs
Dans cette zone équatoriale , c'est deux récoltes par an. Aujourd'hui c'est envahi d'herbe.
Cherchez pourquoi ce sont le agronomes chinois qui sont sur place ?.
https://www.youtube.com/watch?v=a-KbiVXjUXs
GL- + membre techno +
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Assis
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
pourtant lui prône encore le bio "intensif"
quand on voit les margoulins bio de notre coin on est en droit de douter de l'autosuffisance alimentaire
je vois une parcelle de mais en bord de départementale le seul outil de récolte sera le broyeur
https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/entretien-il-nous-faut-une-agriculture-ecologique-intensive-selon-lagronome-marc-dufumier-62597e80-68d8-11ee-8a72-42dbd1a75b19
pour ceux qui ne sont pas abonnés
ENTRETIEN. « Il nous faut une agriculture écologique intensive », selon l’agronome Marc Dufumier
Pour l’agronome Marc Dufumier, il est possible de nourrir sainement la planète entière à l’horizon 2050, sans polluer davantage. En s’inspirant de l’agroécologie qu’il prône depuis des années.
La sélection
Marc Dufumier est agronome et professeur honoraire à AgroParisTech, spécialiste des systèmes agraires et de leur évolution | CORENTIN FOHLEN/OUEST-FRANCE
Ouest-France Brice DUPONT. Publié le 28/10/2023 à 05h00
Newsletter Agriculture
Chaque vendredi, toute l'actualité agricole
Marc Dufumier vient de publier La Transition agroécologique, qu’est-ce qu’on attend ? (éditions Terre Vivante). L’ingénieur agronome de 77 ans milite inlassablement pour une nouvelle agriculture, « plus respectueuse de l’environnement ».
Spécialiste des systèmes agraires et de leur évolution, Marc Dufumier a mené de nombreuses missions, en France, en Asie, en Amérique latine ou en Afrique, pour des programmes de développement agricole. Expert auprès de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il reste convaincu que l’agroécologie est la solution pour nourrir la planète entière à l’horizon 2050.
Qu’est-ce que l’agroécologie que vous défendez ?
C’est une source d’inspiration pour tous les gens qui veulent promouvoir des formes d’agriculture alternatives, plus respectueuses de l’environnement, de la qualité sanitaire des aliments. Ce n’est pas un ensemble de techniques agricoles préétablies, mais plutôt une discipline scientifique, qui tente de rendre intelligibles la complexité et le fonctionnement des écosystèmes agricoles. L’agriculture biologique, de conservation, ou la permaculture, relèvent de l’agroécologie.
Vous prônez une agriculture écologique intensive. N’est-ce pas contradictoire ?
Je promeus une agriculture qui fasse un usage intensif de ce qui est gratuit, renouvelable, pléthorique : l’énergie solaire, le gaz carbonique de l’atmosphère, etc. Faisons également un usage intensif de l’azote de l’air, mais par des voies biologiques. Il faut une couverture végétale plus importante, pour capter la lumière et la transformer en énergie alimentaire.
Cela induit-il des changements radicaux ?
Il faut modifier les systèmes de culture et d’élevage, pour moins émettre de gaz à effet de serre, séquestrer du carbone dans la biomasse végétale et l’humus des sols. La France est très déficitaire en protéines végétales. Pour l’alimentation humaine, mais aussi pour nos animaux, nourris par des graines ou tourteaux de soja transgéniques en provenance de Brésil, d’Argentine ou des États-Unis. Chez nous, on pourrait retrouver une souveraineté, cultiver plus de légumineuses. Et moins de produits sur lesquels nous sommes excédentaires et que nous exportons : les céréales, la poudre de lait, le poulet bas de gamme.
Mais ces exportations, ce sont des devises…
Cette perte serait compensée par moins d’importations d’engrais azotés de synthèse et de soja des Amériques, qui représentent un coût énorme.
La faim et la malnutrition n’ont rien à voir avec un manque de vivres disponibles à l’échelle mondiale. Si tous les peuples pouvaient gérer en circuit court cette agriculture intensément écologique, tout le monde mangerait bien mieux. Au Brésil, par exemple, figurez-vous que les pauvres Brésiliens qui désherbaient les champs ont été remplacés par un désherbant. Ils ont perdu leur emploi, sont allés rejoindre des bidonvilles. Et ils ne sont pas assez riches pour acheter leur soja qui est exporté, parce que nos cochons sont plus riches !
Les agriculteurs des pays du Sud ont trop spécialisé leurs agricultures vers des produits destinés à l’exportation, et trop délaissé leurs propres cultures vivrières. Alors que l’agroécologie permet d’accroître le rendement à l’hectare à des coûts très faibles. Au Niger ou au Mali, le rendement du mil ou du sorgho est trois fois supérieur lorsqu’il est situé sous un parc de faidherbia albida, une espèce d’arbres. Sans utiliser de produits phytosanitaires, d’énergies fossiles, sans user les tracteurs.
Marc Dufumier vient de publier « La Transition agroécologique, qu’est-ce qu’on attend ? » aux éditions Terre Vivante. | CORENTIN FOHLEN/OUEST-FRANCE
Et en France, comment cela se traduirait-il ?
Ce qui est important chez nous, ce n’est pas de maximiser le rendement, mais la valeur ajoutée à l’hectare. Il faut produire un peu moins, mais beaucoup mieux, réorienter notre agriculture vers des produits bio et de terroir, pour le marché intérieur. C’est de ça que dépendra le revenu de l’agriculteur.
Faut-il interdire le glyphosate au niveau européen ?
Faut-il complètement revoir le modèle actuel ?
L’agriculture industrielle a poussé nos agriculteurs à produire pour moins cher, plus massivement. On leur a dit de se spécialiser et de s’équiper : achetez des robots de traite, ne faites que du lait, vous pourrez exporter de la poudre pas chère en Chine. Mais ce n’est plus rentable car la Nouvelle-Zélande est mieux placée. On les a orientés dans des filières bas de gamme, qui ne sont plus compétitives sur le marché mondial. D’où le désarroi de beaucoup d’agriculteurs, endettés, aux revenus insuffisants.
Dans cette agriculture industrielle obsolète, en plus du prix des intrants ou de l’énergie fossile, il y a des coûts cachés qui n’ont pas été pris en compte : on paie des impôts pour retirer les algues vertes, pour qu’il n’y ait pas de désherbant dans l’eau du robinet… Quant au coût sanitaire des résidus de pesticides, je n’arrive même pas à lui mettre un prix.
À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, cette agriculture a tout de même permis de nourrir les Français. Et c’est ce modèle qu’on a demandé aux agriculteurs.
Soyons clairs, je ne les stigmatise pas, ils ont fait ce que la société leur demandait. Produire plus au moindre coût, cela pouvait paraître fondé pour que les plus pauvres puissent se nourrir. La grave erreur qu’on a faite, c’est d’exporter des produits bas de gamme et à très bas prix, dans des pays où on travaille encore à la main. Concurrencés, les pays du Sud n’ont pas pu être compétitifs, n’ont pas pu investir pour se moderniser, et combattre la faim et la malnutrition. Quand nous sommes devenus excédentaires, il aurait fallu changer de politique agricole.
On lui fait un gros reproche à cette agriculture : elle est exigeante en travail, intensive en emplois, bien plus que l’agriculture industrielle mécanisée et consommatrice d’intrants manufacturés. Est-ce grave de promouvoir cela, dans des pays qui souffrent de chômage chronique ? Non, mais on n’y parviendra pas si le surplus de travail de cette agriculture soignée, artisanale, n’est pas correctement rémunéré. En termes techniques, c’est un basculement, qui peut se traduire pas de moindres rendements. C’est très risqué, surtout si on est endetté. Pour l’encourager, il faut payer les agriculteurs pour les services environnementaux qu’ils rendent.
C’est-à-dire ?
Les agricultures que je qualifie d’écologiquement intensives, elles séquestrent du carbone dans le sol, évitent des émissions, restituent des populations d’abeilles, freinent l’érosion des sols. Tout cela est d’intérêt général, et mérite rémunération. Par voie contractuelle, et non pas par des subventions : les agriculteurs ne sont pas des mendiants.
Pour ne pas accroître les impôts, je propose que ce soient les subventions de la Politique agricole commune (Pac) qui soient réorientées. Il faut rémunérer le travail, plutôt que de subventionner en proportion des hectares et favoriser sans cesse l’agrandissement des fermes.
Aujourd’hui, les produits bio ou de terroir ne sont souvent accessibles qu’aux personnes plus aisées. Et les plus modestes obligés de se rabattre vers des produits bas de gamme…
Quand la transition aura vraiment commencé, il y aura davantage de bons produits sur le marché, et ils deviendront ainsi accessibles aux couches modestes.
J’assume de dire que dans cette agriculture moderne de demain, il va falloir récupérer des savoir-faire, des espèces et des pratiques qui nous sont héritées de nos ancêtres : replanter des haies, remettre des animaux sur la paille, refabriquer du fumier. Retrouver des variétés tolérantes aux insectes, qui peuvent vivre avec les ravageurs, avec les herbes adventices. C’est ça le discours agroécologique : on n’élimine plus, on vit avec ces êtres jugés comme nuisibles, mais en gérant les équilibres.
Des systèmes agroécologiques ont-ils déjà fonctionné ?
Il y a l’agriculture biologique, de conservation, la permaculture. On ne manque pas d’exemples. Mais pourquoi est-ce si lent ? Parce qu’on ne rémunère pas les services d’intérêts environnementaux.
Après toutes ces années, vous y croyez encore à cette transition ?
Si je reste mobilisé, c’est que j’y crois. Ce n’est pas une croyance religieuse, c’est fondé scientifiquement.
quand on voit les margoulins bio de notre coin on est en droit de douter de l'autosuffisance alimentaire
je vois une parcelle de mais en bord de départementale le seul outil de récolte sera le broyeur
https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/entretien-il-nous-faut-une-agriculture-ecologique-intensive-selon-lagronome-marc-dufumier-62597e80-68d8-11ee-8a72-42dbd1a75b19
pour ceux qui ne sont pas abonnés
ENTRETIEN. « Il nous faut une agriculture écologique intensive », selon l’agronome Marc Dufumier
Pour l’agronome Marc Dufumier, il est possible de nourrir sainement la planète entière à l’horizon 2050, sans polluer davantage. En s’inspirant de l’agroécologie qu’il prône depuis des années.
La sélection
Marc Dufumier est agronome et professeur honoraire à AgroParisTech, spécialiste des systèmes agraires et de leur évolution | CORENTIN FOHLEN/OUEST-FRANCE
Ouest-France Brice DUPONT. Publié le 28/10/2023 à 05h00
Newsletter Agriculture
Chaque vendredi, toute l'actualité agricole
Marc Dufumier vient de publier La Transition agroécologique, qu’est-ce qu’on attend ? (éditions Terre Vivante). L’ingénieur agronome de 77 ans milite inlassablement pour une nouvelle agriculture, « plus respectueuse de l’environnement ».
Spécialiste des systèmes agraires et de leur évolution, Marc Dufumier a mené de nombreuses missions, en France, en Asie, en Amérique latine ou en Afrique, pour des programmes de développement agricole. Expert auprès de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il reste convaincu que l’agroécologie est la solution pour nourrir la planète entière à l’horizon 2050.
Qu’est-ce que l’agroécologie que vous défendez ?
C’est une source d’inspiration pour tous les gens qui veulent promouvoir des formes d’agriculture alternatives, plus respectueuses de l’environnement, de la qualité sanitaire des aliments. Ce n’est pas un ensemble de techniques agricoles préétablies, mais plutôt une discipline scientifique, qui tente de rendre intelligibles la complexité et le fonctionnement des écosystèmes agricoles. L’agriculture biologique, de conservation, ou la permaculture, relèvent de l’agroécologie.
Vous prônez une agriculture écologique intensive. N’est-ce pas contradictoire ?
Je promeus une agriculture qui fasse un usage intensif de ce qui est gratuit, renouvelable, pléthorique : l’énergie solaire, le gaz carbonique de l’atmosphère, etc. Faisons également un usage intensif de l’azote de l’air, mais par des voies biologiques. Il faut une couverture végétale plus importante, pour capter la lumière et la transformer en énergie alimentaire.
Cela induit-il des changements radicaux ?
Il faut modifier les systèmes de culture et d’élevage, pour moins émettre de gaz à effet de serre, séquestrer du carbone dans la biomasse végétale et l’humus des sols. La France est très déficitaire en protéines végétales. Pour l’alimentation humaine, mais aussi pour nos animaux, nourris par des graines ou tourteaux de soja transgéniques en provenance de Brésil, d’Argentine ou des États-Unis. Chez nous, on pourrait retrouver une souveraineté, cultiver plus de légumineuses. Et moins de produits sur lesquels nous sommes excédentaires et que nous exportons : les céréales, la poudre de lait, le poulet bas de gamme.
Mais ces exportations, ce sont des devises…
Cette perte serait compensée par moins d’importations d’engrais azotés de synthèse et de soja des Amériques, qui représentent un coût énorme.
Ce modèle pourrait-il nourrir une planète à 9,5 milliards d’habitants en 2050, comme vous l’affirmez ?La faim et la malnutrition n’ont rien à voir avec un manque de vivres disponibles à l’échelle mondiale.
— Marc Dufumier
La faim et la malnutrition n’ont rien à voir avec un manque de vivres disponibles à l’échelle mondiale. Si tous les peuples pouvaient gérer en circuit court cette agriculture intensément écologique, tout le monde mangerait bien mieux. Au Brésil, par exemple, figurez-vous que les pauvres Brésiliens qui désherbaient les champs ont été remplacés par un désherbant. Ils ont perdu leur emploi, sont allés rejoindre des bidonvilles. Et ils ne sont pas assez riches pour acheter leur soja qui est exporté, parce que nos cochons sont plus riches !
Les agriculteurs des pays du Sud ont trop spécialisé leurs agricultures vers des produits destinés à l’exportation, et trop délaissé leurs propres cultures vivrières. Alors que l’agroécologie permet d’accroître le rendement à l’hectare à des coûts très faibles. Au Niger ou au Mali, le rendement du mil ou du sorgho est trois fois supérieur lorsqu’il est situé sous un parc de faidherbia albida, une espèce d’arbres. Sans utiliser de produits phytosanitaires, d’énergies fossiles, sans user les tracteurs.
Marc Dufumier vient de publier « La Transition agroécologique, qu’est-ce qu’on attend ? » aux éditions Terre Vivante. | CORENTIN FOHLEN/OUEST-FRANCE
Et en France, comment cela se traduirait-il ?
Ce qui est important chez nous, ce n’est pas de maximiser le rendement, mais la valeur ajoutée à l’hectare. Il faut produire un peu moins, mais beaucoup mieux, réorienter notre agriculture vers des produits bio et de terroir, pour le marché intérieur. C’est de ça que dépendra le revenu de l’agriculteur.
Faut-il interdire le glyphosate au niveau européen ?
Faut-il complètement revoir le modèle actuel ?
L’agriculture industrielle a poussé nos agriculteurs à produire pour moins cher, plus massivement. On leur a dit de se spécialiser et de s’équiper : achetez des robots de traite, ne faites que du lait, vous pourrez exporter de la poudre pas chère en Chine. Mais ce n’est plus rentable car la Nouvelle-Zélande est mieux placée. On les a orientés dans des filières bas de gamme, qui ne sont plus compétitives sur le marché mondial. D’où le désarroi de beaucoup d’agriculteurs, endettés, aux revenus insuffisants.
Dans cette agriculture industrielle obsolète, en plus du prix des intrants ou de l’énergie fossile, il y a des coûts cachés qui n’ont pas été pris en compte : on paie des impôts pour retirer les algues vertes, pour qu’il n’y ait pas de désherbant dans l’eau du robinet… Quant au coût sanitaire des résidus de pesticides, je n’arrive même pas à lui mettre un prix.
À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, cette agriculture a tout de même permis de nourrir les Français. Et c’est ce modèle qu’on a demandé aux agriculteurs.
Soyons clairs, je ne les stigmatise pas, ils ont fait ce que la société leur demandait. Produire plus au moindre coût, cela pouvait paraître fondé pour que les plus pauvres puissent se nourrir. La grave erreur qu’on a faite, c’est d’exporter des produits bas de gamme et à très bas prix, dans des pays où on travaille encore à la main. Concurrencés, les pays du Sud n’ont pas pu être compétitifs, n’ont pas pu investir pour se moderniser, et combattre la faim et la malnutrition. Quand nous sommes devenus excédentaires, il aurait fallu changer de politique agricole.
Comment cette transition vers l’agroécologie peut-elle se faire ?Il faut payer les agriculteurs pour les services environnementaux qu’ils rendent.
— Marc Dufumier
On lui fait un gros reproche à cette agriculture : elle est exigeante en travail, intensive en emplois, bien plus que l’agriculture industrielle mécanisée et consommatrice d’intrants manufacturés. Est-ce grave de promouvoir cela, dans des pays qui souffrent de chômage chronique ? Non, mais on n’y parviendra pas si le surplus de travail de cette agriculture soignée, artisanale, n’est pas correctement rémunéré. En termes techniques, c’est un basculement, qui peut se traduire pas de moindres rendements. C’est très risqué, surtout si on est endetté. Pour l’encourager, il faut payer les agriculteurs pour les services environnementaux qu’ils rendent.
C’est-à-dire ?
Les agricultures que je qualifie d’écologiquement intensives, elles séquestrent du carbone dans le sol, évitent des émissions, restituent des populations d’abeilles, freinent l’érosion des sols. Tout cela est d’intérêt général, et mérite rémunération. Par voie contractuelle, et non pas par des subventions : les agriculteurs ne sont pas des mendiants.
Pour ne pas accroître les impôts, je propose que ce soient les subventions de la Politique agricole commune (Pac) qui soient réorientées. Il faut rémunérer le travail, plutôt que de subventionner en proportion des hectares et favoriser sans cesse l’agrandissement des fermes.
Aujourd’hui, les produits bio ou de terroir ne sont souvent accessibles qu’aux personnes plus aisées. Et les plus modestes obligés de se rabattre vers des produits bas de gamme…
Quand la transition aura vraiment commencé, il y aura davantage de bons produits sur le marché, et ils deviendront ainsi accessibles aux couches modestes.
Certains voient vos propositions comme un retour en arrière.Il va falloir récupérer des savoir-faire, des espèces et des pratiques héritées de nos ancêtres
— Marc Dufumier
J’assume de dire que dans cette agriculture moderne de demain, il va falloir récupérer des savoir-faire, des espèces et des pratiques qui nous sont héritées de nos ancêtres : replanter des haies, remettre des animaux sur la paille, refabriquer du fumier. Retrouver des variétés tolérantes aux insectes, qui peuvent vivre avec les ravageurs, avec les herbes adventices. C’est ça le discours agroécologique : on n’élimine plus, on vit avec ces êtres jugés comme nuisibles, mais en gérant les équilibres.
Des systèmes agroécologiques ont-ils déjà fonctionné ?
Il y a l’agriculture biologique, de conservation, la permaculture. On ne manque pas d’exemples. Mais pourquoi est-ce si lent ? Parce qu’on ne rémunère pas les services d’intérêts environnementaux.
Après toutes ces années, vous y croyez encore à cette transition ?
Si je reste mobilisé, c’est que j’y crois. Ce n’est pas une croyance religieuse, c’est fondé scientifiquement.
pig- + membre techno +
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sud vendée ou hautes pyrénées
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
il porte bien son nom, et fait parti des bon à rien qui soutien les faucheurs volontaires et toute la racaille anti agriculture
dgé- schtroumpf grognon du forum
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gc29 aime ce message
Re: Quand s’arrêtera la hausse de la production mondiale de nourriture ?
poutine fait parti de ceux qui visent le bio . avec le rechauffement il a gagné en surface agricole exploitable , l'exporter n'est pas un probleme , faut juste prendre le bon chemin pour qu'il arrive là ou il faut .pig a écrit:pourtant lui prône encore le bio "intensif"
quand on voit les margoulins bio de notre coin on est en droit de douter de l'autosuffisance alimentaire
je vois une parcelle de mais en bord de départementale le seul outil de récolte sera le broyeur
https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/entretien-il-nous-faut-une-agriculture-ecologique-intensive-selon-lagronome-marc-dufumier-62597e80-68d8-11ee-8a72-42dbd1a75b19
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ENTRETIEN. « Il nous faut une agriculture écologique intensive », selon l’agronome Marc Dufumier
Pour l’agronome Marc Dufumier, il est possible de nourrir sainement la planète entière à l’horizon 2050, sans polluer davantage. En s’inspirant de l’agroécologie qu’il prône depuis des années.
La sélection
Marc Dufumier est agronome et professeur honoraire à AgroParisTech, spécialiste des systèmes agraires et de leur évolution | CORENTIN FOHLEN/OUEST-FRANCE
Ouest-France Brice DUPONT. Publié le 28/10/2023 à 05h00
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Marc Dufumier vient de publier La Transition agroécologique, qu’est-ce qu’on attend ? (éditions Terre Vivante). L’ingénieur agronome de 77 ans milite inlassablement pour une nouvelle agriculture, « plus respectueuse de l’environnement ».
Spécialiste des systèmes agraires et de leur évolution, Marc Dufumier a mené de nombreuses missions, en France, en Asie, en Amérique latine ou en Afrique, pour des programmes de développement agricole. Expert auprès de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il reste convaincu que l’agroécologie est la solution pour nourrir la planète entière à l’horizon 2050.
Qu’est-ce que l’agroécologie que vous défendez ?
C’est une source d’inspiration pour tous les gens qui veulent promouvoir des formes d’agriculture alternatives, plus respectueuses de l’environnement, de la qualité sanitaire des aliments. Ce n’est pas un ensemble de techniques agricoles préétablies, mais plutôt une discipline scientifique, qui tente de rendre intelligibles la complexité et le fonctionnement des écosystèmes agricoles. L’agriculture biologique, de conservation, ou la permaculture, relèvent de l’agroécologie.
Vous prônez une agriculture écologique intensive. N’est-ce pas contradictoire ?
Je promeus une agriculture qui fasse un usage intensif de ce qui est gratuit, renouvelable, pléthorique : l’énergie solaire, le gaz carbonique de l’atmosphère, etc. Faisons également un usage intensif de l’azote de l’air, mais par des voies biologiques. Il faut une couverture végétale plus importante, pour capter la lumière et la transformer en énergie alimentaire.
Cela induit-il des changements radicaux ?
Il faut modifier les systèmes de culture et d’élevage, pour moins émettre de gaz à effet de serre, séquestrer du carbone dans la biomasse végétale et l’humus des sols. La France est très déficitaire en protéines végétales. Pour l’alimentation humaine, mais aussi pour nos animaux, nourris par des graines ou tourteaux de soja transgéniques en provenance de Brésil, d’Argentine ou des États-Unis. Chez nous, on pourrait retrouver une souveraineté, cultiver plus de légumineuses. Et moins de produits sur lesquels nous sommes excédentaires et que nous exportons : les céréales, la poudre de lait, le poulet bas de gamme.
Mais ces exportations, ce sont des devises…
Cette perte serait compensée par moins d’importations d’engrais azotés de synthèse et de soja des Amériques, qui représentent un coût énorme.Ce modèle pourrait-il nourrir une planète à 9,5 milliards d’habitants en 2050, comme vous l’affirmez ?La faim et la malnutrition n’ont rien à voir avec un manque de vivres disponibles à l’échelle mondiale.
— Marc Dufumier
La faim et la malnutrition n’ont rien à voir avec un manque de vivres disponibles à l’échelle mondiale. Si tous les peuples pouvaient gérer en circuit court cette agriculture intensément écologique, tout le monde mangerait bien mieux. Au Brésil, par exemple, figurez-vous que les pauvres Brésiliens qui désherbaient les champs ont été remplacés par un désherbant. Ils ont perdu leur emploi, sont allés rejoindre des bidonvilles. Et ils ne sont pas assez riches pour acheter leur soja qui est exporté, parce que nos cochons sont plus riches !
Les agriculteurs des pays du Sud ont trop spécialisé leurs agricultures vers des produits destinés à l’exportation, et trop délaissé leurs propres cultures vivrières. Alors que l’agroécologie permet d’accroître le rendement à l’hectare à des coûts très faibles. Au Niger ou au Mali, le rendement du mil ou du sorgho est trois fois supérieur lorsqu’il est situé sous un parc de faidherbia albida, une espèce d’arbres. Sans utiliser de produits phytosanitaires, d’énergies fossiles, sans user les tracteurs.
Marc Dufumier vient de publier « La Transition agroécologique, qu’est-ce qu’on attend ? » aux éditions Terre Vivante. | CORENTIN FOHLEN/OUEST-FRANCE
Et en France, comment cela se traduirait-il ?
Ce qui est important chez nous, ce n’est pas de maximiser le rendement, mais la valeur ajoutée à l’hectare. Il faut produire un peu moins, mais beaucoup mieux, réorienter notre agriculture vers des produits bio et de terroir, pour le marché intérieur. C’est de ça que dépendra le revenu de l’agriculteur.
Faut-il interdire le glyphosate au niveau européen ?
Faut-il complètement revoir le modèle actuel ?
L’agriculture industrielle a poussé nos agriculteurs à produire pour moins cher, plus massivement. On leur a dit de se spécialiser et de s’équiper : achetez des robots de traite, ne faites que du lait, vous pourrez exporter de la poudre pas chère en Chine. Mais ce n’est plus rentable car la Nouvelle-Zélande est mieux placée. On les a orientés dans des filières bas de gamme, qui ne sont plus compétitives sur le marché mondial. D’où le désarroi de beaucoup d’agriculteurs, endettés, aux revenus insuffisants.
Dans cette agriculture industrielle obsolète, en plus du prix des intrants ou de l’énergie fossile, il y a des coûts cachés qui n’ont pas été pris en compte : on paie des impôts pour retirer les algues vertes, pour qu’il n’y ait pas de désherbant dans l’eau du robinet… Quant au coût sanitaire des résidus de pesticides, je n’arrive même pas à lui mettre un prix.
À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, cette agriculture a tout de même permis de nourrir les Français. Et c’est ce modèle qu’on a demandé aux agriculteurs.
Soyons clairs, je ne les stigmatise pas, ils ont fait ce que la société leur demandait. Produire plus au moindre coût, cela pouvait paraître fondé pour que les plus pauvres puissent se nourrir. La grave erreur qu’on a faite, c’est d’exporter des produits bas de gamme et à très bas prix, dans des pays où on travaille encore à la main. Concurrencés, les pays du Sud n’ont pas pu être compétitifs, n’ont pas pu investir pour se moderniser, et combattre la faim et la malnutrition. Quand nous sommes devenus excédentaires, il aurait fallu changer de politique agricole.Comment cette transition vers l’agroécologie peut-elle se faire ?Il faut payer les agriculteurs pour les services environnementaux qu’ils rendent.
— Marc Dufumier
On lui fait un gros reproche à cette agriculture : elle est exigeante en travail, intensive en emplois, bien plus que l’agriculture industrielle mécanisée et consommatrice d’intrants manufacturés. Est-ce grave de promouvoir cela, dans des pays qui souffrent de chômage chronique ? Non, mais on n’y parviendra pas si le surplus de travail de cette agriculture soignée, artisanale, n’est pas correctement rémunéré. En termes techniques, c’est un basculement, qui peut se traduire pas de moindres rendements. C’est très risqué, surtout si on est endetté. Pour l’encourager, il faut payer les agriculteurs pour les services environnementaux qu’ils rendent.
C’est-à-dire ?
Les agricultures que je qualifie d’écologiquement intensives, elles séquestrent du carbone dans le sol, évitent des émissions, restituent des populations d’abeilles, freinent l’érosion des sols. Tout cela est d’intérêt général, et mérite rémunération. Par voie contractuelle, et non pas par des subventions : les agriculteurs ne sont pas des mendiants.
Pour ne pas accroître les impôts, je propose que ce soient les subventions de la Politique agricole commune (Pac) qui soient réorientées. Il faut rémunérer le travail, plutôt que de subventionner en proportion des hectares et favoriser sans cesse l’agrandissement des fermes.
Aujourd’hui, les produits bio ou de terroir ne sont souvent accessibles qu’aux personnes plus aisées. Et les plus modestes obligés de se rabattre vers des produits bas de gamme…
Quand la transition aura vraiment commencé, il y aura davantage de bons produits sur le marché, et ils deviendront ainsi accessibles aux couches modestes.Certains voient vos propositions comme un retour en arrière.Il va falloir récupérer des savoir-faire, des espèces et des pratiques héritées de nos ancêtres
— Marc Dufumier
J’assume de dire que dans cette agriculture moderne de demain, il va falloir récupérer des savoir-faire, des espèces et des pratiques qui nous sont héritées de nos ancêtres : replanter des haies, remettre des animaux sur la paille, refabriquer du fumier. Retrouver des variétés tolérantes aux insectes, qui peuvent vivre avec les ravageurs, avec les herbes adventices. C’est ça le discours agroécologique : on n’élimine plus, on vit avec ces êtres jugés comme nuisibles, mais en gérant les équilibres.
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mic mac- + membre techno +
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